■ÿÿ'-'IlHt
JARDINIER
FLEUF^ÏSTE,
O U
LA CULTURE UNIVERSELLE
des fleurs , arbres , arbuftes , arbrif-
feaux fervant à rembelliffement des
iardins ;
CONTENANT
PîuEeurs parterres fur des defleins nou-
veaux , bofquets , boulingrins , faUes ,
fallons , & autres ornements de jardin ;
AVEC
ta maniéré de rechercher les eaux , de les con-
duire dans les jardins , & une inftruélion fur
les baîTins : Ouvrage où tous les curieux trou-
veront de quoi s’amufer agréablement.
Par le fleur L. Liger.
Nouvelle Edition , revue , corrigée & augmentée
confidérahlement , avec beaucoup de planches
en taille-douce.
A ROUEN,
Chez la Veuve de Pierre Dumesnis^
rue de la Chaîne.
M. DCC. LXXXVII.
Avec PermiJJion.
PRÉFACE.
n’eft point pour faire valoir cet Ouvrage
^^que l’on a mis une Préface à la tête : c’eft
plutôt par coutume qu’autrcment ; car une Pré-
face eft d’un foîble fecours pour détruire les pré-
ventions du Public. Quand une fois un Livre
île lui plaît pas , un Auteur a beau employer
toute fa rhétorique pour lui faire voir les ma-
tières fous de belles couleurs , tel Ouvrage efl
toujours la vidime de fa cenfure ; ce ne font que
les fuffrages qu’il y donne qui en font , pour
ainfi dire, le mérite. Heureux l’Auteur qui peut
fe flatter d’avoir attrappé le goût d’un cenfeur fi
rigide ! fon Ouvrage alors vole par-tout , & lui
fait honneur.
Le Livre que l’on donne aujourd’hui a été reçu
aflez favorablement des curieux en fait de jardi-
nage dans les précédentes éditions , pour cfpé-
rer que celle ci ne le fera pas moins , s’éranc ap-
pliqué à retoucher cet Ouvrage , & à l’augmen-
ter de beaucoup de chofes , afin que la îeâare Sc
les préceptes qu’il renferme lui pîaifent encore da-
vantage. Si , dans la première édition , il a paru
en deux volumes , oe n’eft pas à dire pour cela
qu’étant réduira un feul, il contienne moins de
préceptes; au contraire , ce Livre en eft chargé
de bien davantage & de plus recherchés ; & ce
n’eft pas une chofebien difficile à perfuader, lorf-
qu’on verra qifon n’a retranché beaucoup de ma-
P R É F A C E.
îv
îieres inutiles que pour en fubftituer de nouvelles
très-inflruâives. Voici , en peu de mors , Fana-
Jyfe de cette nouvelle édition.
Elle eil divifée en trois parties : on com-
mence la première par ce qui regarde les terres
propres à la culture des fleurs ; car , comme die
fort bien le Poete : Non omnis fert omnia tellus ;
chaque terre ne produit point toutes fortes de
plantes , ü faut qu’elle y foit difpofée natu-
rellement, ou par la culture qu'on y donne ; au-
trement , les plantes qu’on y commet y languif-
fent.
On voit après , dans ceîte Partie , les qualités
que dois avoir un Jardinier Fleuriile , & un dé-
tail de tous les outils qui lui font propres pour
bien s’acquitter de fon emploi ; enfuite on parle
des plantes en général, & comment on les divife ;
du temps & de la maniéré de femer les graines.
Comme les fleurs fe cultivent dans divers en-
droits, on y enfeigne de quelle façon il faut les
y gouverner. Se lifent enfuite quelques maximes
généraîes , pour apprendre à planter par ordre
toutes fortes de fleurs ; c’efl d’où dépend l’adrefle
d’un Jardinier , & ce qui fait briller fon art.
Tout ce qui a été dit ne füfSî pas pour avoir
dans un jardin des fleurs de toutes efpeces , &
qui pmifent contenter un curieux , il y a encore
Fart Je les multiplier , qui eft de favoir recueillir^
leurs graines à propos , & lever avec foin leurs
oignons & racines ; fans le fecours de la graine
©n en eft bientôt dépoiir vu, piiifqiie la femence eft
le principe de toutes les plantes.
On y enfeigne tous les foins qu’on doit pren-
dre à Fégard de toutes fortes de fleurs qui s’élè-
vent dans les jardins : fans ces foins , elles n’y
font rien qui vaille ; & le tout ne conflfte qu’à
Us farder , les arroftr , & à prévenir quelques
T R È F J C Ë. t
îûconvénients auxquels elles font fujettes. îî y a
encore quelques autres remarques qui ne foat
pas moins eflentielles à leur culture que tout ce
qu’on en a déjà dit. Certains animaux & infec-
tes font les ennemis mortels des plantes : i! efl
donc effentiel de connoître les moyens de les dé*
rruire ; c’eft ce qu’on trouvera ici. Il eii: en=»
core. néceflaire de favoir conferver les fleurs
qu’on a pris foin d’^élever , principalement dans
les tranfports qu’on en fait dans les pays éloi-
gnés , ou à l’égard de celles qu’on en tire ; c’efl
fur quoi on s’eft un peu étendu , afin que la eu-
riofité des Fleuriftes , qui ne doit pas fe borner
à élever des fleurs de leur pays , trouve encore
de quoi fe fatisfaire amplement..
Et comme les fleurs fe cultivent en différentes
faifons , chacune félon leur nature ^ on a auffi
marqué dans cette Partie les mois auxquels cet
ouvrage fe doit faire : enfuite on vient à la culture
particulière de chaque fleur durant chaque mois
de l’année : cet article , pour n’y rien omettre j^ efî
détaillé fort au long , & fuivi , après avoir parlé
des mois & faifons auxquels chaque plante paroîc
en fleur durant l’année ^de la néceflité qu’il y a
d’avoir des pépinières ^ tant de fleurs de toutes
fortes, que d’arbres, arbuftes 8t arbriffeaux , pour
n’en point manquer dans toutes les faifons : c’efî
ce qui finit la première Partie.; paffons à la fé-
condé.
Elle contient là culture des arbres, arbriffeamc
êc arbuftes qui fervent à FembeüifFement des jar-
dins, &la maniéré d’en conduire quelques-uns
par le fecours de l’art ; mais auparavant fon fait
connoître les différentes qualités d’une bonno
ferre, avec les moyens d’y préferver les plantes
du froid. On peut dire que cette Partie renferme
beaucoup de chofes qui concernent le jardinage ^
F n É F A €
>î
& dont jamais pgrfonnt nes’eft avifé de parler î
& , comme on a voulu rendre cet Ouvrage fin-
gulier par les nouveautés dont on Ta rempli , on
a cru , pour n’y rien oublier ^ devoir y montrer
à quel degré de perfeélion Tindultrie des Jar**
diniers efi: montée dans certains ouvrages qui font
aujourd’hui Fadmiration de tout le mande dans
les jardins d’ornements.. C’eft bien- la nature qui
agit dans toutes les plantes en leur donnant Tac-
croiffement, mais les différentes figures que quel-
ques arbres y repréfentent ne dépendent pas du
caprice de cette mere commune ; c’efi à Fart ,
joint à Fhabifeté des mains qui les condaifent'j
que nous en fomm es redevables.
On y trouve auffi; la maniéré de cultiver les
orangers , citronniers ^ & plufieurs autres ar-
bres & arbriffeaiix ^ & arbüfi:es qu’on peut
mettre dans les jardins d’ornements ; & cette ma-
tière J on le peut dire , y eff traitée dans toute
fon étendue ; ce qui ne peut que faire plaifir aux
amateurs du jardin age^ C’eft beaucoup >:à la vérité -,
mais quand tous ces ornements , qui- font ordi-
naires , font comparés h ces chef- d’œuvres de
l’art qui font aujourdUiui la décoration des jarr
dins des Princes, on trouve bien plus de génie
dans ceux-ci , une idée bien plus noble & une ha-
bileté de la main bien plus grande. Tous les Jar-
diniers auffi ne font point capables d.’une pa?<
îeîlle entreprife ; ce font des ouvrages qui fur-
paflènt leur portée , & dont la conduke néanmoins
îî’eff pas fi impoffble qu’on fe l’imagine : on peut
en juger par les inftruâions qu’on en.a données
dans cette Partie i.
L’if, Forme & la char mi lié' font les plantes
qui contribuent entièrement aux ornements dont
on parle : on forme avec la derniere de ces belles
p4iffvdes qui ornent aas jardins,. L’érabte
PRÉFACE.
-vij
Térité , produit bien le même effet ruais il n’eft
pas fi commun» On emploie encore la charmille
pour des galeries en arcardes , & autres ornements
dont on a parlé.
Quant à forme , l'effet qu’il produit à: l’égard
des décorations des jardins n’eft pas moins fur-
prenant : ces beaux portiques de verdure qu’on
voit à Marly , & dans quelques jardins de nos
Princes,, prouvent fiiffifamment ce qu’on dit : ces
ormes en boules y & ceux dont on fe fert pour
dreffer des coJonades , ne font pas moins voir les
merveilles de l’art : tout y paroît impoffible , à ce
qu’il femble aux yeux de bien des gens ; cepen^
dant on eft détrompé de ce préjugé lorfqu’on lit
kl des infiTuélions qu’on donne fur la maniera de
réuffir en ces ouvrages* Cette fécondé Partie con^-
Siient encore plufieurs chofes dont le détail eft inu-
tile ici , parce qu’il conduiroit trop loin , & que
ce ne ferok pas fuivre le plan qu’on s’eft propofé
dans cette Préface».
De ces ouvrages vrais , chefs- d’œuvres de rare,
on paflè à la troifieme Partie , où l’on trouvera es
que Ton peut defirerfur le choix d:’un terrein, &
les conditions néceiïàires pour y conftruircim jari-
din d’ornements , & fur là maniéré d’en difpofer
& d’en arranger les différentes parties. A. l’égard
des parterres ç.qui font encore un des plus beaux
ornements de nos jardins ( c’eft même îe plus
ordinaire & le plus connu de tous ) , on n’a rien
omis fur cette matière de. ce, qui pouvoitcoii-.
tribuer à en donner de belles idées :on y a joint
îà nouveauté , pour plaire davantage au public
& on donne pour cela plufieurs defîèins,.
Comme les bofqiiets , falles , fàlîons j Cabinets de
verdure , cloîtres , boulingrins , &c..font encore
des décorations de jardin fort agréables , on a die
îà-dêiTus tout ce que cetrematiere pouvoitexiger 5
PRÉFACE.
vii]
on a fait remarquer les endroits où ils pouvoiènt
tonvenir dans les jardins : ce pas peu que de
pouvoir bien attraper ce goût , que tant de Def-
finateurs de jardins rendent dépravés par Tidée
miférable qu’ils s’en forment.
Pour venir à la conclufion de cette troiîiemc
partie , qui traite des eaux jailIilTantes , l’on peut
dire que , jufqu’ici , nous n’avons rien fur cette
matière de plus complet pour la pratique : on
n’a fait que l’ébaucher ; c’eü pourquoi , comme
on y trouve trop de chofes à defirer , on ne peut
que fuivre ici en fureté les inâruélions qu’on y a
données,.
Non content de tous les préceptes qui regar-
dent la conduite des eaux ^ la conûrrudion des baf-
fms de pîüfieurs façons , & le choix qu’on doit
favoir faire de la giaife qui en compofe la plu-
part eft entré en matière fur les dîverfes dé-
corations dont ces eaut étoient fufceptibles dans
les jardins : on a d’abord fait attention aux empla-
cements qui leur conviennent^ puis on a parlé
des riches ornements fous lefquels jouent ces
eaux : tels font les beaux jets qui partent de diffé-
rents endroits pour former une belle variété , les
cafcades , les chûtes d’eau , les nappes , les buf-
fets d’eau & autres pièces de cette nature ; &
pour rendre tout ce qu’on a avancé là - deffus
plus fenfible , on a cru en devoir donner des fi-
gures démonflratives , ainfi que des autres orne-
ments de jardin dont an a traité dans cet Ouvrage*.
TABLE
DES CHAPITRES
PREMIERE PARTIE.
res propres à cultiver les fleurs dont: on orne
les parterres^ page l
Ch AF. IL Du Jardinier Flepriflc , & des qua-»
lités qu*il doit avoir , %
Cm ÂF . 1 1 L Des outils ne'ceflaires à un Jardinier^ S
Ch AF, ÎV, Des plantes en général ^ l8
Ch AF. V. Du temps 5' de la maniéré de femer
les graines , 2.1
Ch AF. VI. Des endroits ou Vonéleve des fleurs ,
avec la maniéré de les y gouverner , 2.4
Ch AF. VIL Maximes générales pour apprendra
à planter , par ordre ^ toutes fortes de fleurs
dans un jardin , 33
Ch AP. VIII. Maniéré de recueillir les graines ^
oignons 6* racines de fleurs , avec le moyen
de les conferver , 41
Ch AF. IX. Des foins généraux qu^il faut pren--
dre , à V égard de toutes fortes de fleurs ^ pour
les favoir cultiver , 44
Ch AF. X. Des animaux nuiflbles aux plarii es. ^ &
de la maniéré de les détruire ,
Ch AP. XL Comment conferver les fleurs dans le
tranfport qu*on en fait des pays éloignés 9 59
Ch A F. XÎL L^année du Jardinier Fleuri fie , &
le temps auquel chaque fleur doit être femée &
Contenus en ce Livre.
Châf. I
De
la maniéré de rendre les ter-
és
X TABLE DES CHAPITRES.
Ch AP. XIII. la culture particulière des fleuri
dans le mois de Septembre , 70
Chap. XIV. De toutes les fleurs qui fe fement
dans le mois d'Oâobre ^ & de tous les oignons
de fleurs qui s^y plantent^ avec la maniéré de les
cultiver , 1 37
Chap. XV. Des fleurs qu^on doit femer dans le
mois de Novembre , 6" de la maniéré de les y
cultiver , 14^
Ch ap. XVî. Des fleurs qu’on doit femer dans le
mois de Décembre , 6^ de leur culture ^ 146
Chap. XVII. Qui contient les fleurs qu’on feme
ou qu’on plante au mois de Février , avec leur
culture^ 148
Chap. XVIII. Des fleurs qu’on feme ou qu’on
plante au mois^e Mars , ^ delà maniéré de
les gouverner ^ 156
Chap. XIX. Des plantes propres à faire des bor^
dures convenables à un jardin â fleurs , 199
Ch AP. XX. Des mois & des faîfons auxquels
chaque plante paraît en fleur durant toute l’an-
née , aoa
Chap. XXL Des pépinières & de la nécejjité
qu’il y a d’en avoir , tant de fleurs de toutes
fortes , que d’arbres , arhuftes & arhrijfeaux ,
pour n’en point manquer dans le befoin ^ acç
SECONDE PARTIE.
Chap. I. DEfcription d’unebonne ferre , 219
Chap. H. Dès orangers & citronniers ^ & de la
maniéré de les cultiver , . Q.25
Chap. ÏII. Des grenadiers , 243
Chap. IV. Des jafmins de toutes fortes , & de
la maniéré de les cultiver , 2 $,2.
Ch AP. V . Des genêts , 262
CHAPei VL Des myrtes ^ 263
T A B I E D E s C H A P I T R E s, xj
Ch AP, VII. Des différentes efpeces de lauriers ,
16$
Ch AP. Vni. Des rofiers de toutes fortes , ayz
Châp. IX, Du fyringa , & de la nie des jar^
dins , autrement dite fumac des Indes ^ 2.8 1
Chap, X. Du romarin & de la barbe de Jupiter^
Chap, XÎ, De Vif ^ du picea , du cyprès , & de
Vemploi qu'mon en fait dans les jardins d^or-
nements ^ 2.8$
Chap, XII. Du charme , 5’ à quoi rendu propre
dans le jardinage ^ 2.89
Chap. XîîI. Du chevr effeuille ^ du philaria ^ &
des alaternes , 2.96
Chap. XI V. De Vorme & de fon emploi dans
les jardins de propreté , m- 300
Chap, XV, Du tilleul , & de fon ufage dans les
jardins^ 314
Chap. XVL Du laguenauâier & du houx ,31$
Chap. XVIT, Qui contient une récapitulation en
peu de mots des arbres & arJbriffeaux dont on a
parlé des divers ufages qu^on en doit faire
dans les jardins ^ 317
Chap. XVîII, De la culture de quelques arbres
& arhri féaux fort curieux , 32Î
Chap. XIX. Du maronnicr d^Inde ^ & de Vacca^
cia , 326
Ch AP. XX, Des différentes efpeces de lilas , 329
Chap. XX Vit hui (fon ardent , 330
Chap. XXII. De la coulevrée & de la vignes-
vierge , 331
Chap. XXÎIÎ. Du huis , 332
Chap. XXIV. Des différentes fortes de tapis
verds dont on fe fert dans les jardins , comment
les femer , avec la maniéré de plaquer le ga'pon
de V entretenir ^ 33^
Ch AP . XXV Des fai fons auxquelles font en fleur
les arbres & arbriffeaux contenus ici ^ 34 1
xîj T A B L E D ES C H A P I T R E Sa
TROISIEME PARTIE.
Chap. I. U choix d’un terreitipro^re à faire
un jardin d’ornements , 349
Ch AP. IL De la fcience d’un Architeâc en j’aii
de jardins d’ornements , ,351
Ch A P. II L De la difpofition & de l’arrangement
des différentes parties qui compofent un jardin
d’ornements , 355
Ch AP. IV. Des différentes fortes de^parterres ^
& de ce qu’il y a à ohferver pour les conduire
à leur perfection , 358
Ch AP. V. Des hofquets & des lois dreffés pour
l’ornement des jardins , f ailes , /allons , cahi^
nets de verdure cloîtres , 37I
Ch A P. VI. Il contient tout ce qu’il faut ohferver
à l’égard des boulingrins , paliffades , allées ,
& contre-allées , comment les fable r & les en^
trenir , 378
Ch AF. Vil. InflruBion fur les eaux jailliffan-
tes y avec la maniéré de les favoir difirihuer
dans les jardins , 6’ un détail des pièces d’eau
différentes qu’on en peut faire pour leurs dé-^
eorations f 39 1
Fin de la Table des Chapitres,
CHAPITRE PREMIER.
-De la manière de rendre les terres propres â
cultiver les fleurs dont on orne les parterres.
ü o¥TE terre^ naturellement parlant , ne produit
pas toutes fortes de cliofes ; & ^ fi Fart bien fouvent
ne vient au fecoursde la nature^ les plantes qu^oa
y cultive indifféremment ne font que languir*
Lorfquela terre eft bonne d'e!îe-méme, ce fonc
de grands foins épargnés pour un Fleurifte cu-
rieux ; au Heu que , quand elle efi défeclueufe , il a
befoin d’un peu d’induftrie pour y remédier; ce
n’eft bien fouyent que d’un peu de terreau que dé-
pend la fertilité de cette terre.
La marque la plus certaine de la bonté d’une
terre , efl celle qui fe prend de la beauté naturelle
I Partie, à
X L s JARDÎNfEa
de fes produâions ; ceft- à-dire que , fî ce qu’efk
produit , foit naturellement , foit par les foins du
travail , eft fort , vigoureux , beau & en abon-*
dance , vofus jugez par-là qu’elle eft bonne ; & , au
contraire ,fi ce que l’on y voit eft maigre & petit ,
quand il doit être gros &. grand , pâle & jaune ,
quand il doit être éclatant & d’un beau verd , c’efî
une preuve de Ton peu de bonté. La couleur la plus
ordinaire d’une bonne terre eft d’un gris noirâtre.
Si la terre eft bonne , on fe contente de remplir
les découpésou pîate-bandesde cette terre, obrer-
vant de la mettre en dos d’âne oudebahur , & de
répandre par-deftus l’épaifteur d’un demi-doigt de
terreau de couche. I! n’eft pas befoin , dans un ter-
roir de cette nature , d'aucun fècours étranger 3
pour l’obliger à donner de belles produflions.
Généralement parlant, il faut qu’une terre def*
tinée à nourrir des fleurs , ne fuit ni trop humide
ni trop feche *, dans le premier cas, les plantes ne
pouffent que foibîement , s’y pourriffènt la plu-
part , & s’étiolent dans le fécond : il faut prendre
un milieu , dans cette conjondure , c’eft-à-dire 5
compofer exprès une terre propre à y élever des
fleurs. Rien n’aide plus à faire agir les plantes
qu’on y met que ce fecours.
Cela pofé , fi la terre eft trop légère & chargée
de peu de fels, on garnira les pièces de parterre
d’une terre compofée d’un tiers de terreau & de
deux tiers de terre à potager , qui foit bonne &
bien criblée. Les terres légères font celles qui n’on-
FtEÜÏirSTKe I
point de corps , & qui au contraire approclienc
du fabloneux.
Pour les terres humides oü terres fortes , ce
font celles qui , fans être argiüeufesj fe tiennent
aux doigts comme delà pâte, & fe mettent aifé-*
ment en telle figure quei’on veut: ces fortes de
terres s’endurcilTent de façon qu’elles font pref-
qu’impénétrables à l’eau , & qu’elles ont une hu**
tnidité perpétuelle qui pourrit tout» Four corri-
ger & amender de femblables fonds, on n'a befoin
que de terreau ; mais comme il en faudroit trop ,
& que la dépenfe à laquelle un ouvrage de cette
nature conduiroic un demi-curieux , pourroit , en
quelque façon , fe dégoûter, il n’aura qu’à clier-
clier quelque terre légère & remplie fuffifamment
de Tels, en mettre un tiers , un tiers de fumier de
clievaî 5 & Pautretiers de cette terre humide, bien
mêler lexoutenfemble pour la deffécher, alors les
fleurs y croîtront très->bien*»
On trouve des fables merveilleux pour la végé-*
ration , & dont la couleur eft toute grife: tout y
croît fort bien ; & , pour ne point s’y tromper ^
üfuffit de regarderies produdions qu’ils contien»
tient ; c’eft pour lors que les yeux décident du
bon ou du mauvais fuccès qu’on en peut attendre*
Aconfidéreràfondles terroirs pierreux, c’efi:
perdre fon temps & fa peine que de les employer
pour la Cüîture des fleurs , à moins qu’on ne pra-
tique îa méthode que voici.
Prenêz de la cetre ^ fa mdlleare que vous pour-
A a,
4. I/E Jardinesr
trouver , mettez-en deux tiers avec un tiers
de terreau , & , étant bien incorporés run avec
fautre , portez cette terre dans îes endroits defti-
nés, mettez-en la hauteur d’un demi-pied; ob fer-
iez, comme on a dit, que cette terre faffè le dos
de bahut ; unilTez-la proprement , & y plantez
les fleurs que vous fouhaitez ; elles y croîtront
heureufement , avec les foins d’ailleurs qu’elles
exigent de celui qui les gouverne.
II y a une certaine terre jaune qui eft aflez fubf-
rantieüe ; elle n’efl ni trop humide ni trop feche ;
mais J quoique d’un affez bon tempérament , elle
manque néanmoins dans fon principe de quel-
que chofe propre à la végétation , Sc qu’on peut
corrigefo
Dans ces fortes de fonds , on prend de la terre
naturelle deux tiers, & un tiers de terreau , ou
de quelqu^âutre terre fort légère, qu’on mêle bien
enfemble , puis on en garnit les platebandes ou
autres pièces de parterre.
Le terreau eft un fumier fi confommé & fi vieux,
qu’il paroît plutôt approcher de la nature d’une
t :rre noire , que d’avoir rien qui fente le fumier
& la paille ; il eft tellement néeeffaire dans les
jardins , qu’il eft abfolument impoffible de s’en
pouvoir paffer.
On fefouviendra toujours, pourmaximegéné-
r.]le, de mettre en dos de bahut les terres qu’on
emploie pour la culture des fleurs, lorfqu’on les
met dans des découpes & plate- bandes de parterre.
F I i U K î s T I
& de changer les terres tous les trois ans ; ce qui
fe pratique en ôtant de toutes îes pièces environ
tm demi-pied de terre pour y en fubftituer de
nouvelle.
Tout cet ouvrage doit fe faire proprement avec
le rateau à petites dents, qu’on palTe légèrement
par-defllis la terre pour Tunir rr’eft oh. Ton re<-
marque en partie radrefle d’un Jardinier,,
CHAPITRE IL
Du Jardinier Fleurijïe , 6' des qualités qu’ait doit
üvoir^
^O^ESTune chofe un peu rare qu’un Jardinier
*^^habile dans fon Art ; la plupart ont plus de
routine que de fcience , plus d’enrétement que de
raifon , & plus de fotte preTomption que d’efprit :
ils fe perfuadent tout favoir , & ne favent bien
fouventque trè"-peii de chofes.
Ce n’efl pas à dire pour cela qu’il n^y en ait
peu qui entendent leur met’er , & qui , fondés
fur une expérience de longue main , ne reuffiffent
très-bien dans le j'ardmage.
Les uns font verfés dans le potager, les autres
s’appliquent aux pepinieres,&!es autres fontleur
principale étude de la culture des arbres fruitiers;
celui-ci aime les arbriffeaux , & l’autre les fleurs ;
mais ne voulant ici parlerque des deux derniers^
on ne dira rien des autres.
Un Jardinier Fleurifte doit avoir en partage un
A 3
6 1e Jari>inîeïi
certain génie propre à la culture des fleurs, fan^
quoi le peu de talents qu’il peut avoir d’aiileurs ^
font de peu d’importance. II faut que celui qui
cmbrafle cette profeflTion ne donne point dans l’ex-
cès du vin ^ il eft rare qu’un ivrogne excelle en fon
îirf. Ce Jardinier doit être matineux , afTidu a
fon travail , vigilant, avoir beaucoup de foin de
ce qui regarde fon minifl:ere,& s’appliquera con-
îîoître ce que c’eft qu’expofition en fait de Jardi»
nier ; car il eft ne'ccftaire qu’il faebe la région &
les eflTets au moins des quatre vents principaux,
pour faire le difcernement d’une bonne fituation^
Il eft bon qu’il s’étudie à la connoifTance gé-^
néraîe des fleurs , pour les favoir diftinguer , les
cultiver à propos , & les placer dans les endroits
qui leur font propres. Il doit avoir foin de les far-
der, c’eft» à-dire, d’ôter les méchantes herbes. Il
faut qu’il fôit robufte , pour réfifter aux fatigues
que donne la culture des fleurs durant touterannée,.
Il doit les arrofer , lorfqu’i! le juge à propos ;
auflî'tôt qu’il eft jour, il doit vifiter fes plantes ,
& voir shl n’y en a point qui périfTent : pour lors
fon emploi veut qu’il y remédie au plutôt , s’il eft
poflTible,
If doit avoir aufli quelque connoifTance d’archw
teflure pour former la figure d’un plan , & corn-
pafllr régulièrement les figures d’un parterre.
Il faut qu’un Jardinier FleurifteafFede une cer*
taine propreté , qui jamais ne doit abandonner
fon ouvrage. On demande danshiiderinventioB g
F £ ï? ü îl î s T 1» : 7
2Î1Ê connoifTance particulière des temps auxquels
on doit femer & planter toutes fortes de fleurs j>
quand & comment il les faut cueillir , plutôt le
matin que îe foir.
Jamais un Jardinier, du caraéîere dont on parle ^
ne doit manquer d’outils néceffaires à fa profef»
fion ; il faut qu’il ait foin de les tenir toujours
en état de s’en fervir au befoin , & que fa vigi-
lance s’applique a prendre garde qu’il ne s’eîi
gâte point.
Un Jardinier Fîeurifle, qui naturellement doit
fe piquer de curiofité, efl: obligé honnêtement de
fatisfaire celle des perfonnes qui lui demandent à
voir les fleurs de fon jardin , perfuadé qu’il doit
être qu’elles fe donneront bien de garde d’en cueil-
lir aucune ; & , pour prévenir ceux qui ^ moins
honnêtes , y portent indifcrétement la main j,
pour en dérober à l’infu du Maître , i! faut gra-
ver ces deux vers fur la porte du jardin ;
Hîc ver aflîdoum mellûs , quàm Carmina, Flores
înfcribant j ocuîis tu îege , non manibus.
Quand on parle ici de Jardiniers Fîeurifles, on
entend ceux qui fe plaifent à cultiver ces produc-
tions de la nature , qui n’exigent pas moins de
foins d’un homme qui n’en fera que fon pîaifir ,
que d’un autre qui s’en fera fait une profeflîon
pour y gagner de quoi vivre. Ainfi les foins qui
regardent le dernier, ne doivent pas porter îe pre^*
mier à <k moindres confidérations..
8
il
I,E Jardinier
’î
CHAPITRE I I I.
Des Outils nécejfaires à un Jardinier,
UN Jardinier doit commencer par une heùhe;
cet outil efl de fer ^ îarge de huit à neuf pou-
ces, & long d’un pied ou environ : il eff mince
du bas ,, & plus épais du haut , où il y a un trou
qui fê nomme douille , dans lequel on met un
manche de trois pieds de long fur trois pouces de
tour. C’eft le premier inilrument quhl doit ap-
prendre à manier , afin de labourer la terre uni-
ment. Voici comme iî faut s’en fërvir. On enfonce
cette bêche.un pied'en terre , & en là retirantFon
renverfe la terre fens dèflu's deiîbus ; cela fait moti-
fir les méchantes herbes, & difpofe l'a terre à une-
nouvelle femenc.e, ou a un nouveau plant.
Il aura une pelle ; c’ëfi un outil de bois fait d’une
feule piece, ayant la forme d’une bêche, mais dont
ïeculeron efi plus hrge & plus long ; il s’énfer-
vira pour ôter Ta terre des foiïes qu’il aura créa-
fées pour y eonftruire quelques couches, ou bien
il s’en fer vira pour cliarger du terream tiré dts
vieilles couches , & le tranfporter dans les pièces
de fon jardin qu’^il jugera en avoir lë plus dë be-
foin. Cette pelle lui fervira encore pour charger
dans une hotte ou brouette, les ordures defon jar-
din, qu’il fera porter dehors pour plus de propreté»,
11 fe munira àt râteau ^ qui efl un outil de bois
m de fer 5 d’environ un pied & demi gu deuK
F I E t; K ï s T E* 9
pieds de longueur , avec un raancîie de quatre
pieds de long, & armé de dents d’un côté ;^il s’en
fervira'pour râteler les allées dè fon jardin 5 &
unir la terre de Tes compartiments^ Il y a de deux-
fortes de râteaux 5 l’un qui fert pour unir là terre
dans les planches & autres pièces de jardin : ce*»-
lüWà eft'à dents de fer ; 8c l’autre qui n’en a que-
de bois, eft employé pour unir les allées^ quancî
elles font ratÜTées*
• ll fera pourvu àe ratijfoire ; c’eff un petit ou--
til tranchant , long d’environ un pied , & large,
de quatre pouces , enmanché d’un bâton long de
quatre pieds ; il fert à ratifier : c’eft un outil né«
cefiaire pour tenir un jardin net de toutes les mé-
chantes herbes. Gn en fait de deux fortes ;
l’üne fe man^ie en poufiant devant foi l’herbe qu’on
ratifie , & l’autre efl: une ratiflbire avec laquelle^
©n rarÜTé à reculons , en appuyant le tranchant
contre terre.
U n déplantoir eü nécefiaire à un Jardinier Fleiî-
tifie , pour déplanter avec fuccès les fleurs. Cet
outil efl: fait de feuilles de fer - blanc , mis en rond,
avec des charnières fur les côtés , qui doivent fe
joindre enfemble par le moyen d’un gros fil de
fer, qui paffent dans les charnières, entretient la
rondeur du déplantoir. On l’enfonce en terre juf’
qu’au-^defibus des racines de la plante que Fon veut'
enlever ; & après Favoir*^enîevée , on ôte le fil dof
fer, qui fait que les côtés du fer-bîancfe retirent:
peu|.parice moyen^U de là plante/orr:
50 , 1/ K y A K. D ï N I E
en entier du lieu ou elle écoit , & fe tranfpofta
dans celui où Ton veut la planter à demeure. Cet
înftrument efl fort commode pour lever les jeu«»
nés plantes en motte.
Pour ce qui eft de la ferpette', c’effi un petit cou-
teau dont la lame eft courbée, qtf il doit toujours
avoir en poche : il y a centoccafions dans le jar-
dinage où il fe trouve en avoir befoin. Il y a des>
ferpettes fermantes & d’autres qui ne fe ferment
point ; on s’en fert pour habiller les arbres ,
préparer les racines des plantes qu’on tranfplanteé.
Un Jardinier Fleurifle ne doit point manquer
de plantoirs ril y en a de diverfes façons; les uns,
reftembknt fimplement à des chevilles de bois
pointues par le bout : ce font ceux-îl dont on fe-
fert pour planter les fteiîrsnaînes. tes autres pîaîi?
Êoirs font un peu plus gros, & ferrés parleboutj,
& font employés pour planter le buis,. Il y en a
auffi dkrrondis par le bout , pour planter les oi-
gnons de fleurs, afin qu’ils fe lient bien avec la
terre ,, & qu’iî n’y ait point de vuide deftbus.
îl n’y a rien dans un jardin déplus utile qu’un
4rro/o/r;c’eft pourquoi un Jardinier nedoie point
en être au dépourvu. Cet outil fert pour arrofer
les plantes , ileft fait en forme de cruche.; foncen-
tre doit tenir un feau d’eau , & fon ouverture
doit être aftez grande pour y verfer l’eau. II y a
une anfe ronde , afin de pouvoir le porter d’une
feule main; la pompe qui eft du côté oppofé à
Fanfe ^ eft percée en une infinité d’endroits, poui*
T Z E V K- 1 S, T F*. Il
faire fortîf l’eau en efpece de pluie ; & par ce
moyen elle: peut humeder doucement la terrcj^
fans la durcir ni battre. Gn îe fait ordinairemer^t
de cuivre : le rouge vaut mieux. Il y en a auffi de
de terre & de fer-blanc ; mais ils ne font pas de
réfiftance*
Il doit avoir um batte pom battre les allées de
Ton jardin, en cas de befoin. Il n’y a rien qui em«
pêche davantage les méchantes herbes de pouflero
La batte eft encore néceffaire pour le même ufage,
îorfqu’on fait un jardin neuf, où la terre des allées
qu’on remue ou qu’on tranfporte , a befoin d’être
battue pour faire corps, de maniéré que les mé«»
chantes herbes n’y puifîe croître que difficile*»
ment. La batte n’eft, autre chofe qu’un gros billot
de bois , où tient un long manche pofé diagona-
îèment.,
îî faut qu’ün Jardinier qui cultive des fleurs 5
ait chez lui des corbeilles pour mettre les fleurs
qu’il juge à propos de cueillir : ces fortes dé pa--
Biers marquent la propreté d’un Jardinier & les
maniérés agréables de faire fa profeffion.
Il a befoin dé hottes 8c âe hotteraux , pour îe
tranfport de bien des chofes qu’il retire de fon jar-
din , ou des terreaux dont il a befoin ; ces hottes
font faites de plufienrs maniérés , 8c on s’en fert
félon l’rffiage dès pays où Ton eft. La hotte eft une
efpece de manequin, fait exprès pour l’attacher
tvee dès bretelles fur îe dôs.Xe côté qui fe place
tpntrejè dbs plus haut que tout le refte^.
32/. t t J' A R © î n' r E R
qui eû large & rond du haut, & un peu poîhfn
par en bas ^ qu’on nomme îe ventre ; la partie élè-»
vée s’appelle coller.
De tous les outils qui fervent a un Jardinier
Fleurifle , il n’y en a prefque point de plus "utile
qu’un crible ; il eft compofé d’un grand cercle de
bois , qui a trois doigts de largeur , & d’ime peau
percée de plüfeurs trous* G’eft avec cet uüenlile
qu’en rend une terre prefque toute en pouffierSs>
& telle qu’il faut qu’elle foit pour contenir dés
anémones-g des renonculé-S g &' autres fleurs aulîi,
dé'scatesi ■' •
L'a fele eff une îàme dé fér-emmancbeé: ;'^€Îiê eft:
longue & étroite', & taifjeé d’ùn des côtés par.
petites dents. G’efl un inflrument qui n’efl: pas.
moins néGefTairé à un Jardïniér , que’ ceii}? dont
on a parlé : il l’emploie pour couper les b’randîes
qu’il ne peut emporter avec là férpette; &Ge qu’iî i
coupe avec la feie efi toujours' uni , fauf après a
ragréer le tronc. '
La .houlette ei! un morceau àé fer flélalôngiieur
de fîx à fept pouces , & large de quatre ; -Ion épaif-
feur eâ d’ùne bonne ligne , ayant îa flgure un peu
concave, & emmanché d’un bâton d’environ cinq
à fix pouces de- longueur. On l’emploie pour Ie«
Ter en motte certaines plantes qui , étant autre»
ment traofportéèsq feroient en danger de périr;
& comme un Jardinier Fieu rifle a fouvéntbefoiû
d’outil , il doit avoir foin de s’en raanir.
Un Jardinier Fleurifle fera bonne, provifion de
ï' £ E V R T S T Ei. Xf,
, pour y mettre les fleurs qui s’y cultîi^€n&
avec plus de fuccès qu’en pleine terre, comme les^
ceiÜets , les oreilles d’ours les tubéreufes & au-
tres, Ces pots feront de terre fimplement. I! y a.
dès pots de faïence pour les fleurs ;maîs les Fléu«
rifles ne s’en fervent point ; ils ne font propres^
que pour ks particuliers , qui en veulent faire îa
dépenfe , pour rornement de leurs jardins»
Uii Jardinier aura pîiifieurs rabots pour unir
les allées de fon jardin , après qu’èües feront ra-
tiffées; ce lî’efl'pas iin-oiitil de grande conféqiien-
ce pour en manquer , car il n’eft que de bois
fairavec une efpece de douve ronde par-dehors
& plate par en bas : en y attache vers le milieu
un manche long environ de quatre pieds..
Les paillajfons font fort néceffaires à un
dioier Fieurifte'^ il‘s’en\fèrtxontre le froid ,. qui:’
efi: Fennemi mortel des fleurs , ou pour ombra=?
ger quelquefois certaines plantes qui ne veulent
point le grand foleil. Ces paiîia.fTbns:fe font en met-
tant à plate terre .trois éebaîas long de fi x à lept
pieds , & les efpaeant en paradele de deux à trois
pieds l’un de Fautre ; . enfuite on met en travers
de ces echaîas uner maniéré de lit de paille Ion-»'
gue 5 .de l’épaifleur d -un bon pouce , de la hau^
îeur de cinq æ fix p’ed^ , & de la: longueur des
écbaias.. Après ce^ a on remet trois autres fem-
bîables échalas fur ce lit de: paille v enforte qu’ils
fe rencontrent vis - à - vis des trois prem ers &
avec- de Fofiex oxk lie ceux de delTus avec ceu^.
î4 î* J A R n r N r P r
de deiïbus , & enfin on ajoute encore deux au^
très échalas en travers , & fur l’un des deux cô**'
tes de cet ouvrage de paille , pour tenir le tout
plus ferme & plus folide.
Un Jardinier a befoin d’un maillet pour bien
des occafions où il fe trouve en avoir afFaîre dans*
îe jardinage. C’eft une efpece de marteau deboisv
qui a deux têtes.
Il lui faut une brouette , qui eft un petit tom-
bereau n’ayant qu’une roue , & qu’un homme
pouffe devant foi 5 pour îranfporter les fumiers ^
lès pierres & îes ratiffures des allées, afin que fon
jardin foit entretenu proprement. La brouette
- efi encore d’ufage pour tranfporter les terres oa^
terreaux dont on a befoin pour améliorer un jar-
din.
Il a befoin d’une civière^ forte de petit bran--
card qui a quatre bras que deux hommes por--
îenrpour tranfporterdans la ferre les arbrifleaux
& arbuffes qu’un homme feu! ne fauroit.porterr
à bras lorfqu’iîs font en caifTes. On fe fert auffi
d’une civière pour tranfporter îés fumiers dans
les foffes deffinées pour y conftruire des couches.
\J échenilloir eft un infirument néceffaire à un
Jardinier pour ôter les chenilles des arbres lors-
que par malheur i^s en font inftâes : celui qui
efi repréfenré , a un manche haut de dix pieds ;
&, pour faire aber le reffôrc qu’on voit dans le
m i I i e u d e c et te ef p ece d e ci fea u , on t i r e i: n cor*-
deau qui efi attaché a une de les. branches, lequel'
F t I' V t s T ïf:
étant tiré , reiïèrre la machine & lui fait couper
rextrémitéde la branche ou le toupet de chenilles^
Les cifeaux de Tardinier font nécefîaires pour
tondre les bois des parterres , les ifs ^ les picéasg
& autres arbres ou arbufles , fer¥anià Tembe!*-
Eirement dès Jardins*,
U échelle compofée de deux pièces de boîs’;
en long , rraverféès & Jointes d^efpace en efpace
par d-autres pièces plus petites* On fe fert dé
pîüfieurs échelles à2iX\^ îe jardinage ; il y a la dou--
bîe y qu’on emploie îorfqu’îî s’agit de tondre les;
hautes paüfTades 5 ou qu’on veut faire quelques
ouvrages dans un jardin qui font au - dèfTüs d©
îa portée des bras du Jardinier. Il y a réchelle
lîmpîe & réchelle à trois pieds ^ qui eft employé©:
pour îè meme ufageé
-pioche eft un outi! de fer ^ large de trois ï
quatre pouces , & long de ftpt à huit, renverfé.
en forme de crochet a fumier^ & emmanché d’uii!
bâton d’environ quatre pieds. On l’emploie poiirr
remuer la terre & là rendre meuble ; & le pirnhoni
pour ferfouir les petits plants , ou pour donner
de légers labours à quelques arbuftes ou arbriS
féaux.
Un Jardinier qui a des paliffades de charmiîîés
â tondre , a befoin de , qui eft un inftru«
ment tranGhant 9.& fait en demi-cerdè. lî eft
mne certaine maniéré de s’en fervir qui s’apprend:
bientôt 5, pour peu. qu’on ait dè difpofîtion à fe
pratiquera.
î6 L E J A R D î N r. E R
L’üfàge des cloches de verre eft afîèz fcéqueat
dans lé jardinage, & fort néceffaire.
Un Jardinier Fleurifce ne peut s’en pafTer , s’il
ne veut rifquer la plupart des plantes qu’il a fa-
îîiées fur couches ; ces cloches en avancent aulfi
beaucoup la végétation : elles font faites à Timi-
tation d’une cloche de fonte ; elles ont environ
un pied & demi de largeur par le bas de leur ou-
verture, & autant dehauteur, avec un gros bou-
ton aufîi de verre, pour les prendre & les placer
commodément: il s’en fait quelquefois de plus
grandes. Gn fait auffi des cloches de pailles ; elles
font propres pour couvrir les plantes nouvelle’-
ment tranfplantées , afin de les garantir des ar^
deurs do foleil qjui les fiétrîroit.
On fcfert fourche de fer pour entaffer &
accommoder les fumiers dont on conflruit des
couches. Un Jardinier doit en avoir plufieurs ;
cet outil lui efl néceiTaire : i! eft de fer , compofé
d’une douille , & de trois fourchons ou branches
pointues , un peu recourbées en dedans , & îon--
gués d’environ un pied. On l’emmanche, d’un bâ«
ton long de trois à qu ,tre pieds,
Un Jardinier F’eurifle ne doit point non plus
manquer de truelle ;,c’eft à l’aide de cet outil qu’iî
îeve en motte heureufement fes plantes; La truelle
eft compofée d’un manche de bois , d’un cohet
& d’une féuilîe de cuivre.ou de fer chir & large, ,
Une r/;7ze eft encore, néceftàire r c'eft .une ma-^-
de.tiffu de plufieurs brins de.bois ronds ^.
Vn^^aic eu é.H„,c cu .unc „,«,
nieje de tiffii de plufieurs brins de. bois ronds
"PtlVnïSTÈ. tj
garnît (3e îenr écorce , & afîez menus , c’eft-â-
dire , de la grofTeur d’un pouce. Ces brins de bois
font réparés les uns des autres^d’environ un pou-
ce , & liés en trois ou quatre endroits de leur
hauteur d^une chaîne d’ofier qui les entrelafîè,
Sc de plus attachés parderriere avec autant de
traverfes du même bois , ou un peu plus gros
pour maintenir l’ouvrage en état. On les fait d’en-
viron fix pieds de haut ^ & autant de large. On
emploie les -daies pour paiîer les terres dont un
Jardinier a befoin pour élever les fleurs, ou pour
drefTer un parterre dontle fond veut être ainfipalTé»
Il ne fuffic pas d’avoir eu la précaution de fè
munir de tous les inflruments & outils propres I
un Jardinier , il faut encore qu’il ait le foin de
îes ferrer dans quelqu’endroir proche , s’il le peut 3,
pour les avoir promptement , & qu’il ait foin
aufli de raccommoder ou faire rhabiller ceux qui
font gâtés ou rompus , ou de veiller à ce qu’on
se les dérobe point. Voici une planche où tous
les outils font repréfentés.
î. Bêche. 7. Plantoirs de
2.. Pelle.. fleurs façons*.
3. Râteau. S. Arrofoir.
4. Ratiffbires de deux 9. Batte.
fortes.. îO. Corbeilles à fleurs*.
Déplantoir. îî. Crible à jardin,
é» Serpettes de deux la. Scie..
forteSo IJ. Houlette de Jardî*^
merf>
î8 L 1 J A R » ï N I E R
14. Pots de terre de dif- ax. Eehelles de'diiFe-#
CHAPITRE IV,
Des T tant es en gêner ah
N peut généralement divifer les plantes en
boifeufes ou ligneufes , en fibreufes ou liga-
Bfienteiifes , & en bulbeufes.
Les boifeufes font celles qui ont le tronc , les
facines & les branches de bois.
Les bulbeufes , ont pour racines des oignons
OU bulbes , qui font prefque toutes compofées de
pîufîeurs peaux & enveloppes ; elles fe perpé-
tuent, non - feulement par leurs graines , mais
encore par les cayeux que l’on détache tous les
trois ans de leur oignon.
Les fibreufes ont les racines comme des fibres
ou petits ligaments ; an les divife en plantes
annuelles & en vivaces.
Les annuelles font celles dont Tes racines meu-'
rent dans la même année , après avoir porté leurs
Sears & leurs graines,.
férenîes grandeurs, rentes façons.
15. Rabot. a3* Pioche.
26. Paillaiïbn. 2,4. Piochon.
27. Maillet. 25. Croifîànt.
18. Brouette, 26. Cloche de verre,
19. Civiere. 27. Cloche de paille.
20. EcheniJloir. 28. Fourche de fer.
21* Ci féaux de Jardi- 29. Truelle.
mer,
30. Claie,
F L E ü E î s T E»
Xes vivaces font celles dont les racines ne pé«
rilTent point , après avoir donné leurs femences 5
& dont refpece fe perpétue , non-feulement par
le fecours de la graine , mais encore par les mar-
cottes y tailles & boutures , qui font les voies hs
plus courtes pour les élever, ainfi qu^on l’apprendra
ci-après à îa culture particulière de chaque fleur®
Les plantes vivaces ne font point fi fujettes à
geler que les autres , ce qui fait qu’on en perd ra-
rement Pefpece ; & que , bien au contraire , il y
en a parmi elles qui fe multiplient tellement
d’elles - mêmes , qu’on efl obligé, tous les deux
ou trois ans , d’en décharger le pied.
Voici le catalogue de quelques plantes vivaces
qui entrent pour l’ordînaire dans les jardins à
fleurs ; on a cru ne le pouvoir donner en meil-
leur ordre que par alphabet.
Ahjlnte 9 vivace par
fes racines®
Ancolie , vivace par fès
racines.
Anémone , vivace par
fès pattes.
Afphodele , vivace par
fes racines.
A fier ^ autrement dit,
Oculus Ckrifii , vi-
vace par fes racines.
Camomille ^ vivace par
fes ra.çinesg..
Campanule , vivace par
fes racines.
Clématite ,, vivace par
fes racines.
Colchique , vivace par
fes tubercules.
Coquelourde^v\N2iCe par
fes racines.
Couronne Impériale ,
vivace par fes cayeux®.
Ellébore , vivace par fes
racines»,
50 L E J A R
Fraxinelle, vivace par
fes racines.
Fretillaire ^ vivace par
fes racines.
Giroflée jaune , vivace
par fes racines.
Crarnen Parnaflt , ou
fleur du ParnafTe, vi-
vace par fes racices.
Grenadille , ou fleur de
la Faflion , vivace
par fes racines.
Héméroeale^ vivace par
fes oignons.
Hépatique ^ vivace par
fes racines.
Hyfope 5 vivace par fes
racines.
Iris bulbeux , vivace
par fes bulbes.
Jûcinte , vivace par fes
bulbes.,
Julienne , ou giroflée
des dames , vivace
par fes racines.
Lavande , vivace par
fes racines.
Lys, vivace par fes
oignons.
Lys des vallées , autre-
D r N î s ît
ment dit , Muguet
des bois , vivace par
fes racines.
Lys defaint Bruno , vi-
vace par fes racines.
Ly s-flammes , vivace
par fes bulbes.
Mar guérit es yOn Pâque-
retes , vivaces par
leurs toufes.
Marjolaine , vivace par
fes racines.
Matagon , vivace par
fes cayeux.
Moly , vivace par fâ
bulbe.
Miiffle de Lyon , vivace
par fes racines.
Narcijfe , vivacepar fes
racines.
(EU de bœuf^ vivace
par fes racines.
Œillet , vivace par fes
marcortes.
Œillet des Poef es, viva-
ce par fes racines.
Orchis , ou Satyrion >
vivace par fes bulbes.
O mit ko galon , vivace
par fes bulbes.
E ÎS U
Ttrceneige , vivace par
fe.s bulbes.
Pivoine , vivace par fes
tubéreufes.
Renoncule , vivace par
fes pattes.
S afran ^ vivace par fes
bulbes.
S ariette y vivace par fes
racines.
Sauge , vivàce par fes
racines.
S îatice 5 vivace par fes
R I s T -2.^
touffes.
Thym , vivace par fes
racines.
Tourne fol J autrement
ditfoleil , vivace par
fes racines.
Tulireufe y vivace par
fes cayeux.
Valérienne , vivace par
fes racines.
Violette^ vivace par fes
touffes.
II n’y a pas de plus grand fecours ^ pour Tor-
nement des jardins, que les plantes vivaces , tant
par leur grand nombre , que par la diverfité des
faifons où elles naiffent: ajoutez que la culture de
la plupart eil fort aifee , & qu’il y en a beaucoup
qui n’ont rien de commun en cela avec d’autres^
C’eft ce qifon apprendra dans îa fuite.
CHAPITRE V.
Du temps & de la maniéré de femer les grainestt
POUR femer avec certitude quelque plante que
ce foit , foie dans des pots , fur couche , ou
en pleine terre , il eft de la prudence de celui qui
veut le faire, d’examiner fi les graines en font
bonnes ; il faut pour cela , avant que de les fe-
mer, les éprouver dans de î’eau ; celles qui defeen*
dent au fond , font les graines dont il fautfe fer-
vir , & jetter les autres qui nagent, ainfi que
celles qui paroifTent arides , ratatinées & altérées
©U qui font rongées des rats.
âür Le Jardin r ER
Quand ce font des graines greffes & dures j if
faut , avant que de les femer , les mettre pendant
^ingt- quatre heures dans de Teau pour les faire
gonfler & attendrir : elles lèveront par ce moyen
plutôt de terre. Les faifons où l’on feme le plus
font l’Automne & le Printemps. L’on choifira
un jour favorable, c’eft-à-dire, qu’il n’y ait point
de vent , de peur que la graine ne s’envole ,
qui foie difpofé à la pluie , pour enterrer la graine
& Ja faire germer plutôt.
Au Printemps , l’on feme fur couche & en
pleine terre les plantes annuelles qui craignent
la gelée.
En Automne , l’on feme les autres plantes an-
nuelles qui ne craignent pas le froid. Ceft le
temps auffi de femer les plantes vivaces & bul-
beufes >* on en peut femer plufieurs au Printemps,
comme on le verra ci-après.
Auparavant que de femer , foit au Printemps,
ou en Automne , il faut que la terre foit bien
amendée , & qu’elle foit labourée à plufieurs re-
prifes. Enfuite l’on unit avec une baguette, &
Ton feme à claire-voie les graines pour que les
fleurs en foient plus belles ; après qn les recou*»
vre de terre Pépaiffeur d’un demi -doigt , qu’on
îaifTe tomber au travers d’un crible , & que Ton
unit avec la baguette : on arrofe aufli-tôt , s’il n’y
a pas d’apparence de pluie. On peut répandre ,
fl l’on veut , un peu de grande paille par-deffus ^
ecla empêche l’eau des arrofements d’emporter les
F I s If R î s î*
graines, & les preferve auffi du hâle , qui pour-
roit ou les brû!er elfes - memes , ou diffiper tous
les fucs dont elles vivent.
L’on peut auflî femer en pleine terre, dans des
rayons efpacés de quatre à cinq doigts: ces rayons
lè tracent avec le bout d’un bâton , ou en y ap*^
puyant le manche d’une bêche couchée de fou
long. Sur -tout que Ton ne s’arrête nullement à
la lune pour femer ou planter.
Il arrive quelquefois qu’ayant femé des grai-
nes , il en refte fur ferre qui font découvertes : iî
faut pour lors prendre de la terre légère ou du
terreau & les en couvrir ; autrement elles s’al-
tèrent !a plupart, & ne profitent qu’à moitié^
ou deviennent la proie des oifeaux. On remarque
encore que ces graines n’ont été couvertes quhm-
parfaitement par de petites fibres blanchâtres ^
qui font leurs germes , & qui tiennent tant foit
peu a la terre, La plupart périroient , fans dou-^
te , fans le fecours dont on vient de parler.
Lorfque les graines femées lèvent trop drues ^
les fleurs n’en font jamais bien belles rc’eft pour-
quoi il faut avoir foin de les femer à claire-voie;
& , fuppofé qu’on ait manqué à cette précaution ^
on en éclaircit le plant : ces fleurs en naiflènc
après bien plus pleines , & d’un coloris beaucoup
plus beau.
Ce qu’on dit ici à l’égard des graines , n’eft
feulement qu'une fimple idée qu’on donne de la
maniéré de femer ; car ^ comme chaque graine
%4 L E J A R D ï ^ 1 n K
une faifon qui lui eft propre , & pu elle réuflîe
mieux , & qu’il y a plufieurs circonftances qui
regardent bien des plantes en particulier , on fe
réferve de faire un détail plus ample de leur cul-
ture , à mefure qu’on tombera deflus.
If y a encore une petite obfervation à faire ;
c’efl quandron reçoit des graines étrangères , ou
d’autres que Ton ne connoît pas encore , & dont
on ignore le gouvernement , il faut les partager
en trois portions égales , pour femer la première
au Printemps , foit fur coucbe , dans des pots ,
ou en pleine terre ; la fécondé en Eté, & la troi-
fieme en Automne : l’on peut être fûr par ce
moyen de jouir de ce qu’on a acquis.
CHAPITRE VL
Des endroits ou Von éhve des fleurs , avec la
manlre de les y gouverner.
N éleve des fleurs des couches , dans des
pots , fur des planches & dans les pîate»ban»
des des parterres.
I. De la couche.
Les couches fervent à élever les graines des pîan^
tes qui craignent la gelée, qui font délicates ; elles
fe font aux mois de Février & de Mars, toujours
dans un endroit bien expofé au grand chaud , & >
ü l’on peut, contre un mur ; on les fait de quatre
pieds de large , & autant de hauteur , parce qu’el-
les s^ffiiffenc toujours , & d’une longueur pro-
portionnée. L’or
Fie0Rîsti. ij
t^on fe fert de grand fumier nouvellement forti
de deffous les chevaux , & qui ne leur ait fervi que
deux nuits: on le prend avec une fourche de fer ^
&on le retrouffe fi habilement en faifant chaque
îit , que tous les bouts du fumier fe trouvent en
dedans , & que ce qui paroît en dehors faffe le
dos. A chaque lit que l’on fait on le bat du dos
de la fourche , & on le repeigne , pour que fa
couche foit également garnie par-tout. Après que
le fumier eft bien dreffé , Ton couvre la couche de
fix à fept pouces d’épaiffeur de terreau. Elle doit
refter en cet état pendant dix à douze jours avant
que d’y rien feraer ^ pour que la grande cHaîeur
fe diflipe.
Après que la couche a jetté fa grande chaleur
Ton doit dreffer le terreau qui eft deffus^ Voici
comment. L’on prend une planche d’un bois lé-
ger , on la place fur les côtés de la couche, envi-
ron à deux pouces du bord , & joignant le ter-
reau; l’on foutient cette planche ferme, tant avec
la main gauche que du genou, & l’on prefe avec
îa droite îe terreau contre cette planche, de façon
que ce terreau puifîe fe foutenir comme une terre
foîide : quand on a fait un côté , l’on va à l’au-
tre, & ainfi jufqu’au bout. Lorfque le terreau eft
drelTé , il doit avoir en tout fens un bon demi-
pied moins d’étendue que le deflbus de la couche ^
& dans toute fon étendue , il doit être auiïi uni
qu’une planche dreffée en pleine terre. L’on feme
I. Partie^ B
2.6 I E Jardinier
enfuite les graines , & on répand par-deflus uîi
pouce de terreau.
Si Ton a plufieurs couches , Ton doit lailTer
entre chacune un'fentier large d’un pied pour ar-
rofer , cultiver & tranfpîanter les plantes , & vé^
chauffer les couches quand elles fe refroidiffent :
on le fent bien en y fourrant la main ; alors l’oa
remplit de, fumier le fentier qui les féparoit : cela
fuffit.
Mais lorfqu’on n’en a qu’une , il faut mettra»
au moins deux pieds de large de fumier tout au-
tour de la couche ; fouvent meme il doit être
plus haut.
Les couches font très-utiles , non-feuîement
pour élever les plantes délicates , mais auffi par
le terreau qu’eües produifent , & dont on ne peut
fe paffer dans un jardin.
Les plantes femées fur couches demandent à
être couvertes de cloches ou de paillafTons. Lorf-
qù’cües font hautes de trois ou quatre doigtSj on
les accoutume peu-à-peu au grand air , en éle-
vant les cloches fur des fourchettes de bois. Dans
les nuits chaudes on ôte ces cloches , & on les
remet le matin fur les fourchettes. Ce foin dure
l’efpace d’un mois ou de fix femaines.
Quand on voit que les plantes font trop pref-
fées fur une couche , ce qui empêche qu’elles ne
viennent fi bien , lorfqu’elles ont affez de force ,
on choifit un temps pluvieux , & on les replante
en rang fur de nouvelles couches, fi on en a , ou
Flixihîste. ^ 17
bien fur des planches ; ceîa les avance , & les
empêche de monter fi haut. On aura foin de les
arrofer dans le befoin 5 de les couvrir de pail»
îaiTons la nuit dans le grand froid , & de les dé-
couvrir le jour pendant le foleil. On prendra
garde que ces paillaffons ne touchent rien ; &
pour ce , on les fera foutenir par des fourchettes
de bois.
On pourra tranfplanter les fleurs dans les
plates-bandes ou dans des pots, fix femaines ou
deux mois après les avoir femées. On les ôte en
motte de deflus la couche avec une houlette , &
on les place dans les trous qui letir font prépa-
rés. L’on fera attention de ne point endommager
quelques plantes voifines en faifant ces trous
avec la bêche.
IJ. De la Planche.
La planche eil une grande longueur , large
de quatre à cinq pieds, entourée de buis ou de
bandes de menuiferies peintes en verd , dont la
terre eft d’une égale hauteur par-tout , fans être
tn dos d'âne , comme celle de la plate-bande. On
les confond bien fouvent enfemble. Quand il y
a pîufieurs planches à côté l’une de l’autre, ou
laifle un petit fentier large d’un pied entre deux.
Les planches font très-nécefîàires pour femer
les graines , & planter les oignons & racines de
fleurs : elles fervent de pepinieres pour fournir
des fleurs aux parterres dans chaque faifon ^ &
ne leur en pas laifler manquer.
B a
a8 LeJardïnïer
Çeft auflî fur des planehes particulières que
Ton éleve des fleurs rares,
1 1 L De la Flate-hande.
La plate-bande efl une grande longueur qui
régné au long des parterres ; elle efl large de
quatre pieds , ou de fix , fuivant la grandeur du
terrein , lentourée d’un trait de buis , & la terre
en efl toujours dreflee en dos d’âne ou de bahut.
C’eft dans les plates-bandes que l’on feme &
que l’on plante ; on y tranfporte auffi en motte
les fleurs élevées fur couche , & enfin on y ar-
range avec art les fleurs & arbufles , afin qu’ils y
paroilfent avec éclat par leur diverfité.
La terre des plates bandes & des planches doit
être un peu amendée & foncée de deux pieds de
bas, & toujours dreflee en dos d-âne ou de bahut.
Lorfqu’elle efl ufée l’on en met de nouvelle : on
îa fume aufli tous les trois ans , qui efl le temps
que l’on tire les oignons & les plantes pour en
ôter le peuple.
On obfervera de ne rien mettre dans les plates-
bandes que le fumier ne foit bien confommé &
bien mêlé avec la terre par deux ou trois labours :
fans cela les oignons & les plantes feroient bien-
tôt brûlées. Ce fumier a le temps de fe façonner
depuis le mois de Juin que l’on tire les oignons,
jufqu’à ce qu’on les replaiv:e en Septembrfe.
L’on tiendra les plates-bandes & les planches
bien nettes de pierres & de méchantes herbes , qui
emportent toute la fubftance de la terre.
Fleürîstïo' ^9
Les bois , les hautes paliflades & les grandes
allées d’arbres ^ font fort préjudiciables aux plates-
bandes des fleurs , lorfqu’ils en font voifins; parce
que les racines defféchant & ufant entièrement la
terre des environs , empêchent les fleurs de profi-
ter , & même les font mourir. Quand on ne
pourra leur choifir une autre place à caufe de la
fituation , on fera faire tous les huit à dix ans
une tranchée de trois pieds de profondeur le long
de l’allée attenante les plates-bandes , pour cou-
per toutes les racines de ces arbres.
J K, Des Pots»
Les pots fervent à élever toutes fortes de
fleurs 5 foit oignons ou racines , tous y convien-
nent aiïèz bien , fur-tout î’œilîet , la tulipe , l’a-
némone 5 la tubéreufe , Famaranthe , la baîfa-
mine , la giroflée & la tricolore.
Ces fleurs en pots font comme en réferve pour
remplir les endroits des plates-bandes qui font
dégarnis*
L’on en fait encore des amphithéâtres de fleurs^
qui J rangés avec goût fur des montées ou gra-
dins J & entremêlés de caiflès , font un eflèt
charmant. L’on change de fleurs ces amphithéâ-
tres félon les faifons , comme les parterres.
Enfin, l’on place les pots de fleurs par- tout où
Ton croit qu’elles y pourront paroître avec éclat.
Ils font néceflaires auflî pour ferrer pendant
t’hiver les plantes qui périffent par la gelée®
B 3
30 ti Jardinîer
Les pots dans lefquels on éleve les fleurs font
d’ordinaire de terre cuite ; pour être bien choi-
fis, ils doivent avoir autant de hauteur que d’ou-
verture , & être p!us étroits de trois ou quatre
doigts par le bas que par le haut , pour en pou-
voir plus aifément , & fans danger , tirer les
plantes avec leur terre.
Comme l’on vient de voir que les pots font
d’un très-grand fecours pour élever les fleurs ,
on a jugé à propos de prefcrire ici l’ordre qu’on
devoit tenir en les y femant, ouen les y plantant.
L’on ne feme guere de graines dans des pots ,
on aime beaucoup mieux lever les fleurs avec
leurs mottes de deflus les couches, & les empo-
ter un peu grandes ; mais , fi on le vouloir abfo-
îument , on en feme une pincée dans chaque pot ,
qu’on recouvre d’un pouce de terreau , & on les
arrofe un peu.
Pour bien planter , il y a des curieux qui font
un dénombrement des racines ou oignons qu’iîs
ont a planter ; & ayant à chacun defliné fon pot ,
ils ont un mémoire particulier fur lequel ils en
écrivent les noms, crainte de les oublier.
Avant de remplir les pots de terre l’on en gar-
nit le fond de gravois ou de plâtras , afin de fa-
ciliter l’écoulement des eaux , foie des arrofe-^
ments, foit celles qui leur viennent des pluies.
D’autres prennent de la terre criblée , ils la
mettent au fond de ces pots , en la foulant un
peu ^ fans fe fervir de gravois. Quelques Jardi-
F L E tr R î s T K. 31
mers Fleuriftes défapprouvent cette méthode ,
parce que , difent-ils , les fourmis ont coutume
de s’y engendrer , à moins qu’il n’y ait du gra-
vois fous la terre.
Cela fait 5 fi ce font des oignons qu’on veuille
planter , on prend la terre dont on a parlé , on
en remplit les pots j qu’on a dû choifir d’une
grandeur proportionnée aux plantes qui doivent
y être contenues : enfuite ayant arrangé le lit fur
lequel on doit pofer l’oignon , qui doit être trois
pouces en terre au-defibus de l’entrée du pot ,
plus ou moins , félon que le demande la qualité
de la plante qu’on y met, on l’y place , puis on
la couvre de terre.
Les racines qu’on plante en pots, ne nous por-
tent pas à de moindres confidérations ; la terre
dont on les couvre doit avoir la fuperficie un
peu plus élevée que les bords du pot , parce
qu’elle ne s’afFaifie toujours que trop.
Si les pots propres à planter des oignons 011
des racines , font alfez grands pour en pouvoir
contenir deux ou trois , & même plus , on les
y pofera à quatre doigts disants , tant de l’un
que de l’autre , que du cordon du pot, afin
qu’ils reçoivent de tous côtés de la nourriture :
les oignons ou les racines qu’on mettra dans un
pot feront de même efpece.
Après avoir ainfi mis en terre les ofgnons ou
les racines , on les portera d’abord dans un en-
droit aéré ^ & non au foleil , jufqu’à ce qu’ils
3'2. L s Jardînier
commencent à poufTer ; pour lors on les expofe
au foleil dans les places qu’on leur aura defti*-
ïîées , & on les pofe fur des tuiles , ou fur des
dés de pierre, qui leur ferviront de bafe , crainte
que ces pots étant pofés à terre , le trou qu’ils
ont en bas ne fe bouchco
Lorfque l’on feuhaite de faire avancer les
fieurs , il faut enterrer les pots jufqu’au bord
dans des couches , & on ne les en tirera que
quand la fleur fera prête à paroître. Il faut aufli
arrofer les plantes qui font dans des pots , plus
fouvent que lorfqu’elJes font en pleine terre.
Il y a des plantes en pots , dont la terre eft
quelquefois fi feche , qu’elles y languiflènt : pour
lors , on prend ces pots , on les enfonce dans
l’eau jufqu’â un doigt près du bord , on les y
lâlfTe. jiîfqu’à ce que Feau , qui eft introduite par
un trou qui eft au bas , paroiflè fur la fuper-=*
ficie de la terre que contiennent ces pots : enfuito
on les ôte , puis on les met fur quelque planche
pour les laiffèr égoutter.
Il arrive fouvent que la terre des pots ^ pour
avoir été battue des plaies , forme fur la fuper--
Scie comme une croûte , quelquefois fi dure ,,
que l’eau des arrofements ne peut point pénétrer ;
c’eft pourquoi il eft bon alors de béquillsr la ter-
re , afin que l’eau puiffe pafler.
II arrive quelquefois que les pluies font fi fré-
quentes , que la terre des pots qui contiennent
des fleurs eft noyée d’eau 5 & ^ pour faire que la
Fleuriste. 33
plante ne périffe point , on prend ces pots on
!es couche fur le côté ^ & ayant obfervé d’où
vient le vent, on lui oppofe le fond du pot ; l’eau
s’égoutte pour lors , les fels de la terre fe diflbi-
vent , agilfent & fauvent la plante qu’ils nour-
siffent , du danger dont elle étoit menacée.
Après que les plantes font dépouillées de îeurS'
ieurs , & que c’eft en Eté , on met à l’ombre les
pots qui les contiennent , dans im endroit néan-
moins fort aéré , afin que la chaleur du foîeil n’en
âltere point les racines , qui pour lors , quand
elles font dans une terre qui leur convient , pren-
nent de nouvelles forces pour nourrir la plante-
dont elles font partie.
CHAPITRE V I I.
Maximes générales pour apprendre à planter par
ordre toutes fortes dh fleurs dans un jardin.
«1^ E s jardins a fleurs doivent être, préparés de.
A-i labours dès le. mois de Septembre, qui eft
le temps le plus propre j.jufqu’à la fin d’Odo»
Bre, pour p’anter beaucoup d’oignons & racines
de fleurs , parce que les pluies qui commencent
aî'ors à être fréquentes , rafraîchiflent & détrem-
pent la terre , dont la grande féchereflè.fait mou^
râr les plantes..
On.fuppofe donc les parterres dreffés comme:
il faut ;,de juflés observations faites fur les diffé®»^
reiîts terroirs & un Jardinier qui entendifo®
34 Jardinier
métier : refte à préfent h favoir comment il h\it
planter toutes fortes de fleurs , de maniéré qu’el-^
les paroiffent avec éclat dans les endroits oîi elles
font placées.
Chaque plante a fon tempérament particulier,
qui lui vient du lieu d’où elle eft originairement
tirée : ce qui nous doit porter à leur égard à des
confidérations différentes ; les unes aiment k
chaud , les autres le froid modéré ; celles-là fe
plaifent dans la terre humide , celle - ci dans la.
légère ; d’autres veulent le grand air , d’autres
ne demandent que l’ombre ; de maniéré que ^
pour agir prudemment dans un ouvrage de cette
nature , il faut , autant que Ton peut , donner
à chaque plante la place & la terre qui lui con-
viennent.
L’expofition la plus propre pour lés fleurs eft
îè Levant ; mais on ne peut pas toujours la leur
donner dans les parterres , rapport à la fitua-*
tion où ils fe trouvent.
Il eft bon aufli de faire choix des fleurs, &
prendre les plus belles & les plus eftimées , qui ,,
par l’agréable mélange qu'on en fait , donnent'
beaucoup d’agrément aux parterres. Il ne faut pas
indifféremment mettre les oignons avec les planâ-
tes enracinées , ni celles qui s’élèvent haut avec
celles qui croiffent plus bas ; il n’y a rien qui;
©ffufque plus la vue , dans des compartiments ,
que ces mauvais mélanges..
L’on àivife ^ à caufe de cela ^ les fleurs ea trois
F 1 E ü R r s r E,. 35
claflès ; en grande efpece , en moyenne & en
bafTe ; -mais , outre qu’étant mêlées enfemble da^ns
un parterre , elles y feroient un très - mauvais
effet , c’eft qu’encore les baffes feroient étouffées
par les grandes , & les moyennes altérées.
II y a des curieux , qui , après avoir tracé des
pièces de parterres ou plates-bandes deftinées
pour des fleurs , en font un calcul pour favoir
ce que les compartiments peuvent en contenir,
étant plantées à quatre doigts l’une de l’autre,
& qui , non contents de cela , plantent égale-
ment , & à diftances égales , les fleurs qui font
printanières > comme d’autres qui viennent en
Eté , ou plus tard , afin que , fe fuccédant les
unes aux autres , leurs jardins paroiflènt toujours,
garnis de fleurs. D’autres , pour planter réguliè-
rement , tirent auparavant fur une carte le défi-
fein & le plan de leurs jardins, &, à mefure qu’ils
plantent les oignons & les racines dans les plan-
ches ou plates-bandes de leur “parterre , ils les
marquent de la meme maniéré dans celles qui
font figurées fur la carte , afin de mieux con-
soître la qualité des fleurs qu’ils .ont mifes en
chaque planche ou plate-bande.
C’eft ce qu’il faut obferver avec foin , afin que
parmi ce mélange on puifle , en les levant , dé-
cerner les unes d’avec lés autres..
I! faut fur-tout , en plantant des fleurs , éviter
Ikconfufion ne point placer les unes où d’au-
lnes d^oieiîtêtre mifes 3 c’eft un défaut
&
3^ £is Jari>inier
dinaire ; ce qui fait qu’un jardin ^au lieu d^avoîf
de Tagrément ^ n’a qu’un afped qui choque les-
yeux.
Quand on plante des fleurs , 8c qu’on veut qu’eî-
les y paroiffent avec ordre , on tire d’abord aU'
cordeau des rigoles fur les plates-bandes ; ces rigo»
îés doivent avoir quatre à cinq doigts dediftance ^
& être tirées les unes en long , & les autres de
travers ^ de maniéré que les plates-bandes ainli
tracées repréfentent une efpeee de grifle.
Il faut remarquer que dans les grands jardins ^
dont les plates-bandes ont fix pieds de larges , l’on'
pourra mettre quatre rangs d’oignons de chaque^
côté 5. c’eft-à-dife huit en tout ; & fur des plates-^
bandes de trois ou- quatre' pieds de large, il ne*
faut , à commencer vers les deux bordures , que-
trois rayons dé chaque côté , éloignés de quatre'
pouces Tim de Tautre , de forte que j cet efpace^
pris , il en refte un dans le milieu , de la largeur
d’un pied 5 qui eft l’endroit où' pour l’ordinaire*
on plante des ifs moulés ,ou d’autres arbufles de-
flèurs , taillés en boule , qui , moyennant une
tonte- fréquente , font entretenus petits , & par
conféquent ne gâtent rien.
On y met encore les plantes dès fleurs de'înayenne:
dpecg , comme lesrofes d’Inde , les mufles de lion ^
î’œiüet des Poëtes , les amaranthes-, les lys, les»
martagons , les couronnes impériales , &c.
On y mettoit autrefois des arbrilTeaiix , comms:
EQÎiers 2. genêts d’Efpagne- & autres ? mais comme
F £ E ü R r s T K. 37'
m a vu que cela occapoit trop de place >.que îes.
racines , qui traçoient trop loin , ufoient trop îa
terre , 8c nuifoient par conféquent aux autres
plantes qui en étoient proches , & qu’enfin ces
arbriiTeaux rendoienîdes plates-bandes trop étouf-
fées, les jardiniers ont quitté cet ufage , & après
tout , ils ont eu raifon*
On y peut mettre , fi Ton veut , les fleurs de
la grande efpece , dont font les foleils , les pha«
feols , la grenadiüe , les volubilis , les capucines
Sec, qui veulent être attachés & foutenus par des
bâtons ; mais plufieurs Fleurifies les en ont con--
gédiés , à caufe que leur hauteur déplaît à la vue ,,
& qu’ils ofFufquent un parterre , de ménae que les
grands ifs & les arbrifleaux. Ces fleurs font ua
plus bal effet contre les murs d’une cour ou jar=-
dîn ; elles fe pâiiiTent très-bien contre un treillage*,.
Gn peut les mettre encore par touffes, entre les;
rangs d’arbres ifolés.
Les angles ou croifées de chaque quarré qui
font tracés , font les endroits où il faut faire les;
trous pour planter les oignons de fleurs dont on
V^ut orner un parterre. Mais , pour rendre tout-
à fait fenfible ce qu’on vient de dire, on fe per«-
fùade qu’une figure d’une p!ate*bande tracée à?
grille- ne fera- pas^ placée ici- maI=-à*progQS(,.
Le Jardinier
Figure d^une plate-bande tracée pour y mettre des^
fleurs.
Avant de planter les oignons de fleurs , il faut
les nettoyer , les éplucher , & examiner s’il n’y a pas
des endroits pourris ou rongés par les animaux ^
que l’on coupera jufqu’au vif ; les meilleurs font
les plus gros & les fains, qui n’ont ni rongeure ,
ni tache. On détache auffi les cayeux avec la main ^
cela s’appelle fevrer un oignon de fa mere.. Une
partie de ces cayeux fait d«s oignons que l’on
plante , & qui portent des fleurs dans la même
année. A l’égard de ceux qui ne font pas aflèz
forts , on les plante dans une planche en pépi-
nière , qu’on cultive avec foin , & dont on îeve,
de temps en temps quantité de fleurs portantes.,
Pour planter ces oignons avec foin ^ on les ar*
fange fur terre en échiquier , à quatre & cinq
doigts diflants l’un de Fautre ; puis on fait les
trous, & on les y met , dans le même ordre , trois
pouces en terre ; enfuite on les recouvre de fe'
Bîêmeterre ; & , fi les pluies ou la pefanteur même:
dé la terre la faifoit.aîFaifler on remplira la pro^*
fondeur qui s’efll. faite: avec: dt îa-, terre,
F i; E ü a î s T E. 39
On ne doit Jamais faire ces trous en enfonçant
foignon avec la main , parce qu’on peut écrafer
îe germe , ou bien ecorcber & blefier un oignon
par la rencontre d’un caillou ; mais on doit fe fer-
vir d’un plantoir arrondi par le bout 5 & non
pointu , parce que les oignons étant placés au fond
du trou , fe trouvent uniment fur îa terre , ou ils
fe peuvent lier fans aucun vuide entre deux ; au
lieu que ces trous étant creufés en pointe , îaiffent
isn-dcflbus des cavités capables de pourrir Foi*
gnon ^ ou de retarder l’effet des fleurs. Pour les
racines , l’on fe fert d’un plantoir pointu.
Lorfqu’on a quatre rangs de chaque côté ^
comme on le voit à la figure 3, on peut faire les
deux proche du trait du buis , tout de tulipes^
parce qu’ils s’y enfonceront moins ^ étant portés
de leur nature à le faire , que dans le relie de îa
plat^-bande , la terre étant toujours plus ferme
près du buis : Fonfera les deux aiKres denarcifîes
& de hyacinthes mêfés enfembîe.
Quand il n’y a que deux rangs , a caufe du peii
de largeur de la plate-bande ^ on en peut mettre
un de tulipes, & Fautre de hyacinthes & de narcif*
fts : ou bien on mêlera les oignons enfemble, c’èft-
à-dire une tulipe ^ un narciffe,. une hyacinthe Funi
après Fautre j ce qui fera affez bien.
Pour profiter de la place , on peut aulîi mê-
ler les fleurs de Printemps & d’Eté , en obfsrvanÊ!
de mettre toujours lès racines avec îès racines ^
& les oignons af.ec ks. oignons^.
40 Le JARî^rNI£R
L’on aura attention de ne point mettre les ra«^
eines contre les bordures parce qu’en les plan-
tant ou en les labourant , on en couperoit beaui-
coup : ces fortes de places font reTervées pour les
oignons.
Il refte à parler des fleurs de la baffe efpece , teî^
les que les penfées , les violettes de Mars 5 cama-
milles y ciclamen , les fleurs de fafran , baflinets ,
ftatices ^ primevères , marguerites , hépatiques ,
oreilles d’ours 9 &c# qui font un joli effet dans des
pièces coupées & dans de petites plates-bandes ,
en n’y mêlant point de fleurs de la haute 9- ni de
la moyenne efpece : elles ne font point propres
dans les grands parterres , parce qu’elles font ofr
fufquées & étouffées par les autres grandes.. Oa
en peut faire encore des tapis entiers émaillés de
fleurs 9 des fentiers & des bordures.
Il efl bon de favoir qu’on plante toujours dans
des découpés particuliers , dans des volutes de
h naiffance d’un grand parterre, ou en planches^
fes renoncules , les jonquilles & les anémones
féparément les unes des autres : elles font du noruT
bre des fleurs baffes,. Cette diverfité d’ornements
de jardins y produit un effet merveilleux ; au lieu,
que , lorfque ces fleurs font méîées , elles ne croifi-
fent pas fi belles , & ne donnent par conféquent
qu’un médiocre' plaifir.
On met rarement en pleine terre la tubéreufe
îà giroflée (}oubIey& l’œillet ; on les éleve bieti^
mieux dans des pots & vafes de faïance i
Fleuriste. 4Ï
Fournir dans toute l’année , on peut y mettre
aüffi des fleurs de faifon , telles que les amaran-»
thés , balfamines, &c.
Lesfîeurs moyennes font celles dontnous avons
!e plus, & qui font les plus recherchées, parce
qu’ayant un pied & demi à deux pieds au plus ,
iîles marquent fort bien deloin , &ne gâtent nul-
lement îa vue.
CHAPITRE V I I L
JÆanierc de recueillir les graines , oignons &
racines de fleur s^avec le moyen de les conferver^
I. Des Graines.
O M M E les fleurs fe mulripîent de pîufieurs
maniérés, & fur-tout de graines, il eftdonc
îiéceffàire d’en recueillir : voici comment. L’on
choifit parmi les fleurs les pieds les plus forts &
les plus vigoureux , & dont la fleur a le plus d’é-
clat , parce qu’ils dégénèrent toujours afTez ; on
ne leur laifle que le maître brin , & l’on coupe
toutes les autres tiges , afin que la graine qu’on
en tire foit mieux nourrie.
Comme les graines des plantes font produites,
les unes dans des capfules , & les autres dans des
cofies ou fîliques, on ne doit point les recueillir
que ces parties ne foient féchées fur le pied de la
plante , & qu’elles ne commencent à s’ouvrir
mais auffi ne faut - il pas attendre que les graines
mi tombeni d’elles -mêmes , ou que le vent îes,
4^ Ie Jardinier
emporte : ainlî , auffi - tôt qu’on s’appercevra de
leur maturité , on coupera le haut des tiges & on
îaifTera les graines dans les capfuîes qui les ren-
ferment , pour les expofer durant plufieurs jours
au foleil. L’écorce des graines en devient plus
dure, & conferve mieux ce qu’elle contient.
Il eft encore à remarquer qu’il fait bon de
recueillir les graines de fleurs après une grande
rofée , & que le foleil Ta diffipée entièrement.
Ces graines fe ramafferont toujours foigneufe-
ment , & feront confervées de même, c’eft-à-
dire , dans des fachets pendus au plancher de
quelque endroit fec , afin de les trouver en bon
état lorfqu’on voudra s’en fervir , foit en Au-
tomne ou au Printemps.
L’on fera attention que , prefque dans toutes
les fleurs , les doubles ne donnent point de grai-
ne , excepté l’œillet double , l’amaranthe , le
pavot , le pied-d’alouette , la rofe-d’inde , quoi-
qu’on y voie, à la vérité, les ébauches d’un
piftil & de quelques étamines , parce qu’ils ne
peuvent pas mûrir ni profiter , à caufe de la gran-
de quantité de feuilles qui les couvrent pour l’or-
dinaire ; mais , quand les doubles ont moins de
feuilles , & qu’elles s’affoibüflenc , manque d’en
avoir eu foin, ou autrement , alors le cœur de
fleur , qui fe dégage & jouit de l’impreflion de
l’air & du chaud , donne de la graine comme les
autres pieds.
43
I I. Des Oignons & Racines.
Comme les oignons de fleurs s’enfoncent natu-
rellement d’eux -mêmes en terre, & fe perdent
quelquefois , on eft obligé de les lever tous les
trois ans au plus tard ; !e temps le plus convena-
ble efl: depuis le commencement de Juin jufqu’au
mois d’Aoùt , pendant un temps doux & fec. Il
faut commencer par ceux qui fleuriflent les pre-
miers 5 & quand on voit la tige & la fane des
oignons fe fécher. Les uns fe fervent de houlet-
tes ou de déplantoirs pour les tirer adroitement
de terre , en prenant garde de rien couper ; d’au-
tres ôtent adroitement la terre avec la pioche par
l’entrée de la planche , ayant foin que le fer ri’é-
corche quelques oignons. Si cela arrivoit , l’on
prendra auflî-tôt de la terre bien feche , & on en
couvrira le mal.
Quand on a tiré les oignons , on les étale fur
quelque plancher , ou fur une table , pendant
huit à dix jours , pour fe refluyer de l’huciidité
de la terre après quoi on les met dans des pa-
niers , où ils ont plus d’air que dans les boîtes
& on les pend au plancher.
L’on ne détachera point les cayeux des gros
oignons , auxquels ils font unis avec les pellicu-
les. Cela ne fe fait que quand la faifon de les
planter efl venue.
Il y a des Fleuriftes qui les levant tous les deux
ans , & même tous les ans j mais le terme de
44 ^ ^ Jardinier
trois années efl l’ordinaire pour toutes les fleurs»
Si on laifToit les oignons plufieurs années fans les
tirer, une grande partie fe trouveroic perdue ,
& la beauté des fleurs diminueroit ; au lieu que
les oignons étant replantés de temps en temps , la
terre étant aufli renouvellée , fouvent labourée
& fumée , les fleurs en croiflent mieux , & ont
beaucoup plus d’éclat.
Les racines fe lèvent tous les ans en Automne ,
pour les marcotter & couper les talles ou le peu-
ple qui font à leur pied : comme ces plantes font
très-vigoureufes , on les replante auffi-tôt qu’on
les a détallées.
CHAPITRE IX.
Des foins généraux qu^il faut ^prendre k Végarâ
de toutes fortes de fleurs pour les favoir cultiver m
IL ne fuffit pas d’avoir feraé une plante , & d^e
l’abandonner après aux feuls foins de la natü-*
re : toutes fortes de plantes , lorfqu’elles font
jeunes , n’ont pas moins befoin de certains foins
qui leur conviennent pour croître comme il faut,
que de fubflance pour prendre leur accroiflèment.
Il eft néceflaire de vifiter les fleurs tous les matins
à la rofée ; on les nettoie par- là des infefles qui
les attaquent , & des toiles d’araignée qui gâtent
leurs belles couleurs.
T. De la maniéré de farder*
La première confidération qu’un Jardinier dok
Fleurîsti. 4$
^voîr pour les fleurs , eft de ne les point laifler
étouffer par les méchantes herbes ; c’eff le pre-
mier foin qu’il doit prendre fi-tôt prefque qu’elles
font levées.
Lorfqu’on farde en quelque terre que ce foît,
& qu’on trouve de certaines plantes malignes ,
dont les racines font profondes , non content de
les tirer avec la main J i! faut avec les doigts cher-
cher , autant qu’on peut 5 toutes les parties de ces *
racines, afin de les arracher entièrement ; car,
pour peu qu’il en refte , elles pouffent comme li
on n’y avoit pas touché, & rendent ainfi la peine
du Fleuriffe inutile. Cet avjs eft aifez de confé-
quence pour ne le pas négliger. Le temps le plus
avantageux pour farder , eft lorfque la terre n’efî
ni trop humide, ni trop feche.
Il eft dangereux bien fouvent de différer ce
travail ; les mauvaifes herbes , qui s’enracinent
toujours de plus en plus , abforbent ks fels dont
les fleurs ont befoin pour végéter,
IL Moyens de préferver les plantes du grand
froid & de la trop grande chaleur.
Comme le froid eft le crue! ennemi des plan-
tes , il faut , fi tôt qu’on fcnt les approches de
î’Hiver , chercher un lieu pour les mettre à cou-
vert , fi elles font en pots ou en cailfes ; fi elles
font femées en pleine terre, on les couvre de
grande paille ou de grand fumier fec.
On doit garantir de trop de foleil , pendant
46 Li Jardinier
huit jours , les fleurs nouvellement plantées , efî
mettant à l’ombre celles qui font en pots , & en
couvrant celles qui font en pleine terre avec des
paillaflbns.
Outre ces foins qu’on doit apporter , il y a
des gens fi paflionnés pour la culture des fleurs ,
de qu’on peut appeüer véritablement curieux ,
qui , pour garantir leurs fleurs des ardeurs du
foleil , qui les font trop tôt paffer , plantent un
double rang de pieux , dont ceux qui font du
côté que frappent les rayons de cet aflre , font
plus petits que les autres ^ puis iis étendent defllis
une toile , ce qui forme comme un toit en pen-
te , & rabat beaucoup l’ardeur du chaud ; de
maniéré que les plantes ainfi mifes à couvert ,
donnent des fleurs qui croiflent fans être altérées:
ce n’efl: pas que cette précaution doive abfolu-
ment être admife pour toutes fortes de fleurs ,
elle ne regarde que celles qui font d’un tempé-
rament délicat y te! qii’efl l’œillet , les belles ané-
mones 5 les renoncules qui font rares, & quelques
autres fleurs.
III. De la nécejjîté des arrofements y & de la
maniéré de les faire ^
Il efl confiant qu’il y a naturellement dans les
plantes une humeur radicale , fans laquelle elles
ne peuvent prendre l’accroiffèment ; & , comme
cette humeur ne s’entretient que par l’eau des
pluies ou des arrofements qu’on leur donne , oa
F E E U R î s T E. 47
peut juger delà de la néceffité qu’il y a de les ar-
rofer : ce n’efl que par ce fecoürs & la nourri-
ture que prennent ces plantes , qu’elles croiffent
lieiireufemerît, Refte à favoir à preTent comment
fe font ces arrofements.
La diverfîùé des faifons nous porte à difFéren-'
tes confidérations à leur égard : en Eté les plantes
veulent qu’on les humede beaucoup , 8c princi-
palement le foir 5 après que le fokil eft couché ;
c’eO: pour lors qu’il fe fait pendant la nuit une
dilTolution des fels de la terre, qui font agir les
plantes autant qu’on le fouhaite.
Il y a des perfonnes qui ne veulent pas qu’on
arrofe le matin , parce que le foleil venant enfui-
te^à paroître réchauffe l’eau ; ce qui fait périij,
difent-ils , fouvent les plantes : malgré leur fen-
timent , il y a des Jardiniers qui en éîevent de
très-belles , quoiqu’ils arrofent en Eté à différen-
tes heures du jour.
S’il y a des plantes qui exigent de nous quel-
ques arrofementsen Hiver, il faut, au contraire,
ne les leur donner que lorfque h foleil eft levé,
& jamais le foir , crainte qu’elles ne gelent du-
rant la nuit , oii le froid , pour l’ordinaire , fe
fait plus vivement fentir. II faut que ces arro-
feménts foient légers , obferver de ne point
mouiller les feuilles , & faire enforte qu’il n’y
ait que le pied qui s’en fente : ce qu’on peut exé-
cuter , fi on verfe l’eau par le cou d’un petit
arrofoir fans tête , ou par le conduit d’une cru-
che de terre.
4^ Jardiîtîêh
Ce n’eil: pas afTez d’obferver le temps d’arrofer
les plantes , il efl: bon de favoir la quantité d’eau
dont on les doit à-peu-près abreuver ; ce qui fe
remarque par l’avidité plus ou moins grande
avec laquelle la terre boit l’eau. Il faut aufii con-
fidérer que les jeunes plantes demandent moins
d’eau que les fortes ; à mefure qu’elles croiflent
on leur en donne davantage.
Si à la fin du Printemps , ou au commence-
ment de l’Eté, les pluies devenoient trop fré-
quentes , on coucheroit les pots de côté , comme
on a dit , dans un lieu expofé au grand air.
Soit en pots , dans des caifTes, ou en pleine
terre , il arrive fouvent que la terre , pour avoir
été battue des pluies , forme fur la fuperficie
comme une croûte , quelquefois fi dure , que l’eau
des arrofements qui y tombe ne fait que couler ,
en s’éloignant du pied de la plante , où elle de- |
vroit produire un bon effet : c’efl pourquoi il eft I
bon alors de béquiüer la terre , afin que l’eau I
qui palfe vite , ravive la plante , en faifant l’effet |
qu’on en attend. [
Dans les orages les fleurs ont beaucoup à fouP- |
frir ; c’eft pourquoi on aura foin de relever avec j
des baguettes celles qui feront battues & renver- j
fées , comme auflî celles qui font montées trop j
haut , & font trop foibles pour fe foutenir. j
I V. Des eaux propres aux arrofements.
On ne prétend pas ici faire valoir cet article
pas,
. -F I Ü R î s T EC
par dss raifonnements vagues & fpécieux fur la
qualité des eaux , ainfi qu’en ont agi la plupart
des Auteurs qui ont écrit fur les fleurs. Toute eau
naturelle eft bonne pour arrofer : les eaux de
pluie , de riviere , de fontaine , de citerne & de
mare , profitent également aux plantes , qu’elle
foit cirée fraîchement ou non : l’expérience qu’on
en fait tous les jours nous le confirme ; ainfi,
point de fer upule là-delTus, point d’entêternenfo
De certains remedes propres â guérir les
plantes malades^
les plantes languiflent quelquefois, ce qui leur
provient des racines ; & pour y remédier on prend
le pot où eft la plante , on le couche de côté ,
enfuite on a une petite cruche pleine d’eau , qu’on
vuide par un tuyau , jufqu’à ce que cette eau
ayant pénétré jufqu’à la racine , nous découvre
le mal qu’il y a ; puis on prend une ferpette pour
couper la partie malade jufqu’au vif : on laifle
enfuite fécher l’incifion une demi-heure durant,
pour la couvrir après d’un peu de térébenthine,
& enfuite remplir le pot d’une bonne terre légère*
Si c’eft quelque oignon de fleurs auquel cet
inconvénient foit arrivé, il faut chercher le mal,
ôtant adroitement la terre qui le cache ; puis ,
l’ayant couvert , prenez une ferpette , incifez
jiifqu’au vif cette partie blefiee ; ôtez ce qui eÆ
gâté des enveloppes , & d’une terre comme on a
I. Partie. G
50 Le Jârdîhïeï^.-:
dit ; recouvrez après Cet oignon, qui prendra de
nouvelles forces.
Quelquefois les oignons de fleurs , pour être
dans une terre fubfîancielîe , deviennent ftériles
en fleurs ; c’eft pourquoi , lorfque cela fe remar-
que, on les déplante & on les met dans une terre
légère; ou bien , on prend ces oignons , on leur
donne quelques coups d’ongles où fe forment les
racines , on en arrache une petite peau ; après cela
on les remet en terre , & on les arrofe. On a tou-
jours vu que par autant d’incifions qu’bn faifoit
à ces oignons, i! y naiffbit autant de cayeux, qui
dans leur temps faifoient des merveilles : il efl vrai
que ce n’eft que dans les pays chauds où cela arrive ,
& ce qui fe pratique à l’égard des tubéreufes.
On remarque auffi quelquefois que les fleurs de
certaines plantesfontfortpetites&en très-grande
quantité , ce qui provient de ce qu’elles ont trop
de peuples ou de cayeux : afin de les empêcher de
périr , ce qui arriveroit certainement , on les dé-
plante dans l’année , pour féparer le peuple ou dé-
tacher les cayeux de leurs meres.
On voit fouvent fur la fuperficie d’un pot une
moififlure blanchâtre , qui paroît comme une ef-
pece de toile d’araignée couverte d’une petite ro-
fée , & qui fent le champignon : telle terre ne
vaut plus rien pour nourrir aucune plante ; c’eft
pourquoi il faut Fôter du pot , & en fubftituer
de nouvelle , où la plante tro'^ve de nouveaux
feîs qui la ravivent.
Fleuriste. 5î
VI. Qu^iîfe faut donner de garde dt toucher les
fleurs avec la main^
Il y en a qui , lorfqu’ils entrent dans un jar^
din, ne font point contents s’ils ne portent d’a-
bord la main fur une fleur : il femble qu’ils ne
peuvent la regarder qu’en la maniant ; c’efl: une
maxime toute des plus infupportables à ceux qui
font véritablement Fleuri Ares , & curieux Fleurif-
tes , puifqu’il efl: vrai de dire qu’en maniant une
fleur, fur-tout lorfqu’elle efl déücate , on en dé-
range l’ordre , & on en ternit l’éclat.
Ce n’eft pas que le motif de cultiver les fleurs
fe borne feulement à les voir fur pied ; il efl: un
certain temps durant lequel on doit les y laifTer
pour faire rornement du jardin ; mais après auffi,
il n’eft pas dit que quelque belle ne puifTe s’en pa-
rer le feîn.
Il eft vrai qu’il y a des gens très-curieux des
fleurs, qu’ils n’ont point pris foin de cultiver , &
qui vont en mandier de jardin en jardin ; leur har-
dieflè à demander ces fleurs eft fi grande , qu’il
femble que c’eft leur faire mine que de leur en re«
fufer, fe perfuadant qu’un Fleurifte n’en doit cul-
tiver que pour en fournir ceux qui lui en deman-
dent. Un Fleurifte curieux eft pardonnable , quarxi
il refufe de donner les fruits de fes foins , & un
plaifir , qui foiiveiu lui coûte cher : il n’eflperfonne
qui doive fe fâcher de ce refus. Ce n’eft pas
qu’il n’y ait un temps où il ne faille cueillir de ces
C a
5^ Xe ÏÂKDÏNÎ5R
fleurs , & en faire preTent à Tes amis ; & ce feroit;
prendre la maxime trop à la rigueur , que d^cn
refufer alors.
VIL Moyens d^enrichir fon jardin de nouvelles
fleurs^
Un Fleurifle curieux, & qui fouhaite avec ar-
deur avoir tous les ans fon jardin enrichi de nou^»
veîIesfîeurs,doit9dans la faifon qu’elles font ècIO'-
fes , aller viflter les jardins des autres curieux ,
afin que, s’il y a quelques fleurs qu’il n’ait pas chez
îüi , il fafle enforte d’en obtenir gratuitement ,
par argent, ou par échange ; cela fe pratique ordi-
nairement parmi les honnêtes gens.
Obfervations»
On ne fera point furpris ici , fi on fait le mot
de fleur fynonyme avec plante , & fi on fe fert
plus fçuvent du premier que de l’autre ; c’eft un
ufage établi depuis long-temps dans le jardinage,
&qui s’entend mieux, quand on parle en général,
que celui de plante, dont la fignification eft moins
bornée.
CHAPITRE X.
Des animaux nuifîhles aux plantes y ^ delà ma^
niere de les détruire*
L Des chiens & des rats*
Les chiens & les chats font des animaux qui
gâtent les jardins à fleurs j c’eft pourquoi il ne
F I s Ü R 2 s T f*
fet pas les y foufFrir , autant qu’on peut. Les
premiers gâtent tout par leurs fauts continuels';
les autres font leur ordure par-tout ,& grattent îa
terre après pour la couvrir : ils arrachent les plart-
îes qui par malheur fe trouvent fous leurs pattes.
IL Des taupes.
Voici quelques moyens dont on peutfe fervir
pour détruire les taupes , qui gâtent tout dans les
jardins.
Il faut prendre de Tellébore blanc , & de la ra-
cine de P aima Cktijîi , les faire fëcher , les broyer
après , les piilvérifer , puis les paH^èr au tamis ;
ajoutez-y de îa farine d’orge & des œufs , que
vous détremperez avec du vin & du lait ; faites
une pâte du tout , partagez~Ia en plufieurs mor-
ceaux , que vous mettrez dans les trous par où
doivent paîTer les taupes. On tient que cela les fait
mourir.
En jettant dans leurs trous du chanvre , de îa
poirée , ou de la fiente de cochon , on prétend
que Todeur les fait fortir.
Il y en a qui expriment le fuc de concombre fau-
vage , qu’ils mêlent avec de la terre rouge; ils
détrempent le tout , & en remphffènt les routes
que les taupes fe font tracées.
D’autres creufent des trous autour des taiî-
pines , & prétendent que les taupes pour lors s’en
fuient , & vont bien loin faire leurs ravages. On
emploie encore l’expédient que voici pour exter*
miner les taupesr
Cl
54 ^ ^ Jardinïer
On fait à-peu-près l’heure que ces animaux dol*
vent travailler ; c’eft alors qu’il faut les veiller ,
& lorfqu’on voit que la terre fc fouîeve, on s’ap-
proche doucement ; puis prenant les devants , on
renfonce h beche pour enlever la taupe. Il faut que
cela fe faflTe adroitement & promptement.
Quelques-uns prennent une maliiche de bois
hériffée de gros clous , & la tenant par le manche^,
épient le moment que les taupes doivent palfer 5
fi- tôt qu’elles travaillent , ils déchargent incon-
tinent deffus un coup de cette makche , qui
étourdit la taupe. Il efl facile alors de l’enlever
avec la bêche.
III. Des rats»
Pour détruire les rats qui gâtent les plantes ^
on prend de la farine d’orge avec de la graine de
cx)îicombre fauvage ; on y ajoute de l’ellébore
noir & de la coloquinte , puis on fait du tout
une efpece de pâte, qu’on met aux endroits où
Ton fait que les rats ont coutume de venir: cette
drogue les fait mourir»
Ou bien, ayez de la limaille de fer, mêlez-Ia
dans du levain , garnilTez-en les endroits où les rats
vont ordinairement : ils mangeront de cette pâte ,
& crèveront auffi-tôt qu’ils en auront mangé.
Autrement , on fait fuir les rats d’un jardin ,
fi on parfume les endroits à-peu-près où l’on fait
qu’ils s^enterrent, avec une fumée provenante du
vitriol , origan , graine de celleri & nielle j k
tout mêlé emfemble».
F s; g ur 1 s T K* ^5
î V. Des oipeaux.
Les Oîfeaüx font a craindre pour les jardins ;
ils grattent la terre pour *s’y vautrer & nettoyer
leurs plumes & leurs aiîes ; ee qui ne peut caufer
que beaucoup de dommage aux graines nouvelle-
ment femées , & principalement îorfqu’elles com-
jîiencent à germer.
On fe fert d’une machine appeîlée épouvantail ^
pour chaffer ces oifeaux loin des jardins : en voici
la defcription.
Ayez quatre ou cinq bâtons de la hauteur de
deux pieds, fichez-îesen terre proche les planches
où il y a des graines de femees ; mettez une per-
che en travers , liez-], a avec de f’ofier à l’extrémité
d’e'n-haut deces bâtons , enfuite prenez de grofîes
plumes de poukts-d’Iode ou d’oies, attachez-en
deux. l’une avec Pauîre , d’efpace en efpace , de
maniéré qu’eües faifent comme une croix ; gar-
niiîez-!es d’autres plumes; vous verrez que le vent
venant à les agiter , elles fuffîront pour épouvan-
ter les oikaux. Pour mieux faire connoîfre ce que
c’eft que cet^épouvanrail , en voici une figure»
Figure d^un épouvantaiU
€4
Lje Jarbinikr
V. Des chenilles.
te meilleur expédient pour détruire les chenil-
les , eft d’en ôtçr & brûler aullî-tôt les toupets
qu’on voit attachés aux arbres; ce qui fe fait en
hiver , & avant que le couvain commence à re-
muer. L’on s’y prend trop tard quand il éclôt ,
parce que les chenilles alors fe répandent fur tou-
tes les plantes qu’elles trouvent.
Si néanmoins, par négligence , on a donné^Ie
temps à cette vermine de fe jetter de côté & d’au-
tre , il faut dès la pointe du jour les abattre ; c’eft
alors que la fraîcheur de la nuit les ayant fait
amafler en pelotons, on peutaifément les détruire.
V !.. Des limaçons..
Il faut dès la pointe du jour , ou lorfqu’il a plu ,
chercher les limaçons , & les écrafer : c’eft pour
lors qu’ils fortent de la terre.
V 1 1. Des vers.
Les vers font fort fujets à ronger les racihes-
des plantes , lorfqu’its s’y attachent ; pour en pur-
ger un j.ardin , on attend qu’il y fôit tombé quel-
que pluie , ou queié fôîei! commence à fe coucher;
c’eft pour lorsque cette vermine fort de terre, &
qu’on peut en détruire beaucoup , les coupant par
moitié avec une bêche , ouautreoutilde cette forte.
Si l’on veut les faire fortir de terre en d’auti*es
temps , il ne faut que répandre fur les chemins une
décodion de graines ou feuilles de, chanvre ,, &
auffi-tôc on les verra paroître. ^
S7
F i E U RESTE.
VIII. Des fourmis»
Pour ^étruire les fourmis , on les brûlera avec
de la paille ou de la cendre chaude quand on les
verra fé promener en bande ; & on prétend que
les laiflant fur la place , cela fait non»feuIement
écarter les autres , mais les oblige encore à n’ÿ
plus revenir.
Autrement , prenez des coquilles de limaçons,
faites-îes brûler avec du florax ; pulvérifiez - le
enfuite & jetiez cette poudre fur la fourmilliere;
ces animaux la quitteront aufli-tôt.
Ou bien , il faut prendre de l’origan pilé avec
du foufre ,& jetter de cette poudre dans les trous ;
ks fourmis s’enfuiront aufli-tôt.
Autre moyen : mettez dans les endroits où ces
infeâes fe retirent , des os décharnés , ils s’y raf-
fembleront en grand nombre, & alors il fera
aifé de les détruire , en jettant ces os , qui en
font tous couverts , dans le feu ou dans l’eau
en réitérant cela piufieurs fois,^
I X, Des cantarides»-
Pour détruire les cantarides, il n’y a qu’a pren-
dre du vieux fumier dé couche , ou dé la racine
de concombre fauvage, ou bien dé la rue , & en
fâire une fumigation , cet infeâê meurt aufli-tèr^
X. Des punaïfes vertes^
Prenez du fort vinaigre, metféz-le avec dà:
fus de jufquiame J frottez-en les endroits où cetttv
e-s.
I E Jardinier
vermine fe fera attachée ^ & vous verrez qu’elîe:
mourra.
Autrement , ayez de la graine de moutarde &
des baies de laurier ; faites-les bouillir enfemble
dans de l’eau, & , lorfquecette liqueur fera re*
froidie , arrofez-en les plantes où feront les pu-
naifes , elles tomberont.
Il y en a qui , pour détruire cette vermine ,
Fécrafent avec leurs doigts ; ce font ces punaifes
que nous voyons fur les boutons de rofes , qui
les perdent toutes , & qui gâtent les autres fleurs.
X h JDes pucerons t
Fichez en terre une baguette , haute d’un demî-
pied ; mettez à fa fommité un godet renverfé , &
pour lors il fera facile de détruire cette vermine
qui vient s’y réfugier. Ou bien , mettez fur ce go-
det un morceau de linge humide , lés pucerons
Vy amaflent tous , & il eft facile de les tuer.
X I I. Des afcarides^
Comme cette vermine , & autres fembîabîes 5.
s’acharnent plus volontiers aux plantes empo-
tées qu’aux autres , on prendra le pot où efl la
plante , & on le mettra dans un fceau d’eau , de
façon que ce pot puiffe tremper à la hauteur de
fix à fept pouces ; on l’y laiffera pendant une
petite demi-heure : l’humidité fera fortir bim
Vite ces petits animaux.
F L' iE W -R î S T E «
59
CHAPITRE XL
Comment conferver les fleurs dans le tranfporî
qidon en fait des pays éloignés.
^ A ciiriofité d’un Fkurifle ne doit pas fe bor-
ner à élever des fleurs de fon pays ; elle doit
encore fe porter jufqu’à celles qui naiffent dans
les Provinces voifines & chez les Etrangers.
Pour réuflîr dans cet honnête commerce , il
faut d’abord fe faire des connoilTances avec lef*
quelles on puiiïe avoir des relations j lcrf-
qu’on fait venir des oignons , ou qu’on en en-
voie 5 on doit les enfermer dans des boîtes ^
afin qu’ils fe conlervent mieux.
Mais comme les perfonnes peu verfées encore
dans la connoillance des oignons de fleurs, pour-
Foient fe tromper , s’ils venoknt à fe confon-»
dre, & que , par quelque reîTembîance qu’il y
auroit entr’eux , on ne pourroit plus les démê-
1èr , i! faut , pour éviter rinconvénienî , écrire-
fur le paquet oîi ils font enfermés les noms , &
îâ quantité qu’il y en a : on fépare les paquets
ÎUin de l’autre , & on les place dans une caiflè
Ou une boîte , de maniéré que les oignons ne
fôulFrent point do cahot des voitures : & pour
cela on accommode tous les paquets dans la caiflTe^
& à mefure qu’on les place on met de la moufle
entr’eux , & on continue d’en mettre jufqu’à ce
que la caifle en foit remplie j enfuite on îi lie
G
60 L I J A R D ï N I E R
avec de la ficelle , qu’on cacheté en pîufieucs^
endroits , après avoir mis l’adreffe de celui au-
quel on l’envoie.,
Si on remarque fur les oignons , après être
arrivés , quelque moififfure , il faut leur ôter
les tuniques ou enveloppes qui en paroiflent at^
teintes. A l’égard de Ite graine d’anémones , qui
s’étend en languettes , & qui eft fort déliée ^ il
faut non - feulement la mettre dans des boîtes >
mais la couvrir encore de coton ou d’éüoupes ; le
tranfport pour lors peut s’en faire fans dangers
On alTure que les plantes ou racines qu’on veut
faire venir de loin , fe confervent heureufement *,
fi on les frotte de miel , & qu’enfuite on les cou-
vre de moulTe , lorfqu’eltes font emboîtées ; s’il
n’ÿ avok néanmoins^ que pour huit jours de
chemin , le miel feroit inutile.
C’eft ainfi que fe fait le tranfport des marcot-
tes qui viennent des Pays étrangers ; ou bien
on prend de la terre à potier , gros environ com-
me le poing , on la détrempe arec du miel^ en-
fuite on met dans cette terre quatre ou cinq mar-
cottes ; & , après avoir enveloppé cette motte
avec de la mouiïé qu’on aura mouillée , on cou-
che les marcottes dans Jes boîtes , qu’on achevé
de remplir de moufie : ees marcottes ainfi accom^
modées 5 peuvent avec fuccès foufFrir le tranfr
port d’un long voyage»
s Ê E ü R f S-. T ■
C H A. P I T R E X I I.
année du Jardinier Fleuriot , & le temps au^-
qjuLcha^iie fleur doit être fcmée ù plantée».
J^A N ¥ l E R.
^ E mois ne permet guereà un Jardinier Fieu-
rifte de travailler a la terre ; il doit feule-
ment avoir foin de tenir fes outils en état dè:
s’en pouvoir fervir au befoin.
Si ce mois n’eft pas bien rude , J1 pourra dé-
truire les vieilles couches ^ faire des folTes pour
en conftruire de nouvelles ^ qui lui font néceflair
res pour élever fes plantes ^ & pour en tirer le
terreau dont il ne peut fe pafTer.
S’il eft quelqu’endroit d"e fon jardin qui lur
fembie avoir befoin d’être amendé, il y mettr^r
de ce terreau autant qu’il jugera à propos , afin
par-là de réparer les fels qui s’ÿ feront épuifés.
If tiendra foigneufement fes plantes couvertes
de fumier on d’autres chofes , afin que les gelées
ne puiflènt avoir prife fur elles. Il ne faut pas
attendre que la terre foie endurcie par le froid®
S’il lui manque quelque outil néceffaire il
©hetera , afin que^dans le befoin il n’en demeure
point au dépourvu*.
Il aura foin que les anémones qirtî aura fe?*
mées en pot foient préfervées du froid ; cela ea
avance de beaucoup la germination» Il m agira
§1 L E T A R O T N I S ît
de même à l’égard d’autres jeunes plantes qui
ront auffi en pot , & qui craignent la gelée.
FÉVRIER.
Voici le mois qui commence à donner beau*
coup d’exercice aux Jardiniers Fleuriftes ; s’ils
ont été négligents , ou que la faifon ne leur ait
pas permis de creufer des foffès pour conftruire
îèurs couches , ils s’y emploieront en ce mois ;
& pour cela ils feront bonne provifion de fumier :
ces couches font les mer es nourrices de leurs jar*
dins.
Après qu’un Jardinier Fleurifte aura tire de
fon magafin les graines de fleurs dont il aura be-
foin , il les femera félon les réglés du jardinage ,
& de celles dont voici la lifte.
Catalogue des fleurs ^u^onfème pendant ce moisir
Les amaranthes ou pâlie*
velours.
Ba confonde royale.
Les pommes d^amour.
Les croix de MaUhe.
Le datura.
La jacée des Indes.
La pomme d’Etluopie^
Les œillets..
La balfamîne.
La mayenne.
La canne d’Inde*
La pomme dorée.
Le diftame.
Si le froid fe fait rudement fentir, le Jardinier
aura foin de couvrir de cloches les graines qu’îï
aura femées , & de mettre par-deftus dé bonS'
paillaffons 5 & de grand fumier fec ou de grande
paille. Lorfque le temps s’adoucira, il leur don-
nera un peu d’air , pour voir , îorfqu’éllés îeve«»-
ront , fi les jeunes plantes n’é.xigenc dé lui riem
davantage..
T % E V K t S Tr E .. ê p
Sî > après avoir pris du terreau autant qu’îl eu
aura befoin pour mettre fur fes couches , il lui
en refte encore ^ il le fera porter ou il le jugera
a propos. II faudra en ce mois qifil leve la
confoude royale pour la multiplier.
MARS.
Lorfque le mois de Mars eft venu , un J;îrdî-
nier Fieurifte trouve de quoi s’occuper dans fou
jardin ; jufqu’au quinze de ce mois il prendra
toutes les mefures néceflaires pour femer & pour
planter.
IJ préparera tous les pots dont il aura befoin
& les remplira de la terre qu’il faura mieux con-«
venir aux plantes qu’üs doivent contenir.
Il aura foin de découvrir petit à petit les planâ-
tes qu’il aura femées für couches , & il en conP^
truira encore d’autres : lorfque la mi-Mars fera?
arrivée , il femera les fleurs que voici.
des fleurs qidon feme fur couches pendant es
moiSi
Bes volubilis de toutes for-
tes.
Le flramonium ou pomme
épineufe,
Ba conibude royale.
Le poivre d’Inde.
Les œillets».
Le bafilic.
La carouge.
Les giroflées.
Le phafeol incarnat des
Indes.
Les fouch* doubîes^s
La merveille du Pérou.
L’herbe à SuifTe.
Les merveilles du Tapow
Les amaranthes.
Les pieds d’àlouette.
L’œillet dLnde;
La rofe d’Inde.
Le creiïbn d’îndeou capni
cinêo.
54 L E J A R B I N F E R
Le naflurce. La grande pâquerette oiî
Les plumettes ou cornettes, cryiântemum.
Comme il y a des plantes qu’on a femées l’année
précédente , & qui font en ce temps en état d’étre
tranfpîantées, le Jardinier Fleuriffe nes’endormira
point à ce travail , à moins qu’il ne furvienne de
grands vents ou de grands bâles qui deffechent la*
terre , pendant lefquels on ne. doit ni femer ni
tranfplanter. Voici celles qu’il tranfplantera.
Zijie des fleurs propres a être tranfpîantées en
pleine terre S/ en pot pendant le mois de Mars*
Les hyacinthes uibéreufes. bles.
Les hépatiques. Les pâquerettes ou margue-
Les primevères. rîtes.
Les camomilles. Les ellébores.
Le Boulon de Confiant!- Les lys.
nopîe. La. paraiyfe.
Les violettes de Mars dou-
L’on tranfplante lès arbriffeaux qui craignent îè
froid , comme jafmin d’Efpagne, oranger, myüte-,
!aurier-rofe & autres. Lorfque le Jardinier Fieu-
rifte voudra s’employer à ces ouvrages , il choifira
un beau temps.
Il plantera'^n pots des œiîîèts , dés giroflées Si
autres , & il aura foin , pour en faciliter la reprife^
de les mettre à l’ombre durant huit ou dix jours,
& pour les préparer à ne pas craindre les chaleurs
de cette &ifon.-
Commic il y a des tulipes fùjettes à de certaines
taches blanches ^ que des gelées de nuit caufent à
F I K 13 m I s T £• 6 f
leurs feuilles , il aura foin de les en garantir , les
couvrant de paille ou de grand fumier fec.
Ces foins ne regardent pas feulement les plan-
tes dont on vient de parler , ils s’étendent encore
fur les anémones , oreilles-d’ours 5 hyacinthes-bru-
nales, cyclaments-printaniers 5 & myrtes.
AVRIL.
Il faut an commencement de ce mois faire pro«-
vifion de paillaflTons ^ pour garantir les oreiîles-
d’oursjlesrenonciilesjles belles tulipes, anémo^
nés & autres belles fleurs , de certains vents qui
ks gâtent , des pluies qui les morfondent,,, des
frimats qui tombent en ce temps, & qui les font
languir , & des ardeurs du folei! qui les altèrent.
Le Jardinier Fleurifle plantera les plantes dont
on a parié dans le mois de Mars. Durant le mois
d’Avril, le foleil eft quelquefois affez ardent pour
obliger à arrofer les plantes qui en ontbefoia^
foie en pleine terre , en pots ou en caiffes , prin-
cipalement les anémones & les renoncules , qui
pour lors font l’ornement des jardins. On fardera
les méchantes herbes , crainte qu’elles ne nuifent
aux fleurs parmi lefquellés elles naiïTent..
M A I.
te mois de Mai porte un Jardinier à bien des
confidérations différentes ; on y recueille la graine
des anémones , puis on la garde dans un lieu fec ,
jufqu’à ce que la faifon où on doit les femer foit
arrivée»
66 Le jAnvTfiïE^
Les juliennes y autrement dïti^s y giroflées muf-
quées , fe mulfipiient en ce mois. Notre Jardinier
Fleurifte femera les fleurs dont voici la lifte.
Lifle des fleurs qu^on feme en ce mois fur couche^
Les pcnfées de jardin. Les amaranthes , pour en
Les thiafpis. avoir de tardives en pot«,
La fcabieiife veloutée. Les foiicis doubles.
Le mufcipula ou attrape- Lescyanus de toutes fortes,
mouches.
îl faut à la fin de ce mois lever les oignons de ta**
îipes hâtives , qui pour lors font bons à déplanter.^
JUIN.
Les plantes annuelles, qui font l’ornement de
nos jardins durant toute l’année , feront femées en
ce mois avec autant de fu ccès que dans le prece-
dent ; & , comme ce n’eft que par le fecours des
graines qu’une partie des plantes fe multiplient y.
le Jardinier Fleurifle aura foin de recueillir celles
anémone s ^ renoncules y juliennes orientales y
narcijfes & toutes fortes d’orc///e.y d^ours.
On déplanté les tulipes & les anémones h la fin
de ce mois , & toujours après une petite pluie..
Voici quelques plantes qu’on leve aufli à la fin de
ce mois.
Savoir,
Les martagoiTs. Les iris de toutes fortes.
Les hyacinthes orientales & Les fretillaires..
les bulbeufes. Les hémoracles & autres
Lescycîaments-prîntaniers. femblables.
Une faut pointêtreparefTeuxà farder les herbes
durant ce mois , ou i! en croit en abondarrce.
47
F ï. E tr R î s T) E>
JUILLET.
Quant aux plantes qu’on doit tranfplanttr en
ce mois , ce feront les memes que celles dont on
a parlé dans le précédent.
La graine de cyclaments printaniers fe recueille
&femeauffi-tôtenpots, Cemois efi propre à mar-
cotter les œillets , à arrofer amplement & fouvent
les fleurs de la faifcn , & à farder les herbes qui
leur nuifent.
On feme les anémones au commencement de
ce mois , ainfi qu’on le dira dans fon lieu ; on
plante les anémones fimpîes.
C’eft auffi dans ce mois qu’on feme les nar-
ciffès Sl les hyacinthes orientales.
On feme & on plante dans ce mois les plantes
que voici.
Lijle des plantes qu'mon feme ^ qiûon plante en ce
AOUT,
S E P T E M B R E.
mois.
Les anémones.
Les tulipes.
Les narciiïês.
Les thlafpis de Candie.
La praxinelle.
Le mufîe de lion.
Les épatiques.
Les foucis.
La feabieufe.
Les fretillaires.
Les renoncules
Les digitales.
Les juliennes.
Les alaternes.
Les ancolites,.
L’ornithogalono.
Les iris.
Les hyacintfaeso
L’eringiurn piarium.
L’argemone.
68 L s J A R
Les cyannusde toutes for-
tes.
Le colehîde automnal.
Le panican ou chardon-
roland.
Les immortelles.
Les pieds d’alouette#
Les campanules.
Lemufcipula*
Les œillets de Poëte.
La nielle de Damas ^
très efpeces.
D 1 N 1 E K
La .giroflée jaune.
Les pavots.
Les oreiliea d’ours.
La couronne impériale.^
Le faarza odorant.
Les molys.
Les ambrettcs.
Les cyclaments.
L’orchis ou fatyrîon/
Le coquelicot,
i- Le chamæris.
i
!
I
I
Toutce travail Te doit pratiquer félon toutes les j
réglés que demande la véritable culture des fleurs. 1
Un Jardinier doit fe difpofer aufli à planter en .
ce mois , foit en pleine terre ou en pot , les anié-
mones , lès renoncules & les narciiïès , & atten- ||
dre pour cela q^ue quelque pluie ait humedé la terre#
OCTOBRE.
Suppofe que le Jardinier Fleuriflenait pas femé
en Septembre toutes les plantes dont on vient de
parler , if ne doit point s’alarmer pour cela , putf-
qu’il peut le faire dans le mois d'Odobre.
I! plantera aufli les anémones & les renoncules
de toutes fortes, les lys , les impériales , les mar^
tagonSjX^s panaches de P erfe îonquiltes & lès
narcijfes,
NOVEMBRE.
S’il y a quelque Fîeurifle nonchalant , qui dans
les mois de Septembre & Odobre n’ait pas fait
les ouvrages qui y fout marqués, il pourra y fup-
pléer en ce mois»
? î. E 0 H î s T E. 6<^
îî mettra fes arbrifleaux & autres plantes à
couvert des rigueurs du froid , qui eft leur en-
nemi mortel , dès le commencement de ce mois,
s’il ne l’a fait à la fin d’Oâobre.
Il vifitera de temps en temps fon jardin , pour
voir s’il ne fera point arrivé quelqu’accident aux
plantes qu’il contient, afin d’y remédier, s’il efl
poffible 5 plutôt que plus tard.
II plantera des oignons de tulipes ; la feifon y '
eft três-favorabîe.
DÉCEMBRE.
Dans ce mois où le froid ordinairement a cou-
tume de fe faire fentir, un Jardinier Fleurifte n’a
prefque rien à faire , qu’àfonger à aller voir dans
fa ferre fi les gelées n’y gâtent rien , fi les rats ne
rongent point les graines de fleurs qu’il a pris
tant de peine à ramaflèr.
S’il s’apperçoit que le froid foit trop violent ,
il redoublera fes foins pour en garantir les arbrif-
féaux ; & pour cela il fera provifion de pailIafTons
& de grand fumier , pour bien calfeutrer les ou-
verture de la ferre.
Voilà les ouvrages qu’un Jardinier Fleurifte
doit faire durant toute l’année. On peut dire après
que, lorfqu’i! n’a rien épargné de fes foins, &
qu’il a tenu un bel ordre, le pîaifir qu’il tire de
fes plantes , dédommage toujours des peines qu’iî
a prifes en les cultivant.
La Jardinier
P
CHAPITRE XIII.
De la culture particulière des fleurs dans le mois
de Septembre.
I. Des anémones.
N fuppofe ici des planches bien dreffees pour
y élever des anémones, & une terre prépa-
rée comme on le va dire ; car c’eft de cette terre
d’abord que dépend une partie de leur beauté :
Yoici comme elle eft compofée.
De la maniéré de préparer la terre pour les
anémones^
Pour compofer une terre convenable à la na-
ture de ces fleurs , voici ce que les plus expéri-
mentés obfervent.
On fait cinq monceaux égaux de fable jaune ;
troisautres auffi gros de terre à potager , & quatre
autres de pareil volume de terreau de couche bien
confommé ; enfuite on mêle toutes ces terres en-
femble avec des pelles & à force de bras. On compo-
fe de cette terre, tant qu’on juge en avoir befoin.
Il faut toujours que ce foit une année avant que de
s’en fervir , & la faire paflér à la claie tous les mois.
D’autres , par une voie plus prompte, fe con-
tentent de compofer cette terre un mois feulement
avant que de l’employer , ou incontinent même
qu’elle eft mixtionnée ; cela abrégé bien du che-
min, & on confeille de fuivre cette maxime.
Plus cette terre eft paffée à la claie , plus elle efl
F î. » ü R t s T ¥,» 71
légère, & meilleure eft-elle pour les anémones.
Avant que de mettre cette terre compofée fur
la terre naturelle du jardin , il faut obferver fi
celle-ci eft légère ou fablonneufe : cela étant , on
n’a qu’à couvrir cette terre de celle qui eft com-
pofée, de la hauteur environ d’un demi -pied. Si
au contraire cette terre eft humide ou forte , iî
faut creufer les planches d’un demi -pied, & en
remplir la moitié de fable, & l’autre de la terre
mixtionnée , à un demi-pied de haut ; après cela
on y feme les anémones comme on le va dire.
Pour fuppléer au terreau de couche , on peut
îê fervir d’un autre compofé d'herbes pourries
de longe -main , de feuilles d’arbres & d’autres
ingrédients de cette forte , le mêler avec la terre
naturelle , & pafTer le tout à la claie.
De la maniéré & du temps de femer les anémones^
Pour femer heureufement quelque graine que
ce puifle*être, il faut toujours qu’elle foit mûre ;
la marque qu’en donne celle des anémones , eft
lorfque détachée de l’endroit où elle a pris naif-
fance, elle femble vouloir tomber ^ & être prête
â s’envoler au moindre vent.
Cette graine recueillie en cet état, fe feme au
mois d’Août , ou au commencement de Septem-
bre ; il eft bon de favoir qu’il n’y a que les ané-
mones fimples qui donnent de la graine.
Les planches deftinées pour ces fleurs étant pré-
parées comme on a dit , on en met la graine dans
un petit fac de cuir qu’on ferme , n’y laiflant qu’une
i
71 te Jardi^^iêR
ouverture à fourrer trois doigts ; puis on prend
ce fac entre fes deux mains , on le preflTe par fe-
coulTes de la même maniéré qu’on fait agir un
foufSet ; le vent que rend ce fac ainfi preffe , fait
envoler la graine qu’il contient auiïi à claire-voie
qu’il faut pour être bien femée. Il faut ainfi pro-
mener ce fac tout le long de la planche.
Lorfqu’on juge qu’elle efiaffez garnie, on prend
de la terre mixtionnée qu’on paffe defllis à travers
un crible, jufqu’à ce que la graine foit affez cou-
verte.
Cela fait , on a de la grande paille qu’on répand
fur la planche femée, environ répaiffeur d’un quart
de doigt , après en avoir uni la fuperficie avec la
main ; enfuite on l’arrofe amplement.
Quinze jours ou trois femaines après que les
anémones font femées on ôte la paille : il fe peut
que dans ce temps les anémones commencent à le-
ver ; quelquefois aufii elles tardent davantage.il
ne faut point s’impatienter jufgu’à fix femaines.
Si les anémones ont été bien femées, elles fleu-
riront au mois de Mars fuivant , ou dans celui
d' Avril ; puis on en déplante les pattes au mois
de Juin , lorfque les feuilles en font feches. Cela
fe fait tous les ans , parce qu’elles pourriroient :
on les conferve hors de terre , comme les autres
oignons , jufqu’au temps de les planter : voici
comment on les déplante.
Comment déplanter les pattes d^anémonesm
On creufe la planche où elles font , environ
trois
FtEÜRîSfEe 73
erôîs do’gts de profondeur j & tout du long ; &,
à mefure qu’on remue la terre, on îa met fur ua
drap , jufqu’à ce que le tout foit achevé.
Enfuite on manie cette terre, pour la détacher
entièrement ; on en met dans un crible ^ qu’on
païTe fur la planche creufée , de maniéré qu’il n’y
refte plus que les pattes des nouvelles anémones,
qu’on appelle pour lors pois»
Lorfque ces pois font ainfi ramalTés , on les
porte dans un lieu aéré & fec, on les y laiffe juC-
qu’au commencement de Septembre, qu^on drefle
de nouvelles planches, comme on le va dire.
Cette méthodè de multiplier les anémones eft,
proprement parlant, une pépinière , où la nature
fe jouant agréablement, de fimpîes qu’en étoient
les fleurs lorfqu’on eti a femé la graine , elles
deviennent quelquefois doubleSb Lorfque cela ar-
rive , un Fleuriflé dît : j’ai gagné une , deux ou
davantage d’anémones, félon qu’elles méritent
être confidérées. Alors , un Jardinier curieux
les marque, afin que la troifieme année qu’on les
leve , il les mette dans des endroits féparés des
communes.
De la maniéré de planter les anémones dans les
plates-bandes ou découpés de parterres»
On fuppofé que ces pièces foient remplies d’une
terre convenable aux anémones ; cela obfervé , on
prend un cordeau, on l’étend le long de la plate-
bande , & le long de ce cordeau on trace légère-
L Partie;, D
74 l'E Jardinier
ment un rayon, puis un autre, & enfuite un troî®
lieme, disants !es uns des autres de quatre pouces.
Après cela on leva le cordeau , on le pofe de
travers fur la plate-bande pour tracer une ligne ,
puis une autre, & continuer ainfi jufqu’au bout
de la plate-bande ou autre piece de jardin , de
maniéré que la terre en paroilTe maillée de la lar-
geur de quatre pouces, ainfi qu’il eft marqué par
la figure, page 38.
Ces mefures ainfi prifes, on met les pattes dans
chaque encoignure des quarre's; il ne faut les met-
tre que trois doigts avant en terre , toujours fur
le côté le plus large, & toujours la fente en bas.
Lorfqu’on veut planter les anémones avec goût,
il faut mettre d’abord les incarnates, enfuite les
couleurs de feu , après les blanches , les violettes ,
les bizarres, les brunes, les panachées, lespiâées,
les nuancées , & avoir foin , h chaque pied où l’on
verra des tiges foibles , de les couper pour donner
plus de force & de nourriture aux autres tiges.
Ce n’efi: pas feulement en pleine terre qu’on
plante les anémones, on en met encore en pots ,
un ou deux dans chacun, félon qu’ils font grands;
on n’agit ainfi de précaution, qu’au cas qu’il y ait
des anémones qui viennent à manquer : on trouve
dans ces pots de quoi remplir les vuides, dont on
s’apperçoit trois femaines après qu’elles ont été
plantées.
La meilleure faifon pour planter les anémones,
cü depuis la mi-Septembre jufqu’au quinze d'Oc-
!F t E ü R î s ^ Eo
lobrê ; cependant, pour en âvoir une bonne par-
tie'de TEté , on en plante aux mois de Mars &
d’Avrih
Avant que de mettre èii terre les pattes d’ané-
mones, on les nettoie de leurs pourritures, & on
en détache les cayeux ; enfuite on les plante dans
un endroit fort êxpofé au foleil^ & point om-
brage'. Si Pautomné eft fecîie , on aura foin d’ar-
rofer les anémones : fi ^ aü contraire , elle efi plu-
vieufe , il faudra les couvrir de paillafTotis , parce
que les pluies trop fréquentes leur font préjudi-
ciables. On arrofe encore les anémones depuis le
mois de Mars, jufqu’à ce qu’elles donnent leurs
fleurs.
Quoique [es anémones ne craignent point beau-
coup le froid , il efl: bon néanmoins, quand il eft
trop âpre , de couvrir ces jeunes plantesdegrand
fumier fec , ou de grande paille , & de mettre
en lieu de fûreté les pots où il y aura de ces
plantes.
Lorfque le temps s’adoucit , on découvre les
anémones, & on les recouvre file froid redouble.
Aü refte , c’eftà la prudence du Jardinier , & à
fon indufirie , à juger du temps qu’il doit donner
ainfi fes foins. Voici une figure d’une patte d’ané-
mone, afin que ceux qui ne font pas au fait con-
noiiTent ce que c’eft*
Voici !a maniéré de connoîcre ce que c’efè
lii qu’utie belle anémone*
Des marques véritables d*une belle anémone.
Une anémone eft belle , & mérite d’étre ap-
pellée ainfî, lorfque !a hauteur de fa tigeeft pro-
portionnée à !a hauteur de fa fleur , qu’elle efl aflèz
forte pour la porter fans être courbée , & que fes
couleurs font vives & bien luflrées*
On l'eflime lorfqu’avec cet avantage elle a la
feuille crépue , la touffe baffe & bien garnie, que
fa peluche forme une maniéré de dôme , & efl
accompagnée de bien des béquillons qui s’arron^
diffent un peu vers le cœur.
; La beauté de cette fleur confiffe dans fa grof-
feur & dans fa rondeur, fur -tout lorfque les
grandes feuilles furpaffent un peu la groffeur de
la peluche.
Une anémone n’eff point parfaite que I^extré-
mité de fes grandes feuilles ne Toit ronde. Il faut
que fes béquillons aient les leurs de même, &
qu’ils foient larges : c’eft un défaut lorfqu’ils font
P t E Ü R I s T E.. 77
ftroîts* te cordon de la fleur doit un peu frapper
îa vue, & être à niveau des premiers béquillons j
& , lorfque par fon épaifleur il repréfenfe une ma--
niere de bourlet , l’anémone eft défeâueufe.
Tout grain qui paroîtfur une anémone eft une
difFormicé, Ce cordon doit être de couleur diffé-
rente de ces grandes feuilles & de fa peluche ÿ
autrement c’eft un défauto
Obfervations»
î! y a des anémones qui pouffent trop en feuiî-
îes, fans donner de fleurs ; c’eft un inconvénient
auquel il faut remédier ; & , pour cela, on les
éclaircit , afin que celles qui reftent profitent
mieux des fels de la terre, & produifent des fleurs
avec moins de feuilles*
Il arrive auffi quelquefois que les anémones fe
moififfent à l’endroit des vieilles racines , ce qui
fe remarque lorfqu’on donne une chiquenaude
fur la patte ; fi elle fonne creux , & qu'il y ait de
petits trous, i! faut , avec la pointe d’un couteau ,
couper le mal jQfqu’au vif, & rendre uni l’en-
droit où fe fait cette incifion : il y croît après cela
de nouvelles racines qui ravivent îa plante.
On faura qu’il ne faut point jetter les racines
qu’on a coupées ; car il arrive quelquefois qu’é«
tant replantées, elles donnent des fleurs dans leur
temps. L’incifion qu’on a faite aux anémones doit
être incontinent couverte de poix«réfine , mêlée
avec de la cire *, cela empêche qu’elles ne ù gâtent
D 3
78 £ 1 J A R D I î ï R
Les pattes d’anémones peuvent fe confervef
hors de terre deux ou trois ans fans fe gâter , en
les mettant dans un endroit fec , parce qu’elles
ne poufiTent point comme les oignons,
1 1. De la couronne impériah*
Y A couronne impériale eft une plante bulbeufe
•^qui fe multiplie de deux maniérés j par fa
îèmence & par fes oignons.
On feme cette plante dans le mois d’Août , &
peu de temps après qu’on a recueilli la graine :
cette voie eft un peu longue ; il faut l’abréger ,
& pour cela on en plante les oignons dans le mois
de Septembre ou d’Oélobre,
Lorfque la faifon de faire cet ouvrage efl: ar-»
rivée ^ on creufe en terre un trou de la largeur
environ d’un chapeau , qu’on emplit de terre
naturelle , mêlée avec du terreau ou du fumier
de mouton ; enfuite on prend i’oignon , qu’on
plante & qu’on couvre environ un demi-pouce
de haut ; cela fait, on lui laifTe pouflèr fa tige &
donner fa fleur au Printemps.
L’on ne déplante point les oignons de cou-
ronne impériale , à moins que ce ne foit pou^
les replanter tout de fuite ailleurs , ou pour en
êtes les cayeux ; alors on les replantera auffi-tôf..
Ces oignons n’ont pas de robe.
La couronne impériale eft une fleur de la
moyenne efpece, dont on n’emplit point des pie-^
ces entières de jardin ; on en met feulement dans
F L E ü R ï s T g, 7Ÿ
le milieu de plates-bandes, à longues diftances ^
& entremêlées d’autres fleurs aulfl de moyenne
cfpece.
TI y a plufieurs efpeces de couronnes impéria^
les ; favoir la commune , qui naît avec un Ample
rang de fleurs de couleur jaune.
Il y en a une autre qui n’a , à la vérité, qu’un
lèul rang de fleurs ; elles font d’un rouge de cou-
leur d’écrevifles lorfqu’elles font cuites : cette
efpece eft plus eftimée que la première.
L’impériale fimpleàfleur rouge-clair, & dont
la moitié eft d’un jaune rougeâtre , eft encore fort
eftimée.
L’impériale double eft la plus recherchée & la
plus rare ; fes fleurs naiflènt difpofées en maniéré
de couronne, au-deflus defquelles paroît un bou^
qiiet de feuilles : chaque fleur eft un lys à fix
feuilles , formant une efpece de cloche.
III. Des Tulipes.
Maniéré de les multiplier de graine,
V A tulipe fe multiplie de femence ; elle fe re-
jLicueille en Automne aux tulipes de couleur :
on nomme ainfi les tulipes venues de graines ,
parce qu’elles ont une couleur toute unie , fale ,
& pour l’ordinaire aflez bizarre,
La tulipe panachée eft celle qui , après avoir
été unie pendant quelques années , devient, ou-
tre fa couleur , mélangée de certain^traits blancs
OU jaunes , plus ou moins larges , & pour l’or-
D 4
So Le Jardinier
dinaire féparés par des filets noirs. Lorfqu’elîç
revient tous les ans nettement panachée , on
la nomme tulipe parangonnée. Ceft auffi daaj
cette faifon , depuis la mi -Septembre jufqu’aa
commencement du mois de Novembre , qu’on la
feme : on peut encore femer les tulipes aq
Printemps.
Il faut une terre convenable aux tulipes ; &
pour cela , outre la terre naturelle du jardin , on
prend du terreau de couche , on mêle bien le
tout Fun avec Fautre ; on le met en monceau ,
plus ou moins gros qu’on le juge à propos. Aprè§
que cette terre eft ainfi mêlée , on la crible fur
les planches deftinées pour les tulipes : il en faut
un doigt d’épaifleur , puis on feme la graine ai>
tant à claire-voie qu’il eft poflible.
Cette graine étant femée s, on crible encore de
la même terre par-deilus , pour la couvrir juf-
qu’à l’épaifTeur d’environ un demi-doigt , ce qui
fuffit pour la faire germer.
Au mois de Mars , que les tulipes commen-
cent à lever , il faut les farder, crainte que les
méchantes herbes ne les empêchent de croître.
Lorfque les tulipes font levées > outre le pre-
mier foin dont on vient de parler , çes plantes
exigent encore de nous des arrofements , particu-
liérement durant les grandes chaleurs; & , comme
il faut qu’elles refient deux années en terre fans
qu’on les leve , on a foin , lorfque leurs fane?
font féchées , de cribler encore de 1^
F L E ü R I s t Ea Si
üîsiTus , a répaifleur d’un doigt ; &, après les deux
ans accomplis , on enleve les oignons ^ qu’on
plante comme on le dira.
Cette méthode avance de beaucoup îa produc-
tion de leurs fleurs ; & ce n’efï pas qu’on puiflè
guere en attendre avant cinq à fix ans.
Maniéré de multiplier les tulipe s parleur s oignons^,.
Pour fuivre l’ordre de la nature 5 en donnant
des inftrudions fur la culture des tulipes 5 on
fuppofe des pièces de parterres , ou autres com’-
partiments de jardins, garnis de la terre dont on
a parlé , & accommodés en dos da carpe ; on
trace ces pièces , comme on a dit à Farride des
anémones , page 73, & on y plante les oignons,
de même maniéré ,, trois doigts avant en terre.
Le temps de les planter eft aulfi depuis le quinze
de Septembre jufqu’à la- fin de Novembre.; lors-
que ces oignons font plantés , on les couvre de
grand fumier fec ou de grande paille , pour fcs
garantir des gelées puis on les découvre lorP-
que rhiver eft paflTé.,
Dans le mois de Mars ,.que les oignons com^'
mencent â pouffer ,.on les farcie on les arrofe
lorfque le befoin Fexige.
Les oignons, de tulipes reftent en terre trois
années durant îefquelles on prend, foin de: les-
©ulrver ce temps fini , on les déplante, de. k
maniéré que: voicia.
PreueZi Line houlette de Jardinier ,,enfoncez-k
B 5
gi Lt Jarsiwiîîr
en terre , plus bas que les oignons que vous voîî^
îez déplanter , & un peu à côté , & les enlevez ;
féparez-en la terre : continuez ainfi jufqu’à ce
que Touvrage foit entièrement achevée
On déplante les tulipes lorfque leurs fanes font
feches ; & , lorfque les oignons font hors de terrej,
on les porte dans un endroit aéré , ou néanmoins
le foleil ne donne point. On prendra garde de
ne les point mettre les uns fur les autres. Avant
de les replanter, il faut détacher tous les cayeux
qui tiennent aux maîtres oignons , & en faire-
une pépinière particulière fur des planches , cou-
vertes d’une terre compofée comme on a dit. îî
îi’eft pas nécelTaire de tracer ces planches comme
pour les oigRons ; il fuffit que ces cayeux foient
plantés fur des raies tirées au cordeau , à deux
doigts l’un de l’autre. Ces cayeux reftent ainS
deux ou trois ans , jufqu’à ce qu’ils foientaffez
gros pour être mis en place & nous donner des
fleurs.
Quoique !a tulipe foit robufte , i! efî nécelTaire
de couvrir les beîîes dans les gelées , dans les
grandes pluies & dans îe grand foleil , qui abrégé
leurs jours. Sa fleur cîure douze ou quinze jours ^
à moins que , pour en avoir plus long-temps ^
on n’en ait planté en différentes fois.
îi faut couper les tiges des belles tulipes 8t des
panachées auffi-tot que la fleur efl: paffee , & ne
pas les laifier monter en graine. L’oignon s’en
trouve beaucoup mieux : on lèvera de terre tous
les ans ces tulipes rares^
F E E ü R r s T E. 83
torfqu’on veut mettre des oignons de tulipes
âans des plates-bandes , il faut toujours les pla^
cer proche du trait du buis , parce que la terre
étant plus ferme fur les bords que dans le refie
de la pîate-bande , ces oignons s’y enfoncent
moins , étant de leur naturel portés à le faire.
Oh fer vat ions*.
Pour avoir de la graine de tulipe, dont on
puilTe tirer quelqu’avantage , il faut en laiiTer de;
celles qui font les plus belles & les plus grofîès,.
afin qu’étant d’une belle efpece ,on ait lieu d’en
efpérer de femblables , quoique , malgré cette
précaution , îa nature fouvent nous trompe.
Le caprice de cette mere commune fe fait re-
marquer à l’égard des tulipes , non - feulement
par rapport aux couleurs , mais encore au fujet
du temps qu’elles fleiiriffent , puifque de prin-
tanières qu’elles font , elles deviennent tardives
après qu’elles ont été femées : ainfi , à parler vé-
fitabîement , on ne fait qu’attendre des tulipes
quand on en feme ; e’eft un hafard quand on m
gagne quelqu’une qui mérite.
Les tulipes fe mêlent , dans les jardins ^ par-
mi leshyacinrhes & les narcifîès, fur-tout dans ceim
qui font fpacieux , où on n’a pas tant d’égard h
îa beauté des tulipes, qu’à la diverfité de toutes^
fortes de fleurs qu’on y recherche , & qui y fuc-
cedent les unes aux autres. Il n’y a que dans les
petits jardins qu’bn peut obferver de ne plantœ
B &
84 Le Tardînïer
fes tulipes que dans des pièces particulières#
On ne peut condamner certains Fleuriftes qui
plantent les tulipes fans aucun ordre Sc dans la
première terre qu'ils trouvent , pour après les
abandonner aux feuls foins de la nature ; on no
pardonne cette négligence qu’à ces Jardiniers
groffiers ^ qui n’ant nul gofit pour la difpofi-*
don des fleurs dans un jardin , & qui ne con«»
noilTent point îa beauté d’une tulipe : il n’y a
qu’à lire ce qui luit pour Fapprendre#,
D.efcription d^une belle tulipe.
Une tulipe qui pafle pour être belle, a pout
F ordinaire fix fçuilles 5. trois dedans , trois de*»*
hors toutes bien épailTès : les premières doivent
être plus larges que les autres..
Une forme camufe dans une tulipe , eft préfé-
rable à, celje qui fe termine en pointe ^ & dont
le bas eft proportionné en largeur au haut : iî
faut que celui-là monte, en s’évafant un peu.
Quand uae tujipe a, fa forme ^ fon verd mé-
diperernent grands c’eft une bonne marque 5.
ainfi que lorfque fa largeur y efl proportiorî-»
née-, & que le verd paroîc un peu frifé & ao^-^
çompagné de petites rayures..
Toute tulipe qui paroîc belle larfqu’elîe, entr^
çn fleur , n’eft. point eftjmée ;JI faut attendre
deux ou trois jours après pour en juger plus fai-^
nementr
Lorfqu’une tulipe- s’puvre avec des feuilles
rtuverfées çi\ dedans ou en dehors , on r/en fak
P s, Ê if E î S- T ê:., 8'î
|K)înt de cas ^ ainfi que lorfque les feuilles fauC
trop minces.
tes tulipes dont le calice a peu de dos , foat à-
préférer à celles qui en ont beaucoup<t
Entre les tulipes les plus eftiniées , on fait caS;
de celles dont le coloris eil luftré & fariné. Les
rouges de couleur de feu à fond blanc , les bi«^
barres , les panachées avec force incarnat
hs jaunes panachées de gris , font les plus belles^
On fait cas des tulipes à petit fond, parce que;
îes panaches quiy naiffenc en font toujours beaux 5,
principalement quand ils font d’une même cou-"
leur dedans & dehors.
Toute couleur dans une tulipe eft agréable a-
îa vue , lorfqu’elie n’eft point brouillée fur la
plaque J ou q^ue les panaches eu font bien par*
tagés'.
Pour qu’une tolipe^ foit parfaite , il faut que
fes étamines foient de couleur brune , & noa
pas jaunes ; pour les pivots 3, il n’importe com-*
me ils foient.
I Y. J?^s thlafpiso^^
"g* L y a deux fortes de thiarpis , de vivace Sâ
d’annueî..
Cette plante fè multiplie de graine ; on là
feme en Septembre ou en Mars , en pleine terr«
ou fur couche ; la terre où on h mettra fera biea
labourée & couverte d’un peu de terre-au : il
faut femer cette graine a claire- voiej.
^ Le Jarrtîtîer
On tranfplante le thlafpis au mois d’Avrîî^
lorfque ïe jeune plant efl: afTer fort. C’efl: une
fleur qu’on cultive pour fervir d’ornement dans
les parterres ; on en garnit les grandes plates-
bandes , ee qui leur donne de ragrément , prin^
cipalement lorfque cette fleur y eft plantée avec
fymmétrie : elle fleurit dans le mois de Juin,
Le thlafpis eft une plante délicate ; quand it
eft jeune , il faut Tarrofer pour lui faire pren-
dre une belle croiflance , & le garantir des mau-
Taifes herbes : fa femence eft plate ^ de couleur
rouge d’abord j, mais qui devient noire lorfqu’elle
eft mûre.
V* Des renoncules^
A R M î les fleurs qui font l’ornement dè&
jardins , la renoncule eft une des plus efti-
mées : elle dégénéré moins que l’anémone..
Cette fleur fe plante au mois de Septembre 5,
dans une terre graffe , mêlée d’un peu de cen-
dres de bois pourri..
Il faut faire tremper les griffes de renoncules
dans l’eau durant vingt - quatre heures , afim
qu’elles germent plutôt; & 5poar planter artifte-
ment les renoncules ^ il faut fuivre la méthode
qu’on a preferite pour les anémones. Voye\ la-
page 73. Voici une figure d’une griffe de re-
noncule , afin que ceux qui ne font pas au fait:
connoiireiît ce que c’éft;».
F £ t U ït t s T B-
tes renoncules veulent être plantées deu^
doigts avant dans terre ^ & à quatre de diftan- i
ce Fune de Fautre ; on fe fcrt , pour les piano-
ter , d’un plantoir rond par le bout d’en baSc^ |
Les belles renoncules veulent être plantées
dans des pièces de jardins fépardes , fans être:
accompagnées d’autres plantes^ L’expofition qui
leur eft la plus favorable eft le midi : c’eft pour
îors que leur coloris en eft plus beau ; & , pour
m faire durer long-temps la fleur ^ on la couvre ^
durant le chaud , de quelque drap paillaflons ^
ou autre chofe femblable ^.foutenus fur des pieux ;
ou bien on plante des renoncules en pots , qu^’on
met , quand on veut , à Fombre , lorfqu’èlîès.
font en fleur ; cela contribue auffî à conferver
leur îuftre«
Les renoncuîes doivent être arrofées quand^
on juge qu’elles ont befoin d’eau; il fautauflî:
ks farder , & les garantir du grand froid.
Entre les différentes efpeces de renoncuîes , fu;
jaune à fleur double vient mieux en pot qu’ea
pleine terre ; iî m faut c^u’une banne, terri à
$8 Es J A SI D- î N I E H
potager , on bien une terre graflè , mélée d’u38;
fiers de terreau. On la’ plante deux doigts avant
en terre ; on la replante auffi-tôr 5 après en avoir
été les nouvelles griffes qui y font crues»
Mais, pour ne rkn omettre dans îac*ulture dg'
cette plante il fauc.,^ lorfque fes feuilles com-
mencent à fécher , porter le pot ou elle eft ^ (^ans
un lieu fombre & à couvert des pluies du mois
d’Août , crainte qu’elle ne jette de nouvelles
racines^.
Pour mieux faire , fi-tôt que , fes feuilles font
tombées il faut déplanter la. renoncule , & la
replanter en même temps dans un. lieu où le foleiî
ne donne point ^afin que les pluies de TEté la
difpofent à. donner de belles produâions..
La culture de h renoncule double à fleur blan-
che ne différé en rien de celle de la précédente.;
il faut feulement ,. lorfque fes feuilles font tom-
bées 5 mettre le pot à l’ombre , jufqu’à ce qu’on
veuille la déplanrero.
Quoique les renoncules doubles, foient fort bel-
les, on donne aujourd’hui la préférence aux feml-
doub'es 5 parce que , dans une même planche de
femi doubîes^ , on trouve raffembléès tout-â-îar
fois des renoncules de. routas fortes de couleurs,.
Elles ont encore un avantage au-deifus des dou«-
bîes , c’eft de donner de. la gra.ne,.
We la ^&Güté. dès renoncules^^
Les renoncules qa’oai ejîime k îTOins ^ font ks
Fleukisti* 89
pivoines , donc la fleur eft rouge : les blanches ,
les jaunes dorées, les jaunes pâles, les couleurs
de citron , 8c les rouges brunes , font plus da
goût des curieux.
Une renoncule dont le fond eft blanc , avec
des rayures rouges , bien diftinéles les unes des
autres , eft réputée très-belle.
On fait encore cas de celles qui font de cou-
leur jaune , marquetées de rouge. Les renoncules
de couleur de rofe en dehors , & blanches en de-
dans , font aulfi fort eftimées.
Obfervations»
On peut encore multiplier les renoncules pat
fé lecours de la femence : eîfe reffemble affez à îa
graine de giroflée ; mais elle eft un peu plus
épaiflè : on la recueille toujours aux renoncu-
îes lîmpîes de bonne couleur. Elfes fe lement fur
planche , couvertes d’une bonne terre , & veu-^
fent le grand chaud : oh aura foin de les farder ^
& de les arrofer quand on jugera que les arrofe-
ments leur feront nécelFaires.
V î. I)e ta Vraxinelle^
La fraxinelle eft une plante vivace qui demanda
une terre grafle , & qui fe multiplie de
cines & de graine : elle fe feme au mois de Sep-
tembre , ou en pleine terre , ou fur couche j» dans
des rayons tirés au cordeau ou à plein champ.,
Si i’HiYej ^(1 trop rude ^ il faut couvrir de grga-
ÇO II jAnDÎNlER
de paille ou de fumier la planche où an l’aura
femée. On laifle ainfi le tout jufqu’à ce que Tair
s’adouciflè.
La fraxinelîe fe tranfplante au mois de Mars,
II faut fonger , en !a plantant, de bien garnir
fes racines de terre , & de les arrofer ; cela en
facilite la reprife. La fraxinelîe eft une fleur de
la grande efpece , qui peut fervir , fi Ton veut y
d’ornement dans les plates-bandes d’un parterre ;
fa graine efl: pointue par un bout, & de couleur
d’un noir luifant.
VIL De la Scahieufe.
T5 oüR bien cultiver la fcabieufe , il eft bon
^ de favoir que cette plante aime le frais , &
une terre légère.
Ce lieu choifi , on en feme fur le bout d’une
planche bien amendée ce qu’on juge en avoir be-
foin. Il faut la femer à claire-voie ,,afin qu’eila
en croiffc plus forte.
On la feme au mois de Septembre > ou à plein
champ, ou en rayons , fur couches , ou fur plan-
ches , comme on l’a dit v on la garantit des grands
froids , fi durant l’Hiver on la couvre de grand
fumier fec ou de paille : on découvre la planche
au beau temps.
Quand les Jeunes plants font levés , on les ar-
rofe & on les farcie ; on les tranfporte au mois
de Mars , s’ils font alTez forts.
La fcabieufe fe feme aulTi dans ce mois : celM
F I H U R ï s T s. 91
qtfon cultive ordinairement efl: la fcahieufe de
montagne à larges feuilles.
L’expédient le plus court pour avoir des fca-
bieufes , eft de multiplier la plante par le fecours
des racines , qu’on éclate , ainfi qu’on le dira à
l’article des œillets de Poëte, La fcabieufe fait
un effet afièz agréable dans les plates - bandes
d’un parterre.
V I î I. Du Viei-à^ alouette.
’ÏÏ E T ied-d^ alouette ou Bec-d^oifeait , comme
O
•^-'on l’appelle en certains lieux, eft une plante
annuelle qui vient de femence : elle fe feme en
Mars, fur couche, ou en pleine terre ; quelque-
fois auffi fe feme-t-elîe d’elle - même , îorfqu’oÉ
laiffe trop mûrir fa graine fur le pied. Elle fe con-
ferve fort bien en terre jufqu’au Printemps t c’eft
pourquoi il y a des Fkuriftes qui en fement dès
le mois de Septembre ou Oâobre.
Le pied-d’alouette veut être femé à claire-
voie ; car quand il leve dru il n’eft pas fi beau ,
& eft fujet de s’étioler. On le farcie lorfqu’il eft
levé ; on l’arrofe , fi la plante en a befoin.
Quand le plant eft affez fort , on le tranfpîan-
te :il eft bon pour lors , étant nouvellement tranf-
planté , de l’ombrager de quelque chofe , pour en
faciliter la reprifc ; on fe fert pour cela de pots
ou de cloches de paille qu’on met par-defliis.
Il y en a qui fement le pied - d’alouette à de-
meurer i dans des compartiments qui en font tous
ça LeJ. ARDINTER
remplis ; il faut pour lors agir avec fymmétrie; j
autrement un parterre n'a peint bonne grâce. !
Lors aiilTi qu’on feme le pied-d’alouette derette |
maniéré, il faut en éclaircir le plant quand il eil |
levé ; autrement il s’étioîeroif . On arrofe le pied- |
d^dlouette dans le befoin , & on le farcie quand •
on y voit de méchantes herbes. La graine de |
pied d’alouette eft petite , anguleufe , & de cou- j
leur noire. i
î X. Des Narcijles»
I
T E narciffe fe plaît naturellement dans les terres- |
pierreufes & maigres, & naît dans les fablo- i
nieres, îî efi vrai que refpece dont on parle eft |
un narcifTe fauvage , qui croît fans culture ; ceux i
qu’on cultive dans les jardins font bien différents.
Lenarcifîé eff une plante bulbeufe que Ton met
en terre en Septembre. Il y en a de plufieurs cou-
leurs & de différentes efpeces. Il y en a de fini- i
pies & de doubles : i! s’en trouve de grands & de
petits , de printaniers & de tardifs ; ce qui fait î
que la culture en eff quelcuefois d ffërente.
Le narcijfe d^Italie à fleur blanche & au calice
jaune, veut être planté au grand air , dans une
terre un peu légère , telle que peut être ui^e terre
à potager , fans autre mélange.
Quand on plante les narciffes , foit dans des :
plates-bandes , en planches , ou autres pièces des
parterres , on les y met à quatre doigts l’iin de '
Tautre ^ fur des alignements tirés au cordeau, j j
FtÈÜUKSfSo 9Î
4tane mêlés parmi les tulipes & ks hyacinthes, ils
forment une agréable variété dans un jardin : on
obferve cette méthode afin que par le grand nom-
bre de ces fleurs de diverfès cfpeces qui naiflènt
en différents temps, les jardins, durant plufieurs
mois, paroiffent émaillés®
II y a !e ndrcljfe de ConJIüntinopîe ; il jette,
douze fleurs a la fommité de fa tige ; elles font
blanches , accompagne'es dans le milieu d'autres
petites feuilles jaunes , ainfi que îe calice.
Ce narciffe eft très-beau , mais i! a de la peine
à s’épanouir , fur-tout lorfqu'il commence à for-
mer fa tête, & que les brouillards ou le froid fié-
trifîent Penveloppe qui le couvre ; ce qui le fait
fouvent avorter avant que de naître.
On prévient ces inconvénients , fi on ne plante
ce narciffe qu’à la fin du mois de Janvier ; &,
lorfqu’il a pouffé fa tige , on le couvre foigneu-
fement durant la nuit , pour !e garantir des froi-
dures de la faifon , qui lui porteroient préjudice:
on le découvre le matin , s’il y a apparence de
beau temps,
Fouraider cette fleur à éclcrrc, on fend adroi-
tement Penveloppe qui la tient enfermée. 1! faut
dép’anter les narciffes tous les ans , & les porter
dans un lieu aéré ; fi on les laiffoit en terre , ils
produiroient de petits cayeux qui pourroient faire
avorter les fleurs.
îl efl une autre espece de narciffe à grandes
feuilles , & dont le calice eft d’un verd jaunâtre }
94 ÎARBIMIKIt
iî ne lui faut , pour bien faire , qu’une terre I
potager ordinaire , & qu’une expofition où le
foleiî donne médiocrement.
Quant au narciffe jaune & pdle^ dont les feuil-»
îes font partagées & fnfées , il vient mieux en
pot qu’en pleine terre*, le grand foleil lui eft con-
traire ; il fe plaît dans une terre légère, parce
qu’y jettant moins de cayeux > il produit de plus
belles fleurs. Ce narciflë demande qu^on l’arrofe
quand il a befoin d’eau , jufqu^à ce que fes feuil-
les foient toutes feches.
Les narciffes d^Efpagne doubles ou Amples ^
fe cultivent comme les jaunes; on remarque mê-
me que cette culture leur convient fi bien , que
leurs fleurs en font toujours plus belles , & leurs
cayeux mieux nourris.
On déplante les narcifies tous les trois ans,
afin d’en féparer îes nouvelles produéHons , & de
îes changer de terre. Six jours après qu’fls font
déplantés on îes replante.
Nous avons encore le narcîjfe hïanc automnal }
Je trop grand chaud lui efl: contraire :il veut une
terre légère , & en petite quantité ; il füfBt qu’il y
foit enfoncé de trois doigts.
Le grand narcijfe d^Efpagne , dont Dodonée
fait mention , a la fleur pâle , jaune ou blanche,
à fix feuilles rangées en forme d’étoile : il lui faut
une terre médiocrement bonne , & une expofi*
tîon oii le foleil donne fuffifamment ; on le plante
quatre doigts avant en terre»
Fieî^rïste.
lorfque ce narcifTe commence à former fa
fleur , & que la partie dans laquelle elle eft renfer-
mée vient à s’enfler , il faut, le plus qu’il eftpoffî-
fele , le garantir de la pluie ^ & pour cela on porte
le pot qui le contient dans un endroit couvert &
fort aéré *, autrement ce narcifTe eft fujet à cre-
ver , & ne produit pour lors chofe qui vaille.
Le petit narcijje à fleurs doubles demande
prefque la même culture, excepté qu’on doit le
mettre trois doigts avant en terre , & dans un
lieu plus expofé à la pluie.
Le narciÿe incomparable , celui des Indes â
fleurs de lys , & de couleur rouge pâ^e , & quel-
ques autres narciffes , demandent en nos climats
prefque une même culture, c’eft-à-dire, une terre
à potager: on les plante en pleine terre ou en pots.
Le narcijfe â longue tête , & le narcijfe fauvage ^
demandent la même culture.
X. De la Nielle ou Nigdle»
T L y a trois fortes de nielles qu’on cultive, fa«
voir la nielle firnple , à larges feuilles & à gran-
des fleurs bleues , la nielle à petites feuilles & de
couleur blanche , & la nielle de Candie.
On feme la nielle dans les mois de Septembre &
Oâobre en pleine terre, couverte un peu de ter-
reau : on la tranfplante en Mars ou en Avril , fé-
lon que le plan a de force ; elle fleurit en Juillet.
Cette plante aime une terre graffe : la manière
defemer & de tranfplanter la nielle eft de même
f6 Le Jardinikr
que celle pour le pied-d’alouette. Voyez !a pag#
ÿi. La graihe de nielle eft anguleufe j petite, de
couleur noire ou jaune*
CMir iir 1 1 ii ii mm> .iii'MiriJWBtKtjeiiiiiii iniTwiii n 'tib— ieaBBBB
X 1. Dès Pavots^
E tous les pavots , donc il y en a beaucoup
d'efpcces , nous ne cultivons dans nos jar-
dins que ceux qui font doubles & de diverfes
couleurs*
On peut dire que les pavots font un très-beî
effet dans les jardins , par la variété & la beauté
de leurs couleurs.
De toutes les plantes qu’on cultive , i! n’y en
a point de plus aifées à gouverner que celle-ci ;
c’eü une plante annuelle que l’on feme aux mois
de Septembre , Odobre 8c Mars , dans des en-
droits où il faut qu’elle refte , parce que les pa-
vots ne fe tranfplantent point,
Lorfqu’on les feme , il faut prendre garde de
ne les point femer trop drus ; & fouvent , quelque
précaution qu’on ait prife, on voit que ces plants
îevent trop épais : pour lors il eft à propos d’en
arracher une partie.
Quelquefois , lorfqu’on néglige de recueillir îa
graine des pavots dans le temps , elle fe feme
d’eüe-même, & crcit très-bien : il faut avoir foin
de les farder quand ils font levés*
XII. Des Oreilles d^ours*
T ES oreilles d’ours font des plantes vivaces ,
“^qui fe perpétuent de femence , & par les œil-
letons
F I E ü R î s t 97
îecons. La graine fe feole au mois de Septembre
en cette maniéré.
Ayez des baquets , empîiiïez-fes d’une terre
compofee de terre à potager bien criblée, de
terreau de couche de terreau de fumier de Va-
che ; favoir , plus d’un quart de terre que de
terreau de couche , & plus d’un tiers de ce ter-
reau que de celui de vache,, le tout bien
mêlé enfemble.
Cela fait, uniffèz la fuperficîe de la terre avec
îa main , dreflèz des rayons fort légers & peu
profonds ,femez-y vos oreilles d’ours à claife-
Yoie , & les couvrez de terre avec la main.
Il faut arrofer la graine fi-tôt qu’elle efî en
terre, pour la faire germer bientôt; cet arrofe-
ment neanmoins doit être léger : enfuite on met
les baquets à l’ombre , où on les lailTe jufqu’à ce
qii’Üfoit temps de tranfplanter les oreilles d’ours.
On peut auffi les femer en pots.
Cette plante eft fix mois à lever , & davanta-
ge , puîfqu’on ne s’en apperçoit guère qu’à la fin
du mois de Mars ou au mois d’Avril , & quel-
quefois elle ne paroît que la fécondé année : c’efl
pourquoi il ne faut pas s’impatienter.
ta graine d’oreilles d’ours ainfi femée , n’eft
point fufceptible de froid ; elle peut paifer l’Hiver
fans danger, & cette maniera de multiplier cette
plante efl: une efpece de pépinière d’où l’on tire
le plant qui mérite d’être tranfplanté en pots : ce
qui fe connoît lorfque les jeunes oreilles d’ours
J. Partie^ B
98 Le J a k 0 I n î s r
fofit en fleurs. On choififlbit autrefois les pana««i
chées j mais par expérience on fait qu’elîes dégé-
nèrent, & qu’elles deviennent de la couleur de la
panache qui s’étend d’année en année.
A préfent les oreilles d’ours de couleur pure 9
qui font vives & brillantes , font les plus efli-
mées : les plus belles font veloutées. On en voit
fans velours de très-belles auffi , qui font farinées
& luftrées.
Comment gouverner les oreilles d^ours en gots :
maniéré de les y œilletonner.
Le temps d’œilletonner cette plante eft pouf
l’ordinaire lorfqu’elle eft fleurie. Voici ce qu’ü
faut obferver dans ce travail.
On prend une oreille d’ours , on la divife
en autant de parties qu’il y a d’œületons fur le
pied, après l’avoir découvert à force d’agiter le
pot , & d’en renverfer la terre lorfqu’eüe eft en
pouffiere , & non mouillée.
Les œilletons ne fe féparentpas toujours com-
me on le fouhaiteroît ; mais lorfque cela arrive
on partage le pied , qui eft une efpece de navet 9
avec un couteau : cette opération même eft la
plus fùre , parce que l’œilleton , qui ne peut fe
détacher autrement, n’eft point du tout endom-
magé , outre que par cette opération cet œille-
ton eft bien plus garni de racines que fi on vou-
loit la faire.avec la main. On aura foin de ména-
ger les boutons de la principale tige , qui font
refpérance des années fuivantes.
ï’iEtJRîS'rFà 99
îout œilleton eft bon à planter , pour peu
^gu’îl ait de racines : voici comme on le plante*
Prenez un pot plein de la terre dont on a parlé 5
pofez-y votre œilleton jufqu’au collet, obfervant
qu’il n’y ait que le collet & les feuilles qui fur-
paffènt ; mettez-les à l’ombre un mois durant,
après avoir arrofé amplement la plante : on l’ar-
rofe aufTi dans la fuite ; mais ces arrofements,
quoique fréquents , doivent être légers.
L’oreiîle d’ours fe met non-feulement en pot ^
mais auffi dans de petites plates-bandes , ou dans
des pièces découpées , parmi des fleurs de la belle
efpece.
Ohfervations.
îlorfqu’on feme les oreilles d’ours, il faut tout-
jours choifir la meilleure graine & des plus belles
efpeces , comme , par exemple , des veloutées ,
ou des bizarres.
L’oreille d’ours , comme on l’a déjà die , aime
le frais *, ainfi i! faut y porter tous les pots du-
rant les grandes chaleurs, & les remettre en Au-
tomne où ils étoienc la première fois.
Il faut en Hiver mettre toutes les oreilles d’ours
au midi & au foleil : elles en valent mieux , &
cela empêche qu’elles ne pourrifTent.
Mais fl , quelque foin qu’on ait pris après To-
reille d’ours, il y en avoit qui fulfent atteintes
de pourriture , il faudroit en ôter les feuilles
pourries , crainte que ce mal ne fe communique
E a
100 Lê jARDiNÎ^R
âu refie du pied. Quoiqu’on ait dit que l’oreîlfe
d’ours , dcanî femée , ne craignoic point le froide
il efl bon néanmoins , lorfque les œilletons font
plantés , de les mettre en un lieu qui en foit à cou-
vert.
De la beauté des oreilles d^ours*
On fait cas d’une oreille d’ours qui a la fane
bafiè , la tige fort épaiffe & proportionnée à fa
fleur ; les cloches faifant le bouquet , fans trop
pencher ; la fleur large & bien étoffée , fans avoir
les feuilles frifées ; le picot caché , les paillettes
rangées a l’entrée en forme de foleil , & enfin
l’œil bien ouvert & toujours fec.
On lé répété , les oreilles d’ours les plus efli-
niées font les bizarres , les veloutées & les luf-
trées. Heureux îe Flenrifte qui, après avoir femé
des oreilles d’ours , en gagne de celles qui ont
deux ou trois cloches les unes fur les autres, &
dont la tige efl; garnie de beaucoup de clochettes,
XIII. De Vargémone*
^ ’argémone efl une efpece de pavot , c’eft
e
pourquoi il y en a qui l’appellent pavot épi-
neiix*
Cette plante fe multiplie de graine fur plan-
che , garnie de terre bien meuble & bien amen-
dée ; il faut la feîner à claire-voie en Septembre
ou Oâobre- Les jeunes plants veulent être far-
cies & arrofés dans le befoin ; s’ils croilfent trop
drus , éclaircifféz-les , & les foignez toujouri
Pleüristé* tùt
joftju’à ce qu’ils foient affez forts pour être tranf»
plantés,
C’eft au mois d’ Avril que fe fait cet ouvrage :
on met les argémones en plates-bandes; cette
fieur étant rranfpîanîée, on Farrofe d’abord pour
en faciliter la reprife.
X î V» Da mufle de veau ou de lion , eu
anîhirinum»
T E mufle de lion eft une fleur de la moyenne
^ efpece , qui fait un très -bel effet dans !e mi-
lieu des plates-bandes.
Elle fe feme dans ks mois de Septembre & Oc-
tobre y & fe îranfpîante en Avril : i! en faut bien
eboifir !a graine , & îa couvrir de terreau îorf-
qu’elle eft femée.
Oo feme îe mufle de lion à plein diamp & à
claire-voie 5 î! en vaut mieux ; iî faut Farrofer
dans le temps ^ & !e farder foigoeufement : fa
femence eft petite & noire.
On peut faire fleurir plufieurs mois de fuite Fe
mufle de lion ^ en coupant fa tige quand la fleur
eft paiïee.
X V. Du fouets
N feme les foucis en pleine terre dans îe mois
de Mars ^ quelques-uns veulent qu’on les
feme dans les mois de Septembre & Odobre;
mais la première méthode eft plus fûre : étant
femés , on leur donne les foins ordinaires , c’eft^
El
101 lïjAIlBîKïEm
à-dire , on les arrofe & on les farcie dans le be<*
foin. Le fouci eft une plante annuelle.
ta réglé générale pour femer les fleurs , en
quelque faifon que ce puiffe être , eft d’avoir
toujours de petits endroits deftinés à ces fortes
d’ouvrages, tels que peut être une melonniere ou
queîqu’autre lieu fermé.
Quoique le fouci par fon odeur ne foit pas une
fleur agréable, il ne laiffe pas néanmoins de pro-
duire un bel effet dans les plates-bandes des par-
terres.
XVI. Des immortelles.
N feme les immortelles en Septembre & Oc-
tobre , en pleine terre & fur couche : la
graine s’y jette à plein champ ou en rayons. Ceft
une plante annuelle : on en peut femer en Mars.
Quand les immortelles font levées , on les arrofe
îégérement : il eft bon de garantir les jeunes
plants du froid , qui pourroit les incommoder.
Le mois de Mars eft le temps de tranfplanter
les immortelles , fi le plant eft aflez fort j finon
on attendra plus tard.
L’immortelle eft une fleur de la moyenne ef--
pece , qui garnit fort agréablement, avec d’au-
tres , les plates-bandes d’un parterre & autres^
pièces de jardins fpacieux. Gette fleur fe conferve
long -temps fans fe flétrir ; c’eft pourquoi on
l’appelle immortelle»
ïl y a encore une efpece d’immortelle que roa
FtEORîSTÉ. 103
appelle houtoîi d’or ; elle fe multiplie de îx)utüre
dans le mois d’Avriî ; elle demande une bonne
terre & une belle expofition : il faut la préferver
des gelées pendant l’Hiver.
XVII. Des campanulîes»
HT ES campanuîles que nous cultivons font de
deux fortes ; favoir , celle à racines de rai»
ponfe 5 & l’autre à fleur blanche obîongue : ces
fleurs ont leur agrément particulier le long des
murs d’une cour ou d’un jardin.
La campanulle aime une terre à potager ; elle
fe multiplie de graine qu’il faut femer à claire»
voie. C’efl au mois de Septembre ou Oéîobre que
cela fe fait : on en feme quelquefois a demeurer;
pour lors, quand les plants font levés, on en ar-
rache la plus grande partie , afin que ce qui reffe
-croiflè mieux, & donne de plus befes fleurs.
Si on feme les campanuües pour être tranfplan-
.têts , on attend qu’elles foient afîez fortes, puis on
les plante , fe’on les reg!e,s du jardinage : on aura
foin de les arrôfer & de les farder dans le befoin»
Commela c mpanulle s’élève trop haut, & que
fes tiges font trop foibles pour fe foutenir d’elles-
mêmes , on fiche de petites baguettes en terre pour
leur fervir d’appui, & le long defquelles ces tiges
montent, garnies de leurs feuilles & de leurs fleurs.
Cette plante efl: vivace , & dure long-temps après
qu’on Ta femée ; fa graine eft menue , de couleur
rouflatre & luifante.
E 4
X04 Ljb / ardinîèk
X V 1 1 î. Ves Œillets de Poé'tes»
N GQîînç plufieiirs noms à cette fleur : les uns
la connoifîènt fous celui èdaillet de Poëcej
les autres rappellent la hyacinthe des Poètes , d’au-
tres la hyacinthe de Confiantinople ; mais , quoi
qu’il en foit , on peut dire que cette plante , qui
efl de moyenne efpece , fait un très-bel effet dans
îe milieu d’une pkte-bande de parterre ou autres
pièces de jardin.
L’œillet des Poëtes fe perpétue de trois maniè-
res j favoir, de graine de rejettons éclatés avec
racines , & de bouture.
La maniéré élever de graine les œillets de Poètes.
Cette plante fe feme en Septembre & Odobrcj^
fur couche ou fur quelque bouc de planche cou-
vert de terreau ; la graine fe jette à plein champ
ou dans de petits* rayons tirés au cordeau : on îa
couvre aufli-tot avec la main ou avec le rateau.
Lorfque îe plant efl levé on l’arrofe dans le befoin,
& on îa farcie de même.
Pour faire enforte que ces plantes paflent ainfî
FHiver fans danger , on ks couvre de grande paille
ou de grand fumier fec ^ ôn les découvre lorfque
le temps efl: adouci , & lorfqu’ils font aflfez forts
pour être tranfplantés ; ce qui arrive à la fin de
Mars ou au commencement d’ Avril , qu’on fe
met en devoir de le faire.
On feme encore des œillets de Poëres fur cour
che dans les mois de Février & de Mars ^ ces plantit
Fleuriste. ïO$
âinü mis, veulent être garantis du froid, & être
arrofés quand on le juge à propos.
De la maniéré de multiplier les œillets dcF actes
par rejetions^
Les œillets de Poëces aiment une bonne terre à
potager, comme on a dit \ cela fuppofé , & lorf-
que les pieds d’œillets plantés d’un an ou de deux
ont affez pullulé , on les déplante doucement avec
une houlette , puis on en ôte tout ce qui paroiü
mort.
Enfuite , on en prend une touffe , on en fépare
les rejettons ; cela fait , on les plante jufqu’à l’œil
qui paroîc verd : il faut prefTer la terre contre
pour en faciliter la reprife. On les arrofe , puis
on les îaiiTe agir jufqu’à ce qu’ils demandent de
nouveaux foins.
Cette plante.reprend.aifément quand on la planè-
te ; i! fufïït qu’elle ait trois ou quatre filets de ra«
cines : c’èfl: en Automne , ou , fi Ton veut , au
commencement du Printemps , que fe fait cet ou«»
vrage , & qu’on en plante auflî de bouture em
cette maniéré.
Comment multiplier lès œillets des Poe tes pat
bouture^.
îî faut avoir dès baquets ou des pots , les
plir d’une terre à potager bien criblée & mê'é^
avec moitié de terreau ., puis on prend les rejetf*
tons qu’on a^arrachés de la mere fouche , on îeiï
fehe en terre jufqu’à moitié de leur longueur^.
B
lo6 L K J A R D I N r B H
Cela fait, on prefTe la terre contre , puis on îél
arrofe ; enfuite on porte ces pots ou ces baquets à
l’ombre, jufqu’àce que ces boutures donnent des
marques de leur reprife ; & , lorfqu’on voit qu’elles
commencent à pouffer , on les e^pofe petit à petit:
au foleü.
Les œillets de Poetes qu’on multiplie ainfi , ne
font dans ces baquets que comme dans une efpece
de pépinière , d’où on les tire pour les tranfporter
ailleurs ; ce qui fe fait quand la fleur eft paffée.
Les œillets de Foëte fervent d’un très-bel or-
nement dans des plates-bandes de parterres , ou
dans d’autres pièces de jardin : on en plante aulîi<
en pots , où ils n’ont guère moins d’agrément. La
graine de cette plante eft prefque ronde & de cou=-
îéur noire> I
XÎX. Du cyclamen o\x pain- de-pourceau.
Y î, y a deux efpeces de cyclamen , le printanier
J. & l’automnaî ; cette plante croit beaucoup en
Allemagne , en France , & du côté de Conftanti-
nopîe. On en voit qui ont de l’odeur, & d’autres
qui n’en ont point. Il y a le grand cyclamen & le
petit.
On voit des cyclamens printaniers dont les
feuilles rondes, marquetées, & dont la fleur
eft rouge & odoriférante ; quelques-uns font à
longues feuilles & à fleur blanche , d’autres à fleur
jaune , & d^auîres à feuilles de violette & à fleur
pâle.
F L I W R î s- ’T ïe- Î07
tes cyclamens d’ Automne ont la fleur rouge ,
îà racine ronde & large comme la main , & Tentent
très-boUo cyclamen de Confl&ntinople fleurit
en cette faifon ; fa fleur eft femblable à celle du
lierre : il donne vingt fleurs à la fois dès la pre-
mière année; la fécondé cinq^iante ,& latroifieme
deux cents ; mais elles n’ont point d’odeur. Le
cyclamen Allemagne a des feuilles rouges , fans
©deur. Il y en a d’autres qui font incarnats, &
d’autres qui font blancs. Venons à la culture.
Lescyclamensviennentdefemence : celuid’ Au-
tomne fe femeen Septembre ou Oâobre, & îe prin-
tanier au mois de Mars : on les feme en pots rem-
plis d’une terre fort légère & mêlée de terreau.
La graine de cyclamen u’eft bonne à femer , que
îorfqu’eüe eft parvenue à fa maturité parfaite ; on
ne la recueille auffi que îorfque les feuilles de cette
plante font tombées , &que îe pédicule étant tout
détorrîlîéj le fruit qui contient cette graine, s’ou-
vre de lui-même. On prend cette graine , qu’on
enfonce un doigt en terre , à deux doigts de dif-<
tance l’un de l’autre.
Quand les cyclamens font femés , on les expofe*
au folei! , & on les arrofe ; ce qu’il y a de particulier
dans la produdion des cyclamens , eft qu’ils com-*
Riencent d’abord à donner des bulbes, puis des
fleurs.
Les cyclamens ne tranfpîantent que trois ans>
après qu’ils ont été Ternes ; on les met en pot
qu’on emplit de.bonne terre : plus les pots fonê:
E â.
loS Lu Jardinier
grands , plus ils s’y étendent , & plus ils prodîil«»
fent de fleurs & des plus belles.
Le cyclamen automnal fe plaît un peu à l’ombre
il y fleurit mieux : pour celui du Printemps , il
demandeJe grand air & une expofition où le foleil
donne à plomb , à caufe qu’il commence à don-
ner fes fleurs à la fin de l’Hiver ^ ou cet aftre n’a
encore qu’une foible puiflânce fur les végétaux.
Si le cyclamen planté en pot a pouffé beaucoup,
de maniéré qu’il y foit trop à l’étroit , & qu’il s’é?
tiole , on le déplantera pour lui donner un plus
grandpot &une nouvelle terre, oîi troevantbeau-
coup de fels ^ il croîtra à merveille , & donnera
de très-belles fleurs..
II faut bien fe donner de garde , lorfqu’on dé-
plante ainfi les cyclamens , d’ôter la terre qui erk-
vironne les racines ; elle les retarde de beaucoup.:
il faut les lever en motte..
Outre la graine dont on fe fert pour multiplier
les cyclamens, on en plante encore de racines écla-
tées ; un pied fuffit pour en donner d’autres , parce
que c’eft une plante vivace.
Pour les multiplier de cette maniéré , il faut les
arracher promptement ; & , fi«tôt que les feuilles
font tombées, on les partage avec un couteau ,de
maniéré qun chaque partie coupée il y refte tou-
jours un œil qui ne foit point endommagé : on aura
foin après de les mettre dans un lieu frais & fec,.
jufqu’à ce qu’étant deflechés il paroiffè fur rinci-
fion une efpece de caîus*
¥ L t V K t s T E.
Cela obfervé , on couvre incontinent cette,
plaie avec- de la térébenthine ou. de la cire d’Ef-
pagne, puis on les replante auffi-tôt , ayant at-
tention de les garnir d’un peu de terre légère oa
dé terreau yenfuite on achevé d’emplir le pot d’une
bonne terre , fans les arrofer , parce queJes cydai»
mens n’ont pas befoin d’eau qu’ils ne commen-
cent à- poufTer. Les cyclamens tiennent fort bien
leur place dans de petites plates-bandes ou dans
des découpés de parterre , mêlés de Heur de la
baffe efpeceo La graine de cyclamen eft oblongue*..
X'X, De la giroflée jaunco
N compte de deux efpeces de giroflées
nés , la Jimple & la double. : la première fé
multiplie de graine , & fe, feme au mois de Sep^'
tembre furterre ^.ainfi qu’on la trouvea Cette ffeur
croît aifément par-tout y on ea.voit même fur les
vieilles murailles.
Cependant , lorfqu’on îa cultive j il eiî conP*
tant qu’elle devient plu5. belle relie fertd’un orne-
ment affez agréable dans les parterres & autres pic*
ces de jardin. On la tranfplante comme les autres
fleurs ; & pour peu ,, après cela ^ qu’on la tienne
nette des méchantes herbes , elle produit d’affe^
belles fleurs , dont Fodear efî agrértble#..
De là giroflée jaune dau^le^
Cette efpece de giroflée, qui a î’odeurfort agréa-
ble multiplie de marcottes y & pour ceîa
tro Le jARrrrNtERr
choifit les plus beaux brins qu’on couche ; on les
arrête avec un petit crochet de bois qu’on fiche
én terre , puis on les couvre de terre & un pea
d’eau par-defTiis.
On marcotte la giroflée jaune à la fin du mois
de Mai , ou dans celui de Juin , lorfque la fleur
eft paflee.
Lorfque ces marcottes font faites, elles reftent en
terre jufq[u’en Septembre ou Ofiobre , qu’on les
îeve pour les mettre en pleine terre ou en pots.
Si on les plante au milieu des plates-bandes de
parterre ou autres pièces de jardin, la terre, pour
peu qu’elle foit bonne & bien ameublie , leur con-
viendra toujours affez : fi on les plante en pots, il
fiiffira d’y mettre deux tiers de terre ordinaire
criblée , & un tiers de terreau.
On porte cette giroflée dans la ferre , crainte-
que le grand froid ne la détruife ; cefles qui font
en pleine terre reflent ainfi expofées à l’air & à la.
gelée , à laquelle elles refifieront toujours , à moins
qu’elle ne foit exceflîve.
Comment multiplier de bouture les giroflées} aunes^
On peut encore multiplier cette plante par le fe-
cours des boutures , qui ne font autre chofe que
des rameaux de cette plante , coupés fans racines
furie maître-pied , après que la fleur en efl palTee®
Ges rameaux doivent être choifis bien nourris,,
fèn s aucune altération : cela observé, on prend
desi^aquets ou des pots remplis de terre, cribîéa
T t n V R r s t e
TïV.
ët d’un peu de terreau fur h fuperficie , puis on fi-
che ces boutures jufqu’à moitié de leur longueur :
on prefle la terre , & on les arrofe pour en facili-
ter la reprife ; après quoi on les porte à l’ombre s>
jufqu’à ce qu’on voie qu’elles commencent à agir j
& pour lors on les expofe au foîeil.
Le temps de planter ces boutures eft celui qu’on
prend pour les marcottes ; & , quand ces boutures
font reprifes , on les tranfplante à demeurer où om
le juge à proposo
XXL Des iris.
N en compte de di verfes fortes ; r/mbiilbeux^
& les autres qui ne le font pas. Les premiers
fonten plus grand nombre, & beaucoup différents 9
fes uns ont les feuilles larges , les autres étroi-
tes : ceux-ci ont de Fodeur , ceux-là ne fentenfc
rien ; on en voit de gros & de petits à flèur
blanche , jaune , rouge , ou de couleur cendrée^
Entre ces iris on n’en fera mention ici que de
deux efpeces , dont l’une eft à larges feuilles ^ &
l’autre à petites feudle s.
Sous les premiers on comprend Viris à petite
tige fleur rouge , & un autre de même hauteur ^
qui eft bleu ; il y en a encore un à fleur blanche^.
'L^iris dont la tige eft garnie prefque tour du
îong , a la fleur bleue ; on en voit un autre à tige
pareille ^ qui eft d’un rouge citronné ^ & un au--
Des iris bulbeux
txz L K J A R D r N I E K
tre à fleur blanchâtre , qui vient d’Angleterre*
Des iris bulbeux à eûtes feuilles*
Parmi ces efpeces d’iris , il y en a un qui efl: de
plufieurs couleurs ; on en voit un autre de même
nature 5 mais qui différé du premier en ce qu’il efl
plus rameux : cet iris donne deux ou trois fleurs ,
& quelquefois davantage.
Nous avons le grand iris jaune ; & l’iris fans
odeur 5 qui efl de même couleur , hors qu’il eft
plus petit : il y a Viris de couleur bleue , un autre
qui efl rouge ^ & un autre rouge St violet.
Il y a encore Yiris tuhéreux ; il fleurit plutôt
que les autres, & eft couleur de verdfoncé.-
Outre ces iris, on en cultive encore d’autres qui
tirent leurs noms des lieux d’où ils fontvenus ori-
ginairement.
Des iris bulbeux à larges feuilles.
Parmi tous ces iris , nous avons l’im de Luf*
tank h double fleur ; il a l’odeur fort douce.
'Lûris de Florence à double fleur & de couleurs
blanche; il a fon mérite..
Jliris étranger Si Viris de Cahédoine\ grande
fleur blanche , tirant fur le brun,
iris de Conft antino pie à. double fleur , & le
petit iris de Damas à fleur femblable,
Viris de Perfe'â fleur tirantun peu fur le blevL^
le grand. iris de D^mas à fleur bleue.,
'LÛris rouge Sc Viris d^ Allemagne de couleur
bleue,. C’eft.afTez parler d'iris &. de leu? diffé-
rerice j venons à la culture»
F l, B U B î s T E. 313
tes iris fe multiplient de graine & d’oignons;
cette graine fe recueÜ’e au mois de Juillet , qui eft
le temps de fa maturité, 8c on la feme au mois de
Septembre, fur couche, bien labourée & couverte
d\in doigt de terreau* I! faut femer les irisa daire-
voie ; les bulbes en croiffent plus belles, & les ra^
cînes de ceux qui n’en ont point en font mieux
nourries. Cette graine fe jette à plein champ, ou
en rayons tirés au cordeau : on ne peut attendre
de fleurs des iris bulbeux, que quatre ans après
qu’ils ont été femés; au lieu que îe^ autres ne font
que deux ans à en donner, ou trois ans au plus tard.
Jurqii’a ce que les irisaiofl fem'és noos dooîieoî
des fleurs , il ne faut point négliger de les farder
& arrofer duraot les fédierelTes,.
De la mamcrc de planter les iris»
Uiris fofôeur fe plaîtdaos une terre îégere; iî
faut Vy enfoncer trois doigts.
Les iris à racines vetiîent une terre maigre i
on ne les plante qu’à deux doigts de profoodeiir.
On éloigne les premiers à quatre doigts de dif-
tance Tun de Tautre , & ceux-ci à un empan*
Le foîeil ne convient guère aux iris bulbeux ,
au lieu que ceux qui ne. îe font pas s’y plaifent
beaucoup.
Le véritable temps d.e déplanter les iris efi: fur
la fin du mois de Juillet, trois ans après qu’ils ont
été plantés ; on les replante au mois de Septembre*
il y a des iris qui ne portent point de graines ^
Îî4 L Ê Jarbîwîer
c’eft pourquoi on les multiplie de racines qu^oîî
éclate, & qu’on replante incontinent dans le mois
de Mars.
Quant aux iris de Perfe , on îes plante trois
doigts avant en terre , dans un fonds médiocre-
ment bon , & un endroit expofé au foleil : ces
iris ont befoin de chaleur pour agir. Tous les iris
font un très-bel effet dans les parterres ou d'au-
tres pièces de jardin.
Quand on plante les iris bulbeux , il eft bon
d’obferver que leurs grolTes racines foient bien
écartées , & de ne point les rompre en les déplan-
tant, cela leur efl très - préjudiciable. Il ne faut
point les déplanter qu’on ne veuille en féparer le
peuple qui y a cru , & les replanter aufli«tôt: c’efl
au mois de Septembre que fe fait ce travail.
JDe certains termes dont onfe fert lorfqu^on parle
des iris bulbeux.
Il faut favoir que la fleur de ces iris eft com-
pofée de neuf^ feuilles ; les extrémités de celles
qui penchent s’appellent celles qui s’é-
levant en haut font dites langues , parce qu’elles
en ont en quelque façon la figure ; ôc les trois qui
font droites & élevées au-deiTus des autres fe
nomment étendards ou voiles : mais , pour mieux
démêler toutes ces parties, il femble que la figure
d’im iris bulbeux ne fera point hors de propos.
li
i
FtEÜRïSTÏ, llf I
Figure d’un Iris bulbeux,
A , font les mentons ; B , les langues ; C , les |
i^tendards ou voiles.
Iî6 Lfi Jardinisb
XXÎL Des Juliennes^ autrement dites G/rq/ZeVj
Angleterre*
Y $s juliennes viennent de graine , & fe fement
Slj au mois de Septembre ou d’Odobre , fur
planche , couverte d’un doigt de terreau ; on en
feme auffi en pots remplis d’une terre à pota-
ger , mêlee d’un peu de terreau*
Lorfque les juliennes font levées , on a foin de
les farder ; on en feme auffi au mois de Mars fur
couche : elles font afîèz fortes pour être tranf-
pîantées fur la fin d’Avriî , ainfi que celles qui
ont été femées en Automne.
Il ne faut pas attendre , la première année ,
que les julienj^es donnent beaucoup de fleurs , ni
qu’elles foieht belles ; il fuffit qu’elles aient repris
pour que dans la fuite elles produifent ce que
nous en attendons.
De la maniéré d^élever les Juliennes de plant
enracine*
Voici une méthode bien plus courte que la
précédente ; elle ne fe pratique guere que fur les
juliennes qui ont -beaucoup pullulé en pied ; ce
qui arrive au bout de deux ou trois ans.
Pour faire cette opération dans l’ordre , ois
prend une bcche , avec laquelle on leve de terre
le pied de juliennequ’on veut éclater; on prend ce
pied , on en cônfidere bien toutesles parties , ois
ks édate Tune après l’autre ^ de maniéré qu’elîas
FtÈüRïSfs. 117
fbient toutes garnies d’un peu de chevelu ; en-
fuite on prend ces plants , qu’on plante avec un
plantoir dans un endroit à demeurer , foit plates-
bandes de parterre ou autres compartiments de
jardin. Quand les juliennes font plantées, i! faut
les arrofer incontinent pour en faciliter la reprife.
Comment avoir des Juliennes de boutures^
Cela fe fait lorfque la fleur efl: paflTée : voici
comment. On coupe les branches qui la portoient^
& proche le pied ; on les fiche en terre , obfer-
vant de laiffer trois yeux au-deiTus : cela fait , on
prefle la terre contre ce plant , on l’arrofe , puis
on l’ombrage durant fept ou huit jours , fi ces
boutures font en pleine terre ; fi elles font plan-
tées dans des pots ou des baquets, on les porte à
î’ombre , d’où on ne les ôte point qu’elles ne
commencent à donner des marques de leur re-
prife. îl leur faut une terre graife , renouvel'ée
tous les ans.
Après cela , & lorfque les boutures font en
état d’étre replantées , ce qui fe pratique pour
l’ordinaire l’année fuivante , on les met où l’on
fouhaife , & félon la réglé du jardinage. C’efl
une plante vivace.
X X I î î. Du Moly ou Rut fauvage»
TL y a deux efpeces de moly , favoir , le moly à
^larges feuilles ^ & le moly à petites feuilles l
la prem ere efpece fe fubdivife encore en d’autres
efpeces que voici.
liS Le Jardinier
Le moJy à feuille & à fleurs de lys, & de cou*»
leur blanche ; le moly d* Afrique à fleur rouge ^
& qui tombe en ombelle ; le moîy à fleur refuge ;
le moly des Indes , & le moly dŒf pagne à large
feuille & à fleur rouge.
Le moly efl: une fleur qui produit un effet très*-
joli dans un jardin : la culture en efl: facile ; il fe
multiplie de bulbes, & croît bien en toute forte
de terre , pour peu qu’elle foit ameublie.
Tout ce qu’il y a à obferver en cultivant cette
plante , c’efl de la placer dans un endroit où elle
puifle flatter la vue : les Jardiniers bien entendus
favent bien lui ménager cette plite.
Comme cette bulbe Jette de profondes racines,
on Parrache tous les deux ans; on en fépare le
peuple, dont on fe fèrt pour multiplier la plante.
On peut , fl on veut , en planter dans des pots ,
qu’on mêle parmi d’autres fleurs mifes en amphi-
théâtre.
X X î V. Des Hyacinthes^
U ÀRMi les plantes bulbeufes , les hyacinthes ne
font pas celles qui ont le moins d’agrément
dans les jardins ; il y en a de tant d’efpeces diffé-
rentes & de couleurs diverfes , qu’il femble que
la nature fe foit plu à les former ainfi pour les y
faire paroître avec plus d’éclat.
Lifte des Hyacinthes.
La hyacinthe à plufteurs couleurs efl une des bel-
F £ E 0 R ï § T E» ÎT9
îes fleurs qu’il y ait ; fes feuilles reffèrablent à
celles du poireau : fes fleurs naiflent en forme de
petits godets , & lorfqu’elles font éclofes elles
font renverfees, & repréfentent ainfiune efpece
de lys. Cette hyacinthe donne beaucoup de fleurs
le long de fa tige.
La hyacinthe orientale : elle a les feuilles gran-
des & graffes au toucher ; fa tige eft plus groflè
que celle des autres , & fes fleurs font plus lar-
ges ; fa tige a une double tête, dont Tune donne
plus de fleurs que la grande hyacinthe, & l’autre
qui en eft moins chargée.
La hyacinthe Hiver a la fleur bleue & odorifé-
ranteron VcippQWeautrGment hyacinthe printanière^
La hyacinthe de Conflantinople efl: bleue & fort
odoriférante ; fes fleurs font plus grandes que
celle de la précédente : elle fleurit au mois de Mars.
La hyacinthe violette différé des autres par plu-
fleiirs petites marques placées entredeux ; fa fleur
eft médiocre , & a la figure plutôt d’un tuyau
que d’une fleur.
hyacinthe cendrée eft un peu pâle. La hyacin^
the rougeâtre , appellée ainfi à caufe de fon tuyau
qui eft de cette couleur ; fa bulbe eft longuette ,
& d’une fubftance fort tendre, d’où vienr bien
fouvent qu’elle pourrit dans le bas.
La hyacinthe polianthe blanche eft une hyacin-
the tardive , & qui porte des fleurs d’un rouge blan-
châtre.
La hyacinthe polianthe violette jette des feuilles
femblables à de petites bj^ndelettes vertes : elle eft
XM Jardinier
fu jette à fe gâter , à caufe qu’elle pouffe fes buî-*
bes tout en bas»
Lakyacintke bleue ,couhut de romarin , fleurit
moins que la printanière 5 mais beaucoup plus
que la tardive , & a la tige bien plus groffe.
La hyacinthe violette eft d’une beauté finguîiere:
on hyacinthe à raijin , parce qu'elle donne
fes fleurs en grappe ; fa bulbe efl: pour l’ordinaire
très- médiocre , ronde en quelques endroits , &
rougeâtre.
La hyacinthe rofe à grande flcur^ & îa bleue,
n’ont aucune marque qui les diflingue des autres.
La hyacinthe d^Ef pagne tardive ; fa fleur eft
petite & fans odeur ; ii y en a de bleue & de blan-
che , qui fleuriflent avec un épi long comme la
paume de la main.
La hyacinthe polianthe étoilée a les feuilles
épaiffes : elle produit quantité de petites fleurs ,
tantôt bleues, tantôt d’un bleu violet , lorfqu’elles
penchent ; tantôt blanches , & tantôt d'un blanc
brun , s’ouvrant en forme d’étoile. Cette hyacin-
the a labulbe grande, elle devicntbrune îorfqu’elle
efl à l’air , & a fous fa première tunique une ef-
pece de petit coton.
La hyacinthe de Calcédoine , autrement dite
hyacinthe de Turquie y a beaucoup d’odeur; feS
fleurs font fort agréables , & naiffent en maniéré
de petits brocs , tantôt blanchâtres , difpofées
enraifin ; fa bulbe pouffe beaucoup en terre.
J^tkhyacinthe polianthe à raijin : il y en a de deux
efpeces ^
W t n ü K t s f Eè ïit
tfpeces 9 Fune à fleur blanche & fans oâeur , &
Faufre de Coüleur pourpre mêlée : on l’appelle
encore la hyâéintkc Italie ; ellê produit quan-*
thé de cayeux.
LtLkyacintAëde Siefitie a beaücîotîp de feüiîîes;
elle reflèmbie à un cyprès f fes fleurs font gre-
nues , fines comme des cheveux , très-tendres &
fragiles, fe courbaoc diverfement en rameaux 5 fa
tige eft comme verte , fort mince, ronde , toute
unie , ligneufe: elle s’élève au - deffirs desfeuillesg,
fort longues & un peu caves; fes fleurs font de dif*^
férentes couleurs , compofées chacune d’une feule
feuille , divifée en fix parties en maniéré de cloche®
Voilà la defcription de la plus grande partie
des hyacinthes " voici à préfent leur culture.
Comme il y a plufieurs efpeces de hyacinthes,
il eft bon d’en orner les parterres le plus qu’il eft
poflibîe , afin que , par la variété de leurs cou-
leurs , & les diverfes faifons dans lefquelîes elles
fleurilTent , ces parterres paroiflent toujours
agréables à la vue.
Les hyacinthes fe multiplient de graines; les
bulbes qui en proviennent ne donnent des fleurs
que la quatrième année ; & ne naiiTent j^as tou-
jours avec les couleurs des hyacinthes dont la
graine a été tirée ; car fouvenî d’une blanche il
en naît une rouge , 3c d’Une rouge une blanche :
ainfi du refte.
Comment gouverner tes Oigjîons de hyacinthes*
Lorfque les bulbes dout on veut emplir un
I# Partie^ F
îix Le Jardinier
parterre font des bulbes qui proviennent de graî-*
ne , on a dû , en les femant , avoir marqué i’ef-
pece , afin qu’en étant certain , on puiffe les trai-
ter conformément à leur nature,
La plupart des hyacinthes aiment !e grand fo-
feil. îl eft bon de les mettre dans des pièces fépa-
rées des autres fleurs.
On en peut mettre aufli au long des plates-
bandes, entremêlées de narcÜTes & de tulipes.
On les plante fur des alignements , quatre
doigts âvanfen terre, & de pareille diflance l’une
de l’autre : voilà pour les grofles bulbes ; voici
pour les petites.
On les plante deux ou trois doigts en terre ;
& , pour maxime générale, il faut que les hyacin-
thes y reftent quatre ans avant qu’on les déplan-
te , à moins qu’on ne remarque qu’elles donnent
trop de cayeux ; & que par-là les fleurs en fouf-
frent , & ne faifent rien qui vaille.
Du Bleu poUanthe*
Cette hyacinthe demande une terre bien criblée
& fubflantielle, ou moitié de terre à potager &
moitié terreau , dont on la couvrira fi-tôt qu’elle
fera plantée , parce qu’elle donne pour lors plus
de fleurs & moins de cayeux , dont il faut dé-
charger cette hyacinthe tous les deux ans , afin
que le maître oignon profite davantage.
De la hyacinthe blanche hâtive*
Une terre ordinaire convient aflèz à cette hya-
FcEüRisfE. îaj
ilntlie ;iî faut aiifli tous les deux ans la décharger
de fes cayeux ; fes fleurs ên naiflènt plus belles^
De la hyacinthe blanche tardive^
Toutes les hyacinthes tardives veulent uînê
terre légère ; il faut planter les oignons quatre
doigts avant en terre , & les déplanter tous les
deux ans ÿ fl -tôt que leurs feuilles font feches i
autrement ils courroient rifqiie de pourrir^
De la hyacinthe verte à couleur vertes
Cette hyacinthe eft fi délicate , que la moindre
trdeur du foleil i’altere , c’eft pourquoi il faut
fen garantir ; fans cette précaution , fa couleur
ordinaire devient pâle-cendré.
De la hyacinthe à ràijîn»
Cette hyacinthe demande une terre à potager
bien meuble , beaucoup de foleil ; il faut la plan*
ter à cinq doigts de profondeur.
De la hyacinthe dŒfpàgne tardive.
On doit lui donner une bonne terre , & peu de
foleil , & la mettre feulement trois doigts avant
en terre.
De la hyacinthe étoilée.
On donne à cette hyacinthe une bonne terre â
potager , & une expofition où le foleil donne mé-
diocrement. Elle a l’oignon fort gros & très-fer-
tile en cayeux ; on la plante à quatre doigts de
diftance , & fur la fin du mois de Juin.
F a
Î24 Le Jardinïkh
De lu hyacinthe de C onfl antino pi e<»
Une terre graffe & un peu de foleil conviennent
très - bien à cette hyacinthe ; on la plante deux
doigts avant en terre , & à quatre doigts de dif-
tance :elle veut être rarement déplantée ; & pour
lors i! faut en tondre les racines , en retrancher
celles qui paroiflènt mortes ou altérées. A peine
ed-elle déplantée qu’on doit aufTi-tôt la replan-
ter , finon elle rifque de ne rien valoir.
Et pour lui faire prendre un bel accroiffement,
il faut J fi-tôt que fes premières feuilles paroif-
fent , garnir l’oignon d’une terre maigre , &
prendre garde de ne point endommager les racines»
De la hyacinthe polianthe des Indes^
Cette hyacinthe veut une terre légère, remplie
néanmoins de beaucoup de fels. Elle fe plaît au
grand foleil , & demande que durant l’Eté on
Farrofe fort fouvent & amplement.
Cette plante vient également bien en pleine
terre & en pot : dans le premier cas , elle donne
plus de cayeux , & plus de fleurs dans le fécond ;
& comme cette hyacinthe pullule beaucoup en
pied , il faut , quand on la plante , la mettre dans
un trou de la largeur de la main , enfoncée de
quatre doigts en terre ; & lorfque l’Hiver ap-
proche , on tranfporte cette hyacinthe , fi elle efl
en pot, dans un lieu couvert, où le vent ne don-
ne point : on la déplante au mois d’ Avril , pour
en ôter le peuple , & en rafraîçhir les racines.
F I E ü R ï s T Eé
Jdéthoit pour élever les hyacinthes de graine^
La graine de hyacinthe fe recueille lorfqu’elle
ett mûre , & cette maturité fe connoît quand les
capfules qui îa renferment s’ouvrent ^ & qn’on
voit cette graine de couleur noire* On la garde
jufqu’au mois de Septembre ou d’Oâobre , qui
eft îa faifon de la femer. On a cette femence bien
nourrie 5 lorfqu’on choifit de deiTus la plante la
plus belle tige & la plus chargée de fleurs ; oni
en ôte en deux ou trois petits endroits au-dcflus ^
afin que celles qui reftent profitent davantage.
Les hyacinthes ne fe fement qu’en pots , rem^
plis d’une bonne terre à potager : quand elles
commencent à lever , il eft bon de les arrofer quel-
quefois durant l’Eté , & de les expofer au foleil
en Hiver : l’ombre ne leur eft point mauvaife en
Eté.îl faut entretenir îa terre des pots un peu hu-
mide , crainte que les oignons ne s’alterent lorf-
que la terre eft trop feche. Ces oignons reftent
âinfi deux ans en terre.
I! eft à propos, la première année qu’il y a
que ces hyacinthes font femées , de couvrir les
pots d’environ un demi -doigt épais de bonne
terre , afin que les bulbes qui font deffous trou-
vent de nouveaux fels qui leur faffent acquérir de
nouvelles forces.
La deuxieme année , que ces bulbes ont îa grof-
feur d’une noix , on les déplante pour les met-
tre en planche ou autre compartiment de jardin»
F 3
|2l6 tu Jardîkîer
Quoîqu’à îa troifieme année ces bulbes donnent
des fleurs , on n’en peut néanmoins encore bien
connoître la nature : c’eft à la quatrième année
qu’on eft certain du mérite de leurs fleurs, &
qu’on connoit celles qui ont dégénéré : on a foin
de les détruire pour conferver les plus belles.
XXV. De la fleur de fafrariy autrement
appellée crocus.
T E crocus ou fafran eft une plante bulbeufe
qui fe cultive dans les jardins : on en compte
de deux fortes , le printanier 8c Vautomnal ; les
uns ont les fleurs jaunes , d’autres bleues , on
blanches , ou mêlées : il y en a de doubles & de
Amples , d’autres qui n’ont que deux fleurs ; les
uns font à larges feuilles , & les autres les ont
étroites.
Ée véritable crocus eft celui qui fleurit en Aih
tomne , & dont l’odeur eft fort agréable ; fes
fleurs font pour l’ordinaire d’un rouge pourpré :
cette efpece eft fort recherchée par la beauté de
fes étamines. Le crocus^ champêtre n’eft pas fi
beau à beaucoup près ; cependant c’eft celui qui.
fe cultive plus communément.
Il fe multiplie par bulbes & par femence ; ih
vent une terre un peu fubftantielle , & une ex*^
poficion oh donne le foîeil : c’eft ordinairement
en pleine terre qu’on le met. Le temps de planter
des oignons ou bulbes de fafran eft lorfque la
fleur en eft paftée ; ce qui arrive environ proche
de rAutomnea
F i I 1? R î ^ T ta T17
1! faut garder les oignons de fafran durant
£x femaines , après qu’on les a déplantés , dans
un Heu aéré^ où néanmoins îe foleil ne donne
point; puis on les replante fur planches 5 ou dans
des découpés de parterre, ou autres pièces de
jardin ; on les met trois doigts avant en terre ,
& à pareille diftance l’un de l’autre : c’eft une
plante de la balTe efpece*
îî y en a qui aiment mieux déplanter les croci/s
au mois de Mars , & les laiffer ainfi à Pair juf«
qu’en Automne , qu’ils les replantent , dans l’ef-
pérance de n’en avoir la fîeurque l’année fuivante.
On îaiife ces oignons durant trois ans fans les
déplanter ; puis, quand il eft queftion d’en venir
au travail , on en ôte tout le peuple , enfuite on
les met en terre.
XX VL Des frétillaires.
E s frétülaires font de deux couleurs ; ils
^ portent for leurs fleurs de petites marques
quarrées & rangées alternativement. II y en a
d’autres qui ne font que d’une couleur , & dont
îe fond des feuilles eft de la couleur des fleurs ;
les extrémités de leurs feuilles par où elles tien-
nent font blanches comme dans les rofes ; puis
on voit une ligne de couleur d’herbe qui règne
jufqu’au milieu de la feuille.
Le frétülaireeft une plante vivace, qui fe muî®
tiplie par (es bulbes ou oignons : elle veut une
bonne terre. On la înet en pots ou en pleine terres^
F4
i%B L e J a n V 1 £9 i f. m
elle vient mieux dans les premiers. Le frétithiré
aime le frais ; c’eft pourquoi il faut l’arrofer du»
rant les grandes chaleurs : il faut en mettre les
oignons trois doigts en terre , & leur donner
une diflance pareille.
On déplante les frétillaires au mois de Sep»
Cembrç ; fi la faifon efl froide , il faut les cou-
vrir , & ne les point déplanter qu’on ne veuilk
auflî » tôt les remettre en terre.
Les frétillaires viennent aufii de graine ; on
ïafeme en pots remplis d’une bonne terre à po-
tager , mêlée de terreau : cette graifie efl plate
& de couleur pâle,.
XXVI !.. Z)e, V ornitJiogçdon.
N en cultive de plufieurs efpeces : les voick
Le grand ornithogalon \ fleur blanche-^,
tombant en ombelle.
L^omithogalon à fleur , tirant fur le bleu.
L^ornitho galon Arabie ; ç’eft une efpece de
iyacinthe.,
L'* ornithogalon à fleur blanche , en maniéré,
d’épi i cette efpece^ eft la plus rare.
Il y en a de plufieurs couleurs ; favoir , de
couleur d’un blanc verdâtre , & d’un bleu pâle>
Cette plante fe perpétue de bulbes qui croiff
fent en abondance durant l’Eté.
L’ornithogalon vient originairement du Le»
vant , ç’eft pourquoi il faut l’expofer au grand
foleil y & le planter en pot : il lui faut un^ terr^
Fi.EtrKïSTEr ïa9
èompofëe d’un tiers de terreau & de deux tiers
de terre légère , tels que peuvent être certains
fables noirâtres remplis de beaucoup de fels.
L’ornithogalon fe plante au mois de Septem-»^
bre 5 & fe met deux doigts avant en terre ; il
faut l’arrofer en Eté, lorfqu’on le juge à pro-
pos. Cette plante eft fort fufceptible de gelée ;
c’eft pourquoi , îorfque Thiver approche , on le
met à couvert dans une ferre à l’épreuve des>
froidures*.
Il faut , avant que de déplanter l’oignon
attendre que la fleur foit entièrement paflee ,
que fa graine foit mûre.
X X V î î I. De torchis ou fatyrion^.
E T T E plante fe plaît dans une terre hu—
^ mide & \ l’expofition du Nord .* on em
plante en pots & en pleine terre , cinq doigts^
avant en terre à quatre de diftancei.
L’orchis vient de bulbe qu’on plante au mois;
de Septembre. îl exige de nous les memes foinsv
que Pornithogaîon dont on vient de parler. Cette
fleur donne un. beau relief dans les parterres oà;
on la mer..
X X î X. Des colchiques
y a de deux fortes de colchiques , le prin^
■tancer & Bautomnal quife. fubdivifent m
d’autres especes*. Il y a. le (imp^e & le double ;
la colchique à larges feuilles, & l’autre à pe-
E 5^
î30 Le jARDiiyiER
fîtes feuilles : le grand & le petit colchique. Te
blanc , le rouge, & le Jaune.
Les colchiques printaniers font de pîufieurs
efpeces ; il y a le colchique à fleur blanche au
commencement , puis purpurine quand fa fleur
eft toute épanouie. Cette fleur & fa feuille font
petites*
Le colchique à fleur rouge pourpré , & le coh
chique à fieur pâle : ils fe cultivent flun & rau-
fre comme nous le dirons ci-après*
Les colchiques Automne fe fubdivifent en-^
core , favoir en colchique pourpre celui-là eÆ
fimple : il y en a un autre de même couleur
qui eft double , im colchique blanc double.
Le colchique Angleterre eft blanc & fort
rare , ayant de particulier en lui quhl donne fes
feuilles avant fes fleurs dans l’Automne ; au lieu
que les autres produifent leurs fleurs en ce temps-
îà, & leurs feuilles au Printemps,
Le colchique de Naples eft encore eftimé , ainfî
que le colchique de Lujïtanie.
Le colchique polianthe eft de couleur pourpre
foncé ; il y en a un autre qui eft blanc ; mais
cette efpece eft (impie.
Le colchique à plufzeurs couleurs ; il a trois
feuilles en dedans qui font blanches , & trois
fouges en dehors.
Le colchique mêlé , parce que fon blanc eft
partagé par plufieurs raies ou panaches qui font
rouges.
FlEÜHIST Éo 131
î,e coTchique de Conjîantlnople tû encore de ce
nombre , ainfi que le colchique Alexandrie &
î\e colchique de Samos.
Les foins que les colchiques exigent de nous
Be font point difFiciîes : ils croifTent en toutes
fortes de terres. Plus eîîe eft bonne , à la vérité,
mieux ils y viennent.
Les colchiques fe perpétuent de tubercules ,
qu’ils prodiiifent en abondance tous les ans. Il
ii’y a que dans les pièces de jardin qu’on puifle
donner place à ces fleurs , & jamais dans des pots.
On déplante les colchiques au mois de Juillet,.
& on les replante au mois de Septembre , à qua-
tre doigts de profondeur : il faut avoir foin de
lés farder dans le befoin.
XXX. De^ hépatiques,
Ï’h É P A T î Q ü E eft une efpece de renoncule 5,
^ dont la fleur , à la vérité , îf eft pas , à beau-
coup près , fi recommandable : il y en a de plu-
fleurs fortes.
Cette plante , qui eft vivace, fe multiplie de
graine, qu’on feme au mois de Septembre,, &
de racines éclatées : voici comment.
Prenez ces racines , ayez foin qu’elles foient
bien vives ; éclatez-les de maniéré qu’il y refte
fuffifammenc de chevelu , dont vous rognerez les
extrémités : cela fait , plantez ces racines dans
des trous faits au plantoir , recouvrez-les pro-
prement preflez un peu la terre contre CQS ra-
I é
E E. J’ A R ï- N.: î' E- R
cines , afin que la prife en foit plus sûrç^ LcrP*
que toutes ces racines font en terre ^ on les arrofei
aufîî'tôt«.
îl faut femer l’hépatique à claire-voie & â:
plein cliamp ^ parce que les plants en deviennent
plus beaux & plus forts»
Ee mois d’x^vri! eft le temps de la replanter s
il lui fàut'une bonne terre. Il n’y a point d’ex--
pofition qui ne foit convenable à l’îléparique s
cette plante ne craint point le froid ; il faut la-
farder s crainte que les mauvaifes herbes ne Te»-
toufFent*, & l’arrofer dans îé befoin.
Les Mpatiques ont bonne grâce dans des piè-
ces découpées ou dans des petites plates-bandes^
d’Olin parterre , îôrfqu’elles y font placées avec
art : leurs fleurs naiflent en forme d’étoile , & de
couleur d’herbe^..
X X X I. Des ancùîiesi
’âncolîs demandé une terre fort fubflan-
tidîe ; elle fe perpétue de graine,; elle fe.
feme au mois de Septembre à cîaire-voit , dans,
un petit' endroit bien Isbouri 5 & couvert d’un
peu de terreau r.îorfqu’on juge les plants afTez
forts pour être tr an fplan tés , on fe met en de-
voir de le faire au mois de Mars»,
Pendant que ces plants font levés , ibfaut avoir
foin de les arrofer, principalement durant les
Commen t femer V hépatique^
F L S V n 1 ^ r
m
Iffatides chaleurs , & de les farder, crainte que
les herbes étrangères ne les empêchent dé croître^
t’ancoüé eft une plante vivace , qu’on peut
suffi multiplier de Feiettons- éclatés avec racines ^
comme la plante précédente ; voyez-y* Elle dure,
long - temps en terre , fans qu’il foit befoin qu’on
la feme ; ft fleur eft a plufieurs feuilles , cinq;
plates & cinq caves ^ difpofées en cornets 9. par-
tie de couleur rouge , & partie bleue, blanche
incarnate ,. 011 de couleur de châtaigne : fa femence;
eft menue , ovale , applatie d’un noir îuifant^.,
XXXIL, panicaut ow chardon rolant^,
N feme le panicaut au mois de Septembre
dans une, terre légère , couverte, d’un peu dê:
terreau , répandu à la hauteur d’environ un doigta.
Il y en a qui fement cette plante à demeure ; il,
faut pour. lors la femer à cîaire>voie , & l’éclaircir
encore !or.fque. le: plant en, eft levé afin qu’il m
croifle point étiolé®.
De quelque maniéré qu’on multipliecetfe plante^,
H faut avoir attention de la farder , &de lui don^
ner des arrofements de temps en temps fur-toute
dans les grandes chaleurs...
Commeon vient de parlerincontiîient de la euî^
eure des hépatiques , tant par fe fecours de leurs
graines , que de leurs racines , an a cru devoir y
renvoyer le ledeur ,.page 13a».
Gette fleur fait un très-bel efrét dans lès plates--
bandes OU découpés d’un parterre p.; dont on aura
IJ4 . ^ ^ Jarbîwîer
eu foin de bien ameublir la terre , & de PengraiP^
fer même , s’il en eft befoin.
Le panicaut eft à plufieurs feuiHes difpofe'es m
rond , repliées dans le milieu de la fleur , & qui
fortent du calice.
XXXIII. De la digitale.
A digitale eft une fleur de la grande efpece
appellée ainfl, parce quefafleur a du rapport
à un dé à coudre , qu’on met ordinairement au:
doigt ; elle eft à une feule feuille évafée par le
haut , & découpée en deux levres 5. de couleur
d’un rouge purpurin , qui quelquefois eft mêlé.
Cettepîantè vient de graine, &fe femeaumois
de Septembre for une planche ou plate-bande cou*^
verte d’un demi-doigt épais de terreau bien ex?*
pofé au foleil ; il faut jetter la femence à daire™
voie , crainte que les plantes ne s’étiolent-
La digitale fe multiple aufli de plants enracî-
lîés ; elle croit fort haut ; c’eft pourquoi on ne îa
plante qu’au long des murs , ou dans de grandes
plates-bandes , fi l’on veut ; mais elle oftufque uu'
parterre» C’eft au mois de Mars que fe fait ce tra--
vail; les arrofements lui font d’un grand fecoursj^
fuMout durant les grandes chaleurs.»^.
F 1 I K I s T E ^
XXXIV. Des cyanus de toutes fartes , autrement
dits hîuets^
ON appelle cyanus ou Muets ^ certaines fleur??
qui naiffènt en abondance dans les prés ;
mais ce ne font pas ceux-là dont on veut ici par^
1er ; il y en a d’autres efpeces qui méritent mieux
qu’on les cultive : les voici. Le grand cyanus ^ &
le cyanus de Canjianîinople^
Cette plante croît indifféremment en toutesfor-
tes de terres ;elle fe femeau mois de Septembre
©U d’Oclofare, fur une plate-bande garnie de ter^*
reau , fur la fuperficie , ou fur un bout de plan-
che ; il n’importe,.
Quoiqu’on ait déjà aflez parlé de la maniéré de
cultiver les fleurs pour être tranfplantées , on ne
îaiflera pas cependant de dire encore quelque
chofe du travail que demande le cyanus , quand
il eft aflez fort pour être tranfplanté ; ce qui lui
arrive par les foins qu’on en doit prendre après
Favoir femé. Il faut donc que la terre oîî on le
met foit bien préparée & amendée , s’il en eft be-
foin ; puis on le plante dans le milieu d’une plate-
bande 5 ou dans quelque découpé de parterre i:
cela fait 5 onl’arrofe auffi pour en faciliterla reprife„.
Les cyanus donnent des fleurs & flèurons>
qui font agréables , & qui fervent d’un très-faei
ornement dans un. jardin^.
Es J A R î N r r a
XXXV. Du mufcipule ou attrape-mouches;»,
ETTE plante eft ammelîe ; ellefe.femeenSep-
tembre ou au Printemps, à claire-voie & à
plein champ , afin que les plants eu deviennent
plus beaux & plus forts : toute expofition lui eft.
propre ; mais il lui faut une bonne terre. Cette.'
fleur orne très - bien les plates-bandes d’un par-
terre ; elle relTemble à un œillet & fes feuilles^
ramafTées les unes près des autres forment de
petits bouquets rouges & odoriférants, ta fe.-
mence du mufcipule efi: menue, prefque ronde
St d’un rouge foncé lorfqu’elle eft murex
XXXVI. Des coqueücots^
E coquelicot eft une efpece de pavot champê-
tre, qu’on cultive.néanmoins dans les jardins».
Cette plante eft annuelle ; elle fe ferne , de même,.
que les pavots ordinaires ^dans les mois de Sep-
tembre ,..Oâobre &. Mars plein champ ,, fuc
une plate-bande bien labourée : il faut fur-tout:
îa femer à. claire: voie & l’on feroit bien fi on la.
mettoit avec uapeu de cendre , crainte que la fe-*
mence ne tombe trop dru , quelque précaution
qu’on puifte prendre : c’eft par-là trouver le fe-
cret d’avoir de beaux coquelicots ;.au lieu que la;
plupart de leurs ilèurs avortent , ou ne s’épa
BCiiiffent qu’împarfaitement , quand on néglige
cette, maxime»^.
y £ E Ü R 1 s T E*
237
Les fleurs du coquelicot font à quatre feuilles 9
larges , minces , & de couleur d’un rouge foncé ^
la graine eft fort menue j & de couleur rouge
obfcuro
Le coquelicot eftaffez agréable dans un partei>
rc , foie en plate-bande , ou en quelques découpés»,
Ue toutes les fleurs qui fe fement dans le mois
d^Oclobre , fe’ de tous les oignons de fleurs qui
s^y plantent , avec la maniéré de les cultiver^
A PRÈS avoir parlé de la culture des fleurs qui
^^^fe cultivent dans le mois de Septembre , on
pafle à celles qu’on feme ou qu’on plante en Odo-
bre* Qn commence par le lis.
N cultive le lis fans beaucoup de peine : il fè
multip’e de graine. Mais , fans nous arrêter
à cette méthode, & laifTant aux Botanifles à en
dire ce que, bon leur femble , nous parlerons de la
maniéré de le multiplier par fes oignons ^ car c’elî
une plante bulbeufe.
On les déplante au mois d’OSobre pour en ôter
les cayeux , & on les replante en même- temps
en quelque terre que ce puifTe être. Cette plante
croît aflez d’elle-même , fans qu’on y porte beaii«*
coup de foins. On remarquera que fes oignons
a’ont point de
CHAPITRE XII
I, Du lis,
138 Le Jardinier
Les lis fervent d’un très-bel ornement dans les
jardins ; on les met au milieu des plates-bandes,
ou dans d’autres pièces garnies de fleurs : on en
borde encore des allées entières; & les Iis convien-
nent fi bien par-tout , qu’en quelqu’endroit qu’on I
les puiffe mettre , pourvu qu’il y ait un peu d’art
obfervé, ils y ont toujours bonne grâce.
I L Des martagons.
E martagon efl: une efpece de lis dont leS
feuilles de la fleur font recourbées. Il y a plu-
fleurs efpeces de martagons ; favoir :
Le martagon , appelle autrement le lis champê-
tre y quife fubdivife encore en ceux-ci.
Le grand martagon à fleur rouge : fa tige eft
haute de deux à trois pieds : il a beaucoup de
feuilles attachées fans queues le long de la tige ;
elles font lifles , douces au toucher , & d’un verd |
foncé : fes fleurs font toutes recourbées & pen-
chées au bout du pédicule qui les porte. -
Il y a une autre efpece de martagon dont la
tige efl plus petite , & qui ne donne point de fleurs *
en fi grand nombre , ni fi rouges. ;
On voit un autre martagon qui reflemble aflez ■
aux deux premiers , fi on en excepte certaines bul- '
bes qu’il rapporte entre fes feuilles & fes fleurs.
Il y a le martagon de Pomporiius ; il différé un :
peu du preqiier par fa bulbe enveloppée comme |
d’une maniéré d’écaille fort mince : la fleur eft - j
jaune, |
Fïkurïste. 139
te martagon veut une terre à potager qui foit
fubftantielle ; le grand foleil le gâte : il faut l’ar-
rofer de temps en temps. On le plante pour i’ordi-
lîaire dans le milieu des plates-bandes de parterres.
Il ne faut jamais déplanter les bulbes desmarta-
gons , qu’on ne veuille aufli-tôt les remettre ail-
leurs en terre , ou qu’on ne veuille en ôter les
cayeux; on les replantera dans le même moment:
c’eft toujours lorfque les fleurs en font paffées. Au
refte, on cultive les martagons comme les iis.
Quelques-uns pour garantir les oignons de
martagons des grandes gelées, les buttent de
terre. Cette plante fe multiplie aufii de graine ;
mais la voie des bulbes eft bien plus courte & bien
plus d’ufage rc’efl: pourquoi nous ne dirons rien
de la première maniéré. Ces oignons , de même
que ceux des lis, n’ont point de robe.
Pirnirniffl'W^I^ - r -Tl U< ' !Ë
III. Des afphodeleSf,
^ ’asfhodele efl: une plante vivace, dont
il y a deux efpeces difFérentes : favoir, Yafpho°
dele à rameaux , & Vafphodele à Jîmple tige^
Cette plante vient de tubercules enracinées,
qu’elle jette en aiïez grande abondance pour n’cn
point manquer ; elle fe plaît dans toutes fortes de
terres & en belle expofition ; on la plante à trois
doigts avant en terre , les tubercules éloignées
chacune dun empan ou demi- pied environ
î’une de l’autre.
Il faut arrofer les afphoddes^ afin qu’elles en
j^o Le Jardiniik
prodiiifent de plus belles fleurs & en plus grande
quantité.
Il faut avoir foin de les lever tous les trois ans
de terre , & cela en Automne, quand la fleur en
cft paflee , pour en ôter le peuple, que Ton re-
plantera auffi-tôt.
Cette fleur orne beaucoup un parterre ou autre
endroit d’un jardin rempli d’autres fleurs delà fai-
fon : la première efpece eft en lis à une feule feuil-
le , découpée en cinq parties jufqu’en bas*
m
I V. Des hémérocales»
ON ^^^éhVkémérocale y zmxtmtvït fleur d'un
jour , parce que fouvent elle fleurit le foir ,
&: eft paflee le matin.
L’hémérocaîe eft une plante buîbeufe que Ton
cultive comme le lis r il faut y avoir recours. Sa
fleur forme d’abord une tête, puis s’épanouit, &
devient prefque comme une tulipe de couleur
rouge , d’où vient qu’on appelle l’hémérocale le
lis orangé ; cette fleur , mêlée avec d’autres de la
faifon , fait une agréable variété dans un jardin*
V. Des BaJJlnets.
ON appelle bajjînets certaines efpeccs de re-
noncules ^ dont voici une lifte.
Le hajjînet fimfle à fleur jaune il eft compofd
de quatre , de cinq , ou de fix feuilles larges.
Le hafjinet à fleur d écarlate : la feuille de cette
plante eft découpée , la fleur en eft belle , & mît
en abondance,
F I E ü ®L ! s T Eo Î4ï
Xe hajf^net double à fleurs jaunes a les feuilles
fomblabîes à celles de la rue ; elles rampent tou-*
jours à terre; la fleur dure depuis le mois de Mars
jufqu’en Avril.
Le bajjinet à feuilles frangées ; il donne des
fleurs blanches femblables à celles de la pâque-
rette.
Le bajjznee rond poufle des feuilles larges,
rondes, dentelées en leurs bords , nerveufes, &
d’un verd pâle ; fa fleur eft de couleur jaune , elle
eft double , & fes feuilles font placées tout eu
rond, de meme que celles d’une anémone.
Le baflinet demande une terre à potager bien
meuble. On place les baffinets dans de petites
plates-bandes de parterre ou autres pièces ; on
les met fix doigts avaHit en terre , & diftants d’un
empan l’un de l’autre.
On ne doit mêler les baffinets que parmi des
fleurs naines; autrement celles qui croiflent plus
haut les offufquenr.
Les baffinets aiment le grand chaud , & veu-
lent être fouvent arrofés & fardés ; ils en devien*
nent plus beaux.
V I. Des Jonquilles.
A jonquille eft une efpece de narcifle dont iî
a plufeurs forte’? : les voici.
La grande jonquille jette des feuilles d’un verd
d’herbe foncé , & des fleurs rangées fur la tige
Le Jardinier
les unes après les autres , compofées de cinq I Ck
feuilles , recoquillées & de couleur jaune.
La jonquille au godet rond a les feuilles plus
étroites que les précédentes ; elle fleurit au Prin« '
temps , & ne donne guere de fleurs : on l’appelle
aufTi la jonquille d^Efpagne * c’eft apparemment
que le foleü, en nos climats , n’a pas aflèz de force
pour lui en faire produire davantage.
La petite jonquille fimple : elle poufTe de plus
grandes feuilles , & donne des fleurs rendes &
pointues , jointes ou féparées les unes des autres,
fleuriffant alternativement ; l’odeur en eft fort
agréable : elle approche de celle du jafmin.
Parmi le nombre des jonquilles, il y en a trois
qui diffèrent de celles dont on vient de parler ,
tant en couleur qu’en odeur : telles font, j
La petite jonquille à feuilles étroites & ram- !
pantes à terre , & à fleurs irrégulières, petites,
fans odeur , de couleur blanche. j
La jonquille d^ automne ; elle pouffe fa tige i
avant fes feuilles ; fa fleur eft blanche & un peu j
odorante ; elle paroît en automne.
La grande jonquille diffère de celle d’Efpagne , i
par fa blancheur & par fon odeur.
La jonquille au calice de couleur jaune ; elle
en diffère auffi par cette marque , & néanmoins ;
ne demande point une culture differente. |
La jonquille à fleur pâle; elle a les feuilles re- I
coquillées ; fa fleur eft d’un blanc jaunâtre , tirant j
Sut la couleur de foufre* ■
Fleuriste. 143
£es jonquilles font du nombre des plantes bul-
beufes ; elles fe multiplient de femence; mais éa
bien moins de temps par le fecours de leurs bul-
bes qui demandent à être un peu couchées en les
plantant, pour empêcher qu’elles ne s’allongent i
c’efc leur défaut. Les meilleures font toutes ron-
des : elles fe plantent dans une terre légère, 8c
peu expofée au grand foleil. On plante ces bulbes
au mois d'Oêiobre, dans des planches , plates-
bandes de parterres, ou autres pièces de jardin;
mais elles veulent y être feules , fans aucun mé-
lange de plantes ni d’oignons#
On cultive les jonquilles comme les narciffès.
Voyez la page 91. Il faut les mettre quatre doigts
avant en terre.
La jonquille à feuille de jonc & à fleur jaune &
la blanche , & la jonquille à fleur pâle & à feuil-
les recoquillées , fe plante mieux en pot qu’en
ple'ne terre , à caufe qu’on les ôte feulement du
grand foleil , qui les altéré.
La jonquille d’Automne croît bien en pleine
terre , enfoncée feulement de trois doigts , & dif-
tantededeuxl’unederautre , jufqu’à ce qu’elle
pouffe fa tige , il faut avoir foin , durant les gran-
des chaleurs, de la butter un peu.
Les jonquilles en deviennent plus belles, lorf-
qu’elles font un peu arrofées dans le befoin.
On ne déplante point les jonquilles , que pour
en arracher les racines qui y naiffent attachées;
& , fi - tôt qu’elles font déplantées , il faut les re-
planter ; elles en valent mieux.
144 ^ ^ JARDtKfSR
On peut néanmoins garder des oignons de jon^
quilles , fi on les met dans des boîtes remplies de
moufîè un peu humide ; ce qu’on obferve lors-
qu’on veut en envoyer bien loin, Ôn fait des par^
films , des poudres , des pommades, des eaux &
des cfTences de jonquilles : c’efi: ce qui fait que les
Parfumeurs en font provifione
VIL Du Cou^de-ckamenUé
^ s T T E plante , qui eft biifbeufe , & que les
Jardiniers appellent cou^de^chameau y efl: une
efpece de narciiïe à longue tige , qui , lorfqu’elle
eft chargée de fleurs , penche & repréfente ainfi
îe cou d’un chameau.
L’efpérience a fait voir jufqu’ici que îe cou-de-
chameau efl une plante qui fe plaifoit beaucoup
dans une terre remplie de beaucoup de fels ; il ne
faut qu’en environner la bulbe , & mettre deflus
une terre légère , crainte qu’à cet endroit elle ne
pourriffe.
Le cou- de-chameau ne yeut point être expofé
au grand foleil , fi on veut qu’il fleurifle tard , &
que fa fleur en devienne plus belle. On le met en
terre, à la profondeur de quatre doigts ; il fe dé-
plante tous les trois ans^ Pour ce qui regarde le
refle de fa culture , il faut obferver ce qui efl mar-
qué dans l’article des narciires ^ page
CHAPITRE
F I E 'IT H î S T E»
Î4$
CHAPITRE XV.
Ih s fleurs qu^on doit Jemtr dans le mois de No^
vembre delà maniéré de les y cultiver^
lo D Ji s P I V O INES.
XL y a deux efpeces de pivoines , favoir , îa pi^
voine mâle , & la pivoine femelle ; elles font
toutes deux un très^bel ornement dans un Jardin.
Los pivoines, généralement parlant , n’aiment
point le grand folei! ; un peu d’ombre leur fait
donner leurs fleurs plus belles & de plus longue
durée ; une terre à potager leur fuffit , pourvu
qu’elle foie un peu graflè ; elles fe multiplient de
racines de la maniéré qui fuit.
Découvrez doucement la racine de la pivoine;
étant découverte, levez-la de fa place, ôtez toute
la terre qui efl: autour des racines ; & , comme elles
font nombreufes & beaucoup entrelacées l’une
dans l’autre , prenez la plante entière , trempez-
en toute la racine en grande eau , agitez-la, afin
que la terre qui y tient s’en détache entièrement.
Enfuite divifez cette plante en plufîeurs par-
ties ; &, pour y réuflîr , prenez un couteau , coupez
cette racine par la partie d’en haut jufqu’au troi-
fieme ou quatrième nœud, & meme jufqu’au der-
nier ; vous ferez un trou aflez large , oîi il y aura
une petite butte de terre; pofez la pivoine deflus
/. Partie^ Q
î4<î l'E Jardîkîeü
de maniéré que les nœuds foient enfoncés en terre
à h hauteur de trois doigts , & que les parties
bafl'es des racines foient proprement arrangées au-»
tour de la butte.
Cela fait , vous rempIifTez le trou de bonne
terre ^ dont vous garnifTez les racines. lorfque les
pivoines font toutes plantées , on les arrofe pour
en avancer la reprife ; on les laiffe trois ans en
terre fans les déplanter.
C’eft à la fin de Novembre que fe fait cet ou*
vrage.
Les 'fleurs delà pivoine fontcompofées de beau-
coup de feuilles rangées en forme de rofes, & de
couleur incarnate ou pourpre.
Les pivoines fe multiplient aufli de femence ;
elle eft prefque ronde, grofle & noire, lorfqu’elle
eft mûre.
CHAPITRE XVI.
Des fleurs qu^on doit fcmer dans le mois de
Décembre & de leur culture^
Du MugüetomLîs des Vallées,
Le lis des vallées , autrement dit muguet des
bois y eft une plante vivace qui fe multiplie
de plant enraciné , qu’on tire des racines en les
éclatant^ elles font quelquefois fi impliquées Tune
dans l’autre , qu’on eft obligé de prendre un cou-
teau pour les réparer.
F R B Ü R î s tr Ka Î47
Cette plante croît mieux à l’ombre qtie lorf»
qu’elle eft expofée au foleil ; ci^eft ce qui fait qu’on
ne l’emploie guere què pour garnir un bois dans
un jardin ; c’eft pour l’ordinaire dans le mois de
Décembre qu’on planté le muguete On ne le met
que trois doigts avant en terre.
Il le faut lailTer long-temps en place : car plus
üs racines font à l’étroit , plus il donne de fleurs ,
qui en font plus belles. Si on veut que cette plante
ne fe démente point , on fait un cerne autour du
pied, pour en ôter la vieille terre 5^ en fubftituer
de nouvelle.
Les Iis des vallées s’élèvent à la hauteur d’un
demi-pied , & fe chargent d’une multitude de pe-
tites fleurs prefque rondes; elles pendent en en-
bas 5 attachées à de petites queues courtes. Tl y
en a de deux fortes : Tune a les fleurs blanches ,
fort odoriférantes , la racine pâle & les feuilles
larges ; l’autre a les fleurs d’un rouge blanchâtre ^
fans odeur , la racine brune , & les feuilles étroi-
tes. On fe fert plus volontiers dans les jardins du
muguet à fleur blanche que de l’autre®
14^ Jardinier
CHAPITRE XVI I.
Q^ui contient les fleurs qu^on feme ou qu'mon plante
au mois de Février , avec leur culture z
Le mois de Janvier eft trop rifquable pour îa
.Tükure des fleurs , à caufe du froid ; c’eft
pourquoi on n’en dit rien ici , on pafle à celui de
Février.
I. Des Amaranthes ou Pajfe-velours»
ÏL y a tant de fortes amaranthes , & de diffé-
rentes couleurs , qu’il efl inutile ici d’en faire le
dénombrement : on les appelle autrement paffe^
velours , fleur amour ou de jaloufie.
Les amaranthes , qui font du nombre des plan-
tes annuelles, fe multiplient de graine, qu’il faut
femer le plus à claire-voie qu’il eft pofiible ; car
elle eft fi petite que , quelque précaution qu’on
prenne , elle tombe toujours trop dru. On en fe-
me durant quatre mois de l’année ; favoir , Fé-
vrier, Mars , Avril & Mai : dans les deux pre-
miers mois, c’efi: toujours fur couches, afin d’en
avoir de bonne heure en fleur : quand la graine efl
femée , on l’arrofe un peu , & on la couvre de
paiîlafîbns ou de cloches, pour la garantir des ge-
lées , des vents & des grandes pluies , qui lui font
contraires, &: auffi pour l’exciter à lever. Lorfque
la graine a poufle à îa hauteur de deux bons pou-
ces, & que les plants ont chacun quatre ou cinq
F I ï tT Ê. i s T E. Î49
’Ÿeuîlîes ^ on ôte lés cloches qu’on a mifes deffiis,
s’il fait doux , & on coinmence paf-Ià à les accou-
tumer au grand air.
Ce foin dure Fefpace de fx femaines , que les
amaranthes ayant pris un bel accroiifement & des
forces fufiifantes , font tranfplantées en pleine
terre ou en pots à
Pour celles que î’on feme mois d’ Avril &
de Mai , il fuffit de les femer^en pleine terre ^ ên
quelque petit endroit couvert de terreau , qui ne
foit pas trop expofé au foletl. Il eft inutile de les
couvrir de cloche , parce qu’alors il n’y Z rien a
craindre pour le froid. "
Lorfque ce feront de belles & de rares auîa«
ranthes , l’on attendra le commencement d’ Avril
pour- les femer fur couche , en fuivant ce qui eft
dit ci-defTus.
Les amaranthes fe fement encore en pots ou
dans des baquets remplis moitié de terre à pota-
ger, & moitié dé terreau de couche ; Ton pré-
tend même qu’elles y viennent mieux qu’en pleine
terre ; c’eft aux mois d’Avril & de Mai que ceîa
fe pratique, I! eft aifé pour lors de les tranfporter
où l’on veut , pour leur donner telle expofttioü
qu’on fouhaite, & qu’on juge leur être plus con-
venable, qui font les endroits où il n’y a pas trop
de foieiî. On peut les couvrir de cloches pour
qu’elles pouffent plus vite.
Quelques-uns fe fervent de houlette de Jardi-
nier pour tranfporter eu motte les amaranthes ;
G 3
1^0 Le J a r b î n î e r
d’autres fe contentent de les arracher , & de îeÉ
replanter auffi-tôt; ce n’eft pas que la première
méthode ne foit plus afflirée. îl faut les arrofer
incontinent après qu’elles font plantées: cet arro-
femcnt en facilite la reprife , & c’efl une maxime
générale qu’il faut toujours obferver après qu’on
a planté quelque plante que ce foit.
Les amaranthes fe plantent dans les plates-ban-
des des parterreî^^’ed ordinairement dans le mi-
lieu qu’on les met : ces fleurs ont encore bonne
grâce en pots, remplis moitié d’une terre à pota-
gêc, w moitié de terreau de couche. Il ne faut pas
leur laifler manquer d’eall dans le befoin.
La graine d’amaranthe eü: prefque ronde, me-
nue , & d’on noir îuifant ; on ne doit la cueillir
que dans fa parfaite maturité : ainfi , il eftbon d’en
avoir la f!§ur ue bonhê neure, afin que ia gfdinr
ait tout le temps de mûrir ; on peut même la laif-
fer pafTer l’Hiver dans la ferre avec fa fleur &
dans fa paille , quelque feche qu’elle paroifle j
jufqu’à ce que les rudes gelées foient pafTées ; en-
fuite on peut la grainer & la renfermer dans de
petites boîtes , où elle fe confervera jufqu’à ce
qu’on juge à propos de la femer.
On eftime les amaranthes , non-feulement parce
qu’elles fervent d'une très-belle décoration dans
les jardins , mais encore parce qu’elles durent
en fleurs au moins deux ou trois mois ; car elles
fleuriffent en Juillet ou Août ^ & vont jufqu’à la
fin de l’automne. Cette plante fait un joli effet dans
T % ^ V % 1 s r E, ïjx
^es pots places avec goût : elle efl: très-délicate à
élever dans les pays froids.
I î. De la balfamine»
A culture de cette plante , qui eft annuelle ,
Aj n’a rien d’extraordinaire : elle vient de graine ;
on la feme au Printemps, fur couche , en rayons
ou à plein champ : il ne faut pas la femer trop
dru , elle en devient plus forte.
Quand les jeunes plants commencent à lever ^
on les couvre de pailIafTons, pour les garantir du
froid & des frimats, qui morfondent les plantes
qui font délicates.
Au bout de deux mois que la balfamine a été
femée on la tranfplante ; car pour lors elle a ac-
quis fuffifamment de force pour cela.
Les places qui lui conviennent font pour lors
le milieu des grandes plates-bandes de parterres ;
on la mêle parmi les fleurs de la grande efpece. II
faut avoir foin de les arrofer pour en maintenir
îa tige , qui efl: fuccuîente & fongueufe.
On plante aufii les balfamines en pots , remplis
de deux tiers de terre à potager & d’un tiers de
terreau de couche.
Les fleurs de la balfamine font â quatre feuilles
inégales , dont la fupérieure eft voûtée ; celle de
deflbus forme une maniéré de capuchon , & les
deux autres qui tombent à côté s’appellent rabat.
La femence de cette plante eft prefque ronde &
fcmblable à des lentilles»
G 4
III. Des pommes (T amour ou pommes dorées^
JL n’eft point de plante dans nos jardins qui
croifTe plus haut que la pomme d’amour : elle eft
d’un tempérament robufte ; e’efl pourquoi la cul-
ture en efl aifée.
On la feme en pleine terre : il faut en bien ameu^
blir l’endroit ^ la femer en plein champ & à claire-
voie.
Quand la pomme d’amour commence à lever
onl’arrofe de temps en temps : une terre humidelni
convient ; fi-tôt que le plant en eft affez fort , on le
tranfplante , fi l’on veut, dans de grandes pièces de
jardin 011 itn’yaquedesfleurs de la grande efpece.
Etant ainfi plantée , oa lui donne de fréquents
arrofements pour lui faire prendre une belle croi?-
fance ; & , comme les tiges de cette plante font
frêles , Qîi fiche de petites baguettes à leurs pieds
pour leurfervir d’appui.
Cette plante produit des fleurs qui naiffènt par
bouquets de couleur jaune , & en forme d’une
rofette à cinq pointes. Sa femence eft ronde ,
plate & jaunâtre.
IV. De la mayenne , autrement dite melant:^ene^
T A mayenne eft une plante annuelle qui vient
de femence ; on la feme fur couche à la fin de
Février , en rayons & à claire-voie , il n’importe.
S’il furvient des frimats dans le. temps qu’elîe
F L E ü !l I s t E. 153
commence a lever , il fera bon de la couvrir de
quelques paiüafTons , ou de grande paille foutenue
avec des perches & des échalas mis de travers.
Quand la mayenne ed afîez forte , on la trans-
plante & on a foin de Tarrofer dans la fuite : elle
a bonne grâce dans un jardin parmi les fleurs de
îa petite efpece. Ses fleurs naüTent en maniéré
de rofettes à pointes , de couleur de pourpre ou
blanche fa graine eft petite & blanchâtre.
V. De la confoude royale ou fperonelle»
A confoude royale eft une efpece de pied-d’a-
louetce qui fe multiplie de plant enraciné ;on
!a plante en Février ou au commencement du
Printemps , dans une terre légère , en pleine terrer:
elle fe met aufli en pots , pour la garantir du
■froid , dont elle eft fufceptibîe.
Cette plante fe plaît au grand foleil ; mais auffî
faut-il avoir foin de lui donner de fréquents arro*
fements..
Gn leve tous les ans la confoude royale , parce
qu’elle pullule beaucoup en racines : s’il arrive
néanmoins qu’elle ait peu de peuple , on attend k
fécondé ou la troifieme année à faire ce travail.
Il faut mettre la confoude royale trois doigts
avant en terre , lorfqu’on la plante, & l’y enfoa-
cer jufqu’au haut du verd qu’on y voit ; on Far-
rofe incontinent , & on la porte au grand foleiL^,
lorfqu’élle eft en pot.
r. ÿ...
♦ Jardinier
On peut en mettre en pleine terre ; mais pouf-i*
îors il faut la conferver contre les frimats qui
tombent dans les mois de Février & de Mars.
La confoude royale vient aufîi de graine ; on la
feme fur couche ou en pleine terre , à la fin de
Février ou au commencement de Mars , le plus à
claire-voie qu’il eft poflible , afin que le plant en
croifTe mieux.
Quand ce plant eft aflez fort , on l’arrache pour
fetranfpîanter où l’on fouhaite , & de la maniéré
qu’on vient de le dire.
La fleur de la confoude naît en forme de cha-»
ton : elle reffembîe d’un côté a un pied-d’alouette ;
elle eft de couleur rouge foncé : fa graine eft de
couleur noire ^ & fi petite , qu’à peine eft-elle vi- |
fible. ■
V It De Vacjie royale.
IT L y en a deux fortes ; la première a les fleurs
A jaunes , & l’autre les a blanches ; elles les por-
tent au haut de leur tige ; elles Tentent fort bon :
î! leur faut médiocrement du foleil. Cette plante
fe perpétue de racines éclatées , accompagnée de
petites tiges ; elle veut une terre humide & rem-
plie de Tels : fi elle eft dans une terre légère , il fau-
dra l’arrofer fouvent , pour fiippléer au tempéra-
ment dont elle eft. Les racines de l’efpece jaune
font rougeâtres & en forme de glands, & l’autre
efpece toute blanche.
L’ache royale fait un très-bel effet dans une
* Fleuris t rî5
pîate-bande ; on la plante à un demi-pied de dis-
tance l’une de l’autre , & deux doigts avant en
terre , oli elle relie trois ans. Ce temps paffé , &
ÎQrfque cette plante à pullulé amplement , on la
déplante pour en ôter le peuple , qu’on emploie
pour en multiplier l’efpece*
L’ache royale n’aime qu’une chaleur médiocre,
c’efl ce qui oblige quelquefois d’en planter en
pots , pour en avoir de plus belles fleurs : elles
tombent en ombelle , & font eompofées chacune
de cinq fleurs difpofées comme celle du lilas , &:
de couleur jaune ou blanche*.
I ■mil -Il un ■ i i' iidrîTiMT' -
Y 1 1. Des croix de Jerufalem , autrement appel-
lées croix de Chevalier ou écarlate^-
CETTE plante croît très-bien en toutes fortes
de terres , pour peu de fubflance qu’il y ait
elle veut le grand foleiî , & fert d’un très-bel or*
nement dans les parterres.
Les croix de Jerufalem fe multiplient de graines
qu’on feme en Mars ou en Septembre , & de ra-
cines éclatées \ elles fe cultivent comme les hépa-
tiques 5 page I3i.0n peut y avoir recours, pour
éviter les redites.
Leurs fleurs font à cinq feuilles , difpofées ciî-
embelle ou parafo! ; elles repréfentent autant de
petites croix de couleur écarlate ou de cinabre
broyé.. Ces fleurs font quelquefois blanches &
d’une odeur fort douce : la graine de cette plante
efl prefque ronds & ds. couleur rouffe..
G 6.
Le a r © r n î e k
[C H A P I T R E XV ML
Des fleurs qiûon feme ou qu^on plante en MarS p
& de la maniéré de les gouverner*
lè D E I A J A C É E DES I N D 1 S.
^ L y eji a de trois fortes ; favoir ^ la jacée de$
prés y la jacée tricolor y autrement appellée U
penfés y &. la jacée des Indes»
Cette plante fe cultive aifément ; une terre i
potager lui fuffit : elle fe multiplie de rejettonsqui
nailTent au pied ; ou les plante quatre doigts avans
en terre , puis on les arrofe pour en faciliter la
reprife.
Les temps propres à faire ce travail j.font les
mois de Mars & de Septembre , où le peuple
qu’on en tire eft en état pour lors de donner dans
la fuite de belles fleurs».
La jacée fe met dans les plates-bandes de par-
terres ou autres pièces de jardin ; on en plante
auffi. en pots , & même la jacée y vient mieux ^
étant pour lors très-facile de l’expofer au midi
où elle croît à fouhait.
Ses fleiir.s font compofées de pîufieurs fleu-
rons fa graine naît garnie d’oignons , & dé
couleur brune*
Fisürïstk:
ï I. Des œillets»
FO U Rfuivre un ordre naturel dans la culture
de l’œillet, nous commencerons par le faire
venir de femence , qui eft le vrai moyen d’en va--
rier les efpeces : il fe feme en pleine terre , fur
couche , dans des terrines ou baquets , en Au--
tomne ou au mois de Mars.
Si c’eft' en^pleine terre , i! faudroit y mettre
un demi doigt épais de terreau par-defîiis ; fi c’eS
fur couche , îe terreau fuffit allez de îüi-même»
Si on fe fert de terrines ou de baquets , on
îés emplit dans le fond d’une bonne terre à pota-
ger bien criblée , couverte d’un démi-doigt dè
terreau. On feme les œillets à claire-voie , à plein
champ , ou dans dès rayons tirés au cordeau : on
couvre îâ graine avec là main ou le râteau , &
on Tarrofe incontinent;
U faut toujours avoir bonne provifion de grai-
ne d’œillets , afin d’en fèmer beaucoup ; car foLi«
vent , entre un millier de pieds d’œületsde graine
qu’ôn aura plantés , à peine s’en trouvera-t-iî
trois ou quatre qui foient dignes des foins d’un
fleuri fie curieux.
tes œillets dè graine fè plantent fur îà fin dtJ
mois de Mars ou au commencement d’Avriî':
ces jeunes plantes croilTene jufqu’à l’année fui*-
vante fans donner de fleurs.
Eorfqu’ils ont paffe l’Hiver dans le premiêi:
étât^g, ils pullulent en pied , & poufîènt des
JÂHD-îïr'îER
jetons ^ du milieu de la plupart defqueî.s s’€Îe=»
vent des tiges qui produifent des fleurs , & d’au-
îres qui ne fervent que de marcottesy
Quelques-uns ombragent ces jeunes plants de
paillaflbîîs ou d’autres chofes femblables fi-tôt
qu’ils font plantés y afin d’en faciliter îa reprife ^
a moins qu’^alors le temps ne foit couvert , &
qu’il n*y furvienne quelque pluie qui difpenfe
dé cette peine. Suppofé qu’on ait couvert les œil-
lets durant le jour , il faut les découvrir le foir g-
pour les faire jouir des influences de la nuit , qui
îeur font fort falutai res.
Dans le mois de Juin de l’année fuivante qu’ils
©nt été plantés , les œillets donnent leurs fleurs ;
pour lors on les vifite tous ; & , s’il y en a qui
foient beaux , on les marque afin de les marcotter ;
c’eft une voie dont on fe fert pour en multiplier I
les plus belles efpeces de la maniéré qui fuit. j
la manière & du temps dé marcotter Vceilletm
Il faut qu’un œillet foit digne des curieux pour |
îé marcotter , & que les marcottes en foient bien j
nourries : c’efl à la fin de Juin ou au commen- j
cernent de Juillet qu’on fait cet ouvrage ; & pour ;
cela ayez un canif ou un petit couteau qui cou- I
pe net ; & , après avoir choifi entre les marcottes I
de î’œiüet celles dont les fanes font lés plus fer- |
mes & les plus belles , faites-y une incifion aa l
milieu du nœud , le plus près du pied qu’il eîï |
poffible 5, obfervant que Tentaille n’aille qu’à |
Feëürîs^ tff
tî^ du nœud, ou aux deux tiers tout au plus,.
& que depuis ce nœud jufqu^au pied il y ait allés
d'étendue pour coucher la marcotte.
Quant à la fente qui fe fait le long de la tige^
elle ne doit s’étendre qu'à un pouce environ de
îongueur ; il faut mettre dedans un petit bout
de feuille d’œillet en maniéré de croifon.
Gela fait , couchez doucement & adroitement
cette marcotte , en la faifant obéir avec le doigt
de maniéré qu’elle fe couche fans fe caiTer ; arrê-
tez-la avec un petit crochet, foutenez - la d’um
autre petit bâton , fi c’efi en pleine terre que
vous marcottez ; car îorfque c’efl: en pots îes bords
îa foutiennent affèz : puis ayant couvert d’un pexi
de terreau la partie qui efî enterrée , arrofez-fa
& laiflTcz ainfi la marcotte jufqu’à ce qu’elle exige
de vous d’autres foins.^
Ordinairement les curieux fe fervent d’enton**
noir dé fer blanc pour les marcottes qui fe trou^
vent trop hautes montées ; ils FemplifTent de ter-»
reau , dans îequeri! couchent la marcotte , qu’iîs
foutiennent d’un bâton pour l’afiermir ; puis 5
îorfquhls ont marcotté les œillets, ils ont foin de
les arrofer*
Si cfefi: en pfeine terre qu’on ait marcottés iî
faut , durant les trois premiers jours , couvrir
îes marcottes pour les garantir du foîeil , qui
pour lors les flétrit : fi c’efl en pots on les porte
à l’ambre.
Les marcottes doivent avoir pris racine dans
iSo L e J a r b r îî ï e îè
îe huit ou le douze de Septembre tout au pîur
tard ; c’eft à quoi on doit prendre garde lorf-
qu’on veut les lever ; s’ils n’ont pouffé que de
petites fibres prefque imperceptibles , il faudra
une couche médiocrement chaude , & y mettre
les pots oiî feront les marcottes.
Il eft vrai que les marcottes qui font en pleine
terre n’ont pas le même avantage , c’eft pourquoi
auffi en périt-il bien plus qu’en po-ts ; mais l’in-
convénient n’arrive pas toujours : on y voit des
marcottes , non reprifes en ce temps , paffer l’i-
ver en cet état , & fur la fin de Mars prendre
racine^ Les marcottes d’œillets veulent le grand
foleil & de fréquents arrofements.
De la maniéré dJ œilletonner les ailletso^
L’œillet fe perpétue encore d’œiüeronsou hions ç |
nommés ainfi par quelques-uns : voici comrrrenfg j
On confîdere le pied d’œillet qu’on veut œiî»
lètonner ; car ayant choifi les œilletons les plus
médiocres 5 on îes coupe avec des cifeaux , à
deux ou trois nœuds près du cœur , qui efi: l’en-
droit d’ou fortent les feuilles ; on obferve qu^il
a’y en ait point davantage.
Enfuite on fend l’œilleton en croix par la
partie d’en bas de la tige , dans îe nœud qui en
eft le plus proche ; on conduit la fente jufqu’au
fécond ; & ayant coupe les extrémicés des fanes
jufqu’à trois doigts près du cœur /on jette l’œil-
teîon au fokil pour le faire un peu flétrir , après
F I £■ TT K I S' T E. lèt
ÇUOi on le met tremper en eau jufqu’âce qu’il ait
repris fa première vigueur.
Pour lors on a des pots tout prêts ou des ba-
quets remplis d’une terre à potager bien criblée^
& couverte de deux pouces épais de terreau : on
y fiche les œilletons jufqu’au fécond nœud ; oa
preffe la terre , afin qu’elle les tienne plus pref-
fés ; c’eftce qui en facilite la reprife ^ & qui Fa^
vance : cela fait , on arrofe le plant ^ ce qui y con-
tribue encore.
On œüleronne les œ'I!ers dans le même-temps
qu’on les marcotte , & les œilletons^ refient ainfî
jufqu’en Septembre qu’ils ont pris racines 5 &
qu’on les leve pour les emporter.
De la terre propre aux œillets ^ & comment les
y planter»
Pour compofer une terre propre à Fœllîetç il
faut prendre un tiers de bonne terre a potager 5
un tiers & demi de terreau de couche , un tiers
& demi de terre jaune ^ bien cribler le tout ^ &
îes mêler enfemble ^ enfuite on en remplit des
pots de terre de. moyenne grandeur , plus larges
par le haut que par Te bas, afin que îbrfqu’iî faut
dépoter les œillets ^ on en piiifle venir à bout plus
facilement. -
Il faut un peu fouler îa terre dans les pots ,
parce qu’elle s’àfFaüTè toujours trop fans cette pré-
caution 5 & en mettre jufqu’à un doigt près dli
bord 5 puis on achevé de les remplir de terreau,,
ia ainfi mife^ on leve adroitement îa mar-
îéi Le Jardinier
cotte , on la fépare du pied, en la coupant avec
u*n couteau le plus près de fon origine qu’il eft
pciflîble ; puis , après qu’on en a rogné l’extré-
mité des feuilles , on la plante. Le temps qui
convient le mieux à cet ouvrage eft toujours vers
la Saint-Remi.
Et pour planter une marcotte comme il faut ,
on fait un trou au milieu du pot avec le doigt ,
fuffifamment profond ; on y inféré la marcotte ,
on preftè la terre contre la racine , puis on l’ar-
rofe ; enfuite on porte les pots à l’ombre durant
dix ou douze jours , qui eft le temps ou le plant
doit être repris ; après cela on porte ces pots dans
un endroit expofé au levant.
Comme l’œillet n’eft pas beaucoup fnjet à être
endommagé des gelées , il eft bon de lui laifTer |
elTuyer les premières ; il n’en eft que plus à l’é- |
preuve dans la ferre , oîi l’on met les pots pour i
les y laifler jufqu’au Printemps : on peut fe con- !
tenter d’une chambre , ou d’autres endroits à :
l’épreuve de Tair le plus froid. !
Si l’Hiver étoit doux , & que la terre des pots !
parût trop feche , il feroit bon d’arrofer les œil- !
^ îets légèrement avec de l’eau tirée récemment :
d’un puits.
Le temps de fbrtir les œillets de la ferre n’eft ’
point preferit ; c’eft l’Hiver plus ou moins de i ;
durée qui le détermine, quoique vers Pâques on . ;
voie ordinairement les Fleuriftes s’emprefTer de i !
les mettre à l’air j c’eft-à-dire j néanmoins ^ dans j i
FieürïSt^. ïê^
en lieu à couvert des friraats d® la faifon, & ou
le foleiî ne donne point.
II faut petit à petit accoutumer les œillets en
pots à fe faire au grand air , puis au foleiî.
S’il y a quelques feuilles fur les œillets qui
paroifîènt, pourries , on les arrache ou on les
coupe tout proche du tronc, & le plus promp“
Éement qu’on peut.
Après un certain intervalle de temps , on trans-
porte les pots au levant ; on en voit qui réuiïi-
fent au midi , à l’aide des arrofements qu’on leur
donne toujours après que le foleiî eft couché.
Lorfque les œillets commencent à dardiüer , on
prend des baguettes de coudre qu’on fiche à leurs
pieds pour leur fervir de fourien: on y attache
les dards avec un petit jonc , à mefure qu’ils
pOüSnî* On dit qu’un œillet âardilU lorfqu’il
poufle les tiges d’où naiflent les fleurs , & ces ti-*
ges s’appellent dards , en terme de Fîeurifle.
Quelquefois un pied d’œüîet pouffe des mon-^
lants de toutes fes marcottes : c’eft une maiivaîfe
marque , il faut en châtrer une partie ; ce qui fe
pratique en coupant le dard au fécond nœud.
II eft bon de ferfouir les œillets de temps en
temps , & particuliérement lorfqu’on remarque
que U terre a fait croûte fur la fuperficie.
Les œillets dardilîent fouvent plus qu’on ne
veut , & jettent de même des boutons : il faut ^
pour avoir de beaux œillets , abattre de ces bou-«*
IQAS autant qu’on le juge à ptopos , & fur - tout
ÎÔ4 Le Jardinier
ôter ceux qui naifTent oppofés l’un à l’autre , t
les plus proches du pied. ^
S’il y a des œillets qui çrevent , i! faut lier I
bouton , & Ie fendre un peu du côté qu’il formi :
une maniéré de boffe : le bouton gros & court ei :
pour l’ordinaire celui dont il faut fe méfier.
Quand les œillets font épanouis , il faut regar- ^
der fi les feuillesy font dans un bel ordre ; finor i
il faut peigner ceux qui l’exigeront, c’efl-a-dire,
en arranger les feuilles de maniéré qu’on puiflï ‘
dire , voilà un bel œillet. Voici comment on pei- :
gne un œillet.
Lavez bien vos mains , cfiuyez-les , prenez î’œiI4
!et mal arrangé, pliez -en les extrémités du haut
du calice, rangez~y deffus les feuilles de la fleur ^
félon que votre bon goût vous le fuggérera.
Pour peigner un œillet qui creve* on fe fert:
d’un petit carton arrondi , percé au milieu , &
du diamettre convenable à la groflèur du calice
de l’œiilet ; on place ce carton à l’extrémité d’en .
haut du calice , fous les feuilles de la fleur, qu’on
arrange avec art ; ce qui lui donne une forme
fort agréable à la vue.
Les œillets remettent rarement en. pleine terre ;
ils s’élèvent bien mieux dans des pots que l’on
place fur des planches pofées fur des trétaux ;
e’efl“là qu’étant arrangés dans un bel ordre & en'
amphithéâtre , ils fe font admirer , fur - tout
quand ils font beaux.
Lorfque les œillets font en fleur , il faut les cou«* ;
I
F X E tJ K ï s T t» l6$
yrïr , pour les garantir du foleil & des humidi-
tés. Cette fleur efl: fi délicate , que le grand chaud
la fait pafler en peu de temps ; les pluies en ter-»
niffent le luftre.
Quelques - uns , pour faire durer plus long-
temps la fleur des œillets , portent à l’ombre ceux
qui font dans des pots.
Le vrai moyen d’avoir des œillets la plus gran-
de partie de Tannée , efl: de faire des marcottes
en différents temps, depuis la fin de Juin jufqu’au
mois d’Odobre ; félon qu’elles feront faites plu-
tôt ou plus tard ; elles fleuriront , les premières
dans le Printemps , les fécondés en Eté , & les
dernieres dans l’Automne. Pour en avoir au mi-
lieu de l’Hiver , coupez les premiers montantSa
Des marques d^un bel œillet.
|| Un œillet pafTe pour être beau , lorfqu’i! eiî
I large , garni de beaucoup de feuilles , & qu’il
forme une maniéré de petit dôme. Un œillet plat
n’efl point eftimé ; la belle largeur d’un œillet efl
de trois pouces fur neuf ou dix de tour : les plus
gros en ont quatorze ou quinze.
On fait cas d’un œillet dont le blanc efl net,
&: qu’il n’efl point carné, lorfque fes feuilles font
unies en leurs bords & non découpées , qu’elles
font rondes, & non pointues.
Plus un œillet efl chargé de panaches , plus il
efl beau ; mais il faut qu’ils y foienc bien parta-t
gés , fans être imbibés»)
ibS Is Jardînier
Le panache le plus beau eft celui qui régné
puis la bafe jufqu’au bout de la fleur. Ajoutez â
toutes ces marques que, lorfqu’il a fes fleurs bien
arrangées , on peut dire que c’eft un œillet par-
fait, & qui mérite qu’on le cultive»
Des maladies Je Vœillet.
Il eft certaines maladies auxquelles l’œillet eft
fujet , qu’on peut prévenir aifément , & auxquel-
les il eft impoflible de remédier lorfqu’elles fonC
arrivées : telles font la pourriture & le blanc.
On empêche que la pourriture attaque l’œillet ,
fi on ne l’arrofe que raifonnablement : s’il ne
commence que d’en être attaqué , il faut en cou-
per toute la partie malade jufqu’au vif, & la
couvrir d’une terre feche & légère.
Quant au blanc , on préferve l’œilIet de cet
inconvénient, fi on l’arrofe dans le befoin , & qu’on
ne lui donne point une expofition qui lui nuife :
il faut auflî le mettre à couvert des brouillards.
III. Du DiSame,
^ ET TE plante fe multiplie de graine , qu’on
feme fur couche le moins épais qu’il eft pof-
fible : elle vient aufti de racines éclatées , parce
que c’eft une plante vivace.
Lorfqueledidame eftaflez fort pougltre tranf-
planté , on le place dans quelques cô^artiments
de jardin , parmi les fleurs de la grande efpece.
il faut l’arrofer de temps en temps , & le far^
Fleuriste» 167
der : au refte , fa culture efl: ordinaire. La fleur
du didame naît en forme de panache , dans des
dpis grêfes , & de couleur rougeâtre ou blanche :
fa graine eft prefque ronde.
I V. Du volubilis , autrement dit grand liferon
ou lifet.
if^N compte de plufieurs fortes de volubilis;
favoir , le bleu & le blanc , le volubilis des
Indes , bleu, blanc & jaune.
Quoique cette plante croiffe dans les haies, ou
ne laiffepas pour cela d’en faire un ornement de
jardin. Cette plante vient de graine , & fe feme
fur couche : lorfqu’elle eft parvenue à une hauteur
raifonnable,on la tranfplante en plate-bande.
Le volubilis ràmpe ordinairement à terre ; c’eft
pourquoi on lui donne pour appui des baguettes
qu’on fiche en terre î pour lors on ne craint point
que fes rameaux incommodent les autres fleurs
qui l’accompagnent.
Ses fleurs naiflent à une feule feuille , en forme
de cloches , de couleur blanche , frangées le plus
fou vent : fa graine eft noire, ou d’un rouge foncé.
V. De la Capucine»
•g* A capucine eft une efpece de crejfon , appelîé
^ crejfon d^Inde ; c’eft une plante annuelle qiii
fe multiplie de graine qu’on feme grain à grain ,
parce qu’elle eft fort grofle, éloignée de quatre
doigts l’une de l’autre^
I[58 Le jARDïNfÉR.
On la met le long de quelque mur garni de
treillage , ou de quelque cabinet fabriqué de mê-
me. La capucine monte haut , & s’attache en mon-
tant , comme les poids quand ils font ramés.
Cette plante forme une paliffade fort agréa-
ble ; on peut en mettre dans une cour , pour fer-
vir d’ornement , & cacher par - là la difformité
d’un mur. Lorfque les jeunes plants commencent
à lever , il eft bon de les arrofer , ils en croiflënt
plus beaux. A mefure que les capucines mon-
tent , il faut en arranger les montants , & les at-
tacher légèrement avec un petit jonc d’efpace en
efpace, jufqu’à ce qu’elles foient parvenues à leur
croiffance parfaite ; c’efl: pour lors qu’elles pro-
duifent un effet fort agréable à la vue.
Si on veut femer des capucines dans une cour
qui foit pavée , il fuffit d’ôter un pavé , de creu-
fer un trou à la place , profond d’un demi-pied ,
& de l’emplir de quelque bonne terre à potager
ou autre , ptiis y mettre la femence.
D’autres font tout du long du mur une plate-
bande élevée de terre d’un pied , & d’autant de lar-
geur, bordée de planches , & rempli de quelque
bonne terre rapportée, mêlée de terreau; il faut que
ces planches foient arrêtées avec degrandes chevil-
les de bois, enfoncées en terre à coups de maillet.
Quand ces plates-bandes font ainfi préparées ,
on y met la graine de capucines, comme on a dit :
il fuffit qu’on l’y mette un doigt avant en terre , à
diûance d’un empan l’une de l’autre.
Quelques-uns ^
FtEüRfSTf:. 169
(Quelques-uns , au lieu de plates-bandes dref-
fé^s , comme on a dit , fe fervent de petites caifTes
lônguettes, qu’ils empIifTent de bonne terre , &
qu’ils placent le long des murs qu’ils fouhaitent
garnir ; mais l’expédient le plus fur, le plus pro-
pre , & le moins fujet , font les trous qu’on fait
dans les cours qui font pavées , ainfi qu’il a été
marqué ; à moins que ces cours ne foietu pavées de
grands carreaux de pierres , avec ciment*
Lès fleurs de la capucine font à plufieurs feuil-
les irrégulières, différentes de cinq autres feuilles
qui naiffent des découpures du calice. Sa graine
cfl: un peu groffe & ronde. Voilà l’agrément qu’on
peut tirer des capucines lorfqu’on en plante.
V le Du hajilic.
CETTE plante fe multiplie de graine , & fe feme
fur couche, à plein-chaitip ou en rayons, &
toujours à claire-voie , autrement les plantes s’é-
tiolent. S’il tombe des frimats dans la faifon qu’on
feme !e bafilic , il fera bon de l’en garantir en le
couvrant de quelque cloche de verre ôu de gran-
de paille.
Si le temps eft doux, & qu’on Juge qüe les jeu-
nes plants aient befoin d’un peu d’eau , on les
arrofera.
Le bafilic fe plante ordinairement dans de pe-
tits pots de faïance ou de terre : c’eft une plante
très-baffe, à qui il faut peu de nourriture.
I! y a deux fortes de bafilics 5 favoir , le grand
/• Partie^ H
tjo Le J a r d I w î î a
& le petit ; le premier fe cultive dans les jardins
potagers , & fert en cuifine pour donner du re-
lief aux ragoûts ; le fécond s’élève pour le plaifir
des yeux îk l’ornement des jardins.
On garnit les petits parterres de bafilic mis en
pots , comme on l’a dit , d’efpace en efpace , &
pofés fur de petits dés de pierre ou d’autres pots
de terre renverfés.
On mêle encore les bafiîics en pots parmi les
fleurs mifes en amphithéâtre ; ils y produifent un
elFet fort agréable.
La terre propre à élever les bafilics en pots,
doit être compofée de deux tiers de terreau , &
d’un tiers de terre à potager criblée. On aura foin
de temps en temps d’arrofer cette plante com-
me la beauté d’un bafilic eft d’avoir la tête ronde,
s’il arrive que quelque petit rameau excede les
autres , on le coupe avec des cifeaux. La graine
de bafilic eft oblongue.
VII. Des phaféoles incarnats.
C’est une efpece de haricot, ou plutôt de pois
chiche à couleur incarnate \ on s’en fert pour
orner les jardins.
Cette plante vient de graine, fe cultive comme
la capucine, page 167, & fe met dans les mêmes
endroits , à deux doigts de profondeur en terre.
Sa fleur croît en maniéré d’aile à papillon : fa fe-
mence a la figure d’un rein ; elle eft de couleur
rougeâtre ou d’un rouge noirâtre.
FtEÜRISTEi
IJt
w — ■■
V 1 1 L I^es mdtricûireso
Le matricaire eft une plante vivace qui vient
de femence Ôc de plant enraciné , au Printemps
ou en Automne ; on le feme en pleine terre , cou*
verte fuperficieüement d’un peu de terreau.
La culture de cette fleur efl fort aifée , puifque
fouvent elle fe feme & croît d’elle^même ; mars
quand elle eft cultivée, elle en devient plus belle;
Sc , pour y r éuftir ^ on la feme fur quelque bout de
planche , & dans une terre meuble , mêlée d’un
peu de terreau: puis , lorfque les plants font aiïez
forts pour être tranfplantés , on les met dans des
plates-bandes de parterres ou autres pièces décou-
pées : il eft bon de les arrofer dans le befoin.
Cette plante jette beaucoup de rameaux , &
donne des fleurs qui font à rayons, au milieu def-
quelleseft un difque compofé de beaucoup de fleu-
rons , qui forment ^ dans leur fuperficie y une
efpece de couronne à demi-fleurons ; les matri-
caires fleuriffent plufieurs mois de fuite , lorfqu’on
coupe leurs tiges quand la fleur eft paflee : fa fe-
mence eft oblongue,
IX. Des Soleils ou Tournefols ^ autrement dit
Héliotrope.
CETTE plante fe multiplie de femence ou de
racines qu’on tire des touffes qu’elle produit
en pîed*
II y a de deux efpeces de foleils ; la première
H a
V]% Le jARDfNÎÊR
naît exîîêiîiement haute, & ne jetrequ’une tige %
l’autre efl plus bafTe , & en pouffe davantage ^
accompagnées de plufieurs rameaux,
La première efl prefque négligée à préfent;&,
fî on en voit dans quelques jardins , ce n’eft que
dans des endroits perdus , pour y donner quel-
qu’agrémenr.
Quant à la fécondé efpece , elle n’efl: propre que
pour mettre dans de grandes allées d’un jardi®
fpacieux , plantées d’arbres dans toute leur lon-
gueur , entre îefquels on met ces foleiîs , qui y
font un effet affez joli.
Cette plante fe plaît en toutes fortes de terre ^
bonne ou mauvaife ; le plant fe met à la profon-
deur de quatre doigts. Ses fleurs font à rayons ,
dontle difque eft compofé de plufieurs fleurons
jaunes, arrangés en forme de couronne, dans le
milieu de laquelle paroiffent quantité d’autres
petits fleurons : fa graine eft oblongue.
X. De la grande pâquerette.
C’est une fleur de la moyenne efpece , que
quelques-uns connoiffent fous le nom de cAry-
fantenum ^ qui efl: le nom latin.
Cette plante , qui eft annuelle, fefeme au Prin-
temps fur couche ou en pleine terre , couverte
d’un peu de terreau : fa culture eft ordinaire ; c’eft
pourquoi on n’en dira rien de plus. Elle donne
des fleurs radiées de couleur jaune doré, fort ref-
pkndiffant ; chaque fleur a un difque compofé de
Fleuriste* î73
pîufieurs fleurons ; fi Ton coupe fes tiges après
avoir fleuri , elle donnera ^ pîufieurs mois de fui-
te de nouvelles fleurs : fa graine eft quelquefois
anguleufe , ou cannelée , ou menue ; elle fe ter«
mine en pointe*
X I. De la hellevedercm
Autrefois les bellevederes éroient plus
communes qu’elles ne font aujourd’hui : elles
fe perpétuent de graine qu’on feme en pleine terre
fort à claire-voie ; & encore , quelque précaution
qu’on ait prife,eft*on obligé fouvent d’en éclair-
cir le plant.
On peut fe fervir des bellevederes pour orner
de petites cours, ou autres endroits femblables ;
on en plante les pieds à trois pieds de diftance l’un
de l’autre ; on en met auffi en pots. On a néan-
moins négligé cette plante aujourd’hui ; on ne
fait pas pourquoi.
La beîlevedere fe flétrit bientôt îorfqu’on !a
plante, &l’airraîteretout-d’un-coup ; c’eft pour-
quoi on l’arrofe fi-tôt qu’elle eft plantée , & on
l’ombrage de quelque chofe pour la ravivre.
Cette plante fe feme d’elle-même , pafTe l’Hi-
ver en terre fans rien craindre. A mefure que la
beîlevedere croît, il faut l’arrofer; elle en devient
plus belle , & forme une pyramide femblabîe à
un if ou à un pieu.
Toute force de terre lui convient , pourvu
qu’elle foie bien ameublie*
H ?
Î74
L s Jardin lEîi
^ — — '
XII, Z^e la giroflée.
La giroflée eft une plante qui fait un des plus
beaux ornements des jardins, par la variété
de fes fleurs & de la douceur de fon odeur ; auffi
exige-t-elîe des foins tous particuliers.
Cette plante vient de graine, &fefemeaumois
de Mars, fur couche ou en pleine terre couverte
d’un doigt de terreau ; il faut la feraer à claire-
voie, crainte que les voies ne s’étiolento
Lorfqu’elie commence à lever , il faut la garan-
tir des friraats de la faifon ; pour cet effet on cou-
vre îes plants de paiilaffbns ou de cloches.
Les giroflées doubles ne donnent jamais de
graine ^ ce font îes Amples, fur îefqueües il faut
ôter les filiqoes qu'on juge fuperflues , afin que
celles qui relient foient mieux nourries , & don-
nent de plus belle graine.
Le véritable temps de recueillir la graine de gi-
roflée eft l’année fuivante qu'elle a été plantée ^
& dans îe mois de Juin , que les filiques qui la
renferment font toutes feches , & qu’elles com-
mencent à s'ouvrir; c’eft pour lors aufli que cette
graine eft mûre.
Quant le plant des giroflées qu'on a femées eft
aflTez fort pour être tranfpîanté , on ne les met
point en place à demeure; on en garnit des plan-
ches entières, on les y plante à un demi-pied l’une
de l’autre, & fur des alignements tirés au cor-
deau, efpacées pareillement ; on laiflè ces jeuneiL
• : . F t E V R î 5 T Eé lyi
‘giroflées en cet endroit comme dans une efpece
de pépinière.
Lorfqa’elles font reprires , & qu’elles ont un
peu pouffe, on les châtre , c’eft-à-dire , on leur
rogne le cœur avec les ongles pour les faire pul-
luler en branches, de maniéré que chaque pied
forme un petit boiffbn.
La giroflée n’eft eftimée. qu’autant/qu’eüe eft
double ; & c’eft dans cette pépinière , lorfque §
fur la fin de Septembre , elles commencent à mar-
quer , qu’on en eff certain ; & , pour marque de
cela , cette plante pouffe un petit bouton camard ^
avec plufieurs feuilles repliées & renfermées dans
un calice : c’eft pour lors qu’on n’en doute plus ;
& enfuite on prend toutes les giroflées qui don^
isent ces marques, on les gouverne comme on le
va dire , & on rejette les fimpîes, dont on garde
feulement quelques-unes des plus belles pour m
avoir de la graine.
On plante les premières en pots ou en caiffes
fuffifamment grandes , & remplies moitié de terre
à potager & moitié terreau ; elles s’y élevent bien
mieux qu’en pleine terre. II eft bon de lever en
motte les giroflées qu’on veut replanter ; & , pour
y réuflir, on prend une bêche, on l’enfonce trois
ou quatre doigts au-deffbus de la racine de la
plante ; cette entaille faite, on retire la bêche
pour en faire un autre de l’autre côté, faifant que
cette bêche defcende en biais fous les racines : il
faut à chaque fois enlever la motte par petites fe-
H 4
Î7fi tE Jakdiniek
coufFes , en baiffant le manche de la bêche lort
qu’elle eft en terre.
Cela fait , & lorfque les racines de la giroflée
font détachées de la terre , qu’il y a comme un
cerneautourde lamotte^on enfonce les deux mains
des deuxcôtés, on empoigne cette motte, écartant
les doigts , le plus qu’il efl: poflible ; on enleve le
tout , & on fe porte ainfi dans le pot ou la caiffe
qu’on lui a préparé ^ après en avoir fait couper
l’extrémité des racines qui excédent la motte»
Enfuite on place la giroflée le mieux qu’on
peut, on en garnit le pied de terre, puis onPar-
rofe. On plante auffi les giroflées doubles en ra-
cines feulement ; mais on cil plus sûr de la reprife
par la première voie.
On plante ainfi les giroflées pour les garantir
du froid quieÜ leur ennemi capital; &, îorfqu’il
approche , on porte les pots ou les caifîès dans
une ferre à l’épreuve des gelées.
Il arrive quelquefois que les giroflées ne mar-
quent point avant l’Hiver : pour lors on les met
en fûreté contre la gelée jufqu’au Printemps, cü
la fleur paroit, & qu’on juge de ce qu’elles font
par les marques dont on a parlé. Au lieu d’une
ferre , on peut fe fervir d’une écurie ou autre
lieu femblable, où le froid ne puiffe endommager
ces p’ants.
Pour avoir de la graine de giroflée , il fau t , avan î
l’Hiver, en mettre quelques-unes en pots , & de
î’efpece qu’on connoîtla meilleure, puis porter Iss
Fleuriste. 177
pots dans la ferre. Lorfqu’on a planté les giroflées ,
comme on Ta dit , on a foin de les arrofer en Eté ^
afin qu’elles donnent de plus belles fleurs ^ & en
plus grande abondance.
Et pour faire enforte que îa fleur dure long-
temps , on a foin de porter à Fombre les pots ou
les caiiïes dans îefquels îes giroflées font plantées*
Les giroflées doubles font un très-be! ornement
dans un parterre ou autres pièces de jardin ; elles
forment une maniéré de petit buiffon tout garni
de fleurs rouges , marbrées de rouge & de blanc , ou
violettes. Elles fleurifTent plufieurs mois de fuite ^
en coupant les veftiges quand la fleur eft paffee.
X î î î. De V œillet d^lnâe\
Sans s’arrêter ici à répéter ce qu’on a dit plu-
fleurs fois fur îa culture de bien des fleurs , on
dira que l’œillet d’Inde eft une plante annuelle ^
qui fe gouverne comme la baîfamine. Voyez la
page r 5.1., II fe ferae au mois de Mars,, & fe tranf-
plante fur la fin d’ Avril*
Cette plantefe place avec aflëz d’agrément dans
le milieu des plates-bandes de parterre ;jl faut faire
enforte que les fleurs delà moyenne efpece qui
raccompagnent n’en dérobent point la fleur aux
yeux des paflants *
tes fleurs de l’œillet d’Inde font â.rayons, ron-
des ^.compofées de plifieurs feuilles fort bien arran?^
gées , de couleur jaune ; dans le milieu eft placé
En di%ie à plufieurs fleurons découpés en diffé-
H s
Le Jardinier
rentes parties : fa graine eft petite & anguleuîe<».
X I V. De la rofe æinde.
E T T I plante ^ qui eft auffi annuelle ^ fe mul»
tiplie de graine n’a rien de particulier
dans fa culture j on la gouverne comme rœillet
d’Inde.
On la feme fur couche ou en pleine terre ^puis^
quand les jeunes plants font alTez forts pour être
mis en place , on les y plante, & avec l’aide de
quelques arrofements , la rofe d’Inde croît très-
bien : elle fe plaît dans toute forte de terre ^ po'ir
peu qu’elle (bit bonne & bien meuble ; il faut-
avoir foin d’àrrofer la rofe d’Inde.
Elle fert d’ornement dans les parterres , parmi
les plantes de la moyenne efpece*. Ses fleurs nai^^enî^
à plufieurs fleurons découpés en diSerentes parties s
fa femence eft longue & noirâtre.
X V.. Dda heîle^âe-nuit , autrement dite , mef^
veille du Pérou*
if A belîe-de-nuit efl une plante annuefe qui
JLj vient de graine , on la feme fur couche au
mois de Mars , & lorfque le plant eft alfez fort on
fe tranfplante en plate-bande ou autres pièces de
jardin.
Cette fleur eft particulière , en ce qu’elle fleu-
rît en des endroits où d’autres ne le pourroient
faire qu^im parfaitement ; c’efl pourquoi on en
plante en pots ou en caiiès qu’on porte à l’ombre
,F L E U R I s ’T Eo 179
<3kns quelque cour : c’eft pour lors que la belle-
de-nuit , mêlée avec la beüevedere & quelques
pots de giroflée en fleur, forme un afpeâ fort
agréable le long des allées d’un jardin ; elle fe cul-
tive d’ailîeurscomme la balfamine, page 1 51. Ses
fleurs , qui naiflent en forme de tuyau évafé en
entonnoir , à pavillon crenelé, de couleur rouge
écarlate, quelquefois varié de jaune & de blanc ^
vient en Automne-
X V I. Du lis de Saint’- Bmno^
ETTE plante croît bien en toute forte de terre^
pourvu qu’elle foit meuble : elle fe multiplie
de femence. Elle produit un bel effet dans les pla-
tes-bandes des parterres remplies de plantes buî-
beufes ou de fleurs de la moyenne efpece , quand
elles y font placées avec art , & de maniéré qu’el-
les ne fe dérobent rien fane à l’autre de leur or=*
Bernent-
La fleur decette plante efl: en lis , en maniéré da
€Îoches qui penchent , compofées de fix feuilles j,,
tantôt plus ,, tantôt moins épanouies , de couleur
blanche & d’une odeur agréable :: fa graine eft
anguleufe-
X V I î. Des œillets Allemagne^
’ E S T une efpece de lycenis ^ dont îa fleur eft
fort, agréable, ; à la différence des autres
œillets (jui varient ^ celui-ci paroit toujours àlm
H 6-
iSo L s Jardinier
rouge enflammé. Il reffèmble au refte à l’ceilîet
de Poëte , & fe cultive de même. On peut avoir
recours à l’article , pour éviter les redites,^
Les œillets d’Allemagne font un très-bel effet
dans les parterres : on en plante en pots, où ils
paroiflent avec beaucoup d’éclat.
XV III. J^es lis-flammes^
L e lis-flamme eft une plante bulbeufe , que
l’on plante au Printemps ou en Automne,
Tous les foins qu’on apporte à gouverner les
autres lis doivent être communs à celub^i. La
fleur de ce lis efl: d’un rouge jaunâtre. Il fert d’uo
bel ornemen t dans les plates-bandes d’un parterre; :
il croît aifément ; il n’y a pour cela qu’à mettre
l’oignon de ce Iis dans une terre bien labourée ^
& prendre garde que les mauvaifes herbes ne liri
dérobent point fa nourriture».
I X. Du foiici double^
Y P fi>UGÎ double eft une plante annuelle fort
agréable à la vue ; il fe multiplie de graine, >
& fe feme au mois de Mars , toujours fur cou*»
che. I! fe cultive au refle comme les amarantbes»
Voyei Part, page 14&»
FlEl/RtStlvi
î8f
X X. Des narcijfes du Japon,
Entre tous les narcifies dont on a déjà parlé ^
celui-ci eft le plus beau. Il y en a de trois
fortes.
Le premier a les fleurs comme le Iis , & com--
mence à pouffer à la fin du mois de Mai ou au
commencement de Juin : voici comment.
D’abord on voit de fa bulbe s’élever une tige
toute unie, groffe environ comme le petit doigt §
& haute d’un pied & demi, A Textrémité de cetîe
tige paroît une manière de graine , qui , lorfqu’elîe
s’enfle , produit plufieurs cabces qui fbutienneDt
chacun une fleur compofée de fix feuilles rayées ^
recourbées & de couleur jaunâtre.
Le fécond nxirciffe du Japon eft fort rare ; H
naît en forme de iis : Tes fleuilles de la fleur , à fe
vérité j s’écendent plus , & ne tombent point tante.
Ce narciffe donne plus de fleurs que le premier j
il fleurit au mois de Septembre t fa fleur eft b!ar>
che & rouge^
Le troifieme narciffe eft moins beau , & ne
différé du précédent qu’en ce que le rouge en eft
plus clair , & qu’il ne donne pas un fi grand
nombre de fleurs , ni de feuilîes^fi amples , parce
que fon oignon eft plus petit.
Mais , pour venir à leur culture ,/Ces narciffès
viennent de bulbes ou d’oignons » c’eft la même
chofe ; on les plante en pots remplis d’une terre
fort légère ^ compofée de deux tiers de terreau de
Le X a r d r' n' r e r
couche 5 & d’un tiers de bonne terre à potager
bien criblee.
Cela fait , on y plante les narciffes a deux ou
trois doigts de profondeur ; ils reüent en terre
deux ou trois années fans les déplanter : c’eft
toujours au mois de Mars qu’on les replante. On
îes laifTe ainfi jufqu’en Mai fans les arrofer^ oh^
fervant d’expofer les pots au grand foleil ; mais^
pour lors on leur donne un ample arrofement, en
trempant îes pots dans l’eau. On les y îaifle juf-
qu’à ce qu’elle nage fur la fuperficie de la terre ;
après quoi , on îes porte au grand chaud , oh
î’eau s’égoutte petit à petit.
îl faut , outre cela ^ îes arrofer encore autant
que les fécherefîès le permettront : c’eft ainfi
qu’on gouverne îe narcifte du Japon jufqu’au
mois d’Oâobre.-
L’année fuivante 9, qu’on ne déplante point
l’oignon, on fe contente d’ôter la terre qui eft
deflus,, & dVnfubftituer une nouvelle prépa-
rée comme on a dit : il ne faut point Tarrofet
pour lors ^.on attend pour cela le mois de Mai.
Les deux autres narciftes veulent une terre fa-?
bîonneufe , mélée avec une terre ordinaire bien
criblée : ils veulent auiïi le grand foleil. Ces trois-
siarcifTes ne réuffiflent point en pleine terre dans
les climats qui font tempérés<^^
F £ E- Ü- R' f T E,.
XXL Des failles.
A fcilîe eft une pbnte bulbeufe qui fleurit
trois fois l’année ; elle réuiïit fort bien dans
Bos jardins : c’efl: dommage qu’eüe y foit rare.
Sa bulbe e(t groffe comme un citron on la
coupe par raorceauxqu’on plante; chaque partie
produit une grofTe bulbe ^ qui donne fucceffive--
ment de quoi multiplier fon efpece. Cette plante
fe plaît dans toutes fortes de terres & en belle:
expofition.. On la met trois ou quatre doigts
avant en terre.^ éloignées Tune de l’autre d’un,
demi-pied. Il 4ut arrofer les fcilles afin qu’elles
produifent de plus belles fléurso,
X X î I. Des tubéreufes^.
^ A tubéreufe eft une efpece, de hyacintîie>
appellée hyacinthe des Indes^.
Nous n’avons point de plantes qui fe plaifentr
plus au grand chaud que la tubéreufe ; elle, fe.
multiplie de cayeux dans les pays chauds ; mais
hors delà ^ c’eft un abusd^y penfer : laiflbns cette
méthode aux Provençaux , qui* ont foin de nous
apporter des oignons tout prêts à porter fleur.
Il faut les choifir gros & fermes , prendre garde^
qu’ils ne foient point pourris ; ce qu’on regarde
vers la racine en y donnant un petit coup d’on--
gîe : fl là chair n’en eft pas blanche, c’eft un:
mauvais ligne , il faut rejetter ces oignons ^ &
en prendre d’autres»-
ï§4 ^ ^ Jardinier
On plante la tubéreufe en pot , rempli d’une
terre , d’un tiers de terre à potager , & d’un tiers
de terreau, k tout bien mêlé ; cela obfervé, on
y place l’oignon un doigt en terre : c’eft fur la
fin de Février , ou au commencement de Mars ,
que fe fait ce travail ; & , comme le foleil n’a pas.
alors affèz de force pour en avancer la végéta-
tion , on met les pots dans des couches torfqu’ef-
lesontpaflTé leur grande chaleur; puis on les cou-
vre de cloches : fi pour lors l’air n’eft point rude,
& que le foleil paroiffe , on peut lever les clo-
ches de deffus , & les laiiTer jouir de fes rayons ;
mais , s’il tombe des frimats , & que fe temps foit
fombre, il faut, outre ces cloches , tenir ces cou-
ches couvertes de pailFafTons : le froid retarde de
beaucoup la prodüêlion de ces plantes , & eO:
caufebien (buvent qu’elles avortent.
On laide les tubéreufes fous cloches jufqu.’a
ce que l’air foit adouci , fans néanmoins ôter les
pots des couches où on les a rais : s’il y a quel-
qu’oignon de tubéreufe qui ne pcufTe que lenter
ment, il faut lever le pot de l’endroit où i! eft.,
& le porter dans une autre couche qui au^a pafTé
fa plus grande chaleur , ou bien placer ce pet
dans un tas de fumier de cheval qui foit dan^
un même degré de. chaleur.
Si on.a’a ni couche ni fumier de cheval , on
attendra i mois de Mars ou ce! ui d’ Avril pour
planter fes tubéreiifes , parce que le froid en
cette faifon a’ett plus à ciaindre ; il eft bon pout’
F I, K U R ï s T I» îHj
lors de mettre au fond de chaque pot du crocin
de cheval ; on peut néanmoins s’en pafiTer , fi
l’on veut.
Quand les tubéreufes font en pats , il faut les
expofer au midi , & les placer fur des planches
mifes" contre un mur : il efl néceflàire d’arrofer
ces oignons lorfqu’on juge qu’ils en ont befoin.
Quand ils pouffent leur tige , & qu’à leur ex-
trémité elles commencent I donner leurs fleurs „
on fiche aux pieds de petites baguettes de cou-
dre , groffe comme le petit doigt , auxquelles on
attache ces tiges avec du jonc pour leur fervir
d’appui.
Ce qu’il y a de particulier à îa tubéreufe , c’eft
qu’elle ne donne fes fleurs que fucceffivement les
unes après les autres ; ce qui fait que le pied en
demeure plus long-temps garni. L’odeur de cette
fleur eft fort douce , & parfume les lieux on elle
eft.
On ne cultive point la tubéreufe en pleine terre
dans les climats tempérés ; il lui faut, pour bien
faire , une chaleur artificielle. Les pots de tubé-
reufes , quand elles font en fleur , fe mettent dans
des chambres, afin d’en refpirer l’odeur. On peut
en orner un parterre , ou les faire fervir de dé-
coration à un amphithéâtre de fleurs de différen-
tes fortes , qu’on aura dreffé exprès pour en jouir
avec plus de pîaifir.
On plante encore les tubéreufes au mois de
Mars a fi pn veut , pour en avoir en fleur du®
*î86 Le J a r d I n- ï £ n
rant FAutomne : il faut y apporter les ’mêmés
foins qu’aux précédentes.
X X I ï L J^es perces-neiges.
La perce-neige efî: une plante bulbeufe qui
fe multiplie d’oignons au Printemps ou en
Automne : elle fe cultive comme les narciffes*
Voyez page 91. îl faut y avoir recours.
Sa fleur efl: compofée de fix feuilles , difpo-
fées en maniéré de cloche penchante ; elle eû
blanche & d’une odeur fort douce : ce que cette
fleur a de particulier , c’efl qu’elle épanouit fous
la neige , & que îorfqu’elle efl: fondue , les piè-
ces de jardin où elle efl: s’en trouvent garnies :
d’où vient auffi qu’on l’appelle perce’-neige.
I
XXIV. Des prime-veres.
ETTE plante efl une des premières qui donne
fa fleur au Printemps ; on appelle aufli cette .
fleor la paralyfe, parce qu’on l’emploie pour la '
paralyfie. ;
La prime» vere efl une plante vivace , qui (è
perpétue de racines ; elle demande un bonne terre
à potager , & une expofition où le foîcil donne. |
Lorfqu’on plante les prime- veres , il faut leur j
donner un demi-pied dt dîftance l’une de l’autre
& les farder dans le befoin.
On feme aufîi les prime- veres ^ & on les gou-
verne alors comme les giroflées : voyez page 174.
II y en a qui plantent des prime» veres en pcts^
Fledristi. 187
templis dHïne bonne terre à potager bien cri-
blee ; d’autres en mettent dans des comparti-
ments de parterre 5 parmi les plantes de la petite
efpece : on en fait auffi des bordures de plates-
bandes J où elles produifcnt dans leur temps rm
effet merveilleux à la vue.
La fleur de la prime-vere efl à une feule feuille t
fa graine efl: un peu ronde , menue & de cou-
leur noire.
XXV. Des clématites^
T A culture de cette plante n’eft point difficile:
ne craint point le froid ; toute forte de
terre lui eft propre : il faut feulement avoir foin
de Parrofer on peu dans le befoin ; & à mefure
qu’elle jette fes tiges de leur donner des foutiens^
pour leur faire acquérir une belle croiffàocea
Cette plante fe multiplie de graine, mais bien
plus vite par le fccoorsde fes racinesqu’onédate.
Les clématites fe cultivent au refîe comme l’œif-
ïet de Poëte. Voyez la page 104.
Lorfqu’on veut que ces fleurs aient bonne grâ-
ce dans un jardin , i! faut arrêter leurs verges I
plufieurs petites baguettes qu’on fiche aux pieds :
c’eft ordinairement dans le milieu des plates-ban-
des qu’on les met.
La clématite efl: une plante vivace qui donne
une fleur en rofe , compofée de quatre feuilles
très-bien arrangées : fa fernence efl: menue comme
cheveux & fe termine en petits plumaceaux^
tSH
Ib Jardinier
XXVI. jDe la violette de Mars^
E T T £ plante croît par touffes , & fe muiti*-
plie ordinairement par le fecours de fes raci-
nes qu’on éclate : c’eft une p’ante vivace , qui fe
plaît dans les lieux ombragés ; c’eft pourquoi on
en met dans des endroits où le foîeil ne donne
point. La violette qu’on cultive eft pour l’ordi-
naire la double ; car , pour ce qui eft de la fimp^e,
on ne s’en met guere en peine ; elle croît affez
d’elle-méme.
Toutes fortes de terres conviennent à la vio-
lette : comme c’eft une fleur de la baffe efpece,
on la met dans des pièces découpées ; on en borde
des plates-bandes dans des petits jardins. 11 faut
la déplanter tous les trois ans , & la replanter
incontinent : voilà toute la culture qu’exige la
violette. Il eft vrai que cette plante aujourd’hui
cft fort négligée dans les jardins ; on n’en fait pas
la raifon.
XXVII. Des pâquerettes , autrement dites ,
marguerites.
ES marguerites , font une efpece de plante
vivace, qui croît par touffes , & qui fe mul-
tiplie de racines éclatées ; elle croît fort bas , &
cft très - propre pour border des plates - bandes :
on en fait aujourd’hui des maffis dans les par-
terres 5 qui font agréables , principalement lorf-
F L P ü R î s T E. ïSÿ
qu’on les feme avec la ftatice ; & le tout y pro-
duit un émail qui fait plaifir à voir , par la va-
riété des couleurs qui y régnent.
Dans quelque terre & à quelque cxpofitioti
qif on les puifTe mettre , elles y croifTent toujours
fort bien. Certe plante pullule beaucoup ; & , pour
bien faire , il faut la déplanter tous les trois ans t
on la plante à trois doigts l’une de l’autre.
Ceux qui ne veulent rien épargner pour jouir
de réclat qu’elle donne aux parterres 5 garnifTenC
les places ou on la met de bon terreau de couche.
La fleur qu’elle produit efl radiée , tantôt blan-
che , tantôt rouge , & tantôt variée de différen-
tes couleurs enfemble : fon difque efl; à plufieurs
fleurons.
Les Jardiniers Fleurifles ont foin d’en élever
beaucoup en pépinière , depuis qu’on s’eft avifê
de s’en fervir pour l’ornement des parterres. Il
feroit à fouhaiter que dans les Provinces on en
prît le goût , comme à Paris & aux environs ;
c’eft une chofe de peu de dépenfe , dont la cul-
ture efl fort aifée , & qui n’eft toujours que trop
dédommagée par le plaifir qu’on a d’en jouir dans
les parterres, lorfqu’elles y font plantées avec art.
XXVIII. De Vafier ^ autrement dit y
Oculus Chrifii.
üTTE plante fert d’un bel ornement aux jar-
dins ; on la nomme after^ parce que fes fleurs
ont des rayons comme un aüre. C’eli une plante
ÎÇO Le Jardïnîer
vivace qui fe multiplie de racines éclatées : eîfe
s’éîeve aufli de graine , mais cette voie n’eft pas |
la plus courte ; en ce cas , on la feme fur une plan-» |
die dans une terre meuble , couverte d’un peu de
terreau , & toujours au mois de Septembre,
Si , au contraire ^ on veut fuivre l’autre mé-
thode , il faut arracher le pied avec la bêche , le
réparer en autant de parties qu’on le jugera à pro-
pos^ & les planter feîon les réglés du jardinagee
L’afîer fe plaît dans toutesfortes de terres ; on
en met le long des grandes allées^ entremêlés d’ifs
ou de foleils ; ce qui fe peut pratiquer feulement
dans les jardins fpacieux^
On peut encore en garnir de grandes plates-
bandes de parterre ; mais com.me cette plante pul-*
Iule beaucoup, il faut la relever tous les trois ans,
crainte qu’elle n’effritât trop la terre.
Pour les aüers qui font dans les grandes allées,
ils ne fauroient devenir trop touffus , puifque
c’eft pour lors qu’ils frappent plus agréablement
îa vue ; & , pour leur faire produire ce bel effet ,
il eil bon au Printemps , & après une pluie , de
leur donner un petit labour. Les fleurs de l’afler
font à rayons de couleur bleue , violette ou pur-
purine : la première efpece eft la plus commune
dans nos jardins.
i$ï
XXIX. De la grenadille , ou fleur de la Paflion^
ETTE plante croît en toutes fortes de terre,
mais à la vérité bien mieux dalis celles qui
font humides que dans les terres légères.
La grenadille , qui efl une plante vivace , fe
multiplie de racines qu’on plante en les courbant
un peu , parce qu’étant naturellement garnies de
beaucoup de nœuds , elles pouffent des tiges par
chacun de leurs endroits.
Les racines les plus jeunes font toujours les
meilleures pour planter ; la réuffîte en eft plus fûre
îorfqu’elles font vieilles ; on en plante en pots &
en pleine terre : en ce cas -ci , on forme, autour
de chaque racine , un quarré de briques ou de
tuiles mifes en terre de côté, de la largeur d’un
bon pied fur tout fens.
On déplante tous les ans la grenadille pour la
replanter comme on a dit : la meil-eure expofi-
tion qu’on lui puifTe donner , efl toujoursîe grand
foleil; &, comme les tiges qu’elle jette font très»
foibles , il faut , quand elle monte, ficher au pied
de petites baguettes pour les foutenir , les y atta-
chant avec du petit jonc ou du fil.
C'eft une fleur de la grande efpece, dont on
peut couvrir des murs ; eüe eil propre auffi pour
mettre en touffes entre des rangs d’aibres ifolés.
Cette plante fe perpétue auffi de femence ; ce
qui fe pratique de même qu'à Tégard des cléma-
tites. Voyez la page 187. La grenadille efl appel-
ïfl Le Jardînibr
fée Fleur de la PaJJion , parce qu’on prétend que
fur fa fleur elle en repréfente p’üfleurs infi:rU'«
ments. Cette fleur eft compofée de plufieurs feuil**
les difpoféeslen rofes.
I - - ■».swtj«trtif«j»v«3iByragiiinwiiirn'ia— wagM— HPPIPB6WWB3II
XXX* De la camomilU.
Q üoiQus: cette plante foie de beaucoup d’u-»
fage dans la médecine , elle ne laifle pas
néanmoins de fervir d’ornement dans nos jar-
dins ; elle aime les lieux fablonneux , & fe multi-
plie de graine & de plants enracinés : elle fe cul-
tive ainfl que les autres plantes vivaces.
La camomille efl une fleur de la bafle efpece ,
qui produit un effet agréable à la vue dans les
petites plates-bandes ou découpés d’un parterre,
îorfqu’elle y efl plantée avec art : fes fleurs font à
rayons; elles ont un difque au milieu, & une cou-
ronne tout autour compofée de plufieurs fleurons,
— -, j iMimilT ^.^1. .. Mi
XXXI. Des ellébores.
ON plante l’ellébore de la meme maniéré que
les autres plantes vivaces : on y apporte les
memes foins , & cette plante ^e nous porte à au-
cune confidération particulière, A l’égard des
terres , elle s’accommode à toutes, pourvu qu’el-
les foient bien ameublies.
L’ellébore ne produit un bel effet que dans les
grands parterres : fes fleurs nailTent à plufieurs
feuilles en forme de rofe blanche ou incarnate ,
mêlée d’un rouge#
Obferyationt
■ÿ E B ü R î s T s» 193
Obfervation,
ïî faut obferver que dans ce rUois on peut en»
cotêfeüier des pieds-d’alouette & planter des lis.
II QÜ Vrai que la fîeur n’en naît pas fi belle la
première anne'e , que s’ils avoient été plantés au
mois G ■Ocîobre>
-rn^i, , t’M'
Des coque lourJes,
^ A coquelourde eft une plante vivace qui f@
‘^ perpétue de racine & de graine ; la blanche
nevient poincautrementque par la derniere voie :
on îafemefur couche; &, quand les jeunes plants
font affez forts , on les plante dans des pièces de
parterres.
A l’égard des autres efpeces ^ qui viennent des
racines éclatées , elles fe cultivent comme plu-
iieurs autres plantes vivaces dont on a parlé : iî
faut y avoir recours , fans qu’il foit befoin ici de
redites.
On obferve feulement de les mettre troisdoigts
avant en terre. Les coquelourdes produifent un
joli effet dans les parterres, où elles donnent des
fleurs rouges & blanches difpofées en maniéré
d’œiîlets : la graine en eft ronde & d’une couleur
grifâtre»
I
/, Parité,
î
SJ4 ^ E J A R D î N-Î'Ê R
XIX. Des pesifées,
^Quelques-uns appellent cette plante la Fleur
\£^de la Trinité ^ parce que fa fleur eü de trois
couleurs.
La penfée fe multiplie de graine ,& fe feme fur
couche le plus à claire-voie qu’il efl: polfible ;
îorfque le plant efl aflèz fort, on le trafifplante en
pleine terre ; on en met aufli en pots : cette plante
y paroît avec plus d’éclat quand elle efl en fleur.
Il faut pour lors lui donner une terre compo-
féè de moitié terreau & moitier terre à potager ,
bien criblée : on l’arrofe dans le befoin. Ses fleurs
reffemblentà celles de la violette; elles font corn-
pofées de cinq feuilles qui font de trois couleurs ,
favoir blanches ou jaunes, purpurines & bleues:
fa femenceefl fort menue.
X X. De la fiatice.
*^Ln^y a rien de plus agréable que la flatice dans
•^les mafîis d’un parterre : cette plante n’efl point
difficile à é’ever ; elle croît heureufement dans
toutes fortes de terres.
La flatice efl une plante vivace ; elle fe culti-
ve comme les marguerites : elle produit des
fleurs ramaffees en une petite tête ronde dans un
caliceécailé ; cette tête efl compofée de plufieurs
fleurs à œillets.
Il y a deux efpeces de flatices , la grande & la
petite efpece ; la derniere efl la plus efiimée , &
FtEüRïSTK. Î95
alîe dont on fe fert ordinairement pour la dé-
coration des parterres, parce que naiffant plus
baffe que celle de la grande efpece , elle imite
rnieux le gazon , & Témail que produifent fes
fleurs a une fuperficie plus unie. Cette plante ne
craint point le froid, à moins qu’il ne foit excef-
fif. Il feroit à fouhaiter , pour l’embelliffement
des jardtns, qu’on cultivât plus de ftatices qu’on
ne fait ; ce n’eft pas que cette fleur convienne à
toutes fortes de parterres ; il n’y a que ceux des
maifons qui font dans les villes qui puiffent s’en
accommoder: on s’en fert rarement dans les jar-
dins de grande étendue; cela eft trop colifichet;
il faut quelque chofe de plus grand.
XXI. Dt rœil de-beruf.
La femence & les racines éclatées font les
deux voies qu’on emploie pour multiplier
Voeil--de-hœuf ; la première eft de plus longue at-
tente, au lieu que l’autre réuffit bien plutôt: c’eft
un avantage que toutes les plantes vivaces ont
de particulier au-deffus de celles qui ne font
qu’annuelles.
On plante l’œil-de-bœuf dans les plates-bandes
de parterres à trois doigts de profondeur; il faut
arrofer cette plante fi-tôt qu’elle eft plantée , &
en Eté lorfqu’on juge qu’elle en a befoin.
Sa fleur eft belle ; elle naît à rayons , avec un
dirque compofé de plufieurs fleurons à feuillesen
Raniere de petites gouttières diftantes les unes des
I a
Î9Ô Le Jardîkîss
autres ; la couronne eft à demi-fleurons ; fa
mence efl: quarrée & fort menue.
XXII. I?e la pomme épineufe , autrement dite
Jîramonium*
'1*1 feroit à fouhaitcr que cette plante fût très-
•^commune dans nos jardins : elle y produit un
effet Je plus agréable du monde ; fa fleur eft à un
tuyau découpé en plufieurs parties , & d’un beau
bleu fur un fond blanc.
La pomme épineufe efl: une plante annuelle ; on
la feme au mois de Mars , à claire-voie & fur
couche : lorfqu’elle efl levée on couvre le jeune
plant avec des cloches , pour le garantir des fri-
mats qui le morfondent.
Quand ce plant efl affez fort , on la leve en
motte pour la planter en pot ; cette méthode en
facilite bientôt la reprife : on peut encore en met-
tre en plates-bandes. II fautfarrofer en Eté^ juf-
qu’à ce que la fleur foit paffée.
Onfefert du flramonium en pots pour la beau-
té des parterres , en guife d’arbriffeaux : ce font
ordinairement des pots de faïance qu’on emploie ,
& qu’on pofe fur des dés de pierre.
XXIII. De la valérienne.
eftime \zvalcrienne ^ tant par l’abondance
de Tes fleurs , que par l’odeur agréable qu’el-
les exhalent. Cette plante croît fort haut , & a
des tiges fort grêles ; c’efl pourquoi il faut leur
donner de petites baguettes pour appui.
FlEÜRîSTEa 197
Quanta fa cultiirej elle ne différé point de celle
de I’œil“de-bœuf , page valérienne eft une
plante vivace , qui ne convient que dans les plates-
bandes des grands parterres ; elle fait encore un
plus bel effet en touffes entre des arbres ifolés :
elle donne des fîeurs à une feule feuille en maniéré
de tuyau , de couleur d\in blanc purpurin , & d’ii- -
ne bonne odeur : fa graine eft oblongue.
XXIV. De la jacohée ou fleur de S» Jacques»
ORSQUE la jacohée eft placée comme il faut
dans un grand parterre , ou le long d’un
mur, elle y frappe très-agréablement la vue : elle
rampe par terre ; ce qui caufeun mauvais effet ,
fi on ne prend le foin de lui donner des appuis ; &
pour cela on fiche en terre de petites baguettes
hautes de deux pieds.
La culture de cette plante efi femblable à celle
de l’œil-de-bœuf ; on peut y avoir recours , page
195 , parce que c’efî une plante vivace dont les
fleurs font radiées, accompagnées d’un difque à
plufieurs fleurons : il faut avoir foin de l’arrofer
& de la farder , crainte que les méchantes herbes
ne l’alcerent.
içS Lu Jardînikh
XXV. De la fleur du Parnafle»
^^ETTE plante eft annuelle, & vient par con-
^fëquent de femence qu’on feme clairement,
crainte que les plants ne s’étiolent.
Elle aime la terre graffè & les lieux humides ;
elle fe cultive comme bien d’autres plantes an-
nuelles qui ft fement dans le mois de Mars. On a
fuffifamment parlé des foins qu’on devoit y don-
ner; les redites ne feroient qu’ennuyer le Lefleur ,
c’eft pourquoi on n’en dit rien.
Outre les plates-bandes de parterre ou la fleur
du ParnafTe produife un bel effet , on confeille
encore d’en mettre en pots ou en caiffes : elle frap-
pe agréablement les yeux dans l’une & l’autre
fituadon.
îl faut pour lors emplir ces pots ou ces caiffes
de deux tiers de bonne terre à potager , & d’un
tiers de terreau , le tout mêlé enfemble; cela fait
on y met la plante félon les réglés du jardinage.
La fleur du Parnaffe eft une fleur en rofe , com-
pofée de plufieurs feuilles inégales , toutes fran-
gées & difpofées en rond.
A VERDISSEMENT.
On ne fait point ici de chapitres particuliers
des plantes qu’on doit femer dans les mois d’ Avril
& de Mai , pa'rce que ce font celles dont on a
déjà parlé, & fur la culture defquelles on a don-
né d’âffez amples inftrudions ; on fe consente
feulement d’en donner une lifte*
Fleuris te* 199
LiJJes des plantes qui
Avril '
Les coquelourdes.
Les penfées.
Les thiafpis.
Les foucis doubles.
Les cy anus de routes for-
tes.
? fement dans les mois
de 'Mai*
Les fcabieures.
Les amaranrhes , pour en
avoir tard en Üeurs.
Le mufcipula , amremeni
dît t r ap e- moucli e s .
La plus grande partie de ces fleurs fe feme dans
ces deux mois , en vue d’en avoir d’édofes en
Automne , qui eiî: la faifon oîi les jardins en de-
meurent prefque dégarnis.
CHAPITRE XXVI.
Des plantes propres à faire des bordures conve^
nables à un jardin à fleurs»
OM ME les caprices des hommes font bien dif-
férents,ona cru que, pour s’y accommoder ^
outre les parterres qui font plantés de buis , on
devoir encore dire quelque chofe de ceux dont
les pièces ne fon: bordées que de plantes aroma-
tiques , dont on parlera, & de quelques autres
dont on a déjà parlé.
II eft vrai que les compartiments bordés de buis
font plus beaux & de plus longue durée. La ftatice
& les marguerites peuvent ici tenir le fécond rang ;
mais , pour y produire l’efFet qu’on en attend , il
I 4
2LÔÔ !Le jARDTÎTîEa
faut que rijiduftrie & le bon goût du Jardinîet
conduifent fa maina
Toutes les plantes aromatiques dont on fe fert
en bordures font vivaces , & fe multiplient de fe-
mence & de plants éclatés ; elles foufFrent volon-
tiers le cifcau , quand la faifon de les tondre exige
ce travail ; ce qui fait qu’elles frappent mieux les
yeux.
Pour bien planter ces fortes de bordures , on
commence d’abord par mettre fon terrein àJ’uni ,
puis on rend un cordeau îe long des plates-ban-
des , pour ouvrir une rigole de la largeur & de
la hauteur de la bêche, pour y mettre les plantes ^
après qu’on en a éclaté les racines. îl faut en
adoffer &en érendre les branches du côté du cor-
deau , pms jetter de la terre delTas pour fes tenir
d^abord en état en fui te on achevé de combler
la rigole , on en foule la terre avec le pied , puis
on l’unit avec le râteau : îe moins épais qu’on
puiffe planter ces plantes , c’efl toujours le meil-
leur. Cette maniéré de mettre les plants s’appelle
planter la rigole.
La ftatice & les marguerites fe plantent m
plantoir : il faut féparer leurs touffes par brins ,
parce que ces plantes ne pullulent que trop lors-
qu’elles font dans un bon fonds.
On tond une fois tous les ans les bordures de
plantes aromatiques; fi vous en exceptez le thym>,
qui ne croît point alfez haut pour être tondu.
Voici un catalogue des plantes dont on fait or dH
nairement des bordures.
Feküriste. 2.01
Catalogue des plantes aromatiques •
La fauge de plufieurs efpe- L’hyfope.
■■ ces'. L’abfynîlie de la petite ef«-
£a marjolaine, pece.
Le thym. Lafarriette,
La lavande,-
I. De la fanges
La fauge efl: de deux fortes , Ja panachée & Tor^
dinaire; la première a les feuilles fort agréables
par la variété des couleurs qui y régnent : on en
trouve aifément chez les Fleuriftes ; il feroit à
fouhaiter qu’elle fût plus commune dans les jar-
dins qu’elle ii’eft^.
I L De la marjolaine*
On compte deux efpeces de marjolaines , dont
Pune a les feuilles plus grandes que l’autre , mais
celle»ci en récompenfe , a l’odeur bien plus agréa-»
bl'e , &: toutes deux font un affez joli effet tm
bordure.,
III. Du thymc
Le thym , ainfi que les autres plantes dont on
a parlé, eft alTe?: connu, fans qu’il foit befoin
» d’en faire la defcription,. Cette plante croît fort
bas : c’eft pourquoi elle convient des mieux pour
border une plate-bande d'un jardin potager &
fruitier.^
IV. De la lavande*.
On cultive de deux efpeces dé lavandes dans
lès: jardins 5. elIeL» y produifent un très-bel effet :
L 5.
2.02 Le Jardinier
lorfqu’eîles font en fleur , elles exhalent une odeur
qui récrée l’odorat : on fe fert des tiges de cette
plante pour mettre dans le linge , afin de lui
donner une odeur agréable*
V. De Vhyfope.
L’hyfope eft une plante qui fait aufli une très-
belle bordure , lorfqu’on a foin de l’entretenir ;
il faut la déplanter tous les deux ans , parce
qu’elle pullule beaucoup.
Mais à parler véritablement de toutes ces plan-
tes propres à bordures , elles ne conviennent guere
que dans des potagers bien drefles & bien entre-
tenus : car de s’en fervir d’ornement pour les jar-
dins , c’eft un abus ; aufli ne s’en avife-t-on point :
il n’y a que les marguerites & la ftatice qui aient
cet avantage avec le buis. Paflbns à d’autres cho-
fes que le Ledeur curieux fera bien arfe de favoir *
CHAPITRE XXVII.
Des mois & des faifons auxquels chaque plante
paraît en fleur durant toute Vannée»
POUR ne rien oublier en cet ouvrage qui puiflfe
contribuer à fatisfaire la curiofité du Leâeur >
on a jugé à propos d’y marquer les faifons & les
mois auxquels chaque plante donne fa fleur du-
rant toute l’année.
Il en réfulte deux avantages ; le premier efl que
ceux qui ne font point encore verfés dans la cul-
F L E ü R 1 S T 2. 103
tare des fleurs feront bien aifes d’apprendre ces
différents temps pour établir un bel ordre dans
leurs jardins , & n’y rien mettre que très- à-pro-
pos.
Le fécond eft afin que ceux qui n’ont pas en-
core une parfaite connoiflance des plantes , puifi»
fent 5 dans chaque faifon , tous les mois en con-
noître aifément les fleurs ; & , comme le Prin-
temps eft le temps où les premières fleurs com-
mencent à éelorre , on commencera aufli par luî
à marquer celles qui en font l’ornement.
LE P R I N T E M P S.
On comprendra fous cette faifon les trois mois
que voici 5 favoir 5 Mars , Avril & Mai=.
M A R S.
'Paroiffcîit en ce mois^
les iris bulheux. Les baffinets»
Les anémones de toutes Les crocus printaniers»
fortes. ^ Les hyacinthes de touîés^^
Les cyclamens printaniers». fortes.
Les hépatiques de toutes Les jonquilles,
fortes. Les tulipes hâtives.
Les giroflées jaunes. Les prime -verres Amples
Les narciffes de pîuftèufs de routes couleurs.
efpeces. Les oreilles d'ours àâîî^
Les frétillaires. ves.
A T R I L.
Paroiffeat en ce mois
Les pâquerettes , autre^ La coqueîourde,
ment dites marguerites. Les penfées.
Les giroflées jaunes. Les frétillaireso
2.04 L e J a 11 d i n I e r
Les narcilTes de toutes for- Les hépatiques doubles»
tes. . Les prime-veres.
Les O teilles d’ours hâtives. Les tulipes.
Les cyclamens printaniers. Les hyacinthes.
Les crocus. Les jonquilles fîmples.
Les anémones de toutes La couronne impériale.
fortes. Les violettes de Mars.
Les iris.
M A I.
Paroijfenù en ce mois
Lés anémones.
Les giroflées de toutes for-
tes.
Les giroflées 'jaunes»
Les ancolies.
Les renoncules.
Les cy anus de toutes fortes .
Les hyacinthes.
Les hémérocales.
Les fraxinelîes.
Les pâquerettes ou mar-
guerites..
Les afphodeîes.
Le lis oranger ou lis flam-
me.
La jacée double.
Les penfées:
Les pivoines de toutes ef»
peces.
Quelques iris bulbeux.
Les juliennes.
Les lis dé vallées ou
guet des bois.
Les oeillets de.Poëtes.
Les œillets de montagne-.
Les tulipes tardives.
É T É;
Cette faifon eft féconde en fleurs, auflî-bien
que la précédente : voici celles qu’on y voit
éclofes*
J VIN.
FdrozJJent en ce mois
Les mufles de lion. Les penfées,
L’argemone. Les pieds d’alouette.
Les œillets , appelles aur La grande pâquerette»
trc/ne/zÿ lÿchnis. Les rofes»
F li E ü
£escyanus de toutes for-
tes*
31es digitales de toutes for-
tes.
Xes martagons...
Les capucines.
Les œillets de toutes fdr-
j U r L
Faroijfent
Les’ bafiîics.
Les campanules
Les marguerites.
Les capucines.
Les œillets.
La fcabieufe,
La nielle ou nigeîîe.
Les cyclamens.
Le mufcîpula .
Les lis de toutes fortes.
La mayenne.
Laconfoude royale.
Les fcilies.
Les clématites* .
Les allers.
Les camomilles...
La campanulle.
Les œillets de Foëtes.
Les balfamines
Les coquelourdes,..
Les mudes-de-lipn.
Les fôucis doubles..
Les immortelles.
La jacée des Indes.
Les croix de Jerufalem ou
croix de MaUbe.
R r ^ T E.
tes.
Les thiafpîs.
Les pavots.
Les clématites.
Les giroflées de plufieurs
efpeces.
Les tubéreufes^
L E T.
en ce mois
Le di dame.
Le volubilis.
Le baiîlic.
Les phaféoles.
Les matricaîres.
Les lis de Saint-Bruno; .
Les tricoîors.
La pomme épineufe.
Les flatices.
Les tournefoîs.
La grande pâquerette^
Les bellevederes.
La dem* du Barnaffe,
Les orchîs ou fatyrions.
Le panicaut' ou cbardon^^
roiant..
La digitale, .
Les coquelicots.
Les amarantbes.
Les giroflées de toutes for<»
tes,.
Les belles-de-nuit*
Les ellébores.
L’œil-de-bœuf,
La valérienae.
io6 Le jAR&iNr£î6
AOUT.
Taroijfent
V^^tr,autftmemappelléy
OculusChrifti,
Les bellevederes.
les clématites de toutes
fortes.
la mayenne ou pomme
d’amour.
les merveilles du Pérou ,
autrementciom de Mal**
the.
les immortelles.
les tubéreufes.
Les capucines.
Les oeillets de toutes fortes.
le. pafle-velours ou ama-
ïanthes.
en ce moh
Les volubilis.
Les penfées.
Les renoncules.
Les foucis doubles.
Les thlafpis.
Lescyclaraens automnaux,
les fôleils , tant vivaces,
qu’annuels.
Le lis narcilTe des Indes.
Les cyclamens.
La grenadille.
La grande pâquerette.
La campanulle.
Les colchiquesautomnaux.
Les giroflées.-
La digitale.
L’ A U T O M N E.
Comme Tannée commence à décliner en Au-
tomne , auffi s’apperçoic-on que les fleurs deviea-
lient plus rares.
S E P T E M B R E.
Paroijfent
Les amaranthes tricolors.
la mayenne.
la merveille du Pérou,,
la capucine,
le narciüe de Portugal,
Le mufîe-de-lion.
Les oculus Ghrifti*
en ce mois
Les bafîlics.
Les bellevederes,
la grande pâquerette.»
les foucis doubles.
Les rofes d'Inde.
Les oeillets d’Inde»
Les amaranthesa
F t E U R t s T E* 107
La penfée. Le phaféole incarnat.
La grenadiile , ou. fleur de Les renoncules plantées en
la PafSon. Mai.
La pomme épineufe , ou Les tubéreufes.
le flramonium. La campanulk#.
OCTOBRE.
ParaiJJent en ce mois
Les cyclamens d’ Automne, La .grenadillee
Les amaranthes tricolors. Les capucines,.
Les ocuIus-Chrifti, Les oeillets d’Inde’,.
Les mufles-de-lion. Les pafle-velours.
Les penfées ^ruées en Les fonds doubles^.
Août* Quelques œillets,
NOVEMBRE.
Paroijfcnt en ce mois
Les mufles-de-lion. Août.
Les giroflées doubles & Les violettes doubles,
Amples. Les anémones Amples dè.
Les pâquerettes ou mar- toutes couleurs.
guérites. Les cyclamens d’Hiver,.
Quelques œillets. L’ellébore*
Les penfées Temées en
L’ H I V E R.
Le froid étant l’ennemi mortel des plantes , îî
n^eft pas furprenant de voir cette faifon fort fté-
rile en fleurs ; cependant , malgré le froid , voici
celles que la nature , aidée de l’arc , nous fournit^
XoB Le jARDîisriïïii
DÉCEMBRE.
Faroijfent en ce mois
Les foucis doubles. toutes couleurs , 8c cel-
les prime-veres fimpîes. les qui font à pluches ^
Les cyclamens d’Hiver. Sc hâtives.
Les anémones fimples , de Les muffes-de-lion.
JANVIER.
Faroiffent en ce mois
Les anémones fîraples , de Les hyacinthes d’Hîver.
toutes couleurs. Les narciflTes du Levant»
Les cyclamens d’HIver. Les prime-veres.
FÉVRIER.
Faroijfent en ce mois
Les anémones Amples. ffan.
les anémones à pluches Les hépatiques fimples,
hâtives. Les giroflées jaunes lim^
Lès iris de Perfé. pies.
Le crocus ou fleur de fa- Les perces-neiges.
Voilà des fleurs en aflez bon nombre pourcon»
center un Fleurifte curieux durant toute Tannée ;
& outre qu’on en jouit dans lès parterres , on
peut encore en dreffér un amphithéâtre, fur le-
quel on range par fymmétrie les pots où elles
font plàntéés. Il n’y a rien de fi agréabîé à îâ vue.
que ces pots rangés avec art; & la variété des
couleurs , qui en fait le luflre, donne aux fpec*^
tateurs un plaifir incroyable.
CHAPITRE XXVII.
Des pépinières & de la nécejjîté qu^il y a d^en
avoir ^ tant de fleurs de toutes fortes ^ que d^ar^^
1res , arbiiftts & arbrifleaux pour n*en point
manquer dans le befoin^
'est beaucoup dans ce Traité d^avoir donné
des préceptes fur îa culture générale des
fleurs ; mais ou a cru encore devoir indifpenfa-
blement montrer la néceffité qu'il y a d^en avoir une
pépinière pour n’en point manquer dans chaque
faifon : les parterres par ce moyen ne font point
dépourvus dé fleurs durant toute Tannée ; & c’ed
la méthode que devroient fuivre la plupart dés
Jardiniers qui ont de grands jardins à conduire ;
mais c’eft en quoi ils manquent , étant obligés
foQvent d’en aller mendier , & de fe fervir de
ces plants tels qu’on Tes leur donne.
Le plus grand fecours qu’on tire d’une pépi-
nière de fleurs , c’eft que ^ quand queîqu’oignon
meurt , ou qu’une plante n’a pas repris,. on trouve
d’abord de quoi en remplir la place ^ fans être
obligé de fortir pour Taller chercher ailleurs.
On appelle pépinière de fleurs un endroit ou
Ton plante des cayeux d’oignons pour s^en fervir
dans Toccafion , & lorfqu’ils font en état d’ap-
porter des fleurs. C’^eft auflî où Ton éleve de fe-
mence toutes fortes de fleurs , & les graines de
renoncules & lés anémones , donc ces dernkres
2LÎO L e J A R D I N 1 e a
fe plantent jufqu’à deux fois avant qu’elles dôn«
nent leurs fleurs ; & jufqu’à ce qu’on les replante
à demeure , l’endroit où elles font s’appelle tou-
jours pépinière.
Telle pépinière, pour l’ordinaire , fe place dans
quelque coin de quarré de jardin , fur une ou
plufieurs planches , bien amendées &bien labou-
rées , qui aient le levant pour expofition. Le
grand chaud altéré les plantes ; le trop d’ombrage
d’ailleurs les fait étioler : c’eft pourquoi , autant
qu’on le peut, il faut éviter ces deux extrémités.
Quand toutes les planches font bien drelTées ,
on les couvre d’une terre criblée & de bon ter-
reau , autant de l’un que de l’autre : il faut deux
bons doigts d’épaifleiir du dernier, le tout étant
répandu fur ces planches, uniffez-îes avec le ra-
teîiu , & femez.
Si ce font des racines ou oignons, prenez-Ies
chacun féparément dans îeurefpece ; & pofez-les
dans Tes places que vous croyez leur devoir con-
venir; ne les mettez point trop proches l’un de
l’autre , afin qu’ils en croiflent mieux.
Cela fait , prenez encore de la terre mêlée de
terreau & criblée, mettez-Ia légèrement fur ces
plantes , que vous îaifferez ainfi.
II faut avoir foin de tenir nette des méchantes
herbes une pépinière à fleurs , & d’arrofer le plant
qu’on juge en avoir befoin.
Outre ces pépinières d’oignons & de graines
il y a encore h pépinière de bouture , & autres
FtiuRîSTB. stir
“plants , qui eft le morceau de terre où on les
plante, pour les placer après où on le juge à pro-
pos. Dans cette pépinière on plante les oeillets de
égraine ou de b/ens , qui font des efpeces de bou-
tures : on a dit comment cela fe faifoit.
On y met aiiffi les boutures de juliennes , giro-
flées jaunes & jafmins communs , lauriers, thyms,
piceas , ifs de femence& de plants, & quelques
autres plantes dont il efl parlé dans cet ouvrage.
Quant à la maniéré de les gouverner , on n’a rien
oublié pour cela dans l’endroit qui les regarde.
En fait de pépinières on n’en a jamais trop,
principalement à l’égard de ceux qui font com-
merce des fleurs ; ce font des dépôts qui leur font
d’un grand fecours.
Le véritable fecret d’avoir une pépinière I
fleurs, c’efl de la bien entretenir ; cela demande ,
à la vérité , quelqu’attention , fi on veut en tirer
du plaifir & du profit.
Ce n’eft point affcz d’avoir parlé des pépiniè-
res de fleurs & d’arbuftes , il y a encore une forte
de pépinière qui eft d’un grand fecours dans les
parcs & dans les jardins qui ont de l’étendue,
pour y élever toutes fortes d’arbres^, foit de plant
enraciné , foit de graines ou de fruits , comme
marons d’indes , glands, &c.
Cette pépinière fe place toujours dans un en-
droit écarté ; la terre en doit être bonne , bien
labourée , & avoir les conditions telles qu’on le
dira ci -après, à la troifisme partie de ce Livre.
Ù.11 Le Jardinier
11 s’agir à préfent de faire choix des graines i
elles doivent être grofles , lourdes , fans être al-
têréesnilegeres, & recueillies de la même année:
c’eft à la fin de Septembre jufqu’en Décembre
qu’on les recueille ordinairement. On les feme en
rigoles au commencement du Printemps ou en
Automne , par un temps doux , fans vent , &
qui foit difpofé à la pluie , afin de plomber la
terre ^ & que les graines en fortent plus vite.
Pour faire ces rigoles , on tend de deux pieds
en deux pieds une corde d’un bout à l’autre , &
on ouvre avec la bêche ces rigoles, auxquelles on
donne un demi-pied de profondeur ; enfuite on y
jette les graines , que l’on recouvre de terre. Les
fruits , comme les marrons d’Inde , fe fement de
même, à moins qu’on ne veuille les mettre en ter-
re , la corde tendue , dans des trous faits au plan-
toir , efpacés d’un pied chacun.
Comme on efi: obligé de farder & de labourer
fouvent les pépinières , à caufe des méchantes
herbes qui y croiffent en abondance , il cü nécef-
faire de remarquer les endroits où on a fait les
rigoles , en mettant à chaque bout une pierre ou
un bâton , pour ne pas arracher les jeunes plants
au lieu des mauvaifes herbes.
On remarquera que les plants qui viennent de
graines , & qui font femés confufément en rigo-
les, doivent être levés la fécondé année, pour
être replantés à un pied l’un de l’autre félon que
Tefpece dont elle çft l’exige»
FlEURlSTEe aï3
Le moyen le plus prompt pour faire une pépi-
nière , eft d’en élever de plants enracinés ; Ton y
gagne deux années , & on n’eft point obligé de les
replanter. Ces Jeunes plants fe mettent dans des
trous faits à la bêche , éloignés les uns des autres
d’un pied ; le peu de diftance qu’on leur laiflTe les
fait monter droits , & les empêche de fe jetter
de côté & d’autre.
Au bout de quatre ou cinq ans que ces jeunes
arbres ont été plantés , on choifit la branche la
plus droite , & l’on tortille les autres à l’entour,
après leur avoir calTé le bout. A mefure qu’il en
viendra de nouvelles , on en fera de même , &
alors' on coupera les anciennes jufqu’au bas ; par
ce moyen ces arbres monteront d’année en année,
& feront toujours bien droits. Malgré ces foins ,
s’il y en a quelques-uns qui viennent de travers,
l’on fera fon polfible pour les redreflèr.
Lorfque ces arbres ont acquis huit à neuf ans ,
on peut les placer où l’on veut , où il en fera
befoin ; ils fe tranfplantent d’ordinaire à la chûte
des feuilles , parce que la feve ne monte plus. On
les lèvera de terre avec leur motte ; c’eft le moyen
de les faire moins fouffrir dans le tranfport, & de
les mieux faire reprendre.
Il faut lesarrofer dans les grandes féchereH^es y •
pour connoîtrele temps le plus propre pour
les labours dont les pépinières ont befoin > on n’a
qu’à confulter la culture de chaque plante qu’on
voudra cultiver j ce temps y eft marqué fort exac*
Û.Ï4 ts Jardïhîfr
îement ; c’eft: pourquoi l’on ne dira rien davan*
tage fur la maniéré de gouverner les pépinières ^
parce qu’il en fera encore parlé ci-après, à chaque
article particulier.
C’eft par le fecours de ces pépinières que ceux
qui les gouvernent , s’enrichilfent par le grand
débit qu’ils ont des arbres qui y croiffent : rien
îî’a plus fon utilité qu’une pépinière d’arbres.
Les pépinières d’arbrilfeaux & d’arbufles n’ont
pas moins leur utilité : combien aiiffi voyons-nous
de Fleuriftes devenir à leur aife par le commerce
qu’ils 1en font ?
Le vrai fecret d’avoir de belles pépinières con-
fifte à les bien entretenir ; il eft confiant que cela
demande un peu de foin & un peu de fujétion ;
mais, par le profit qu’on tire de ces pièces de jar-
din , on ne doit regarder ce travail que comme
un pîaifir qu’on goûte en les gouvernant.
On s’étonne qu’il n’y ait qu’en certains endroits
de notre France , qui font encore en petit nom-
bre , qu’on fe foit avifé de dreffer des pépinières
de fleurs , de toutes fortes d’arbres , arbrilTeaux &
arbufies , fervant à rembelliffèmenc des jardins ;
& que par ce manque d’attention , il faille que les
curieux en jardinage , qui en font éloignés, n’en
paiffent avoir qu’a grands frais, par les voitures
qui font cheres , & n’aient fouvent ces plants
qu’altérés , à caufe du long tranfport qu’ils ont
foufFerr , lorfqu’ils pourroient en avoir fous leur
Bvain , & fans courir aucun rifque : c’efl pourquoi
Fihür^îstê»
îî feroît avantageux qu-e bien des gens à la cam-
pagne , qui entendent un peu le jardinage, s’oc-
cupafîenc à élever des pépinières ; ils éprouve-
füient bientôt le profit qu’on retire d’un travail
de cette nature.
Il feroit far-*tout à propos que fur les frontiè-
res du Royaume il y eût de ces pépinières , afin
que cela donnât plus d’envie aux Etrangers d’en
tirer des plants pour en garnir leurs jardins : ce
qai ne pourroit être qu’avantageux à ceux qui
cultiveroient les pépinières de plantes , toiles
qu’on les a marquées.
Ceux qui veulent élever des ormes , tilleuls ,
marronniers d’Inde, charmes ou érables , qui font
les arbres les plus en ufage dans les jardins d’or-
nement , en prendront de la graine ou des fruits
pour en élever , & fuivront la méthode qui eft
enfeignée dans ce chapitre, & la culture particu-
lière de chacun de ces arbres. On ne doute pas
que , fi on s’adonnoif à ce travail , il n’y eût plus
de gens qui prifTenc envie de faire des jardins de
propreté , à caufe de la commodité qu’ils auroient
d’avoir tout à fouhaic pour cela.
AVIS.
EUX d’ailleurs qui fe plaifentà la culture des
fleurs, foit pour le plaifir feulement , ou par
intérêt , feront bien-aifes de favoir comment &
iÀx s’en débitent les oignons & les graines , & fur
quel pied à-peu-près ils fe vendent 5 de maniéré
ù.1'6 Le Jardinier
qu’ils pourront , en quelque façon , tabler fur le
plus ou le moins dedépenfe qu’ils y voudront fai-
re voici donc à quoi fe réduit ce petit commerce.
Prix des oignons & graines de fleurs.
Les renoncules communes fe vendent au cent ,
& le cent vaut cinquante fols.
Les renoncules curieufes & rares , fe vendent
à la piece ] la piece vaut deux fols.
Les belles anémones, que les curieux recher-
cbent , fe vendent à la piece , & la piece vaut de-
puis deux fols jufqu^à dix, fuivant leur rareté.
Les tulipes communes fe débitent au boiflèau ,
îe boilTeau vaut trois livres^
Les. tulipes panachées fe vendent au cent, &
le cent , pour l’ordinaire , fe vent cinq livres.
Les tulipes , dont on fait encore aujourd’hui
beaucoup d’état , ne fe vendent qu’à la piece, &
la piece vaut deux fols.
Les hyacinthes communes fe débitent au boif-
feau , & le boiîTeau fe vend quatre livres.
Les hyacinthes romaines , comme étant aflez ra-
res, fe vendent à la piece , & la piece vaut trois fols.
Les hyacinthes doubles, blanches ,& bleues, fe
vendent à la piece , & la piece vaut quatre fols.
Les hyacinthes à bouquets fe débitent à la piece,
& la piece vaut deux fols.
Les narcilTes les plus communs fe vendent au
boiflèau , & le boiffeau fe vent quarante fols.
Il y a des narciffes qui fe débitent au cent, &
ïe cent coûte dix fols,<
Les
f* L 'E 17 R I S T Ë. 117
tes narcifles de Conflantinople fe vendent à
fe piece , & la piece fe vend trois fols*
On en voit d’autres , parce qu’ils fent étratt-»
gers & particuliers , qui fe vendent à la piece ;
mais on n’en peut fixer le prix , parce que c’eft
la diftance des lieux , plus ou moins grande j,
d’où on les tire , qui en fait la valeur*
Les jonquilles fimples fe débitent au cent ^ &
pour l’ordinaire le cent vaut quinze fols*
Il y a des jonquilles qui font doubles ; elles fc
vendent auffi au cent, & le cent fe vend cinq liv*
Les martagons curieux fe vendent à la piece ;
les Marchands n’en veulent point fixer le prix ,
parce qu’ils les vendent le plus qu’ils peuvent :
suffi faut-il en tirer le meilleur marché qu’il eft
poffibîeo
Les ornithogaîons fe débitent auffi à la piece ;
c'eflun prix qu’on ne fait pas encore, & fur le-
quel il n’eft pas hors de propos de difputer#
Les tubéreufes fe vendent auffi à la piece , &
chaque oignon fe vend , à choifir , deux fols ou
dix-huit deniers, félon que les Hivers font plus
ou moins rudes.
A l’égard des graines de Seurs ^ on ne croie
point devoir en établir ici le prix, d’autant qu’on
en a pour fi peu d’argent qu’on veut , c^efl-à-
dire , pour un , deux , trois , quatre , cinq , ûx
fols, & pour davantage, félon le befoin qu’on en
a , & la qualité de chaque graine en particulier ,
parce qu’il y en a qui font plus cheres les unes
J. Partie^ K
lî8 Le Jardînîe ê,&c.
que les autres ; mais , au refie , cela va à fi pea
de chofe , qu’on a cru inutile d’entrer là-defiTua
dans un plus grand détail.
On efl feulement bien-aife d’avertir ceux quî
feront curieux de cultiver des fleurs de toutes
fortes, que M. Grou , marchand Grainier , Fleu-
rifre & Botanifle du Roi & de la Cour , vend de
toutes fortes de graines des plus belles fleurs &
des plus rares , des anémones de toutes façons &
des plus recherchées, des oignons de tulipes des
plus eflimées, & des plus fines renoncules. 11 dé-
bite d’autres oignons de fleurs, & on peut dire
là-deffus qu’on trouve chez lui tout ce qu’un
Fîeurifle curieux peut fouhaiter , & le tout bien
conditionné, fans être altéré. II demeure à Paris,
fur le quai de la Mégifferie , ou de la Féraille ,
du côté du grand Châtelet, au Bien-conduit.
On avertit, au refte, que, quoique les prix de
bien des oignons foient ici arrêtés, cela n’empê-
che pas que ceux qui en voudront acheter , n’en
tirent la meilleure compofition qu’ils pourront ,
puifque ces prix ne font point marqués en con-
fcience. 11 efl même impoffible de pouvoir les |
fixer au jufte, à caufe des années plus ou moins '
abondantes, & des Hivers plus ou moins rudes j |
ce qui fait diminuer ou augmenter ces prix»
Fin de la première Partie»
CHAPITRÉ PR
Defcriptioîi dhine
oici une fécondé Partie
Ton peut dire qu’il y a beaucoup de chofes qui
regardent le jardinage , & donc jamais perfonne
ne s’eft avifé de parler *, mais comme on a eu def-
fein de rendre cec Ouvrage tout particulier par
K a
la
rbufles fervant à V embelli Jfement des jar*
dins , avec la maniéré d^en conduire
ment quelques-uns , qui ,
faits , pajfent pour les ornements
qu^ony emploie
Le Jaudînier
beaucoup de nouveautés , on a cru , après y avoir
éfahii un bel ordre , n’y devoir rien oublier d’ail«
leurs, afin que ceux qui le liront trouvent plei-
nement de quoi le fatisfaire. Mais , fans s’arrêter
ici à des digreffions inutiles , voyons comment
doitêcre compofée une bonne ferre , & montrons
par quels moyens on entretient , dans les plantes
qu’on y met, le degré de chaleur qui leur eft né-
ceiTairepourlesempêcherdepérirpendantrHiver*
Comme la plupart des arbriiTeaux & arbuftes ,
dont on va parler , demandent à être préfervés
des gelées , & qu’il y a auffi certaines fleurs qui
veulent être garanties du froid , il eft effentiel de
commencer cette fécondé Partie par faire connoî-
tre les différentes qualités d’une bonne ferre*
L’expofition qu’on doit rechercher , autant
qu’il efi: pofTible , pour une ferre, c’eft le midi ,
parce qu’elle reçoit le foleil depuis neuf à dix
heures du matin jufqu’à fon coucher , & qu’ainfi
il peut réchauffer davantage une ferre par la durée
de fa chaleur , & en corriger mieux rhumidité
qui s’y pourroit introduire.
L’expofition du levant , qui donne le foleil de-
puis fon lever jufqu’à deux & trois heures après
midi , n’eft pas moins favorable. Celle du cou-
chant, qui jouit des rayons du foleil depuis midi
jufqu’au foir , fe peut fouffrir, lorfqu’on ne peut
avoir l’une des deux autres. Mais à l’égard de
celle du nord , elle eft très-dangereufe , à caùfe
des mauvais vents , & du peu de chaleur qu’elle
reçoit du foleil.
Î'ieürîstk* ü.%t
la grandeur de la ferre ne fera point propor-
tionnée à la quantité d’arbres qu’on a à ferrer ;
mais elle fera au moins d’une ou de deux toifo
plus grande, parce que l’amour pour les plantes
augmentant de jour en jour , elle fe trouveroit en
peu de temps trop petite.
La façade ^ qui eft le côté le plus expofé au fo-
lei! , veut être le plus ouvert qu’il fe peut ; il fe-
roit bon que les fenêtres & les portes ^ qui roc-
cuperontentiéreraent, ne fulTent féparées que par
des pilliers de bois ou de pierre , afin qu’en les
ouvrant , îorfque le foleil luit , toutes les plantes
que la ferre renferme puiTent être favorifées de
fes rayons. Ces fenêtres peuvent avoir quatre,
cinq & fix pieds de large , & la hauteur de toute
la ferre , à la réferve de l’appui , qui , pour l’or-
dinaire , eft de trois pieds : la porte doit avoir la
même hauteur , & une largeur fuffifante pour le
paffage des arbres.
Il ïeroit fort utile que les portes fuflent dou-
bles & à deux battants ; enforte que Tune s’oo-
vrît endehors , & l’autre en-dedans , pour abat-
tre la première fur foi , quand on veut aller faire
fa vifice dans la ferre , fans que le froid s’y infinue.
On peut encore remplir l’entre-deux de ces por-
tes de foin bien prefTé , & ajouter même au-de«
hors du fumier de cheval bien chaud , fi l’Hiver
efl: extraordinairement rude.
En recommandant Kgrandeur des croifées, il
faut obferver qu’dies foient fi bien munies des
K 3
ail Lk Jardinier
fermetures nécefTaires que le froid ne puiiTe s’în-
linuer par aucune ouverture , ni pénétrer du de-
hors en-dedans : pour y reuffir , outre les chafTîs
de verre qu’on met ordinairement aux croifées à
fleur du mur de face , il eft bon de pofer en-dedans
un autre chaïïis qui foit collé de papier des deux
côtés de fon épaifîèur. On pourra mettre encore
en-dehors des contrevents de bois ; & outre cela ,
dans les grands froids , bien calfeutrer avec du
foin ; parce moyen ^ la chaleur tempérée, qui fera
reliée de la belle faifon , ne pourra pas fe difliper ^
Sc demeurera dans un meme, degré.
Cette précaution néceflaire, du côté de la fa-
çade, feroit inutile , fi on ne prenoit pas un foin,
extrême de tenir les murs qui font expofés au
Nord, d’une bonne épailTeiir , à-dire de trois
pieds , & d’une conftruâion folide , ainfi que
les côtés & le plafond , au-deffus duquel il ne
faut laiflèr aucun joî«r : il doit être affez élevé
pour ne pas gêner les arbres,
II faut auffi que le plancher , ou le fol , foit
élevé de quelques marches au-delTus du raiz-de-
chauiFée, afin de préferver les plantes de rhumi-
dité , qui eft beaucoup plus dangereufe que le
froid. I! eft mieux que ce plancher foit pîanchéié ,
que d’être de plâtre ou de falpêtre battu , à moins;
qu’on ne voulût faire fervir la ferre à quelqu’au-^
tre chofe pendant rEté. Si on pouvoit y prati-
quer des caves deftous , elle en feroit plus faine
& çonferverak bien mieux un mê;îie point dp-
F L K U R î s T E. aaj
cîialeur que celles placées dans des endroits bas ^
quoiqu’à l’expofition du midi.
Quant à la longueur & à la largeur d’une ferre,
chacun peut la régler fuivant fes facultés. Une
ferre de quatre toifes de large , & d’une longueur
proportionnée , peut affez bien s’accommoder à
Ja portée de toutes fortes de perfonnes un peu
dirtinguées , & doit pafTer pour for£ belle.
Il leroit à fouhaiter qu’il y eût une anticham**
bre à un des bouts de la ferre , par la raifon que
les plantes ne peuvent être renfermées trop long-
temps , fans qu’il n’en périfTe plufieurs ^ faute
d’air nouveau ; & THivereffi quelquefois fi rude ,
qu’il eft impofiible de pouvoir leur en donner
par la principale porte, ni par aucune fenêtre ,
fans les mettre en danger. C'efl pourquoi il n’y a
pas de meilleur moyen pour renouveller, dans
le befoin , l’air de la ferre , & le corriger de telle
façon qu’il puifTe être falutaire aux plantes , &
non pas les geler , qu’en ayant à un des bouts
une antichambre par laquelle on puifle paiïer pour
entrer dans la ferre. Chaque fois qu’on entrera ^
cette antichambre fe fournira d’air nouveau ; &
ouvrant après la porte de cette antichambre , qui
donne dans la ferre, l’air de cette antichambre
fe mêlant avec celui de la ferre qui eft ufé , lui
donnera les parties néceftàires qui contribuent à
fa végétation & h l’accroiffèment des plantes.
Il n’eft pas impoftible qu’avec tous ces foins ^
•les plantes ne foient pas encore en sûreté du côté
K 4
S.14 ï" ® Jardin t. f r
du froid ; il peut être fi cuifant , & fe gîiiîef
d’une maniéré fi imperceptible, que le dedans de
la ferre s’en reffènte. Four connoître quand i!
pénétré, on met auprès des fenêtres & fur îe
bord des. caiffès , en divers endroits , de l’eau
dans quelque chofe , & quand on voit qu’elle
eft glacée , on doit , fans différer , tâcher à y ré-
tablir le degré de chaleur perdue.
îl y en a qui fe fervent de lampes fufpen-
dues au plancher au milieu & dans les coins
de la ferre , fur-tout dans les endroits par oà
le froid peut venir , mais efl-on exempt de fu-
mée , qui efl la pefte de la verdure , & fouvent
de la plante ?- D’autres ont des poêles d’Allema-
gne , qu’on entretient' d’un feu de bois modéré ,
& dont la fumée foré en dehors de la ferre par
un tuyau. Cette maniéré d’échauffer l’air eft iné-
gale; le voifinage du feu brûle certaines plan-
tes, pendant que d’autres font gelées ; de plus ^
le feu vient-il à s’affoiblir ou à s’éteindre , les
plantes qui ont ouvert tous leurs pores à une
chaleur qui les réjouiffoit , donne plus de prife
â la gelée , que li on les avpit laiffées fans feu.
Le plus sûr eft de tenir le tout bien clos , &
de redoubler dans les grands froids les paiüaf-
fons fur ks croifées. On peut faire ufage pour-
tant des cheminées inventées par monfieur
Gauger , dont l’avantage eft qu’il entre fans
ceffe dans la ferre de l’air nouveau également
échauffe , & que l’air qui y eft renfermé en fort
continueUementp
Fleuriste.
Quelque néeeffaire que foit une ferre auffi^bien
eonditionnée que celle qu’on vient de décrire
peu de perfonnes veulent ou peuvent faire la.
dépenfe d’une telle entreprife : il eft plus ordi-
naire de voir convertir , à cet ufage, des lieux,
qui ont fervi de falîe y d’écurie , de cellier , &
quelquefois de cave ; ce qui efl: le pis de tout ,
parce que les lieux bas & creux , comme ces der-
niers 5 ne peuvent être que fort humides , & ne
font jamais échauffés des rayons du foleil : pour
les autres ^ avec un peu de réparation ,, ils peu-
¥,ent palTer & fiiiîire.
CHAPITRE I L
Des orangers , & de la maniéré de tes cultiver^
ON ne prétend point ici parler de la maniéré
d’élever les orangers dès leur principe , quf
ifi: la graine , ni dé bouture, ni autrement; ces
voies font de trop longue durée dans Ifes climats
tempérés : if faut làîffer aux Provençaux & aux:
Génois , le foin d’en dreîTér dés pépinières : tout
leur efl favorable dans leur pays ; c’efl pourquoi
ils em font grand commerce : ils nous les appor»»
îent tout greffês dans les mois de Mars, Avril
& M'ai..
Ma. choix qidbti ioit fivoir faire des orangers:
quand on les acheté:,
Eors donc qti’on veut acheter des orangers^
E %
2L2.6 Le Jardinier
pour planter en caifle , on ne-fauroit trop pren-
dre de pre'caution ; ils nous viennent en motte
ou en bâtons fimplement : dans le premier cas ^
on ne s’y trompe guere , parce qu’aux orangers
qu’on tranfporte ainfi , on s’apperçoit aifément
fi la motte qui entoure les racines eft fuppo-
fée ou naturelle r il n’y a qu’à remuer la tige ;
fi la terre y eft appliquée , elle tombe tout de
fuite : outre ce , on leur laiffe toujours des
branches auxquelles font attachées des feuilles ^
qui , îorfqu’elles eafTent , en les pliant à l’en-
droit du p!i , font juger que l’oranger eft en
bonne feve ^ qu’il n’y a rien à craindre ; au lien
que , rorfqu’eltes obéifTent dans ce pli , c’eft
mauvais ligne.
On juge des orangers en bâtons par leur écor-
ce; fi elle eft ferme, ou qu’en incifant une bran-
che en quelque endroit elle fe détache du bois
c’eft une bonne marque ; au lieu que c’en eft une
mauvaife loffqu’elle y adhéré: l’oranger pour
iors eft altéré & fort douteux pour la reprife.
Le bois qu’bn leve par (e moyen de l’incî-
fion , doit paroître humeéié du fuc nourricier t
s’il eft fec , rejettez Poranger.
L’écorce dont on a parlé , doit être d’un verd
jaunâtre , & non pas noirâtre ; cette noirceur
ne provient que d’avoir trop arrofé les oran-
gers en chemin : c’eft par-là que hs Marchands
tâchent de tromper ceux qui en achètent ; ainfi ,
il ne faut point faire de cas de ces arbres at-
Fleuriste» aay
teints de cette maladie , car ce font autant d’o-
rangers perdus.
Lorfqu’on voudra clioifir des orangers en bâ-
tons &fans motte, on ne s’arrêtera pasàlagrof-
feur , qui vient par la fuite , mais on prendra les
tiges les plus élevées & les plus droites.
Ceux emmotfés font à préférer^ fur-tout lorf-
que les branches font difpofees à former un jour
une tête bien ronde, & que la tige efl élevée Sc
bien droite,^
jDes terres propres aux orangers^.
L’oranger naît originairement dans une terre
forte & humide , mais fous un ciel qui , par la
grande chaleur qui s’y fait fentir , en fait corri-
ger les défauts ; ce n’eft pas de même dans les
climats tempérés : il faut donner h l’oranger une-
terre cornpofée comme on va le dire.
On chüifit une bonne terre , telle que peut être
un fable noirâtre , ou une terre grisâtre , ni trop
légère, ni trop forte; on en prend autant qu’on
îe juge en avoir befoin , on la crible , on y ajoute
deux tiers de terreau de couche ou de fumier de
vache bien confommé : on mêle bien le tout en-
femble , puis on s’én fert dans le befoin».
On peut auffi compofer une autre terre , raé«
langée d’un tiers de terreau de brebis ,, repofé
depuis deux ans, d’un tiers de terreau de vieille
couche bien confommé , & d’un tiers de terre
graife de marais,.
IL 6
L E' Tard r n i- e- w.
jîutre terrcé
Dans îes pays ouïe foleileft.de quelques de-
grés p!us chaud qu’aux environs de Paris, corn-
rue du côté de Lyon , il eft bon de changer dè
îîiéthpde.
Et pour çeîail faut prendre deux tiers de bonne,
terre naturelle un peu humide un tiers dé ter*
reau , & faire du tout un corpus.
D’autres compofent les terres , pour les oran-
gers, de boues ramaftees & bien confômmées 3,
ou de curiires de mare ils y ajoutent de îa fiente-
de pigeons , de poules, & autres ingrédients. de,
cette nature».
Les tiges & les feuilles dè citrouilles , celles
de.meîojîs &. d’autres plantes pourries & con-
fommées , forment ua terreau qui convient fore
à la culture des orangers , fi on y mêle un tiers
de terreau ordinaire. Voilà des terres à choifif ^
dans., quelque climat qu’on foit ; ainfi il ne reftet
glus qu’à favoir y planter les orangers»^,
îâ manier du temps de planter les orangers
pour la première, fois».
On plante les orangers à îa fin du mois d’A-
vril , dans celui de M^ai , ou en Oélobre. Si ce font
des orangers en bâtons , prenez-les , lavez-en
bien lé pied avec de l’eau , habillez-en îes raci-
nes , rognez-en l’extrémité jufqu’au vif , ôtez
celles qui paroiflênt meurtries , elles ne fervent
de rien> de même que le chevelu : delà allez à
F E. E U R. I S T E.
ïa.tête, racourciirez-en les branches autant que
V0US le jugerez à propos ^ & pour l’ordinaire
toujours deux ou trois pouces».
Cela fait ,, faites tremper ces orangers en eau
un demi-jour, &, durant ce temps, vous pré-
parez les pots ou cailles dans Iefc|ueîs i^ous
lez. les planter».
Ces caifles ou ces pots feront remplis de terre
dont on a parlé , & félon les climats plus on
moins chauds où l’on. fera. On foule cette terre
avec !a main j,, afin qu’elle, ne s’y affaiffe point
trop lorfque les orangers y feront plantés»
Il faut toujours obferver de mettre fous îa
terre des plâtras ,, afin de faciliter Fécouîement
des eaux, quand on a.arrofé les orangers: cette
terre fera mifeJe plus près du bord de la caillé
qjiùl eft poffibîe»»
Bnfuite on y plante îès orangers , félon les
réglés qu’exige le jardinage. : on prelTe la terre
contre leurs racines , après les en avoir bien gar-^
nies , puis on les arrofe , & on les porte à cou-^
wt du fqleil durant quelque-temps , afin d’eu
faciliter la reprife. Vôüà pour les orangers ea
bâtons : voyons à préfeat comment il faut faire
à l’égard de ceux qu’on nous apporte en mottes
Il faut leur donner déjà la même terre: mais
avant que de les y planter , on retranche une.
partie de cette motte , on égravülonne celle. , qui:
refte, & on rogne les racines*
II arrive ardinairement que ^ pour avoir été
ajo Le jARBîNÎEît
tranfportés de trop loin ^ cette motte fe trouvé
trop defî'échée r c’eft pourquoi on la met trem-
per dans Teau avant que de planter l’arbre;
quand on juge qu’elle efl afièz imbibée , & que
l’oranger eft entièrement habillé , tant aux raci-
nes qu’à la tête , on le plante à l’ordinaire , 8c
on le place dans un lieu aéré ^ mais peu expofé;
au foleil.
Il faut prendre garde que les pots ouïes caifles:
deflinés pour les orangers , foient proportion-
nés à l’arbre qu’on veut y planter,. Les caiffès
dans lefqueîles on encaiffe , pour la première fois ^
îes jeunes orangers, doivent avoir, fans comp-
ter les pieds , un pied & demi fur tout fens»
A l’égard des pots, U ne s’en trouve guere de.
plus grands , fi vous en exceptez de grands va^-
fes capables de contenir des orangers d’une hau-
teur rai fon nabi e.
Les orangers relient ordinairement encaiffesdu^
rant cinq ou fix ans , qu’on leur donne après de
nouveaux rencaifiements : ce n’eff: pourtant pas
à dire que , fi avant ce temps-là îes orangers mar-
quent en avoir befoin plutôt , il ne faille le faire..
Les orangers nousinvkent à ce travail parleurs
feuilles qui fiétriffent & jaunirent , par leurs fleurs
qui n’ont plus la même grandeur , par leurs jets
qui naiflent tout rabougris , ou par la poufle du.
Printemps qui efi: comme en léthargie , quoique
kurs feuilles aient toujours leur verd ordinaire c
â on peut même prévenir ces incoavénients , les
F £ K (T It î S- T E,
^râîîgers n’en vaudcont que mieux , & ne rifqüe-
ront pas rant^
Les caifles , foit pour les orangers ou autres
arbriffèaux , feront faites de bois de chêne ; les
petites planches minces & îes grandes de
fortes planches bien afTembîées , & au moins épaif*
fes d’un bon pouce : elles auront de plus des deux
côtés une porte à double charnière , avec deux
barres de fer à crochet : ces portes (ont pour re*»»
nouveller dans le befoin la terre; H faut que
ces caiiTes , tant les petites que les grandes , foienr
peintes en huile en dehors , & goudronnées en-
dédans ; fans cela elles ne dureroient pas long-
temps.
Comment renvai£er les orangers^.
Suppofé donc qu’il en faille venir à ce travail' 5^
on obferve d’abord de quelle grolTeur font les
©rangers; s^iîs ne font que petits, on prend une
boulette de Jardinier , dont on fe fert pour ôter
!e plus qu’on peut de terre que contient fa caiiIe-
ou le pot : & lorfqu’on juge à propos que i’arbre:
peut s’éniever avec fa motte , ©n le tire d’où il eft.
Enfuite on prend une ferpette , avec laquelle on:
retranche les deux tiers de cette motte ; on en
coupe tout le chevelu & toutes les petites racines'
jufques fur les .greffes cela fait ,, on met fon
arbre en quelqu’endroit jufqu’à ce qu’om ait mis
de nouvelle terre dans les cailles ou les pots*.
Avant que de planter Torang^r ^ il eft bon d’ea
Le J a r ® t î? I e ^
faire tremper la motte dans Teau 5 jufqu’à ce qu’elfe
en foit toute impre'gnée , ce qui fe marque lorf-
que cette eau ne bouilfonne plus : après cela on
plante cet arbre , après l’avair laifîe un peu
égoutter. Il faut prendre garde de ne le point
planter trop bas ; on doit toujours voir le gros
des racines quand il efl^ planté , enfuite on Parrofe»
C’efî: ainfi qu’on doit en agir pour les orangers
de groiTeur médiocre-
Lorfque les orangers font gros , St que îa force
ies bras d'^un Jardinier ne fuffir pas pouf les lever
de la caifFe , on fe fert d’une poulie attachée à
quelque chofe qui foit élevé au-deflus des oran-
gers , & autour de laquelle il y a une corde, à
laquelle on lie l’arbre pour l’enlever après.
Si les orangers font d’une grofTeur extraordî?-
saire , comme on en voit à Verfailles & ailleurs,,
on a recours pour tors à une grue ou une chè-
vre , qui font des machines de Charpentier,
Quand les orangers font en Pair avecîeur motte ,,
on retranche les deux tiers de celles-ci & le fu«
perflu des racines ; & comme on ne peut tremper
cette motte dans Peau , on prend une cheville de-
fer avec laquelle on^Fégraviilonne d’abord , puis
ayant fait avec cet inftrument des trous tout au-«
tour , on y verfe de Peau jufqu’à ce que la motte
en foit tout-à-fait imbue , ce qui fe remarque îorf--
que ces trous retiennent! ’eau qu’omy ietfe;aprèS:
quoi on met les orangers/dans la caiffe-.
JLes> avi5 font partagés fur le temps de
F t E U' R- I s T Ba âiJl
eaiîTer les orangers ; les uns prétendent que ee
foit dans !e mois de Septembre ou d'Oâobre;
d’autres veulent que cela fe faiïe au Printemps ;
c’eft-à«dire à la fin d’ Avril ^ ou au commence-
ment du mois de Mai : on en a vu réuiîir dans
Fune & l’autre faifon ; c’cfl pourquoi on laiffe
ce travail à la difcrétion de ceux qui veulent l’en»
treprendre..
Des demi-rencaijfcments^
Dans l’intervalle des cinq ou fix années que les
xîrangers refient en caiffe, fans qu’il foit befoin
de les en ôter , on peut néanmoins leur donner
des demi - rencaifiements , fur - tout lorfqu’on re-
marque que les orangers ne profitent pas comme
à l’ordinaire.
Et pour y parvenir prenez une houlette de
Jardinier , avec laquelle vous remuerez la terre
de votre caiffe ; tous la tirez à mefure : dégar-
niffez-en les racines de Parbre , le mieux que vous
pourrez , & avec une cheville de fer > égravilîoa-
nez -en la motte ; vuidez encore la caiffe de cette
terre, fubftituez-lui-en de nouvelle , compofee
comme on a dit *, empliffez-en entièrement la
caiffe , garniffez-en bien les racines , puis arrofez
Foranger autant que vous le jugerez à propos.
De plujieurs foins qu^ exigent tes orangers lorf^
qu^ ils font en caifTé^
Des labours.
On doit labourer les orangers tous les mois ^ I
^34 l'E Jardinier
commencer depuis Avril jufqu’en Oftobre ; os
les laiflè en repos pendant THiver. Ces labours fe
donnent , ou avec une houlette ou une ferfouet-
te ; il faut prendre garde de ne point blelTer les
racines de l’arbre.
Des arrofements.
Outre les labours , qui font d’un grand fecours
aux orangers pour les avoir beaux , il y a encore
les arrofements , qui ne leur font pas moins né-
cefTaires; ce qui doit fe pratiquer de deux ou trois
jours l’un , félon que les chaleurs font plus ou
moins grandes.
On ne réglé point ici la quantité d’eau qu’on
doit donner au pied de chaque oranger ; les caif-
fes plus ou moins grandes, & la féchcrefTe de la
terre qu’elles contiennent , décident du fait; &,
pour peu qu’on ait d’expérience dans le jardinage,
on ne s’y trompe guere.
On connoît qu’un oranger a foif, lorfque ma-
niant fes feuilles on les fent moIlafTes , & qu’en
lés pliant elles obéiflènt dans le pli fans fe cafTer
avec un petit bruit ; pour lors on ne doit point
balancer à Tarrofer.
Ce n’eft pas que cette molleffe dans la feuille
d’un oranger foit toujours un fîgne qu’il a befoin
d’eau; ce^a lui arrivequand il languit; c’eft pour-
quoi on ne doit juger par - là qu’il faille Tarrofer ^
que lorfque la terre qui le contient en paroît fe-
ehe , & que la chaleur étant extrême , on ne doute:
point qu’un arrofement ne lui fafle du bien.
FtEÜEîSTi; 2.35
On commence a arrofer fréquemment les oran-
gers depuis le mois de Mai jufqu’à la fin d’Aoutg
où Ton fe contente pour lors de les réitérer de
huit jours en huit jours, jufqu’à ce qu’on les
mette dans la ferre , ou pour lors on leur donne
d’abord une ample mouillure. On les laiflè ainfi
palTer THiver fans leur donner d’eau.
Il y en a meme qui , dès le mois d’Avril , &
îorfque les orangers font encore dans la ferre, ne
îaiiïent pas de leur donner quelques arrofements
de quinze jours en quinze jours ; mais iî faut
qu’ils foient légers , car ce n’eft feulement que
pour entretenir l’humeur radicale abfolument né-
cefFaire à la végétation.
Et pour faire que toute l’eau dont on arroft un
oranger lui profite entièrement , on fait un cerne
autour du pied ; on en éîeve le bord pour retenir
l’eau qu’on y met : non content de cela , on met
des douves de vaifleau tout autour du bord de îa
caiiTe pour fervir de hauîTes , & empêcher que
la terre ne s’écarte de côté & d’autre.
Le temps le plus propre pour les arrofements
efl: toujours le foir , où pour lors la terre s’imbibe
doucement, ce qui en fait aifément difîbodre les
feîs durant fa nuit, dont les orangers profitent.
Quelques- uns même arrofent leurs orangers du-
rant le jour , ce qui arrive quand on en a beau-
coup,
De la taille des orangers.
Ainfi que ks arbres fruitiers ^ les orangers
Ü36 l'E Jardiniék
befoin d’être taillés ; îa taille de ceux-ci n’eft pâ5
fl difficile que la première.
La première idée qu’on doit fe former d’un
oranger qu’on veut tailler , confiile à ce qu’il ait
une tête auffi ronde qu’il eft poffible, & comme
celle à"peU“près d’un champignon affis fur fa tige#
Et comme la nature ne nous donne pas toujours
ce que nous fouhaitons dans les arbres que nous
cultivons , il arrive fouvent qu’un oranger qui
languit a plus jetté d’un côté que d’un autre ; pour
lors il n’y a point d’autre parti à prendre que de
ravaler les hautes branches, autant que la pru-
dence le peut függérer.
On fuppofe d’ailleurs qu’un oranger ait pouflH
beaucoup de branches., & qu’il y en ait qui excé-
dant les autres ; alors on doit taüjer les plus hau-
tes beaucoup plus courtes que celles qui font
moins longues. On ne peut déterminer la longueur
de cette taille ; c’éft Je plus ou le moins de vigueur
d’un oranger qui îa détermine#
Toute branche trop évafée , & qui penche ,
doit être rognée félon fa groffèur ; tout le bois
mort retranché jufqu’au vif , de meme que toutes
les petites branches rompues , & qui ont apporté
du fruit. Il faut auffi ôter toutes les épines qui
font crûes fur les branches, ainfi que les petites
queues qui font reftées.
C’eft toujours au Printemps qu’on taille les
orangers , environ dans le mois d’Avrii ou dans
celui d’Odobre#
F, EEURîSTE. S,37
Osî ?oît des orangers qui quelquefois fe ter«
minent en pointes , & d’autres qui s’étendent
plus d’un côté que d’un autre : dans le premier
cas on ravale tout ce qui excede , de maniéré que,
d’une figure irrégulière que l’oranger avoit , il
en acquiert une ronde ; dans le fécond , on rap-
proche le côté qui s’étend , le plus également qu’il
eft poffible , à celui qui l’eft moins.
Un oranger pourroit languir; & , quand il efl
queilion de le rencaifTer , on le taille court , lui
proportionnant la tête au fuc nourricier qu’il
peut tirer des branches.
Quand on taille un oranger, il faut toujours
avoir en idée la figure qui lui convient , afin de
ne point couper de branches qu’avec jugement.
Il faut retrancher toutes les branches fluettes
qui croîffent fur un oranger , & raccourcir les
vieilles qui en auront donné de nouvelles* Il eft
bon de ravaler les premières fur celles qui paroif-
fent les mieux nourries.
De Véhourgeonnement^
On a coutume d’ébourgeonner les orangers
dans le temps de la pouffe du moins de Juin.
Cet ébourgeonnement cohfifte à ôter les bran**
ches nouvellement crues , & qui font mal pla-
cées ; à couper Textrémiré de certaines branches
taillées au Printemps , lefquelles , au lieu d’ea
avoir Jette d’autres , n’ont donné qu’un toiipil-
!on de feuilles qu’il faut retrancher abfolument ,
^33 Le J a r d r k î e r
pour obliger la feve à mieux y faire fon devoir ^
& empêcher que les punaifes ne s’y engendrent®
On fait que la feve finit fa première adion en«
viron vers le mois d’ Août , pour recommencer
à circuler incontinent après. Il faut auffi , durant
l’adion de cette feve, ébourgeonner les orangers j,
& principalement les branches qui naiflent à là
lin de ce mois , lefquelles n’ayant pas le temps de
s’aoûter , ne valent rien qu’à être retranchées.
Ce n’eft pas feulement les branches de Tannée
précédente , & qu’on a taillées , qui font fujet"-
tes à Tébourgeonnement^; on le pratique encore
fur celles qui font crues nouvellement , afin que
celles qui reftent , & qui paroiffent les mieux pla-
cées , viennent plus belles , & produifent par
conféquent un effet plus agréable h la vue : il ne
faut point pour lors que l’abondance des fleurs
qui naiiïent fur les nouveaux jets empêche de les
ébourgeonner.
Remarques.
L'oranger donne ordinairement de nouvelles
fleurs deux fois l’année ; les premières paroiffent
au Printemps , & par conféquent fur le bois de
l’année précédente. Les fécondés fleurs naiflent
toujours à la fommité des branches nouvelIemenC
crûes ; celles-là font rondes & petites , & les
dernicres font grandes , belles , longues & bien
conditionnées.
Il n’eff pas moins utile à un oranger de le dé-
charger de la trop grande abondance de fleurs
FieüRÎS'TE, 139
peut avoir , que de retrancher îe bois fu-
perflu qu’il a jette 5 principalement à l’égard des
fleurs qui naiffent les premières, puifqu’i! y en
paroît toujours beaucoup plus qu’gn arbre n’en
peut porter, outre que ce retranchement de fleurs
efl: néceflaire pour que les fruits en profitent mieux*
Comme les climats tempérés ne font pas tout-
â»fait favorables pour conduire le fruit des oran-
gers à une grofleur ni à une maturité parfaite , iî
ne faut jamais lailfer deux fleurs à l’extrémité de
!a branche qu’on confidere pour avoir du fruit.
Des inconvénients qui arrivent aux orangers»
Outre la langueur à laquelle les orangers font
fujets , il y a encore les punaifes qui les gâtent,
en s’attachant aux feuilles & aux tiges , où elles
les fucent; ainfi, lorfqu’on s’en apperçoit, il faut
incontinent en nettoyer les arbres : faute de cette
précaution on fe trouve fouvent, l’année d’après ^
dans la néceflité de dépouiller entièrement les
orangers de leurs feuilles , pour détruire la ver-
mine qui les mange.
Pour parvenir à Tôter , il faut , fi -tôt qu’oïî
en voit les branches d’un oranger infeflées, pren-
dre une petite brofTe trempée dans le vinaigre,
&enbro(Ter les endroits où ces punaifes fe feront
attachées ; ou bien frotter les branches & chaque
feuille attaquées avec un linge mouillé d’une eau
amere ou falée.
Il efl; dangereux d’attendre que cçtte vermine fè
m4a Jardin îek.
foie multipliée fur les orangers , par le moyeft de
leur couvain^ car^ pour les en nettoyer, lesbrof*
fes font alors inutiles ; i! faut dépouiller l’arbre
de toutes les feuilles qui en font atteintes ; pren«
dre enfui te un morceau de drap , le tremper dans
de l’eau claire , & en frotter les branches les unes
après les autres 5 de maniéré qu’il n’y reile point
de punaifes.
Cette extrémité eft ennuyeufe , quand il y faut
venir ; mais c’eft encore l’expédient le plus fur
pour conferver un oranger.
Les fourmis font auiïi la guerre aux orangers;
on peut les détruire ainfi qu’on l’a enfeigné au
commencement de cet Ouvrage.
De tous les ennemis des orangers, le froid efî
k plus à craindre ; mais il eft facile de les en dé-
fendre par le moyen d’une bonne ferre , dans la-
quelle on les enferme dès la mi-Odobre*
De certaines précautions que demandent les
orangers lorfqu^ils font dans la ferre.
On ne dit rien ici de la maniéré de rranfpor-
ter les orangers dans la ferre ; chacun a fa méthode
particulière ; les uns fe fervent de traînaux pour
Jes groffes caifTes, & les autres de civières pour
îes plus petites ; ainfi du rede.
Comme les orangers forcent d’un grand air,
il eft bon , dans les commencements qu’ils font
renfermés, de ne point tout-d’un-coup fermer
les joints ; il n’y a que lorfque le froid menace
de
■F i Ê ur R î s T Ee a4E
ée fc faire fentir : c’eft en ce temps qu^on bou-
che bien tout , & qu’on a foin de calfeutrer les
portes & les fenêtres de la ferre.
Les orangers reftent dans cette fituation juf«
qu’au mois d’ Avril , qu’on commence à ouvrir
les fenêtres & les portes , pour accoutumer peu-
à-peu les orangers à Tair ; & depuis ce temps-là^
jufqu’environ la mi-Mai qu’on les fort ^ on aura
foin de leur donner les arrofements dont on a
parlé , dans le temps qu’il eO: prefcrit.
Après que les orangers font hors de îa ferre,
on les place à couvert des vents frais , & dans un
endroit du jardin bien expofé. Lorfqu’on a beau-
coup de caifîes d’orangers , on les difpofe en aU
îées, ce qui fert d'une très-belle décoration dans
rni jardin : on range quelquefois ces orangers au-
tour d'un parterre de gazon , dans un endroit
dreffé exprès, accompagné de quelques j ets-d’eau ,
& orné d’ailleurs de quelques grands pots de^^
faïance , remplis d’arbriflèaux , félon la faifona
Des citronniers ou limoniers^
î! n’eft pas nécefTaire de faire ici un traité
particulier , fur la culture des citronniers, puif-
qu’elle ne différé en rien de celle des orangers;
ainfi les réglés qu’on a établies là-deflus , pour
ces arbres-ci , feront gardées à Pégard des autres.
On aura foin feulement de ne point leur ôter
autant de bois qu’aux orangers ^ parce qu’ils en
IL Partie^ L
l'E JARÔÎNÎI^Îi
fournirent beaucoup moins , quoique natureîîe-^
ment mieux faits.
On choifit quelques citronniers & limoniers
pour la variété, parce qu’on les place entre deux
orangers ; par ce mélange , qui plaît ^ux yeux , le
citronnier , qui ne s'écarte pas tant , iaifTe affez
d'efpacepour Toranger, qui s’étend davantage.
On connoît les citronniers & limoniers à leur
écorce jaunâtre , au lieu que les orangers l’ont
d’une couleur grife ; leurs feuilles font auHi dif-
férentes, celles des citronniers n’ayant point au
bas cette maniéré de cœur que l’on voit dans les
feuilles d’un oranger.
Des orangers de la Chine.
Outre les orangers dont on vient de parler ,
& qui croiflent fort haut , on en cultive en.core
-—une efpece , qui nous vient de la Chine : elle croit
toujours fort bas ; c’eft ce qui la fait ditterer des
autres : fes feuilles font aufli plus petites , & fou
fruit guere plus gros qu’une cerife.
Ces fortes d’orangers peuvent fort commodé-
ment s’élever en pots. Ils donnent beaucoup de
fleurs , & fervent d’un bel ornement , en quel-
qu’endroit qu’on les place, lorfqu’ilsen font char-
gés. Leur culture eft la même que celle des oran-
gers ordinaires \ il faut y avoir recours.
FtEÜRfStEê
143
CHAPITRE îlle
Des grenadiers.
CÊT ârbfiffeaü a fôn mérite , & fert d'un bel
ornement aux jardins.
On diftingue de quatre fortes de grenadiers ;
favoir , !e grenadier à fleur doublé , c’eft le plus
beau de tous ; \t panaché , qui efl le plus rare ; îe
grenadier Amérique , & le grenadier â fruit.
Les trois premiers font préférables au dernier ,
parce quMIs donnent de plus belles fleurs^
Le feuillage des grenadiers eft petit , un peu
long ; & tombe THiver ; les fleurs font d’un rou-
ge très-vif.
Tous ces grenadiers s’élèvent en caitfe ; celui
qui apporte du fruit néanmoins réuflit mieux en
pleine terre. On y mettroit Volontiers les autres ;
mais étant trop fujets à geler , on n’y penfe pas
dans les climats tempérés : on aura foin de les
ferrer dans l’Hiver.
Des terres propres aux grenadiers.
Le défaut dans lequel tombent la plupart de
ceux qui cultivent des grenadiers , provient de
ne pas leur donner les terres qui leur convien-
nent : voici quelles elles doivent être.
Prenez une bonne terre à potager , cribîez-Ia ;
ayez , s’il fe peut , du fumier de vache bien con-
fommé J finon , fervez*vous de celui de couche t
L a
^44 Xe jÂRDFÎ?fîER
faites un mélange de toutes ces terres , moitié pâ£
moitié , & vous en fervez dans le befoin.
De la maniéré de planter les grenadiers »
Après qu’on a ainfi préparé la terre , & qu’on
a Tes caiffes toutes prêtes , on les en emplit pr/f-
que jufqu’au bord , en la foulant avec les maips,
pour faire que cette terre ne s’afFaiflè point trop
dans la fuite.
Cela fait , on creufe un trou au milieu , capable
de contenir les racines du grenadier , qu’on a eu
la précaution d’habiller d’abord ; puis on les ac-
commode à l’ordinaire , obfervant de les bien gar-
nir de terre , & d’arrofer après le grenadier.
Quand cet arbre efl: ainfi planté , on prend du
terreau qu’on répand fur la fuperficie de la terre ,
de l’épaiffeur d’ui> doigt ; les fels qui en fortent
font un très-bon effet. On place les caiffès des gre-
nadiers dans le même ordre que les orangers.
Les grenadiers à fruit ne demandent pas tant
de précautions ; ils réuffiffent mieux en pleine
terre qu’en caiffe , comme on l’a dit: on y plante
âufli les grenadiers à fleur double.
L’expérience nous a appris que , pour avoir
de grofles grenades , & fort colorées , il falloit
les planter en efpalier , expofé au midi , & les
paliffer le long d’un muiLgarni d’un treillage fait
exprès.
Les grenadiers à fleur double font un très-bel
effet dans cette fuuation , par Tédat de leurs feuil-
Flïükîstf. ^45
les vermell!es , qui leur font mériter un rang par-
mi ce qu’il y a de plus beau dans les jardins
d’ornements.
Des labours qu'mon doit donner aux grenadiers , &
de leurs arrofements»
Les grenadiers en pleine terre fe labourent dif-
féremment de ceux qui font en caiifes ; les labours
de ceux-ci fe donnent avec une houlette de Jardi-
nier, & fort légèrement ; au lieu que pour les au-
tres, ils fe donnent avec la pioche & la bêche.
On laboure les grenadiers en caiiTes durant
cinq mois de l’année , à commencer au mois d’A-
vri! jufqu’à la fin d’ Août :Ies arrofements doivent
être fréquents , comme de deux jours l’un , & fé-
lon que les chaleurs font plus ou moins âpres.
A l’égard des grenadiers en pleine terre , on
les arrofe rarement , à moins qu’il ne furvieone
de grandes féchereflès : les fruits en nouent mieux ,
& les fleurs en deviennent plus belles.
De la taille des grenadiers*
L’idée qu’on doit fe former d’un grenadier en
caifle, e(l différente de celle qu’on fe fait ordinai-
rement d’un oranger ; la première confifte feule-
ment h ne lui point laiflTer de branches qui fe fur-
paflent les unes & les autres , & à en tenir la tête
garnie le plus qu’on peut.
Cela pofé , toute branche trop élancée doit
être retranchée : un grenadier tire delà deux
avantages ; le premier , que les branches qu’on
L 3
îl46 Le Jardinier
taille devenant égale aux autres , n’offufqnent
point la vue des perfonnes de bon goût, en fait
de jardinage ; & le fécond eft que les branches
taillées donnant d’autres branches , & les produi-
hnt plus baffes que fi on les avôit laiffées entiè-
res , les nouvelles venues en garniffent mieux les
vuides qui font autour d’elles.
S’il naît fur un grenadier quelques branches
mal placées , telles que font celles qui penchent
trop , & dont on ne fauroit rien tirer d’avanta-*
geux, il faut les retrancher.
Les branches qui paroiffent courtes & bien
nourries, doivent être confervées entières, parce
que c’efl d’elles que naiffent les fleurs & les fruits
que nous en attendons.
Pour peu d’ailleurs que les branches paroif-
fent dégarnies dans leur longueur , & qu’elles
foient un peu longues , on doit les raccourcir ,,
afin qu’elles en jettent de nouvelles qui rendent le
grenadier plein,
plujîeurs autres foins convenables au^
grenadiers.
On ne doit point négliger, après la premiers
pouffe 5 de pincer certaines branches de grena-
diers qui s’échappent trop. On ébourgeonne cel-
les qui naiffent trop près de la tige , & fur d’aU'»
très branches qui en fortent ; ces branches ne
deviennent jamais belles.
Tout grenadier à fleur double ou panachée
î L E U R I Ç T E. a/^7
^u’on ékve en caifTe pour jouir du plaifir de
l’avoir beau , doit avoir une belie tête , bien gar-
nie dans fa rondeur: îe pied ne doit avoir aucune
branche ; cela en rend la figure difforme : on ne
îaifTe ces fortes de branches qu’aux grenadiers
dont on veut fe fervir pour multiplier l’efpece.
Si les grenadiers en caifTes coulent & ne con-
fervent pas leurs fleurs , & que cela provienne de
féchereffe , il faut les arrofer amplement : fi cela
n’y contribue en rien , le mal proviendra de la
terre qui fera ufée ; pour lors , il n’y a point
d’autre parti à prendre que de les rencaiffer , &
leur donner une terre corapofée comme on l’a dît.
Ces rencaiffements fe font comme aux orangers ,
& dans le même temps.
Pour faire qu’un grenadier ne tombe point
fi<ôt dans ce défaut de fubfiflance , il faut tous
les ans, avec une houlette de Jardinier , ôter un
peu de la fiiperficie de la terre , y mettre du ter-
reau de vache , ou de celui de couche. Un gre-
nadier ainfi gouverné , peut refter en caiiïe durant
cinq ou fix ans , fans qu’il foit befoin de le ren-
caifTer , à moins qu’on ne juge qu’à force de croî-
tre , il ne foie trop à l’étroit dans fa caiffe.
Il fuffit de labourer deux fois tous les ans les
grenadiers en efpalier , comme on a dit , & «a les
tailler , pour en avoir du plaifir.
Delà maniéré (T élever les grenadiers de marcottes*
Suppofez un grenadier d’une belle venue , &
L 4
^48 Le Jardinier
au pied duquel foient crûes quelques brandies
afîèz longues pour être couchées.
Cela étant ainfi , prenez ces branches , émon-
dez-Ies proprement , & de maniéré que ce qui
doit être couché en terre foit tüut»à-fait net ;
cnfuite couchez les branches l’une après l’autre
dans un rayon , arretez^Ies chacune avec un cro-
chet de bois , couvrez-Ies de terre , arrofez-les ^
puis laiffèz-Ies agir durant fix mois que ces bran-
ches auront pris racines : il faut pour lors les
détacher du tronc , & tranfporter les marcottes
ailleurs*
Autre maniéré de marcotter les grenadiers.
Il n’arrive pas toujours que les branches d’un
grenadier qu’on marcotte , naiflent en pied ; on
eft fouvent obligé , pour cela , d’avoir recours I
celles qui croiiïènt en haut ; pour lors onychoi-
fit la branche qui convient le mieux , on l’émon-
de ^ comme on a dit, puis on la met dans un pot
fait exprès , ouvert d’un côté fuffifamment pour
y pafTer feulement cette branche ; puis on emplit
ce pot de terre compofée , on h prefTe un peu »
& on î’arrofe enfuite ; & , comme cette branche
marcottée n’efl pas alTez forte pour fôutenir le
■vafè qui la contient , on a pour lors la précau-
tion de l’attacher au gros de l’arbre , ou à quel-
qu’autre appui que ce foit.
On marcotte les grenadiers au mois d’Avril, ,
& on les releve en Septembre ou Oéiobre, qui
eft le temps que les marcottes doivent avoir pris
racines»
Fieuriste. 2.49
Comment avoir des grenadiers de bouture»
Ce travail fe fait auflï au mois d’ Avril 9 lorf-
qu’on taille les grenadiers; &, pour y réuiïîr , ou
fait choix des branches les plus droites & les plus
unies , qu’on coupe à un pied de longueur.
1! faut , avant que de les mettre en terre , en
ratifier un peu fécorce par îe bas , Fefpace de
deux travers de doigt , & rogner le haut ; en-
fuite on fiche ces branches enterre jufqu’à quatre
ou cinq travers de doigt , puis on les arrofe :
voilà ce qui s’appelle bouture^
Les grenadiers font auffi fort fufceptibles de
froid : c’efi pourquoi il faut les mettre dans une
ferre lorfque l’Hiver approche 9 & en même-
temps que les orangers.
Les grenadiers à fleur double, & qui ne don-
nent point de fruit, commencent à fleurir au mois
de Mai, & continuentainfi jufqu’en Août»
Comment greffer les grenadiers^
Pour avoir des grenadiers de race panachée ^
il faut en greffer fur des communs , en approche,
ou en écuifon..
Voici de quelle façon on greffe en approche les
grenadiers : on coupe en tête le grenadier com-
mun, qui ,, pour cela , doit être fort & un peu,
âgé : on y fait enfuice une entaille pour y pouvoir
appliquer la branche ou rameau du grenadier
panaché , dont on aura exprès approché la caifîe
à côté deFautre^ On coupe de Fécorce & du bois
L 5
Le Jardinier
des deux côtés de cette branche , & fans autre
myftere on la fait entrer dans le milieu de Tentail-
!e 5 e/ifuite on couvre le tout avec de la cire ou
de la terre gIaife,qu^on enveloppe de linge, liant
le tout enfemble avec de la groffe filaffe , afin que
rien ne s’ébranle.
Le mois de Mai eft la véritable faifbn pour
cette maniéré de greffe , qui reprend alors plus
facilement par la rencontre de la feve des deux
arbres, qui e(l plusabondante en ce temps-Ià. On
attendra néanmoins Jufqu’au mois d’Août à répa-
rer le grenadier greffé d’avec celui approché , ce
qu’on fera en coupant la branche approchée di-
redlement au-deffous de l’endroit où elle entre
dans l’entaille ^ que l’on recouvrira de cire verte«
Une çhofe à quoi l’on doitprendre garde , c’efl
de ne pas aller jufqu’à la moelle , foit en faifant
î’entaille au grenadier commun, foit en coupant
des deux côtés la branche qu’on veut approcher*
Cette greffe ne s’appelle greffe en approche ,que
parce qu’on approche un arbre d’un autre, pour
l’y pouvoir greffer..
On greffe auffî les grenadiers en écuffon ; h
greffe en écuffon , qu’on nomme à œil pouffant,
eff: la même que celle en écuffon à œil dormant :
toute la différence eft que celle à œil pouffant fe
fait au mois de Juin , & qu’on coupe la tige du
fauvageon a quatre doigts au-deSus de la greffe,
auffî' tôt que l’on a pofé récuffon : au lieu que la
greffe à œil dormant fe fait en Juillet , Août ,
Fleurist e* 0.51
Septembre , & qu’il faut attendre le mois d’ Avril
fuivant pour couper la tige pareillement à qua-
tre doigts au-defTus de h greffe.
Pour greffer un grenadier en écuflbn ^ on cou-
pe fur un grenadier panaché un jet de l’année
derniere , où il fe trouve de bons yeux ; on en
ôte toutes les feuilles. L’on n’a befoin que d’un
«œil à chaque greffe , c’eft pourquoi on en peut
prendre plufieurs fur une feule branche ; enfuite
on donne avec le greffoir, dans l’écorce qui envi-
ronne l’œi! , trois coups de couteau en forme de
triangle, dans le milieu duquel eft ménagé l’œiL
Cet écuffon doit avoir la figure d’un V : étant
attaché de fa branche avec le germe , & le dedans
étant bien net&îuifant, on le portera à la bou-
che ; après l’on fera , avec le greff )ir, une incifioa
en travers dans un endroit uni du grenadier corn*»
mun , & un autre en longueur d’environ un pou-
ce , ce qui fera la figure d’un T. Il faut que fa
main du Jardinier foit adroite , afin qu’en fai-
fan t cette incifion , il ne coupe que la feule écorce
du grenadier commun , fans enfoncer dans le
bois ; car le bois étant un peu égratigné ,, il cour-
roit rîfque de ne pas reprendre»
Ces deux tncifions étant faites , on ouvrira avec
îe coin du manche du greffoir, & on lèvera peu-
à>peu Pécorce de part & d’autre,, au-deffous de la
ligne traverfante du T : enfjite on prendra., avec
îa main gauche, récuffon qu’on tient à la bouche;
& de la maia droite ^ on introduira , avec le com
L 6
2.5^ Le Jardinier
du i^ïnche du greffoir, récuffon entre le trois &
l’écorce , jufqu’à ce que la tête de récuffon joigne
la ligne qui traverfè le haut du T : récuffon poféj
on le liera avec de la filaffe^
CHAPITRE IV.
Des j'afmins de toutes fortes de la maniéré de
les cultiver.
ON compte huit fortes de j'afmins ;,favoir ,.Ie
jafmin commuai , le jafmin d^Efpagne dou-^
'hle , le Jimple , h jafmin de Catalogne , le jafmin
des Indes , le jafmin d\4rahie , celui d’Amérir*
que , & le jafmin jaune commun..
Du jafmin commun..
Le j’afmin commun ne demande pas une culture
fort extraordinaire V il fuffitde le planter dans une
terre à potager , de l’arrofer beaucoup & fouvent ,
& de lui donner deux labours pendant toute l’an-
née ; il croît alors fort haut, & jette beaucoup de
branches , qu’on appelle autrement fouets. Ses
feuilles tombentàl’approchedel’Hiver ; ellesfont
mignones & d’un verd-dair,.
Les lieux propres pour mettre Tes jafmin s com-
muns , font les murs ; on en fait des efpaliers
tout entiers , mêlés de chevre-feullIe ; c^efl au-
jourd’hui la mode : on peut en faire de jafmins
feulement. Le bois en eft tou jours verd , ce qui
en fait Je mérite : on en orne aufS des cabinets j
Fleuriste: 2:53
c’eftà Taide d’un treillage, & le long d’un mur j>
que les branches de jafmin , bien patiffces , font
un très-bel efFeU
On fait encore des bou?es 8c des pyramides
de jafmin commun, qui fervent d’une alfez agréa-
ble décoration dans un jardin , foir en pots , en
cailles , ou en pleine terre ,dans les plates-bandes
d’un parterre. Sa beauté confiée à n’avoir point
de tige , mais à être bien garni depuis la tête
jufqu’au pied foit qu’on, le mette en paîiiTad$
ou en caifîè. On s’étonne qu’on ait négligé cet
arbrifTeau , qui flattok toujours affez bien la
vue, quand la boule ea étoit bien conduite }
peut-être aulîi ne défefpere-t-on pas , à caufe de
cela , qu’ii ne revienne à la mode-*
Comment multiplier le jafmin commun.
Le jafmin commun fe multiplie de marcotte &
de bouture ; l'orfque c’eft par la première voie
Gfi choifit les branches les moins hautes , puis
on fait en terre de petites rigoles proche Fen*-
droit d’où elles forcent-; on lès y coiiclie , on
î'es couvre de terre ou de terreau de couche ,
puis on les arrefe : ces marcottes reftent fix mors
durant en cet état pour prendre racines.
On nrarcotte le jafmin commun dans le mois
de Mars , & on leve les marcottes dkns celui de
Septembre ; on lés plante comme on a dit , èc
toujours à une bonne expofition. On en met
fî on veut , dans les endroits expofés au Nord ;
ce jafmin y croît fort bien*
aJ4 ^ ^ Jardinier
Des boutures de j.afmin commun.
Si OR veut multiplier ce îafmin de bouture ^
on choific les branches les plus nouvelles , les plus
vertes, & les plus unies , on tes coupe de la lon-
gueur d’un demi-pied.
Cela fait , on a des pots ou des baquets, rem-
plis de terre bien criblée ; on fiche ces branches
à quatre doigts de profondeur , on prefle la
terre , afin qu’elle joigne les jeunes plants , puis
on les arrofe.
Il faut , après cela, les mettre à l’ombre du-
rant huit ou dix jours puis on leur donne un
foleil médiocre pendant quinze autres jours, après
quoi on les expofe au midi jufqu’au mois d’Oc-
tobre , qifon les met dans la ferre pour les ga-
rantir de THiver.
Au mois de Mars fuivant, on plante ces bou-
tures de jafmin , fuppoié qu’elles aient pris ra-
cines.
Quant aux jafmins qui fimt en pleine terre ^
îî faut avoir foin , avant THiver , de leur cou-
vrir le pied avec du grand fumier , ou dreffer
des paillafTons le long de refpalier : c’efl: jouer
à coup sûr pour les garantir des gelées.
S’il arrive néanmoins que le jafmin commun
ait été gelé , malgré cette précaution il faut
îe receper ; & il efi confiant que , quelq-ie rude
qu’ait été le froid , le fumier qu'on a mis pour
conferver le jafmin ^ en a garauci les racines ^
fleuriste.
îefquelles , au mois de Mars ou d’ Avril , jet-
tent de nouvelles branches : il eft bon pour lors
de décerner un peu le pied , afin de leur don-*
ner jour.
Le jafmin commun jette quelquefois avec trop
de confufion ; il faut pour lors lui ôter les bran-»
ches fuperfîues dans le temps de la taille , & s’en
fervir pour faire des marcottes : ainfi on met
tout à profit.
On éleve des jafmins communs en pots ^ où on
les conduit en boule , foutenue d’une tige haute
d’un pied: quand ces boules font bien garnies ^
elles produifent un aTez bel effet à la vue : on en
garnit des plates-bandes de parterre , ou quelques
cours en villes où l’on fouhaite avoir de la ver-
dure.
Du ja fini n d^E fpagne»
Le jafmin d’Efpagne , efl un des plus beau:^:
que l’on ait , par rapport à fa tige & à fes fleurs
l’Hiver , parce qu’il craint le froid , on le met
dans la ferre , où il garde Tes feuilles.
La culture du jafmin d’Efpagne différé un peu
du jafmin commun : on îe perpétue en le greffant
en fente : voici comment.
Il faut d’abord fe précautronner d'avoir des
marcottes de jafmin commun ^ toutes reprifes &
bien enracinées ; on les plante au mois d’Oéto-
bre : ces brins doivent être choifis unis , fans
nœuds » d'une écorce luifante ^ & gros environ
comme le petit doigt*
Le Jahbïî7ïer
Ce!a obfervé , on eoupe horizontalement îe
fujet tout proche du dernier nœud d’en-bas ; la;
greffe y réufïït mieux : on le fend au milieu du
cœur 5 à deux doigts environ de profondeur ^
enfuîte on prend une branche de jafmin d’Efpa-
gne la mieux nourrie , on fa coupe de la lon-
gueur du doigt , on la taille par le bas , en forme
d'un coin à fendre du bais , puis on l’infere au
milieu du fujet, à la profondeur d'un pouce. Il
faut 5 après cela , lier îe fujet avec de la filalîè j
pour faire que la grefiè s’y colle mieux ; enfuite
on la couvre d'un petit morceau de cire en ma-
niéré de petite tête , puis on cultive îe jafmiu
commun comme on le va dire.
Après qu’il eil ainfi greffé, on îe îaîffè ponfler j
& , pour faire que le fuc nourricier y agiffe heu-
reufement , il faut avoir foin d’arrofer la plan-
te ^ quand on juge qu’elle, a befoin d’eau.-
La terre dans laquelle on doit mettre le jafniin
d’Efpagne, dans les climats tempérés, doit être
compofêe de deux tiers ,d’une bonne terre de,
jardin , bien criblée , & d’un tiers de terreau de
couche ;.au lieu q,ue. dans les pays qui font plus
chauds, il eft bon de leur donner une terre humide^
Le'ja.fmin d.’Efpagne s’élève en pots ou encaif-
fes , fur-tout dans les climats où le froid dure
trop long temps ona autrefois eu la curiofité
d’en mettre en paliffade j mais cela, demande trop
de foins pour les garantir des gelées».
Comme on a toujours confidér.é îa taille. ^ fus
F I E D m I $ T E. 157
quelqirarbre que ce foit qui y eft afTujetti , corn»
me un fecours bien grand pour lui aider à don-
ner de belles produdions , on a eu ces coofidé-
rations à l’égard du jaftiiin d’Efpagne , qu’oü
taille tous les ans à la fin du mois de Mars,
Cette taille fe fait en coupant toutes les bran-
ches de ce jafmin à un œil près de l’endroit oiî
elles fortent , de maniéré que , lorfque la tête en
efl: accommodée , elle reiTembie à une petite tête
d’ofier ; pour lors cette tête , qui , pour bien
faire , doit être foutenue par une petite tige d’en«
viron deux pieds de haut, jette quantité de bran»*
ches qui produifent auffi beaucoup de Meurs.
Un bon expédient pour avoir de beaux jaP*
mins d’Espagne, eft de fes rencaiffèr tous les deux
ans : l’expofition qui leur convient îe mieux eft
celle du midi ou du levant ; on y porte les pots
ou les caifTes dans lefquels ils font plantés,
A l’égard des jafniins en efpalier , dans les pays
où Ton }üg€ à propos d’en mettre , il faut, aux
approches des froidures, chercher les moyens de
les en garantir; & ,pour y parvenir, on y déta-
che les branches qui font paliflées , on les abat
doucement contre terre , puis on les couvre de
grand fumier fec ou de grande paille.
C’eft faire plaifir au jafmin d’Efpagne , planté
en efpalier , aux heures qu’il fait un beau foîeif j
& lorfqu’il eft couvert , de lui donner un peu
d’air.
On peut encore 3 fi Von veut , écuffonner k
2r$8 Le Jardtntkr
jalmin ; cette greffe fe fait au mois de JuiaoQ
de Juillet; mais cette derniere voie n’efl pas la
plus fûre. Au furplus , on trouvera la maniéré
de faire cette greffe au chapitre des grenadiers 5
page 248.
Du jafmln de Catalogne.
On appelle jafmin de Catalogne une efpece de
jafmin d’Efpagne, qui vient meme plus Belle &
plus chargée de fleurs. Cet arbriffeau fe cultive
comme le précédent ; il faut y avoir recours.
Du jafmin Arabie.
Voici une autre efpece d’arbriffeau , qu’on ap-
pelle jafmin d^ Arabie ou d^ Alexandrie : ce jaf-
min fe cultive comme le jafmin d’Efpagne , &
veut une terre compofée de meme ; il n’y a que
l’expofition du levant qui lui convienne.
Aux approches du froid , on tranfporte cet ar-
briffeau dans un lieu couvert , & qui néanmoins
n’eft pas tout-à-fait fermé , feî que pourroit être
quelque hangard expofé au foleil , & où fouffle le
vent du midi : car on a expérimenté que le jafmin
d’Arabie , enfermé dans une ferre , fe dépouil-
loit de fes feuilles , ce qui eft fort défagréable
dans cet arbriffeau.
Lorfque le Printemps vient , il faut aufîi lui
donner le grand air plus tard qu’aux autres jaf-
mîns ; & lorfqu’on remarque qu’il a foif , on
Farrofe , fans mouiller fes feuilles , parce qu’elles
tombent auffi-tôt à caofe du froid i au lieu qu’en.
F t E ü R I s T E» 2^9
Eté, il faut les mouiller avec un balai : il n’y a
rien qui les ravive davantage.
Cet arbrifTeau fe greffe auffi fur le jafniin com-
mun , quoique la reprife en foit difficile.
On taille le jafmin d’Arabie , mais il y a du
caprice parmi ceux qui en viennent à l’opéra-
tion ; car , fi-tôt que le Printemps efî venu , il y
en a qui tous les ans le rognent à quatre doigts;
d’autres qui n’en coupent que l’extrémité des
branches ; d’autres qui ne font qu’en ôter les
branches qui y font confufes , fans rien retran-
cher d’ailleurs ; & d’autres enfin qui ravalent le
jeune bois jufques fur le vieux ; mais voici , en-
tre toutes ces tailles différentes , celle que l’ex-
périence a confirmée pour la plus fûre & la meil-
leure.
11 faut , les deux premières années que le jaf-
min d’Arabie a été greffé , le tailler jufqu’au der-
nier œil , & le tenir dans un pot fort à l’étroit :
c’eft ainfi qu’étant taillé il en devient plus garni j
& qu’il en jette de bien plus belles branches ^
qui , lorfqu’elles font parvenues à la hauteur de
quatre doigts , doivent être taillées de la même
maniéré que celles du jafmin d’Efpagne, afin que
la troifieme année il prenne une belle figure, &
qu’il croiffe pour cela haut d’un pied & demi ^
& large d’autant.
Pour faire enforte qu’aucune branche n’y cho-
que la vue, il en faut retrancher les chifonnes,
celles qui font mal placées , les tortues, & celles
qui font feches,
^So Le JARDïNïKn
II faut 5 outre cette taille , ôter du pied cer-
taines produélions qui y croifTent , & qui ne font
propres qu’à confommer inutilement le fuc nour-
ricier.
Du jafmin Amérique»
Quelques-uns l’appellent Quamoclet ; c’eft une
plante annuelle qui fe feme ; &, pour en avancer
le germe , on met tremper la graine dans Tenu , &
on l’expofe au foleil jiifqu’à ce qu’on s’apperçoive
qu’elle fe gonfle.
On éîeve ordinairement ce jafmin en pots ,
remplis d’une terre compofée , moitié terreau &
moitié terre à potager bien criblée, le tout bien
mêlé , puis on met deux grains de femence feu-
lement dans chaque pot , avant en terre de trois
doigts.
Le temps de le femer efl le mois de Mai ou
celui de Juin ; étant femé , on l’arrofe tous les
jours à midi , & par ce moyen la graine leve en
huit jours.
Cette plante n’efl pas plutôt montée à la hau-
teur de quatre doigts , que des deux pieds qui
étoient dans le pot on n’en laifle qu’un : il faut
lever en motte celui qu’on déplante , pour le re-
planter dans un autre pot.
Comme le jafmin d’Amérique jette des tiges
très-foibles & fort hautes, on lui donne pour
appui de petites baguettes de trois pieds de hau-
teur , auxquelles on attache les branches.
Lorfque ces branches furpafîènt les appuis ^
Fleuriste. a,6t
on en coupe Textrémité , pour leur faire donner
une plus grande abondance de fleurs.
Si on fouhaite en recueillir la graine , il faut ,
C*tüt que le fruit qui la contient eft defTéché , la
ramaffer ; autrement elle tombe d’elle-méme , elle
fe perd à caufe de fa petitefle , & refte ainfi ea
terre trois ou quatre ans fans lever , à moins que
Tannée ne foit beaucoup pluvieufe.
Du jafmin des Indes.
On l’appelle encore le jafmin de Canada : if le
feme en pleine terre , le long de quelque mûr ex-
il pofé au midi , & garni d’un treillage auquel on
paîifTe fes branches : c’eft en cet état qu’il frappe
agréablement les yeux.
' Cette plante ne craint pas beaucoup le froid ;
I elle veut être arrofée depuis le commencement du
I; Printemps , jufqu’à la fin de FEté.
Le jafinin des Indes le multiplie aufli de bou-
[ ture ; &, pour y réuffir il faut , fi tôt que le Pria-
1 temps efl venu , & avant que les boutons de cet
arbrifleau viennent à le gonfler , en couper un
brin qui ait trois yeux dans fa longueur , le fen-
I dre un peu , & le ficher en terre jufqu’au deuxie-
I me œi’ , de maniéré qu’il n’y ait que le troifieme
il hors de la ferre ; on a foin après de l’arroler fou-
vent ; & , s’il efl bien expofé au foleil , on peut
I n’en efpérer rien que d’avantageux,
i ' Lc' fleurs de cet arbrifleaii naillent à h fom-
ni; mité de les branches ; c’eft un grand nombre de
Ls Jarôïnîêr
boutons qui , étant tous reiïèrrés, forment una
maniéré de bouquet d’une couleur rouge, & qui
étant crûs de îa longueur d’un demi dcîgt > s’ou-
vrent pour donner pafTage à des efpeces de grai-
nes longues d’un doigt, d’une couleur jaunâtre,
menues par le bas , plus grofîès par le milieu , &
plus ferrées par le cou , fouteîiues chacune d’un
Calice découpé, produifant cinq feuilles décou-
pées aufîi, & difpofées en lis. Cette plante donne
des fleurs durant tout l’Eté.
Du jafmin jaune commun , autrement appelle
La culture du jafmin jaune eft fembîable à celle
du jafmin commun ; il faut y avoir recours pour
éviter ici les redites.
CHAPITRE V.
Des genêts.
N compte de deux efpeces de genêts ; favôîr,
le genêt d^Efpagne à fleur blanche , & le
genêt à fleur jaune.
. Cet arbrifîeau fait un fort joli effet dans Un par-
terre ; fon bois refîèmble au jonc , & ne porte pas
beaucoup de feuilles : on le multiplie de graines ,
qu’on feme une ou deux dans un pot, pour en-
fuite en déplanter l’un ou l’autre des deux pieds
qu’dles auront produit , & le replanter dans un
autre pot de la maniéré que voici»
jafmin jonquille.
T L B U R ï 5 T E, lé J
te genêt d’Efpagne aime une terre à potager
bien criblée > donc on emplit des pots ; enfuite on
prend la graine , on la met tremper dans l’eau
jufqu’à ce qu’on remarque qu’elle fe gonfle, puis
on la met en terre , grain à grain , de la profon-
deur de deux doigts.
C’eft le fecret de la faire germer bientôt, fi ,
après avoir été femée, on Tarrofe & on l’expofe
i dans un endroit où le folei! frappe médiocrement.
! Lorfque les plants font levés , on les arrofe dans
les plus grandes chaleurs, & avec quelques légers
i labours qu’on leur donne , les genêts croiffènt afièz
I haut , & donnent des fleurs fort odoriférantes &
! en affez grande abondance : elles font blanches,
I& naiiîènt attachées chacune à un pédicule fort
court , qui ,, les tenant tout proche des branches ,
les y fait paroître comme de petites perles; ce qui
I produit fur cet arbriffeau un effet fort agréable I
! Ja vue : fa graine naît en maniéré d’un petit rein ,
: de couleur rougeâtre & luifante.
! On tond les genêts en palilTades, en arbriffeaux
I ou en boule. Leur beauté confifle à être biengar^
nis depuis les pieds jufqu'à la tête.
I CHAPITRE VI.
|jj Des myrtes,
|j îî cultive de deux fortes de myrtes ; favoir,
4I jg myrte commun , & le myrte à fleur dou-
i] hle. f e dernier produit tant de fleurs gu’il en eft
îl garni durant toute l’anne'e.
»ii
%64 1e Jardïnieh
Le myrte fe perpétue de marcottes & de ra*^'
cines éclatées , foit en pleine terre ou en caifîès t
il faut , pour y réuiïir , faire clioix des branches
les plus droites , & dont l’écorce nous paroît
plus unie.
Cela obfervé, on dépouille le bas de ces bran-
dies de ce qu’il peut y avoir de feuilles , jufqu’à
trois doigts près de l’endroit qui doit fortir de
terre : lorfque ces branches font couchées en rigo-
les ^ on les couvre de terre , puis on les arrofe#
C’eftau mois de Mars qu’on marcotte les myr-
tes ; étant marcottés, on les laifTe ainfi jufqu’en
Septembre ou Odobre, où pour lors on les leve,
fuppoféque ces marcottes foient bien enracinées,
puis on les tranfplante où l’on veut.
Durant l’Eté il faut avoir foin d’arrofer fou-
vent les myrtes; ils deviennent plus beaux, &
donnent par conféquent plus de pîaifir.
La fécondé maniéré de multiplier les myrtes
par racines , fe pratique en cette forte.
On en déchaufife entièrement le pied , puis on
clioilit la branche qui convient le mieux , qu’on
répare de la racine avec plus de chevelu qu’il eft
poflîble ; c’eft au Printemps ou en Automne que
cela fe fait : enfiiite on plante les myrtes qu’on
a éclatés dans des pots ou caifTes préparés exprès ,
& remplis d’une terre compofée de deux tiers à po-
tager bien criblée , & un tiers de terreau découché.
On peut en élever aufli de graine & de bouture.
Cet arbriflèau fe plaît auffi en pleine terre ^ dans
des
PlEüïlîâTE. %6$
ies pkte.s-bandes de parterres ; maison y en mec
peu , parce qu’il eft fort délicat : il faut l’arrofer
fouvent , principalement lorfque les chaleurs de
l’Efé font grandes ; on remarque que les myrtes
ont befoin d’eau , lorfque leurs feuilles paroiiTsnt
fanées.
On tond cetarbriffèau pour le rendre plus agréa-
ble à la vue, & on fe fert de ci'eaux de Jardinier
pour faire ce travail : s’il y a fur un myrte quel-
que branche qui foit feche , il faut la retrancher
jiîfqu’au vif. Ses fleurs font compofeées de cinq
feuilles rangées en maniéré de rofe blanche ; elles
ont l’odeur fort agréable : fes feuilles , qui ne
tombent point , font d’un verd luifant ; fon bois
efl de couleur grisâtre & uni.
Pour qu’un myrte foit beau , il faut qu’il ait
une tige haute , la tête belle & bien garnie dans fa
rondeur , les feuilles & lesbranches d’un beau verd.
Lorfqu’on veut avoir des myrtes à fleur double ,
on en greffe fur des communs , en écuffon ou en
approche. Voyez comment fe font ces fortes de
greffes au Chapitre des grenadiers, page 250.
CHAPITRE VII.
Des d’fférentes efpeces de lauriers»
euhive de cinq fortes de lauriers , qui ont
tous le bois d’une couleur un peu grife ,
& U'M ; favoir le laurier-franc ^ affez connu de
tout le monde , & dont la feuille fert en cui-
J/. Partie^ M
i66 Le Jâkïîînîer
fine ; le laurier--rofe , le laiiricr-cerife ^ le laurier*
thym^SL ie laurier Alexandrie^ Tous ces ar-
briffeaux ont leur mérite particulier , & fervent
d’un très“be! ornement dans les jardins : ils du-
rent fort long-temps.
Du laurier- franc.
Cet arbrifTeau fe multiplie de graine , & fe plaît
beaucoup dans une terre à potager bien remplie
de fds * & paffee au crible.
Cette terre étant ainfi préparée on en emplit
des pots ou des baquets , puis on y feme les baies
ou graines , grain à grain , dans des trous qu’on
fait avec le doigt , éloignés de quatre doigts i’un
de l’autre.
Quand ces baies font femées , il eft bon d’é-
pancher fur la fuperficie de la terre , environ l’é-
paifTeur d’un doigt de terreau , d’arrofer auflî-
tôt ces femences , & de mettre enfuite les pots ou
baquets au grand foleü.
Mais comme ces baies font long-temps à ger-
mer , on les met tremper dans Teau jufqu’à ce
qu’on voie qu’elles foient gonflées ; c’eft pour
îors qu’elles lèvent bien plutôt.
Il y en a qui , dès la première année que les
jeunes lauriers font levés , les tranfplantent ; mais
il vaut mieux attendre qu’ils foient plus forts.
lorfqu’ils font ainfi en pépinières , il eü bon de
répandre entr’eux un bon demi-doigt épais de
terreau , donc les fels profitent beaucoup à cqs
jeunes plants»
Fleuriste. 2,67
Après la deuxieme année que les petits lau-
riers font femés , on les leve pour les tranfplanter
dans des pots qui leur conviennent, remplis d’u-
ne terre de pareille nature à celle dont on a parlé*
Quand les lauriers font plantés on les arrofe 5 pour
en faciliter la reprife ; ils veulent le grand foîeil ,
parce qu’ils en croifTent plus vite, & en devien-»
lient plus beaux.
Les lauriers-francs fc perpétuent de marcottes ;
on en agit de même qu’à l’égard des grenadiers.
On peut voir l’article , page '248. On fait de
cet arbre de très-belles palifîades , parce qu’il
peut refîer toujours en terre.
îl n’eft rien auffi de plus agréable que cet ar-
bre lorfqu’il eft en caiffe ; on !’y fait prendre des
formes différentes; tantôt on le conduit en pyra-
mide , ainfi qu’on en voit à Verfailles , ou bien
en globe , toujours avec une belle tige. C’efl: un
arbre verd en tout temps , & qui plaît toujours
mx yeux.
Quand les lauriers-francs font en califes , il
faut les cultiver comme les orangers , c’efl-à-dirè ,
les rencaiifer dans le befoin , & les arrofer de même.
Le laurier-franc a des fleurs d’un blanc jaunâ-
tre , qui fentenc très-fort , & les feuilles d’un
beau verd , qui ont une odeur aromatique.
/
Des lauriers-rc/es.
On en compte de deux fortes , le blanc & l’in-
carnat ; ces lauriers ne fe fement point , foit
M a
2.68 Le Jardinier
<]ue îa graine en nos climats ne parviennent pô?n5
aune parfaire matunté, ou qu’on ait expérimenté
d’autres voies plus courtes, pour en perpétuer
î’efpece*
Cer arbriiïèau vient de marcottes : c’eft au mok
de Juillet que ce travail fe fait ; on en prend les
branches qu’on couche en terre en rigoles ; on les
laiiTe ainfi jufqu’au mois d'Oéiobre, qu’on îesfe-»
vre deleur tronc pour les tranfplanter ailleurs.
Four bien marcotter le laurier-rofe , on incife
îa partie de la branche, qu’on met en terreà l’en-
droit d’un rœud , jufqii’à moitié de fa grolTeur ^
puis on !a fend environ trois ou quatre doigts en
longueur ; cela fait , on couvre de terre la mar-
cotte , on i’arrofe ; après cela on îa laifTe ainfîfix
femaines ou deux mois , pour lui faire prendre
racine.
Enfoite on îeve ce qu’il y a de marcottes , on
les tranfplante en caifîè ou en pots fuffifamment
grands. Le îaurier»rofe veut erre arrofé fréquem-
ment'en Eté; fes fleurs, qui reiTemblentaux rofes
communes , en naiflent plus belles. Comme une
partie de fes feuilles tombent aux approches de
l’Hiver , & qu’il craint la gelée , on aura foin
de le mettre dans la ferre : elles ne font pas d'un
fl beau verd que les autres , & ne fentent lien.
Cer arbrÜTeau n’efl: point affujettià la taille: il
îi’eft pas toujours garni en pied comme on le fou-
hai eroit ; c’efl pourquoi on y laide beaucoup de
branches , fi tant ed: que la nature y en ait fait
F i f: ü E ï s T E.
croître; & on fe gardera bien 5 comme font la
plupart des Jardiniers , de profiter toujours de
cette abondance , pour en tirer des marcot:es ;
il faut que cela fe fa(Te avec prudence.
Bien des Jardiniers à gages tombent dans ce
défaut , pour fe faire un petit revenaot-bon des
marcottes qui en proviennent , & qu’ils ven-
dent à des particuliers : c’eft à quoi il eft bon de
faire attention , puirque pour lors on n’a des lau-
riers-rofes qu’à moitié garnis.
Il efl à propos au(Ti , dans le befoin , d’arroler
& de rencaifTer cet arbrifièau : pour le rencadre-
ment , il fe fait environ de quatre en quatre a - 0
La terre qui lui convient doit être de deux tiers
de terre à potager bien criblée, & un tiers de
terreau de couche mêiés enfembîe*
Du laurier '-cerife^
Ce laurier fe multiplie comme le laurier-franc ,
& de branches éclatées avec racines; il ne fe met
pour l’ordinaire qu'en pleine terre , & contre un
rnur en efpaüer : c’eft la feule forme qui lui con-
vient, & fous laquelle il fert d’un très-bel orne-
ment dans les jardins. C’eft un arbre toujours
verd , donc les feuilles ne tombent que par acci-
dent ; fa fleur fent un goût aromatique.
Il aime les lieux frais & ombragés , quoiqu’il
ne laifle pas que de bien réuflir au grand foleil :
on peut , fi on veut , en former des haies d’appui
Ql paliflades ; c’eft pourquoi , il faut qu’il foit bien
M 3
Jâmdînïee
garni depuis îe pied jufqu’àla têfe. On aura foin
de l’arrofer dans le befoin , & de lui changer de
temps en temps de terre.
JDu laurier-thym*
Cet arbrifleau fe cultive dans les jardins , à
caufe qi/il fleurit deux fois l’année, & qu’il don»
ne fouvent fa fleur dès le mois de Février : fa
feuille eonferve toujours fon verd. Le laurier-
îhym fait un arbriffeau nain , fort agréable à îa
vue , & qui fert d'un très-bel ornement dans les
jardins, où il peut toujours refler en pleine terre®
11 fe multiplie de marcottes qu’on tire de ceux
qui font fort bas de tiges ; on les lailTe croître
exprès en cette vue : ces fortes de lauriers, ainfl
deïtînés pour la multiplication de leur efpece ,
fe mettent qu’eo pleine terre , où il eü plus facile
de les marcotter qu’en caiffes ou en pots.
Lorfqu’il efl; queflion de marcotter cet arbrif-
feau , on en choiflr , comme aux autres^ les bran-
ches les plus belles , les plus droites , & les plus
unies.
Ce choix ainfi fait ^ on prend une houlette de
Jardinier , avec laquelle on creufe un cerne tout
autour du pied , pour y coucher les branches les
unes après les autres*
II faut avec la ferpette , en ôter toute la ra-
milîe qui y a cru , & bien nettoyer la partie qu’on
doit mettre en terre. On marcotte les lauriers-
thyms à la fin du mois de Mars, ou au commea-
cernent d’Avfil.
ÿtEÜRÎST®» CI7Î
On les laiiTe en cet état jufqu’au mois de Sep-
tembre ou d’Oâobre , qu’on leve les marcottes
pour les tranfplanter en pots ou en caifTes ; mais^
tandis qu’elles ne font point encore fevrées de
leurs pieds , il faut avoir foin , en Eté , de les arro-
fer fouvent ; ces marcottes en deviennent bien plus
belles que lorfqu’on néglige ces arrofements.
Les pots ou caiffes dans lefquels on les îranf-
plante , doivent être remplis de deux tiers de terre
à potager & d’un tiers de terreau , le tout mêlé en-
femble ; & comme la tige la plus haute que peut
acquérir cet arbrifîèau , fait une partie de fon mé*
rite , auffi faut-il , îorfqu’i! eft tranfplanté , avoir
foin , à mefure qu’il croît , de l’émonder , & de
le dreffer le mieux qu’il eft poffîble, pour lui faire
acquérir une tête bien garnie & bien ronde»
Les lauriers-thyms veulent être arrofés fou-
vent , & ne font jamais plus beaux que lorfqu’ils
ont la tête pleine & bien ronde»
Ils viennent fort bien à toute expofition ; ils
font un très-bel effet dans les parterres 5 fur quel-
que terrafTe , dans une cour , & principalement
dans un temps ou les fleurs font rares.
Du laurier Alexandrie^
Ce laurier demande la même terre que les au-
tres, & pareille culture ; ai nfi il eft inutile là-
defllis d’ufer de redites.
Le laurier d’Alexandrie , moins connu de bien
des gens que les autres , eft une efpece de houx
M 4
Q.7^ Î'E Jardinier
dont les feuilles font oblongues , terminées en
pointes , & d’un beau verd ; el’es refTemblenr à
celles du laurier : fes fleurs naiflent comme des
maniérés de grelots. Cet arbriflèau a fon mérite
dans un jardin , foit au mi’ieu d’une plate-bande ,
ou lorfqu’il efl en ^aifle ou en pot : on peut le
laifTer toujours en pleine terre.
CHAPITRE VIII.
Des rojîers de toutes fortes»
y s plufleurs efpeces de rofiers qui ont tous
•^îe bois verd & garni de piquants : les feuilles
en font oblongues, dentelées & rayées ; elles tom-
bent tous les ans. Comme les rofiers ne craignent
point beaucoup le froid , ils peuvent toujours
refler en pleine terre ; on pourra les couvrir de
paille : en voici le dénombrement ;
S A V O I R :
La rofe odorante.
La rofe fans odeur.
La rofe rouge pâle.
La rofe de Provins.
La rofe de Virginie.
Les rofes blanches de lait.
La rofe de couleur de chair.
La rofe panachée.
La rofe de tous les mois.
La rofe mufcate , autrt^
ment dite, rofe de Damas,
La rofe d’Hollande, à cent
feuilles.
La rofe fimpîe de couleur
d'un rouge foncé.
La rofe jaune.
Les plus belles font celles d’Hollande, à cent
feuilles, celles de tous les mois , & les panachées..
Venons à préfent a la culture de chacune en par-
ticulier.
F L E U R ï s T Eo 273
tuïture de la rofe d^Hollande^ à cent feuilles
avec odeur.
La faifon îa plus propre pour planter les rofiers
d’Hollande 5 eft aux mois d’Odobre, Novembre
& Février ; une bonne terre à potager leur con-
vient fort bien , de même qu’une expofition où
le folei! donne.
Cet arbrÜTeau a bonne grâce dans les plates-
bandes des grands parterres ; il faut le former en
buiffon bien garni depuis les pieds jufqu’àla tête ,
qui , étant beaucoup chargé de fleurs en fon temps ,
produit en ces endroits un fpeâacle très-agréable
à la vue.
Les rofiers fe perpétuent de branches éclatées
avec racines , qu’on plante un demi-pied avant en
terre ; on les arrofe d’abord pour en avancer la
reprife , & après qu’ils font repris , il fuffit de
quelques labours donnés de temps en temps pour
leur faire prendre une belle croiflance. On en
peut aufïï greffer en écuffon fur des rofiers com-
muns : voyez comment fe fait cette greffe au cha-
pitre des grenadiers , page 150.
Les rofiers i cent feuilles , fans odeur \ fe cul-
tivent de même que les. précédents , fans aucun
autre myftere.
De la rofe de tous les mois.
On l’appelle autrement rofe d^Italie double &
perpétuelle 5 à caufe qu’étant fou vent cueillie 5 cet
ÎVl f.
274 Jardinier
arbrifTeau produit par crochets plufieurs boutons
qui donnent des fleurs.
Pour faire enforte que cette efpece de rofè
donne des fleurs tous les mois, ou tout au moins
durant la meilleure partie de l’année , il faut le
tailler deux ou trois fois ; ce qui fe pratique d’a-
bord au mois de Novembre , qu’on le coupe pref
que raiz de terre, pour l’obliger à pulluler de nou-
veau ; car ce ne font pour l’ordinaire que les nou-
veaux jets quiproduifent des fleurs en abondance.
Cette efpece de rofier , foit en caiÏÏe ou en plei-
ne terre, veut être bien foignée ; c’efl aufTi le fe-
cret d’en avoir beaucoup de fleurs.
Après la première taille , dont on a parlé , on
lui en donne une féconde fur les nouvelles bran-
ches qu^il a produites & qu’on ravale à un œil
GU deux, près de l’origine ; c’eft à la fin du mois
de Mars que fe fait cette opération , ou au com»
mencement d’ Avril..
Il efl: bon , après la fécondé taille. , de faire un
cerne au pied du rofier qui eû en pleine terre ou
en pot, & de le remplir d’une terre tranfportée
& de bonne nature ; on peut y ajouter quelque
fumier bien confommé , l’arbriflèau n’en fait que
mieux fon devoir,. îl efl: à propos aufli de l’arro-
fer incontinent, & de continuer les arrofements
en Eté , lorfqu’on juge qu’il a befoin d’eau , ce
qui fe remarque par le peu de fleurs qui naifTent.
Voici une autre fecret éprouvé pour avoir beau-
coup de^rofes ^ de tous les mois, durant l’Eté j. iî
1
Fleuriste. 275
faut pour cela, fi-toC que le rofier commence à
s’aboutir , le décharger de tous fes boutons , avant
qu’îîs foient épanouis.
Quand les premières fleurs font paffees , on taiüe
les branches de ce rofier aii-deflbus du nœud où
les fleurs étoient attachées , en obfervant de faire
la même chofe après chaque portée ; & , par ce
moyen , on a le plaifir de voir fleurir cet arbriflèau
durant huit mois de Tannée.
Toutes les fois qu’on veut tailler ce rofier , il
faut , quinze jours auparavant , s’ab (tenir de
Farrofer.
Les rofiers de tous les mois font fufceptibles
de froid ; c’eft pourquoi , durant les fortes gelées ,
on les couvre de grande paille ou de grand fumier
fec , lorfqu’ils font en pleine terre : s’ils font en
caiîTe , on les porte dans une ferre ou dans un
autre endroit à Tépreuve du froid.
Un moyen sûr encore d’avoir des ro fes de tous
les mois , lorfque les rofiers font en caifTe 5- eft
d’en courber les branches , & de les attacher à
des bâtons fichés en terre.
Ces rofiers fe multiplient de marcottes & dé
boutures qu’on tire des branches taillées en Au-
tomne ; on les fiche en terre ,.obférvanc qu’ils en
forcent hors de terre feulement la hauteur de deux
doigts : c’eft dans le mois d’Oâobre. ou de No^
vembre qu^bnfait.ce travail..
On peut en grefFer aufii en écufïbn fur des
itofiers communs ^ cette greffe eft expliquée
M 6
^7^' E Jardinier
au cllapître des grenadiers, page ajo.
Des rofiers mufcats , autrement dits rojlers de
Damas^
Cette efpece de rofier demande une terre a
potager , un grarrd foleil & de fréquents arro-
fements ; ce rofier ne craint point le froid, &
donne des fleurs en bien des mois de l’année.
Les réglés du jardinage veulent qu’en Automne
ou au Printemps , on taille tous les ans les vieilles
branches des rofiers mufeats à un demi-pied de
terre , afin que des yeux qui y reflent , i! en forte
quantité d’autres branches nouvelles qui donnent
des fleurs en abondance»
Le rofier mufeat fe perpétue de drageons qu’on
tire du pied , lefqueîs étant plantés dans une terre
fraîche, prennent racine promptement , & de«
viennent en peu de temps de fort jolis arbriffeaux»
Des rofes hlanches doubles*
Ce rofier fe plaît dans une terre forte , & veut
une expofition où le foleil donne beaucoup , Sc
quelques petits labours de temps en temps lorf-
qu’iî efl en pleine terre.
On ne taille point du tout ce rofier , on fecon»
tente feulement de le décharger du vieux bois , qui
ne produit plus de fleurs : on le nettoie de tout Is.
bois fec qu'on y trouve.
Cet arbrifleau convient très-bien pour faire
une haie , qui , lorfqu’elle eft bien conduite , fert
d’un ornement fort agréable dans nos jardins.
Fleuriste. 2.77
Ces rofiers fe multiplient de plants enracinés
quon plante à quatre doigts en terre , & fe cul-
tivent d’ailleurs comme les rofiers à cent feuilles
pagea73.. ^ .
De ta rofe jaune.
Les rofiers à fleur jaune veulent une terre forte ;
il ne faut point en gêner les branches , en quel-
que façon que ce foit , c’eft pourquoi on les met
en plein air , fans les attacher à aucune chofe.
La taille ne leur convient point auflî , d’au-*
tant que ces rofiers ne donnent leurs fleurs qu’à
l’extrémité de leurs branches.
Cependant , fi on voit quelques branches mal
placées , ou d’autres qui foient ufées , & par
conféquent inutiles j. il faut les retrancher juf-
qu’au vif.
Et pour faire enforte que les fleurs de cet ar-
briffeau naiffentplus belles , il faut, avant qu’ef-*
îes foient épanouies , en abattre une partie..
Cette plante fe perpétue de drageons enraci-
nés qu’on tire du pied ; c’eft en Automne ou
au Printemps que cela fe fait.
Les rofiers jaunes ont la feuille de la fleur û
tendre & fi délicate, que la moindre pluie qui
tombe defllis fuffit pour les faire périr ; ce qui
fait auffi que , pour les garantir de cet inconvé-
nient , dans le temps qu’elles font prêtes à s’é-
panouir , on leur donne un petit couvert de
paillalTons , ou d’autres chofes femblables.
2.78 Jardïniir
Si on taille court les branches de cet arbrif«
feau au mois de Mars ou en Février ; c’eft le
fecret de lui faire produire des fleurs tous les ans>
Des rofes rouges , autrement appeüées rofes
de Provins.
Quoique cette efpece de rofe n’ait pas une
odeur fi forte que la rofe a cent feuilles , cepeur
dant on ne reffime pas moins dans les jardins ;
feur culture n’efi point différente , c’efi pourquoi
on n’en dira rien ici. Voyez rofes Hollande à
eent feuiiles ^ page 273.
Des rofes 'panachées.
Le rofîer à fleur panachée efl: un arbrifleau qui
ne croît point haut j on le plante en caiffe ou en
pleine terre.
I! fe plaît dans une terre â potager qui fok
forte ; il faut qu’elle foitbien meuble principa-
lement lorfqu’on s’en fert pour en mettre en
eaifle : il ne faut donner à cet arbrifleau qu’une
expofition où le foleil ne frappe feulement que
quelques heures du jour , parce qu’il ne fe pîak
point au grand chaud ; il convient quelquefois
de l’arrofer lorfqu’il n’efi pas^en pleine terre.-
Ge rofier fe greffe en écuflbns dans les deux
feves : fi c’èfi à œil pouffant , il fleurit dès l’année
' fuivante ; au ’ieu que , lorfqu’il n’efl: greffé qu’â
ceil dormant , il ne donne des fleurs que dans
l’Automne delà même année. Voyez pour cetic
greffe le chapitre des grenadiers ^.page 15a
F I E U R î s T Br Ü79
On peut encore , fi on veut , en multiplier l’ei-
pece par les rejettons qui pouffent du pied; mais
i’écuffon efi la plus courte voie.
Des autres efpeces de rofes»
Les rofes de couleur de chair ^ les rofes pdles^^
îa rofe de Virginie , & la rofe fimpîe , d’un rouge
foncé , veulent beaucoup de foleil ^ une terre forte
& qui foit bonne*
On plante ces rofiers au mois de Novembre ^
de Février , ou au commencement de Mars ; on
les met quatre doigts avan t en terre : on les taille
su Printemps , autant que le befôin Tèxige ; on
arrofe ceux qui font en caiffe.
Et pour les maintenir long-temps en bon état ^
il faut, lorfqu’on voit qu’ils rechignent îe moin»
drement , déchauffer îe pied de ceux qui font en
pleine terre pour y en fubftituer de nouvelle
qui foit féconde en fels : on peut en faire autant
à ceux qui font en caiffe^ cela, leur fert d’un de-»
mi rencaiffement.
Les rofiers à fleur d’un rouge pâle font très-
propres â faire des haies de jardin : on peut en
mettre en paüffade le long de quelque grande
allée , parce qu’ils garniffent plus que les autres :
lorfqu’line paliffàde de cette nature eft bien con-
duite, & que les rofiers font en fleur, on peut
dire qu’il n’y a rien de plus agréaliîe à la vue..
Defcription des différentes fortes^de rofes que pro<>
duifent les différents rofiers dont on a parlée
On a cru qu’il n’étoit pas hors de propos de
a8o Le X a r d i n î e r
donner des defcriptions de chaque efpece de rofes
que nous cultivons dans nos jardins ; cetre con-
noillànce qu’on en donne ne peut être qu’avanta-
geufe , & faire plaifir à ceux qui aiment à cultiver
les fleurs».
Des rofes pâles»
Ces rofes font belles , grandes , d’une couleur
încarnat , frappant agréablement les yeux ; elles
ont une odeur fort douce.
Des rofes mufcates»
Les rofes mufcates font de petites rofes
pies & blanches ; elles ont une odeur fort mus-
quée ; elles font très-purgatives , prifes en in-
fufion ou en conferve.
Des rofes hlanches communes»
Ces fleurs font grandes & belles, mais d’une
odeur qui diffère de la précédente , & qui fom
mérite particulier.
Des rofes de Provins»
Les rofes de Provins , appellées rofes rouges^^
font grandes, fort belles , de couleur rouge
foncé & velouté , & d’une odeur très- peu fenffble»=
I Des rofes jaunes.
Les rofes jaunes ont les feuilles larges , bel-
les , d’une couleur d’un Jaune citronné ; cette,
fleur eff fans odeur..
Des rofes de tous lesmois^
Ces efpeces de rofes font rouges , petites ^ &
Fieurïstî. 5.81
^’une odeur aflez agréable *, le rofîer qui les pro-
duit les donne ordinairement par bouquets.
Des rofes panachées*
Ces rofes ne viennent pas fi doubles que les
rofes d’HoI’ande; elles ont fur leurs feuilles des
rayures d’un rouge velouté fur un fond rouge
blanchâtre ; c’eft ce qu’on appelle panache , en
terme de Fleurifle.
CHAPITRE IX.
Du fyringa & de la rue des jardins , autrement
dite fumac des Indes.
I. Du Syringa.
CET arbriffèau a fon agrément dans un jar-
din , & peut fe mettre dans des plates - ban^
des de parterres-, où il forme comme une maniéré
de buifibn qui remplit afTez bien fa place quand il
eft bien conduit. Il efl vrai qu^au jourd’hui Tufage
de cet arbriffeau eft prefqu’entiérement aboli dans
nos jardins ; on ne remploie guere que pour met-
tre dans des touffus de bofquets , où l’on peut
refpirer un air agréable dans la faifon que les
fleurs en font épanouies.
Le fyringa veut une bonne ferre ; il fe plaît
dans les lieux humides & ombragés ; ce n’eft
point qu’où les terres ne font point de ce tempé-
rament , on ne laifTe pas que d’y en planter ; il y
croît fort bien.
fXSl L X Jardînter
Pouf obliger le fyringa à produire beaucoup
de fleurs & à pouilèr beaucoup en bois , il faut
lui donner de fréquents labours , & l’arrofer
fouvent.
Cet arbriffeau fe perpétue de deux maniérés ;
favoir , de boutures & de plants enracinés.
Dans le premier cas , il faut que les boutures
aient toujours un peu de vieux bois à Textrémité
d’en bas ; on les plante à l’ombre pour leur faire
prendre plutôt chevelure»
Lorfqu’on le multiplie àe plant enraciné , on
choifit les plus beaux rejettons du pied^ qu’on
éclate , accompagnés d’un peu de racines.
On taille le fyringa , pour lui faire acquérir
une belle figure ; & cette taille confifle à îui^ôter
tout le bois mort , & celui qui y paroît ufé ,, 8c
les branches qui font mal placées»
S’il y en a qui s’élèvent beaucoup au-deffus des
autres , ou qui s’emportent trop de côté , on doit
les retrancher où le bon goût veut qu’on le falTe ;
il eft bon aiiffi d’égayer le fyringa dans le milieu ,
il n’en donne que de plus belles fleurs ; elles font
blanches 8t nailTent en rofe , compofées de plu-
fieurs feuilles. Le fyringa a l’odeur afièz bonne ,
quoique forte ; fon bois tire fur îe rouge ; fon
feuillage eft d’un verd brun , petit & pointu : il
ne craint pas le froid.
I I. De la rue des jardins.
Cet arbriffeau s'appelle autrement fumac des
F £ £ U H I s T R. 183
Indé^, Il faut le planter en caiffe, remplie d’une
terre compofée moitié terreau & moitié terre à
potager bien criblée , le tout mêle enfemble. La
rue des jardins vient encore fort bien en pleine
terre dans les pays chauds.
Lorfque cet arbriffeau efl en caiiTe , il faut Far->
rofer dans le befoin , & aux approches de THi-»
ver le porter dans une ferre ou autre endroit
blable , pour le garantir de la gelée.
Le fumac ou rue des jardins fe multiplie de
rejettons qu’on éclate , il faut qu’il y ait un peu
de racines : on les plante quatre doigts avant en
terre.
Cet arbriffeau peut tenir fon rarrg dans les jar-
dins, parmi les arbres & arbrifîeaux qui font en-
caiffes ; c’eff: dommage qu’il foit fi rare dans les
climats qui font tempérés , où l’on pourroit néan-
moins le rendre plus commun , pour peu qu’on
voulût y apporter les foins qui lui font nécef-
faires.
Les fleurs de cet arbrifleau font en rofes , dilr
pofées en rond , & fort agréables à la vue.
CHAPITRE X.
Du romarin 6* de ta barbe de Jupiter»
I. R O M A E I Nr
E T arbriffeau , depuis quelque - temps , de-
vient affez à la mode ; il vient prefque en
toutes fortes de terres , mais bien mieux dans une
terre légère que dans aucune autres
Ù.E4 t B J A B ï N î E R i
On le cultive en pleine terre comme en caifî^f
il fe multiplie de marcottes , qui fe font en choi-
fîiïant les plus belles branches & les plus droi» |
tes qu'on puilïe trouver au pied d’un romarin r |
ce choix fait on les émonde par le bas, on les j
nettoie , puis on les couche en terre ; on les cou- j
vre de terre qu’on preffe; on les arrofe , puis ^
on les laifTe agir. ;
On marcotte les romarins au mois de Mars ; ^
les marcottes reftent jufqu’aii mois de Seprem- j
bre ou d’Odobre , qu’on les îeve pour les mettre |
en caifTcs remplies d’une terre eompofée moitié |
terreau de couche , & moitié terre à potager bien |
criblée. Ils viennent aufTi de bouture, de plant i
enraciné & de graine.
Pour élever cet arbrilfeau en maniéré de boule
{ c’efl la figure ordinaire qu’on lui donne ai; jour- j
d’hui) , il faut , à mefure qu’il monte, lui faire I
acquérir une belle tige haute d’un pied & demi ^
puis y former une tête la plus ronde qu’il eft
pofTible.
Le romarin ne fe dégarnit point l’Hiver ; fon
bois , qui tire fur le gris , eü garni de petites feuil-
les très- étroites & un peu longues , d’un verd
blanc par-deffbus , & d’un, verd gris par-defTus,
qui ont une odeur aromatique ; fes fleurs font d’un
bleu pâle. Cet arbrifleau fe plaît à toute expofi-
tion : s’il eft au grand foleil , il faut Tarrofer fou- j
vent ; s’il y a quelque branche qui naiflè mal p!a«^ ;
cée y ou qui s’élance trop , il faùt la raccourcire. *
fleuriste* a8j
î L De la harbe de Jupiter»
Quoique la barbe de Jup’ter ne foit qu’une
plante annuelle , on ne îaifTc pas néanmoins de
lui donner un rang parmi les arbriflTeaux.
Elle fe multiplie de graine qu’on feme fur cou-
clieau moisde Mars ; au refte, on la cultive com-
me Es autres plantes qui fe fement en ce mois.
Lorfque la barbe de Jupiter efl afTez forte pour
être tranfplantée , on la met en caiffe ou en pot
remp'i d'une terre compofée de deux tiers de ter-
reau & d’un tiers de terre fablonneufe , ou d’une
terre légère bien criblée.
O
Cette plante veut le grand foleil , & de fré-
quents arrofements ; elle lert d’un fort bel orne-
ment dans un jardin : fes feuilles font velues , de
couleur argentine & luifante, c’eft ce qui en fait
en partie la beauté , ainfi que fes fleurs ^ qui flaift*
fent en maniéré de papillon.
CHAPITRE XL
De Pif y du pirea , du cyprès ^ & de Pemploi
en fait dans les jardins d^ornement»
oMMh les arbres dont on parle dans ce Cba-
pitre , & dont on traitera dans le refle de cet
ouvrage, ne font confidéiés dans le jardinage
que par rapport à l’ornement qu’ils en font , on
ne fe con entera pas d'en enseigner la culture,
on dira encore la maniéré de les drefler ^ quelles
aSS LEjAîtDÎMîÉR
idées on peut s’en former , & quelle conduite il \
fiiut tenir à leur égard*
I. De Vif.
L’if fe multiplie de graines & de marcottes}
la faifon de le femer eft le mois de Septembre ou
d’Oélobre.
Cet arbriffeau fe feme dans une terre la mieux
ameublie qu’il eft poftible , fur planches couver-
tes d’un doigt épais de terreau , toujours à plein
@liamp , & le plus à claire - voie qu’il eft poffible.
Quelques-uns , avant que de femer les ifs , en
font tremper la graine dansî’eau , jufqu’à ce qu’on
remarque qu’elle fe gonfle : le lècret eft bon pour
en avancer la végétation ; car fans doute cette
graine leve bien plus vke que lorfqü’onen agit
autrement,
îl faut , îorfque les plants font levés , avoir
foin de les arrofer de temps en“ temps durant les
grandes chaleurs, & d’ôrcr les méchantes herbes
qui croiffent parmi; on les laifle dans cette premiè-
re pépinière jufqu’à ce qu’ris foientaflez forts pour
€tre tranfplantés plus au large dans un endroit.
Si- tôt qu’ils font plantés , à deux pieds 4’un de
l’autre, on les arrofe :à mefure que les ifs croif-
fent , on leur donne trois labours tous les ans«
Les plants reftent dans cette pépinière , gouver-
nés ainfi qu’on l’a dit , durant quatre ou cinq
ans , qu’on commence à en tirer pour leur don-
ner place dans les plates-bandes de parterres ^ &
pour^en former des paülTades entières.
tF X E ü R ï s T E. 187
Xes ifs fe lèvent en motte , lorfqu’on veut les
Cranfplanter , autrement la reprife n’en eft pas fi
fûre. Lorfqu’il eft queftion de les tranfporter au
loin , on les met en mannequin , avec une petite
motte aü pied,
Î On réduit les ifs fous plufieurs formes diffé-
rentes. Les grands ifs ne font plus à la mode , fi
^ ce nVft dans les grandes allées ou dans les parcs :
É| les ifs pour les parterres n’ont pas à préfént plus
j de deux pieds de haut , taillés en pyramide. Il eft
I vrai que cela égaie plus les jardins ; au lieu que
P lorfqifîl y avoit de grands ifs, cela les rendoit
ri trilles , le verd de l’if étant fombre lui - même.
; L’if fait, comme on a déjà dit, une très-belle
\ palifTade.
I * Il faut toujours choifir les ifs de graine, c’eft-
â-dire,qui font venus de graine, pour planter
dans les parterres , &obferver qu’il n’y aitaucu-
j ne tige : ces ifs , en ce cas , valent mieux que ceux
I qui viennent de marcottes ; ceux-ci auffi en ré-
compenfe font employés pour les paîiîTades ; on
I ies prend depuis deux jufqu’à quatre pieds de
haut; & lorfque ces ifs font conduits artiftement
le long d’un treillage , durant quelques années
& qu’ils ont pris leur forme ^ on n’a plus befoin
I d’appui pour les foutenir : il n’y a plus qu’à avoir
foin de les fondre dans la faifon. On fait auffi des
banquettes d’ifs entre des arbres ; ils fervent ainfi
d’une agréable décoration dans un bofquet, faite
I de verdure , cloître , ou autre piece d’ornement
-de jardin.
*
l88 Le Iardîwîeh
I î. Du picea»
Le picea efl: un arbre qui s’eleve fort haut .* il
fe cultive de même que Tif , hors que les lieux
ombragés ne lui conviennent point : il fe plaît
dans un terroir léger , & cet arbre feroit auffi
eftimé dans les jardins que Tif , s’il n’étoit fujet
à fe dégarnir par le bas : il lui reflemble aflez pour
le bois & le feuillage.
Il produit un bel effet dans de grandes allées
de jardins ; il convient dans les grands parcs, &
on le place entre les arbres ifolés. Les piceas font
aujourd’hui exclus des parterres.
Les piceas s’élèvent en pyramide , & fe ton--
dent comme les ifs : on peut , fi Ton veut, en
former quelque paliffide, mais il faut avoir atten-
tion d’entretenir le bas toujours bien garni,
I î L Du cyprès»
Le cyprès ef! un bel arbre , qui s’élève fort
haut; il ef^ touffu deptiis fon pied jufqu’à fa cime,»
qui fe termine en pointe. Son bois eft dur & de
bonne odeur.
Les cyprès viennent de graines qui font renfer-
mées dans leurs fruits ; elles fe fement en Automne
dans une bonne terre: quand les plants ont acquis
un pied de haut , on les plante en pépinière , en
terre bien labourée, &en be'Ie expofition ; on les
arrofe fouvent jufqu’à ce qu’ils foient un peu forts.
Les cyprès autrefois écoient plus à la mode
qu’ils
F L E U 11 î s T Eo 189
ils ne le font aujourd’hui , qn en voyôît des
allées entières & des palilTades : mais on ne fait
pourquoi on feur a préféré l’if & le picen : les cy-
près avoient néanmoins bonne grâce dans nos
jardins \ c’efl dommage qu’on les en ait bannis:
ilferoit à fouhaiter qu’on les y rappellât, à caufe'^
de leur feuillage , qui eft toujours verd.
CHAPITRE XII.
Du charme , & à quoi rendu propre dans U
jardinage.
Le charme ne donne point de fruit , mais beau-
coup de femence , qu’on recueille en Septem-
bre , & qu’on feme prefqu’en même-temps , ou
dans îe mois d’Oélobre^ : lorfque la graine eft fe-
mée , on la couvre de terre , puis on la laiffi ger-
mer enfuite ; & ,à mefure que les jeunes plants
croifTent , on les farcie, & on ne dédaigne point,
durant les grandes chaleurs , de les arrofer de
temps en temps.
L’année fuivante qu’ils ont été fernés , on les
leve à la Touflaint pour les tranfplanter en pépi-
nière , à deux pieds l’un de l’autre , fur des ali-
gnements tirés au cordeau ; là on les cultive de
labours , jufqu’à ce qu’ils foienc parvenus à une
hauteur raifonnable , qui eft depuis un jufqu’à
dix ou douze pieds.
Le charme qu’on cultive ainfi eft ordinaire-
ment deftiné pour les jardins , & on l’appelle
J/. Tartie. N
^90 Le Jardinier
charmille de grain ; ce ne font que de petits brins
enracinés, guere plus gros en pied que le petit
doigt.
Cette charmille eft préférable , dans les plants,
k la charmille de foucke , qu’on va chercher dans
les bois ; ce n'eft pas que , faute de charmille de
grain , on ne puifîè utilement s’en fer^ir ; il eft
vrai qu’il en périt davantage ; mais lorfqu’on n’en
peut avoir d’autre , il faut s’en tenir à ce plant ,
fauf à en recouler dans les places vuides.
La meilleure charmille eft celle qui a l’écorce
unie , luifante , & qui eft beaucoup enracinée,
La charmille vient bien en toutes fortes de terres;
mais mieux ^ à la vérité, dans les bonnes qiiedans
les mauvaifes , où elle eft fu jette à fe rabougrir.
On plante la charmille en rigoles, qu’on creufe
îe long d’un cordeau , à la profondeur d’un fer
de bêche , & les brins à trois doigts diftantsl’un
de l’autre. C’eft avec la charmille qu’on forme les
bofquets , & qu’on fait les paülTades dans les jar-
dins : il y en a de fort hautes , & d’autres qu’on
tient à hauteur d’appui ; les unes font entremêlées
d’ormes, de tilleuls d’Hoilande, ou de marron-
niers d’Inde , & forment ainfi une efpece de baie
d’appui ou banquette ; les autres font Amples , &
fans aucun arbre mêlé parmi.
La charmille eft encore d’ufage pour partager
les grandes pièces qui fervent d’ornements aux
jardins ,*comme patte-d’oie , étoile , falle , fa-
lon , cloîtres & autres. On verra dans les def-
fleuriste. 191
feins dont cet ôuvrage eft rempli , ce que c’eft
que ces différents ornements.
Nous commencerons par l’éroile, afin que ceux
qui font encore peu verfés dans la pratique des
jardins d’ornements, conçoivent ce que c’efl que
cette piece de jardin.
De V étoile*
Une étoile a des allées qu’on ratifie entière-
ment , ou qui dans le milieu font garnies d’un ta-
pis verd , femé de graine de bas pré , ou de fain-
foin , qu’on fauche trois ou quatre fois l’année.
A côté des peloufes ou tapis verds on laiffe des
fentiers larges de quatre jufqu’à huit pieds , félon
la largeur des allées ; on les ratifie pour les déta*
cher des tapis , & leur donner un air de propreté
qui piaife.
Les paliffades d’une étoile doivent être bien en-
tretenues & tondues en faifon ; il vaut toujours
mieux , lorfqu’on les tond , les ferrer de près avec
le croiffant , que de les làiffer évafer : c’eft ce qui
les ruine avec le. temps ; au lieu qu’étant gou-
vernées comme on l’a marqué , ces paliffades
durent infiniment davantage , & ont meilleure
grâce à la vue.
On voit comme les allées dont l’étoile eftcom-
pofée forment en effet une maniéré d’étoÜe ; celle-
ci eft ornée dans le milieu d’un gazon , avec une
figure fur un piédefta!.
N %
2-92, Le jARHÎNîEît
De la patte-d^oie.
Lorfqu’une patte-d’oie efl bien tiree, & qu’il f
a quelque belle avenue qui y conduit , on peut
dire que c’eft un ornement fort agréable
pour un jardin ; elle eft compofée de plusieurs
allées tracées de maniéré qu’en y arrivant elles
forment à la vue la figure d’une patte-d’oie ; elle
eil ordinairement précédée d’un grand tapis verd^
ou d’une piece d’eau, avec une allée tout autour,
& ornée d’ifs ou de marronniers d’Inde. On
fait , comme on a dit , de ces pièces féparées , ou
mêlées parmi d’autres , qui toutes enfemble pren-
nent le nom de bofquet. On verra par la plan-
che qui fuit ce qu’on vient de marquer.
Planche IÎ.
Cefi: une patte-d’oie A , avec des maronniers
d’Inde ifolés dans le ceintre ; cette piece a pour
ornement un baffin ; delà on va dans une étoile
B , compofée de touffus C , avec des renfonce-
ments D , où l’on peut mettre des bancs pour fe
repofer : on voit dans le milieu une piece de ga-
zon circulaire , accompagnée d'une figure dans
le milieu.
On a dit que pour planter la charmille il fallait
la rogner environ à un pied de haut ; mais dans
l’impatience de la voir bientôt, & tout-d’un-coup
même à la hauteur qu’on la fouhaite , l’indufirie
des Jardiniers a trouvé qu’on pouvoir planter
cette charmille depuis un pied jufqu’à dix ou douze
Il
^acfe S99
FiIüRISTE. 293
, deîiauteur. Il eft vrai que , durant un an ou deux ,
il faut foutenir cette charmille, avec un treillage
groffier ; mais lorfqu’eîle eft réprife , & qu’elle a
été conduite comme il faut, ce treillage eft inu-
tile 5 on le détruit.
Ornements particuliers de jardin qtd®n peut for
tner avec la charmille.
Galeries en arcades.
De tous les ornements de jardin où entre la
charmille , il n’y en a point qui foit plus beau
ni qui ait plus de grand qu’une galerie en arcade*
Cet ouvrage , fans doute , n’eft pas d’un appren-
tif Jardinier ; il demande bien des foins, un génie
particulier pour être bien conduit : c’eft par le
moyen de la charmille que ces galeries fe prati-
quent ; &,pour concevoir comment cela fe fait ,
voici là-defTus quelques inftrüâionso
Dans cette idée on s’aligne d’abord, & le long
de ces alignements, qu’oii tire auffi !ongs,qu’on
le fouhaite , & qu’on creufe à un fer de bêche de
profondeur , on plante b charmille ainfi qu’on l’a
déjà marqué, La charmille plante'e de la forte ,
eft ce qui doit faire d’abord le fond de la galerie,
lorlqu’elle a crû à la hauteur qu’on la defire. Il
faut la planter grande , pour avoir pÎKtot le plai-
fîr d’en jouir : quelques labours de temps en temps
y font d’un grand fecours.
Quand on fait des galeries, il y a plus de pré-
CâUtionsà prendre & plus de conduite à obferver
N 3
2.94 Le Jardtnif. r
qu’on ne croit , pour en former des arcades d’im
bon goût.
Une galerie en arcades de charmille doit avoir
dix à douze pieds de large en dedans , afin qu’on
puiflè s’y promener plufieurs perfonnes enfeinble ,
fans être gênêes, & douze à quinze de haut ; cette
hauteur tn fait la beauté : chaque pilaftre des ar-
cades doit avoir dix pieds de diftance de l’un à
l’autre , & quelquefois deux toifes.
Le fond de la galerie étant dreffé , comme on a
dit , on vient à la face , on plante des piquets de
diftance en dillance pour marquer les pilaflres,
puis on plante la charmille en rigole, comme on
l’a dit , à la hauteur de trois pieds feulement, ce
qui forme une maniéré d’appui ou banquette tout
du long de la galerie , & qui femble foutenir les
pilaftres , qu’on peut planter d’abord à la hauteur
de huit à dix pieds.
Mais, pour conduire tout cet ouvrage en fa
perfedion , il faut que l’art fupplée à la nature ,
& que tous deux enfemble contribuent à fa beau-
té. Pour y parvenir, on drelTe le long delà char-
mille un fimple treillage en arcade , avec des
pilaftres de la largeur qu’on fouhaite leur don-
ner ; on laiffe ce travail jufqu’à ce que la char-
mille , qui les compofe , foit affez forte pour fe
foutenir elle-même : à mefure que la charmille
croît , on en conduit artiftement les branches le
long du treillage , félon la figure qu’elles doivent
donner à l’arcade.
J^larw/le Z ■
*se=5r,îiÂ’5
1
F t K U R I s T ï. CI95
Quelque temps fe pafTe à donner tous ces foins
a la galerie ; mais , après qu’elle a pris fa forme ,
& que la charmille s’eft fortifiée, il ne refte plus,
à l’aide des cifeaux , & quelquefois de la fer-
pette, qu’à lui conferver cette forme , & à bien
conduire les pilaftres & les cintres, lorfque d’a«
bord on a fu les former comme il faut. II eft
vrai qu’il faut de l’adrefle & du génie pour
gouverner un ouvrage de cette nature : il faut en
voir une figure pour en avoir une idée plus par-
faite.
Planche III.
I. Galerie en arcades. 4. Cintres de la galerie,
a. Fond de îa charmille. 5. Appuis ou banquettes
3. Pilaflies. de charmilles.
Comme on ne dreffe le treillage que pour con»
duire la galerie & lui faire prendre la figure qui
lui convient , auffi ne fe met-on guere en peine
de le raccommoder , s’il vient à manquer , durant
toujours afîez pour le befoin qu’on en a.
l! y a des galeries couvertes , & d’autres qui
ne le font pas ; les premières fe couvrent h l’aide
d’un treillage à larges mailles , pofé à plat , en
maniéré de plancher, au-defTas desarcades,& le
long duquel on conduit les branches de charmille.
On voit d’autres galeries couvertes naturellement
par tes branches d’arbres plantés dans le fond.
La charmille fert encore pour faire d’autres dé-
corations de jardins, dont on parlera dans la fuite;
N 4
s.$6 Le J a r d I ïi r e r
comme elle eft fort fiijette aux hannetons St auï
chenilles, on aura foin de l’en nettoyer.
CHAPITRE XIII.
Du chevre-feuille , du philaria & des alaternes-»
r OMME ces trois arbriiïèaux font employés
^^ dans le jardinage à un même ufage, on a cru
n’en devoir faire qu^un feul Chapitre.
L Du chevre-feuille»
On compte de deux fortes de chevre-feuilIes ,
le chevre-feuille commun^ autrement dit le cher
vre~ feuille d* Allemagne , & îe chevre feuille
Romain ; c’eft le plus beau & le plus rare.
il n’y a rien de plus aifé à multiplier que le
chevre*feuiîle ; il vient de marcottes & de bou-
tures : on ne dira rien fur les boutures ; on a affez
parlé de fa maniéré d’en fayoir profiter ; on peut
y avoir recours.
Le cbevre-feuille fe marcotte -en couchant
fes branches en terre ; ce qui fe pratique ordi-
nairement le long d’une paîiffâde qui en eft entiè-
rement formée , & pour remplir quelque vuide.
Le chevre feuille convient à bien des chofes
propres pour décorer un jardin ; on en forme des
paliflades , qui , lorfqu’.elles font bien conduites ,
donnent un grand relief à un jardin d’ornements,
ou à une cour. Cet arbrifleau vient à l’ombre com-
me au grand foleîl , & dans quelque terre qu’on
Fleuriste. 197
îe puifTe mettre ; il demande à être bien garni de-
puis les pieds jufqu’à la tête.
Cet arbriffeau eft aulTi très-propre pour cou-
vrir des cabinets dans de petits jardins particuliers.
II n’y a que les mouches-cantharides qui font à
appréhender , par la mauvaife odeur qu’elles don-
nent , & auxquelles îe chevre-feuille eft fujet ;
mais 5 lorfqu’on a foin de le nettoyer, on paffe
légèrement fur cette incommodité.
On fait encore de petits buiflbns de chevre-
feuille qu’on taille en boule , & qu’on plante au
milieu des plates-bandes de parterres. Il eft vrai
que cet ornement n’èft plus guere à la mode ; on
ne fait pas pourquoi , finon que , pour avoir de
la nouveauté , on fe dégoûte fouvent des beüés
chofes ; car on peut dire qu'un chevre-feuilIe
fous cette forme écoit d’un grand-relief dans un
jardin d’ornements.
Le chevre-feuilJe commun n’eft point rare ; on
en trouve même dans les bois : on en éleve dans
les pépinières, principalement depuis qu’on s’eft
avifé d’en faire des paHfFades ; fes fîeurs naiffent
en maniéré de tuyau , évafées , découpées en
deux levres , dont la fupérieure eft diviféeen phi-
fieurs parties ; celle de deftbus eft une maniéré de
langue. Son bois eft dé couleur rougeâtre ; fes
feuilles, qui tombent' l’Hiver , font rondes &
d’un verd blanchâtre.
Le chevre-feuil Pvomain a la feuille plus déliée ^
& eft plus vif en couleur.
N 5
aÿB Le Jardin r. eîi
I L Du philaria*
On feme le philaria ; c’eft la voie la plus sûre
& la plus courte pour en perpétuer refpece t
c"efl pour l’ordinaire au mois de Septembre ou
d’Odobre qu’on fait ce travail. On peut le faire^
venir aufîi de marcottes.
La graine de cet arbrifleau relTemble à un petit
noyau : elfe eft fort dure ; c’efl: pourquoi , avant
que de la feraer, on la fait tremper dans l’eau
deux fois vingt-quatre heures : cette méthode en
avance la végétation.
On éleve cet arbriffeau en pépinière ; c’efl: ainft
que le pratiquent la plupart des Jardiniers Fieu-
rifles qui en font commerce.
On n’emploie le philaria que pour faire des
berceaux ou des paîiiTades dans un jardin ou dans
une cour > où il a très-bonne grâce : c’efl: dom-
mage qu’on en ait aboli l’ufage. Cet arbriffeau ,
toujours verd > aurait bien valu le chevre- feuille,
qu’on emploie fouvent pour le même effet : la
feuille en eft petite , luifante & d’un verd foncé ;
elle reffemblç afleîz à celle de l’olivier. Il garnit
très-bien les endroits où on le plante, pour peu
qu’on apporte de foin à le conduire. La fleur du
philaria eft à une feule feuille , en maniéré de
cloche , découpée en quatre paFfiés.
Cet arbriffeau a Ton bois noirâtre j il croît fa-»
cilement ^ même à l’ombre.
FlEURISTEo.
III, Des alaternes.
m
L’alaterne eft une efpece de philaria , félon les
Jardiniers ; aufïï s’élève- 1 -il de même , fans autre
myftere. On les diftingue pourtant, en ce que le
philaria a fes feuilles rangées deux à deux , au lieu
que l’alaterne les a diipofées alternativement.
L’ufage auquel on l’emploie dans les jardins
efî: auiïi tout-à-fait différent , puifqu’on le met
dans les plates-bandes de parterres, tantôt en
buiffon , tantôt en boule , & quelquefois fous
une autre figure , ou cet arbrifliau a toujours
bonne grâce.
L’alaterne s’élève auffi en cailTe , dans une terre
à potager bien criblée , & mêlée d’un peu de
terreau ; on arrofe l’alaterne de temps en temps
principalement dans les grandes chaleurs : on le
taille avec lescifeaux de Jardinier , pour lui faire
acquérir les formes qui lui conviennent,.
Sa fleur naît en maniéré d’entonnoir , à pa-
villon découpé en cinq pointes , de couleur blan*
che & de bonne odeur ; la graine dé cet arbrif-
feau eft plate fur un côté , & arrondie fur le dos
elle eft bonne a recueillir quand les baies font noi-
res ; car pour lors elle a acquis fa maturité parfaite^.
3Û0 Le Jardinîêr
CHAPITRE XI V.
I?e Vormc \ & de fon emploi dans les jardins de
propreté,
VoîCî un arbre qu’il fembîe que la nature ait
fait naître exprès pour donner aux jardins ,
fous differentes formes , les ornements les plus
beaux qu’on pui-flè inventer , lorfq;ue l’art s’en
veut mêler.
L’orme vient de bouture au pied des grandis
arbres ; il fe multiplie auffî de femence : c’eff au
mois d’Odbbre qu’il fe feme en pleine terre , fur
des planches d’abord , puis rannêè fui vante , lorf-
que !e plant eft affèz fort , on le leve pour le tranf-
planter dans une autre pépinière plus fpacieufe ,
à deux pieds l’ün de Faiitre, & fur des aligne-
ments tires au cordeau ; c’eff dans cet endroit
qu’on le îaiflè croître , jufqu’à ce qu’il ait fix pieds
de tige, & davantage même , qu’on le prend pour
en décorer les jardins.
A mefiire que les ormes croiflent , on doit avoir
foin de leur faire acquérir une belle tige ;
c’eff ce qui fart en partie la beauté de ces ar-
bres ;& pour cela on émonde les petites brarxhes
qui naiifent le long de cette^tige jufqu’à rendroit
où la, tête fe doit former. Sùl y en a quelques-
uns qui paroÜTenc courbés , on leur donnera des
appuis pour les redreffèr : on y attache la tige
avec de l’ofier ^ ayant attention de mettre tou-
P r. B U- î' s T 2. 3or
fours l’appui du côté du dos. S’il y a dans la
pépinière des ormes qui rahougriffent , il faut les ^
arracher , parce qu’on n’en peut rien faire de bon,
outre qu’ils dérobent inutüemem la. noarriture
aux aiitreSo.
L’orme s’élève fort haut, monte droit, & fe
cultive ainfi qu’on vient de le dire ; & , à Faide
de quelques labours , ces plants croiflent : lorfqu’Qii
veut planter des ormes ,.il faut les choifir droits,
avec bonnes racines , & gros comme le poigneto
L’orme fc plaît fort dans les terres fortes & dans
les gros fables ; cet arbre, fe plante en trou dans
les endroits qui lui font deftinés : il a le bois fort
dur& Fécorce un peu raboteufe; fon feuillage
eft petit , mais très-touffu : il eft, fort fufet aux
chenilles & aux vers»
Des former différentes qiûon peut donner aux
ormes.
On emploie , comme on fait , les ormes à faire
des bofquets, & à planter des allées & de gran-
des avenues ; mais pour faire que les ormes fer-
vent d’une décoration aux jardins qui en releve
extraordinairement la beauté , on forme des or-
mes en boule, c’eft-à-dire à tête ronde & touf-
fue : e’eft une invention moderne , toute des plus
curieufes , pour empêcher qu’ils ne bornent b
vue dans les endroits oîi ils font plantés.
Pour parvenir à cette forme qu’on recherche
dans les ormes , ou les plante la tige haute de
quatre' ou fix pieds j , à.mefure qu’ils croiflent ^
502 Le Jardïnîer
il faut tous les ans en tondre fi bien les brancîie?^
qu’elles forment à Pextrémite de chaque tige une
maniéré de boule ou tête, qui , lorfqu’elle a pris
fa rondeur parfaite , paroifTe comme un globe
pofé fur un pied , & de deux pieds & demi de
diamètre.
Pour donner un pîus grand relief à ces ormes ^
on plante tout autour, & dans le bas de la tige^
un petit rond de charmille , qui ^ lorfqu’il eft
conduit artiftement , forme une maniéré de vafe
ou de pot â ffeurs fans anfe, dans le milieu du-
quel Forme eft planté.
Les ormes en boule fe plantent en allées , ainfi
que les autres , & dans le milieu de quelques plates-
bandes bordées de gazon : on peut mettre un if ^
©uquelques autres arbrifleaux qui y conviennent ^
©U bien y planter une banquette de charmille^.
On plante aufïî des quinconces entiers d’ormes en
boules ; on en peut auflî border des boulingrins.
La planche fuivante rendra fenfibîe toüt ce qu’on
?ient de dire là-defTus.
Flanc h e I V.
C’eft un petit jardin enfoncé , aux deux côtés
duquel eft une élévation fur laquelle on monte
par un efcaiier : cette élévation a huit pieds de
large : on voit deffus régner de chaque côté du
jardin , & en face , une rangée d’ormes en boule t
on peut entre deux y placer des pots ou descaif-
fes rangées alternativement.
Bans le bas de ce jardin , & en face du logis ^
jardin ^ & en îace , une rangée cTormes en Douic
on peut entre deux y placer des pots ou descaif-
fes rangées aîrernativemenr.
Dans le bas de ce jardin , & en face du logis ^
FtEüRtSTE. 3OJ
effi un petit parterre de gazon & de broderie p.
au-delà duquel fe voit un terrein élevé.
Portique de verdure formant une galerie»
On peut dire que l’induftrie des Jardiniers n’eft
jamais montée à un fi haut point qu’aujourd’hui ;
il ne faut, pour en juger , que confidérer les
différentes figures qu’ils fe font imaginées pouvoir
donner I forme.
Efi'il rien de plus beau , & en meme-temps
qui fente plus le grand , que ces galeries de ver-
dure qu’on voit à Marly , & dont forme fait la
feule matière. Ne faut-il pas aufii avouer que p
dans tout ce qui décore ce magnifique jardin
fart y furpaffe de beaucoup la nature; cependant 5
de quelque pompeufe idée que ces ornements de
verdure puiffent nous frapper , on peut dire que
la maniéré de les conduire n’eft pas fi difficile
qu’on pourroit fe l’imaginer.
Une galerie eft compofée de plufieurs portiquess
on en fait autant qu’on en fouhaite , & félon l’é-
tendue qu’on veut lui donner : fi-tôt qu’on s’en
eft formé le déffein , voici comment on parvient
à la conduire à fa perfeéîion.
II faut d’abord faire choix des ormes, dont îa
tige foit fort droite , point noueiife , & grolTe de
huit à dix pouces de tour ; enfuite on plante ces
ormes à huit ou dix pieds diftants tes uns des
autres , & hauts de tige feulement de fix : voilà
d’abord ce qu’il convient de faire la première
année.
$04 L e J A- K D ri^- r ' E k
La fécondé , que ces jeunes ormes on£ jettf
de nouvelles branches , on en^ choifit celles qui
s’élevenc le mieux , & qui font plus avantagea-
îèment placées pour conduire le pilàftre auquel
cet orme efl deftiné ; car pour lors on ne doit
plus eonfidérer les branches qui naîtront dans îa
fuite fur chaque pied d’orme , que pour des pilaf-
îres, jufqu’à une certaine hauteur qui fera fixée :
tout dépend delà conduite des branches des pre-
mières années*
Et pour les bien drefier , on met une perche
au pied de forme , qu’on attache à la tige y puis
on fait monter les branches tout du long. , les y
attachant proprement avec de Pofier : cette, con-
duite de branches ne doit commencer qu’à qua-
tre pieds de haut 9. parce que cette partie d’en bas
doit être découverte.
De toutes les branches qui naiffent la première
année 9 il ne faut en envifager que trois ou qua-
tre des plus belles tout au plus , pour commencer^
à former le pilafire ; l’égard des autres , s’iL y
«n a 9 & qu’elles foient trop confufes , jl faut les
fetrancher 9, pour donner le moyen à celles qui
redent de fe mieux nourrir. La figure fui vante
démontre ce qu’on vient de direa..
Fil
F igun d'^m orme conduit abord avec les hranchM
de la ^première poujfe*^
A ^ tige de Forme ; B ^ per-
che , le long de laquelle on
conduit les branches ; C , bran»
ches de la première poulîè , &
comment conduites.
Ces branches venues la pre«
miere année , & qu’on fait
monter ainfi , doivent être ro-
gnées prefqu’à. l’extrémité ;
& , comme il faut naturelle-
ment qu’elles en produifent
d’autres qui s’élèvent plus
haut 5 on les conduit de ma-
niéré qu’éües forment une tige
plus grofle que celle de deflbus ^
comme on peut le voir dans !a figure.
C’efl ici que s’imprimant fortement l’idée du
piîaflre qu’on veut drefîer il faut faire choix dés
nouvelles branches de Tannée fuivante pour les
bien conduire 5 de maniéré que ce pilafire foit
rond : c’eft pourquoi on rogne celles qui s’em-
portent à côté. Ce qu’on vient de dire ici de tou«
tes ces branches , doit fêrvir de réglé pour celles
qui naiffent dans là fuite , & jufqu’à ce que îe
piîaflre fbit parfait*
Voici un autre exemple qui fera concevoir
âifément ce qu’on vient de dire^ dans un orme
de quatre à cinq anSe.
3oâ Lb Jardimïïr
Figure d’un orme planté y il y a quatre ou cinf
ans , & comment conduit.
A, tige; B, perche qui
fert d’ appui aux branches
qui forment le pilaüre;
C , comment conduites.
Sur ces deux idées éta-
blies, & qu’on peur pouf-
fer jurqu’à la hauteur par-
faite du pilaftre , il eft aifé
de voir que toute la con-
duite des branches ne dé-
pend que du génie & d’une
certaine adreffe de la main^
qu’on peut facilement ac-
quérir , pour peu qu’on
veuille y donner attention.
LorQ:jue le pilaftre eft enfin parvenu à la hau-
teur de dix pieds, il n’eft plus queftion que dé
trouver le fecret de former le cintre qui doit
achever le portique. On laiiTe toujours les per-
ches attachées à chaque pilaftre , afin de les mieux
foutenir , & de les tenir plus droits. Refte à voir
à préfent comment conduire chaque portique ,
de maniéré qu’ils forment tous enferable & de
fuite une galerie.
I! faut fuppofer ici quatre pilaftres d’ormes dref-
fés artiftementde même hauteur , placésenquarré^
& diftants l’un de l’autre félon qu’il eft marqué.
Ces pilaftres d’ormes ainfi plantés „ avec do
!
FllUHîSTï. 307
I bons appuis , on prend de gros cerceaux , on les
! pofe en croix à l’extrémité des perches ; on les y
attache fortement avec de petits liens de fer, &
de maniéré que ces cercles ainfi mis repréfentent
une voûte entre les quatre pilaftres : le haut de
îa voûte doit excéder les pilaftres environ de
I quatre pieds.
Cela obfervé , on fait tout du long des avant»
corps de la galerie , d’orme en orme , & à l’ex-
trémité des pilaftres , ua cintre de treillage fim-
ple , foutenu par les appuis , qui font de petits
chevrons ou de grolTes perches de bateau : ce
I treillis a deux pieds de large ou environ.
|| Quand le tout eft ainfi accommodé , que les
I ormes jettent des branches au-defllis des pilaftres^
ii on prend foin de les conduire fur les cercles bom-
j bés & le long des cintres , de maniéré que pas
I une de ces branches n’en gâte la figure : c’eft en
i cela que fe remarque l’habileté d’un Jardinier,
i Les chevrons ou les perches qui guident ces
!i pilaftres doivent être toujours placés dans le de»
il dans de la galerie , & jamais à côté , parce qu’il
il eft rare qu’on s’y promene; au lieu qu’on ne voit
j les portiques rangés tout d’une file , que îorfqu’on
j eft dans les allées , le long derquelles ils régnent,
j II faut deux rangs de portiques pour former
I îine galerie ; & les ormes qui forment les pilaf»
très , font dans des plates-bandes ornéesentre deux
! d’ifs & de fleurs de la faifon : les tiges des arbres
!| font découvertes d’environ quatre pieds de haut^
3ô8 Lg Jârbinier
& conduits au-delTus j comme on a déjæ diî*
Entre chaque arcade & au - delTus , s’élève une
Hianiere de petit vafe taillé avecrart^furune bran-
che qu’on a îaifîe échapper , & à l’aide de plu- '
fieurs autres qui y font crues.
Ce qu’il y a de plus particulier dans ces beaux
ornements de jardin ^ c’eft que tous forment une
voûte auffi longue qu’on la fouhaite avoir , d’un
beau verd dans îa faifon : les cintres & les pilaf-
tres doivent être peu épais & taillés délicatement. ,
C’eft ordinairement avec les cifeaux du Jardinier
que cela fe fait , ou avec la ferpette ^ félon l’oc-
cafioHr
îl efi vrai que ces ornements demandent
bien du foin , principalement dans le temps que
la feve agit ; car il faut fans celfe lier , tantôt les
lîouvellesbranches , pour garnir l’arcade , & tan-^
tôt couper celles qui naiffent le long des püaf-
tres,.& les arrêter à niveau des premières,- qui
en forment la rondeur : c’eft ainfi que par ces pe-
tits foins on vient à bout de former un portique,
& de conduire une galerie à fa perfedionv
Mais pour rendre î’idée plus complété de tout
ce qu’on vient de dire , voici un portique fans
feuilles , fur lequel on donne à connoitre toutes
tes parties qui le compofent.
Figure d^un portique fans feuilles.
A, tige de Torme ou piîaftre; B, perche ou
chevron qui leur fert d’appui ; C , comment con-
duit ^ D , les quatre bouts des deux cercles o\à
?■ X s Ü R I s T E.. '.309
wrceaux attackés en croix aux cjuatre püaiires p
& qui forment une voûte j H , arcade du portique
& treillage; F ., petits vafes taillées de chaque
côté de l’arcade.
i
’i
Sons ta gâterie , & dans toute fa longueur ^
régné pour Fordinaire un tapis de verdure. Ces
riches ornements champêtres fembîenc ne conve-
nir que dans les jardins des Princes & des grands
Seigneurs 5 les Partifans, auxquels l’argent ne
3Î0 Le Jârbinîer
coûte guere, &qui les veulent copier, pouf roîenC
s’en donner le plaifir , fi bon leur fembloit.
Planche V.
Galerie complété , avec fa verdure.
Mais , après avoir donné une figure de ces por-
tiques fans feuilles , il n’efi pas hors de propos de
repréfenter une galerie complété avec fa verdu-
re : celle-ci fe préfente de profil & dans un terrein
plat ; aux deux côtés , & par fymmétrie , fe voient
des portiques à un feul rang ; elle efi: accompa-
gnée dans le milieu d’un parterre à l’Angloife.
Colonnade de verdure.
Ce n’eft pas encore affez de toutes ces différen-
tes figures , fous lefquelles on a montré qu’on
pouvoit réduire l’orme; voici encore une colon-
nade de verdure , telle qu’on en voit dans les jar-
dins de Marly , au bas de la première terraffe , en
defcendant du château, vers la grande piece d’eau.
Cette colonnade eft placée fur une ligne droite,
les colonnes ont environ dix pieds de haut fur
trois de tour , y compris un pied de chaque bout
pour les bafes , chapiteaux & filets qui y font
marqués : le focle ou piédefial de chaque colonne
a un pied & demi , & la corniche un pied de haut ;
le pied & la bande d’en haut de chaque colonne
doivent furpaffer de trois pouces ; & direâe-
lîîent au - deflus on a pratiqué des vafes compo-
fés de petites branches artifteraent rangées , &
taillées proprement.
J*ian£fte V/
. 3iq .
i'C “
taillées proprement
Fleuriste. 311
Et pour lier les colonnes à un bofauet , fi on
veut , ou à un mur couvert de charmille , on fe
fert de traverfes ou poutrelles bien tondues en
équarrilTemenr , fur cette idée, & félon que la
figure repréfentera la colonnade dont il y a une
planche. On pourra , fi on le fouhaite , en avoir
dans un jardin, & conduire l’ouvrage comme on
va le dire.
i On prend un orme , on le plante , on ne lui
I lailTe d’abord que trois pieds de tige feulement ;
au bas de cet orme on plante de la charmille un
pied & demi en quarré ; c’eft avec quoi on forme
les focles ou bafes des colonnes. Cette charmille
I néanmoins doit monter encore un bon pied au-
j defîus de chaque focle , pour garnir la tige , où
j il n’y croît point de branches qui puilîènt fervir
I à former la colonne.
Cet orme planté félon les réglés , & lorfqu’il
; commence à Jetter de nouvelles branches , on les
j conduit , comme on l’a dit , aux portiques : on
plante ainfi plufieurs ormes de fuite fur un même
alignement ; on leur donne huit à dix pieds de
I diftance, & on les gouverne tous de la mêmema-
j niere , excepté que les colonnes ont plus de dia«
ij métré que les piîaftres des portiques.
Lorfque chaque colonne efl parvenue à la hau-
5, teur de dix à douze pieds , compris la bafe , &
;| que la charmille qui monte le long de la tige a
)| été conduite artiftemenr, on attache au haut de
il l’une & de l’autre de ces colonnes une perche^
Ls Jardint?*®.
îe long de laquelle on tire & on arrange de pâtC
& d’autre des branches, qui étant tout autour,
forment une bande de verdure d’un très - bon
goût , & groflès comme le bras.
Dans le bas, & tout le long des colonnes, pa-<
roît une petite banquette de charmille , à la hau-
teur du piédefta! , qui y eft marqué en faillie ;
c’eft auffi de cette charmille que le piédeftal eft
compofé : au-deFus de chaque colonne s’élève
une boule ou un vafe compofé de branches d’or-
mes , qui y fert d’un très-bel ornement.
Et pour lier les colonnes , on fe fert de traver-
fes qu’on attache à chacune, & à un mur , ou
autres pièces de jardin , éloigné de dix pieds de
îa colonade : ce mur peut être couvert de char-
mille ou d’ifs, ou de jafmins -communs , mêlés
de chevre-feuilles , pour faire une variété.
Toute cette conduire regarde l’induftrie d’un
Jardinier , & dépend du cifeau & de la ferpette.
C’eft aFez parler fur cette matière , la planche qui
fuit achèvera de rendre fenfible tout ce qui fuit.
Planche VI.
Figure d^une cohnnade de verdure.
A , focle ou bafe de la charmille ; B , endroit
jufqu’oû monte la charmille ; C , colonne ; D ,
traverfes qui vont d’une colonne à l’aiitre ; E ,
poutrelles qui lient les colonnes à d’autres pièces
de jardin ou à des murs ; F , mur garni de char- '
mille ; G , boules ou vafes pratiqués au-deFus des
colonnes. - Rien
A , focle ou bafe de la cbarmiîîe ; i5 , ciiv**x,.-
jufqu’où monte la charmille ; G , colonne ; D ,
traverfes qui vont d’une colonne à l’autre ; E ,
poutrelles qui lient les colonnes a d’autres pièces ^
de jardin oa à des murs ; F , mur garni de char- '
mille ; G , boules ou vafes pratiqués au-delTus des
colonnes. ■ R.en
F t E Ü R ï s T E. 313
. Rien nVft plils riche dans un jardiri qu’une
colonnade bien conduite ; c’efi: un chef-d’œuvre
de Part que cet ornement de verdure *, il convient
fort dans les jardins d’une médiocre étendue : on
en peut juger par 1a décoration que repréfente
la planché qûi fuir. Ce n’eft pas peu de chofp de
fâvoir planter & conduire une colonnade juP-
qu’à fa p.erfedion : ainfi , quand oh y efî parvenu 9
!a Jardinier qui en eft [’ouvriêr ne fe fait plus,
qu’un jeu de l’entretenir.
pn â cru, pour orner cette planche , devoir
y ajouter quelques autres attributs de jardins
d'ornements ; c'^eft pourquoi on a fuppbfé cette
colonnade fur une îerraiîè oîi l’on monte par un
efcalier orné des deux côtés d’une figure"; & dans
le bas de cette rerraîTe on y voir un grand bafîin
a trois jets , accompagné de deujt cafcades &
d^une allée de mârrônniers-d’Inde ; tout cela
ne laiife pas de produire un effet afî'ez agréable
âvec la colonnade , dans le milieu de laqiîelîe on
a pratiqué une efpece de portique tout ouvert j
au milieu duquel on a placé une figure fur un
piédeftal.
Quoique ces ornements demandent beaucoup
de foins, & une grande induftrie pour les dreffèr
& les conduire , cependant ce n’eft pas une chofe
qtîi doive rebuter ün curieux , pour peu qu’il
ait de quoi. On ne fait faire de ces colonnades
qu’autant qu’on en fouhaité , & on peut dire
qui! n’y a rien qui enrichiire plus un jardin.
IL Partie^ O
3^4 ^ ^ Jardinier
CHAPITRE II.
Du tilleul & de fon ufa^^e dans les jardins.
donne différents noms à cet arbre : quel-'
'^^ques-uns le nomment tilleul ^ d’autres
lau ou tillot. Il y a le tilleul d^Jîollandc & le
tilleul ordinaire.
Le premier eft aujourd’hui fort en ufage dans
les jardins d’ornements ; on en orne les bofquets ,
on en fait des allées entières : cet arbre donne
des fleurs dont Todeiir eü: fort agréable , & des
feuilles très»larges, qui font un trèj-bel ombrage»
Quoique le tilleul aime la terre humide , nous
voyons néanmoins qu’il ne laifle pas de réuffir dans
les terres légères.
Le filleul vient de femence : on en fait des
pépinières entières , & principalement des tilleuls
d’Hollande, parce qu’ils font plus recherchés
que les autres , & qu’ils ne coûtent pas davan-
tage à cultiver.
Le tilleul commun croît dans les bois ; c’efl
delà , en bien des endroits , d’où on le tire pour
en faire des plants dans les jardins.
îî faut chcifir les tilleuls d’une belle tige , bien
droite , ayant flécorce unie & luifante : ces ar-
bres fe multiplient très-bien de marcottes. C’efl
dommage qu’ils ne font pas d’une longue durée ,
parce qu’ils fe verfent & fe creufent aifément ;
ils viennent promptement ,& ne font point fu-
jets à la vermine.
F L E CJ R î J T Ee
On fait des falles entières de tiüeiiîs ; on en
dfeffe des allées & des avenues qui font un très-
bel effet dans une tnaifon dé campagne : on en
couvre des berceaux ; on en voit auffi de très*
bien conduits à Marly^
Lorfque les tilleuls font tondus en boule, &
que le bas eft entouré d’ifs^ &: de rofiers taillés en
forme de vafes ou de cloclies renverfées, on peut
dire que quand ces rofiers donnent leurs fleurs ,
c’eft un coup d'œil charmant. On peut encore
planter au cordeau des tilleuls , foit au milieu
ou à côté des grandes allées de parterres ; & , com-
me il ne faut point , dans ces fortes d’endroits,
d’arbres de haute tige , à moins que ce ne foit
dans des jardins d’une vafte étendue , on taille ,
fl l’on veut, ces tilleuls en maniéré de caiffes
quarrées , & on les empêche de pouffer leurs ti-
ges 5 pour les faire croître & garnir du pied,
Au-dêffus de ces efpeces de caiffes on enfonce
& onaffure un panier rempli de fleurs de faifon
ou d’un rofier : ce qui fait un très-bel effet.
CHAPITRE XVI.
Du hagnaudicr & du houx*
feroit à foiihaiter que l’ufage de bien des
'^arbriffeaux , qui faifoient autrefois l’ornement
des jardins , fe fût confervé jufqu’ici ; on efî
furpris qu’y faifant un fi bel effet , on les ait ainfi
négligés.
Le JARnENfER
î. Du bagnaudier»
le bagnaudier eft un arbriffeau qui s’élève
âiïèz haut ; il fe multiplie de graine , & fe cul-
tive au refte comme Pif.
Lorfqu’il efl parvenu à une hauteur raifonna-
ble J il fe plante dans les plates-bandes de par-
terres : il peut fe tondre en boule ; c’cft ce qui
en fait la beauté, fur-tout quand fa tige eft belle,
& que fa tête efî bien garnie dans fa rondeur.
Le bagnaudier vient auffi de marcottes : il
croit chargé de beaucoup de feuilles qui tom-
bent aux approches du froid : elles font d’un
beau verd , blanchâtres & velues en deffbus :
cet arbriffèaii produit des fleurs qui font jaunes ;
fon fruit efl: creux en dedans , & tire lur le verd :
fon bois efl: clair.
I î. Du houx»
Nous fommes obligés de cet arbriflèau aux
feuls foins que la nature prend elîe-méme de
l’élever *, il croît dans les bois, à l’ombre & dans
les brouflaj®^s , d’où on le tire enraciné , pour
le planter dans les plates-bandes des grands par-
terres.
Cet arbrifleau pafTe pour un des plus beaux
qu’on cultive pour l’ornement des jardins ; il
monte aflez haut : fa beauté confifle en ce qu’iî
efl toujours verd , & qu’il croît fort touffu. On
peut en élever de graine , fi on veut ; cette
grains efl un petit olTelet , partie rond , & plat
Fleuriste* 317
en partie : il en naît plufieurs dans un fruit qui
cfl: mou ; fon bois eft fort dur , fes feuilles font
denœlées , garnies de piquants»
On tond ie houx en boule ou en pyramide ^
& fous ces formes il produit un effet fort agréa-
ble à îa vue : aujourd’hui néanmoins cet arbrif-
feau eü fort négligé dans les j'ardins ; on ne !e
confidere plus que comme un arbre fauvage qui
ne mérite pas qu’on le cultive. On peut s’en fer»
vir pour garnir les paliiTades.
CHAPITRE XVII»
Qui contient une récapitulation en peu de mots
des arbres & arbrijfeaux dont on a parlé ^ &
des divers ufages qu^on en doit faire dans les
jardins^
a cru devoir ici ^ pour rintelîigence des
curieux en fait de jardins d’ornements , faire
une breve récapitulation des arbres & arbriffeaux
dont on a fait mention dans cet Ouvrage 5 pour
en marquer les différents emplois auxquels iis
font particuliérement deftinés.
Les arbres les plus en ufage pour les avenues
& les grandes allées 5 font les ormes 5 les tilleuls
d^HoUande & les communs ^ les marronniers d^In*
de & les ypréaux : ces derniers font moins fré-
quents que les autres. Les ormes s’emploient plus
volontiers que les autres dans les' grandes ave-
nues ^ foit parce qu’ils durent plus long-teoips ^
03, •
jao Le Jardinier
dîfent quelques Auteurs qui ont écrit fur le Jar»
dinnge j la charmille a îe défaut de ne bien venir
que dans un bon terrein fort aéré ; au lieu que
rérable croît à Nombre & par-tout..
Si l’on veut faire des bois, on prendra des or-
mes , châtaigners , hêtres & charmes ; & , pour
planter un touffu de bofquet , ou autres , on fe
fert de noifetiers , d’érables , épines blanches ;
& jeunes ormeaux. Il y en a qui les garnUIênt de
lilas ^ fy ring as ^ muguets dehois ^ autrementap-
pellés lis des vallées. Voilà affez parler des ar-
bres & arbriffeaux qui fervent à rembelüffemest
des jardins ; paffons aux arbres verds , qui ne
les déçorent pas moins».
Nous avons les ifs , qui , par leur verdure
perpétuelle , donne^nt du relief dans les lieux ou
ils font plantés : il faut les choifir d’un beau verd
foncé très-vif, & non jaunâtre ; c’eft une mar-
que qu’ils font malades: il faut les lever en motte.
Le picea fe plante dans de grandes avenues ou
allées , dreffées dans un parc : fi cet arbriffeau
n’avoit pas été fi fujet à fe dégarnir par le pied,
il aurait pu difpiiter avec l’if la préférence dans
les parterres ; mais ce défaut çft caufe qu’on l’on
a entièrement banni.
On fait auffi des paliiTades d’/^J & de philaria;
les premiers font aujourd’hui plus communs.
Les chèvrefeuilles & les jafmins entrent en-
core dans les paliffades i ils y produifent un af-
pcâ fort agréable à h vue , de même que le lau-^
F r, E U R T S' T E« 30.1
titr ordinaire 8c hlaiiriercerife. Ces arbres font
êoujours verds ^ ce qui en fait îe mérite , fi vous
en exceptez néanmoins les jarmins , qui n’ont
que leur bois de verd^.^: dont les feuilles tom^»
bent aux moindres approches du froid.
~Lt huis de la grande efpece entroit autrefois
dans les paîifTades ; mais, outre qu’iîefi fort long-
temps à venir 5 il a encore une odeur fort défa^
gréable ; c’efi pourquoi on s’en efi défait. On
voit encore d’anciennes palÜTades de buis qui
fiibfiflent , & qu’on conferve religieufement ^
qaoiqu’eHesfe dégarnifTent autre défaut qui n’eft
pas moins confidérable que les autres.
A l’égard du buis nain ^ iî eft propre pour les
parterres : on ne peut fefervir de l’autre pour cet
ouvrage. Le buis nain doit être jeune , bien che«
velu , & nullement altéré ;; ce qui fe remarque îorf-
que la feuille eft terne. Telles font les places qu’on
doit deftiner aux arbres &, arbriffeaux dont on
vient de parler ; mais voyons encore, ce, qu’on
peut dire fur la.cuîture de quelques autres qui ne
font point encore tombés fous notre plume.
CHAPITRE XVII î.
3e la culture de quelques arbres, ù arbri£eau:^
fort curieux»
î; Û A’. L T H E A: F R U. T- E X- 3,
GUIMAUVE R O y A E E.
arbrifîèau a le bois jaunâtre , & les feuif-»
femblables à celles de la vigne ; il donne
31^ ï/ E J â R B I N î E n
dés fleurs en forme de clochettes , tantôt blanche^^;
tantôt couleur de chair , qui reffèmfalent à celles
du volubilis. Cette plante fe multiplie de graine
dans une terre naturelle , fouvent labourée &
bien arrofée : elle ne fleurit que quatre ou cinq
ans après qu’elle eft femée. Quand cet arbrilTeau
€Û dans fa perfeâion , & que fa fleur , qui dure
fort long-temps , efl: fortie , c'eft un objet char-
mant à la vue : il ne craint point le froid,
L’althea fe tond en boule , en arbriffeau, ou en
paîifTade , & fert d’ornement , foit en pots , foi^
en caiflès,, ou dans des plates-bandesdè parterres^
Il efl: vrai qu’aujourd’hui il n’efl plus à la mode ^
ce qui fait qu’il devient rare dans les jardins»
IL Du troEne»
©n faifoit autrefois des boules & despaîîfladé^
avec cet arbrifleau ; on le mettoit auflfi en cailïê
ou en pot , avec une tige de deux pieds pour
foutenir fa tête ; mais on en voit rarement au«
jourd’hui : on en a négligé Tufage. Après tout^
on ne croit pas avoir perdu beaucoup dans le jar-
dinage : c’èft un arbrifFeaû dont le bois efl: blanc
& uni , les feuilles oblongues , étroites , & d’un
verd pâle; il produit des fleurs blanches : elles ont
peu d'odeur. Letroëne vient de graine, & fe rauî»
tipîic de marcottes , comme le grenadier. Yoyes
page 250»
ï î L Du cytift^
C’eft un arbrisseau que quelques-uns appellent
F I E U R ï s T E « JI 3
ûrlfoUum , une efpece de trefle , parce que fes
feiiiües naiffent trois à trois le long des tiges ;
elles font petites, rondes , &d’uil verd agréable:
y a le boks rougeâtre , & donne une fleur jaune*
Ce cytife efl une plante vivace qui ne fe déplante
point; fes feuilles tombent en Automne : il peut
fervir d’ornement dans des plates-bandes d’un par-
terre , ou bien en cailTes ou en pots. II lui faut
une petite tige d’environ deux pieds de haut pour
foutenir fa tête. On le multiplie de rejettons en-
racinés , ou bien on le marcotte. On a jufqu’ici
a(Tez parlé de ces maniérés de cultiver les plantes^»
fans qu’il foie befoin d’en rien dire davantage®
IV. De Vàrhre de Judée de Juda»
Cet arbriiïeau a le bois rougeâtre, la feuille
femblable à celte de l’abricotier ; elle tombe l’Hi-
ver : l’efoece fe perpétue de graine , de marcotte
©U de bouture ; il produit des fleurs ronges quk
font très-belles, & qui le font rechercher par les
curieux : il croît bien en pleine terre , & y vient
même fort beau , pour peu qu’on ait foin de lui
donner quelques labours. On lui fera acquérir une
belle tige , une tête ronde & bien garnie,
V. Du Ientifque\^ comment le cultiver,.
Ee îentirque efl: un arbriffeau qui vient de mar*^
cottes ou de rejettons enracinés : fes ffeuilles reP
femb-ent à ce’lës du piïlacber : il efl toujours
verd , & produit des fl: urs & des fruits qui font
fQuges & d’une, odeur affoz forte : fon bois ©Æ
^14 ^ ® J A R Di I N î E R
gri^âtrCft Cet arbriffeau ne fe fait guere voîr dan€
nos jardins ^ quoique néanmoins il pourroit y oc-
cuper une place 5 foie en pots ou en cailTes , afin
de pouvoir le mettre dans la ferre THiver , à
caufe de fa délicateiTe.
V I. De Vamomum^ maniéré de te cultiver^
C’eft un arbufle qui frappe agréablement les
yeux ; il aja feuille longue & d’un ver d foncé ;
fon bois efl: brun ^ il donne une fleur blanche >
& un fruit rouge & rondxomme une cerife.L’a-
momum ft multiplie de graine: il faut Télever
en caiffe , parce qu’il efl: fujet à geler ; Grtôt aulQ
que l’Hiver approche , on le met dans là ferre
pour le conièrver : il y garde fes feuilles & fes
fruits, & ne s’en' dépouille qu’au Printemps pour
en produire de nouvelles : fa tige, a ordinaire-
ment deux pieds de haut»
VIL Du teonurus y fà culture ê
Cet arbrîfleau croît allez bas : il a la feuille lon-
gue & étroite , le bois grisâtre ; il donne une
fleur rouge qui efl: fortbelle : on le plante en caifTe ,
parce qu’il craint.le froid , & qu’il faut le mettre
dans la ferre pour î’en garantir ; il vient de bou-
tures ainfi que de marcottes»
VIII. De Vemenis ou fyturidaca,
H a la feuille à-peii»près femblable à celle du
jafmin commun, & d’un même verd ; die tombe
m(Ti aux approches de l’Hiver : fa fleur efl jaune,
F t E tï R t s T K». J%i'
& fon bois verdâtre. Il vient de rejettons enra**
cinés ; on peut le marcotter 9^ fi on veut. Cet
arBufte eft aifé â conduire ; on en fait des boules
gu’oîî plante en pleine terre parce, qu'il n’eft
point fufceptible de geîéè.
La plupart de ces arbrilTeaux font rares j parce
qu’on en a négligé la culture; les goûts, en ma®
tiare de jardinage , ont change : peut-être que Pu?-
fage en reviendra , c’eft pourquoi on a été bien
sife tf'en dire quelque chofe ; car dû rnoins , fi ce*
qu’on en dit eft inutile à prêtent pour la décora-
tion des jardins d’ornements ,, les Botaniftes y
pourront trouver quelques inftrudions pour là
culture qui concerne ces arbrilTeaux. Continuons»
ÎX. jOc P arbre de Sainte’- Lucké
Cet arbre ne doit point être oublié dans nos
lardins; c’eft un des plus beaux qu’ily ait pour îà
fleur ; il en donne en abondance : elle dure plus
de fix femaines , avec une odeur admirable , &
qui embaume les jardins oh on le plante*
Cet arbre eft rare en nos climats il feroit î
foühaiter qu’il y devînt plus commun : il fegrefre
giî écuiîbn fur le merifier. Voyez commentfe fait
cette grelïe au chapitre des grenadiers, page a5o.
L’arhte de Sainte-Lucie croît fort haut , &
pourroît .très-bien contribuer â compofer des
pièces de jardin d’ornements, foit falles ou bou-
lingrins; mais , encore un coup, il faudroit que
çeü arbre fût moins rare : il lui faut une bonne
terre potagers
flê Z E T A 31 ® î r E «
X. De Vai^edarac ou acacie Egypte 9.
C’eft un arbre fort beau , & qui croît afTez hau t;
il donne une fleur femblable à celle de l’arbre de
Judée ; mais on Feftime davantage , parce qu’elle
a Fodeur bien plus agréable.
CHAPITRE XIX.
Du marronnier d^Inde & de Vacacia»
ï. Du MARRONNIER b’ I N D E.
ET arbre nous ef! venu d’abord des Indes
Orientales ; le premier fut planté dans le jar-
din de Boîs-Jancî en Provence ; on en a depuis
tant multiplié Pefpece , qu’aujourd’hui il y en a
prefque par toute l’Europe. C’efl: un arbre qui
donne un bel ombrage ; car fon feuillage eft fort
large & très- beau : fes fleurs font en forme dê
pyramide; il ale bois caffant très- tendre.
Le marron nier d’Inde croitpromptement , &
bien droit; mais il ne monte pas fort haut, &
m dure pas Iong-:emps : il eft des plus faciles à
élever; on en fait des pépinières entières ; il vient
de femence c’eft le plus court chemin , & croît
très-bien dans toutes fortes de terres. Voici en
peu de mots comment on peut réleverc
On ruppofe un efpace dé terre plus ou moins
grand , en quelque expofinon que ce piiiflè erre , &
Jabouré tout à Tuni; cela fait , on prend un cor-*"
deau 5 le long duquel ob fait des trous au plaîSr
F t E R î s *f 31^
ftoîr , \ deux pieds éloignés Pun de l’autre , dans
îefquels on met les marrons ^ qu’on couvre de-
terre : on en plante ainfi autant de rangées qu’on
le fouhaite : c’efl: au mois de Novembre qu’on fait
cet ouvrage , ou à la fin de Février®.
La première année que les marrons font levés 3
©n fe contente de les fer fouir légèrement pour en
bannir les méchantes herbes qui les feroient lan«»
guir : les années fuivantes on leur donne des la^
bours plus profonds, jufqu’à trois ou quatre^
depuis le mois de Mars jufqu’en Septembre®
La principale vue qu’on doit avoir lorfqu’ôHî
éleve des marronniers d’Inde , eft de leur faire^^
acquérir une belle tige : ce n’eft que par cet en-
droit qu’on les eftime®.
Lorfque les marronniers d’Inde ont huit â dim
pieds de haut , & qu’on les juge aflez gros pour
en faire des plants, on s’en fert ,, ou on les vend ;
il faut pour lors tes déplanter avec plus de racine,
qu’il eft poffible , & les replanter dans des troi^
de trois pieds de large fur tous fens, & de deux
de profondeur®.
On a affez parlé au chapitre XVII , page 3^o g,
de l’ufage qu’on pouvoir faire des marronniers
d’Inde dans les jardins , il eft inutile de le répé®
1er ici , on les plante à deux toifes i’un de l’autre,
1 1® I?e Vacacm^
Cet arbre , quoique venu de fort loin (
mérique ) ^ s’eft fort bien accoutumé aux climats
ta J A R i> I N r B ît
les plus tempérés , de maniéré qu’il y ef!; dev^W
très- commun». , *
On â vu autrefois, & particuliérement dans h
Bouveauté, qu’on élevoit des acacias en bien plus
grande abondance qu’on ne fait aujourd’hui. Cet
arbre croit alTez haut, ii a les feuilles petites, ce"
qui fait qifil donne peu d’ombrage; on a vu, &
©n voit encore en quelques endroits ^ des allées
entières plantées d’acacias;on en conflruifoitmême
des berceaux; & comme on veut jouir prompte-
ment de ce qu’on cultive , on trouvoit en partie
dans ces ombres ce qu’on recherchok, parce qu’iî
eroît vite.. Ajoutez que fes fleurs , quoiqu’elles
durent peu , font très-belîes , & qu’elles exha-
lent une odeur très-agréable dans le Printemps^
C’efl pourtant donamage , avec tous ces avanta-
ges, qu’on n’aiî pu s’en accommoder dans la
fuite , parce que la tête de cet arbre eft fu jette a
fe dégarnir , & qu’il faut de temps en temps
Fétêter ; ce qui eft , pour celui qui veuten jouir , un
défagrément infbpportable ,.&:une grande difFor-
mité dans l’arbre. Son bois eft dur & raboteux.-
i’acacia vient de femence, ; il fe cultive de
même que !e marronnier dlInde. On peut mettrè,
fl' on veut, quelques acacias dans de^ grandes
cours , pour refpirer dans le temps ,/I’agréabIt
odeur dont les fleurs rempliflènt l’air dans la
nouvelle faifon* Cet arbre porte des fleurs qui
font çhacuue à une feulé feuillè, remplie de beau-
coup d’éiamines , & ramafleé en une petite tête t
Fleuriste. 319
îa graine eft un peu ronde. Voilà tout ce qu’oîi
peut dire de ces deux arbres.
CHAPITRE XX.
Ses différentes efpeces de lilas,.
Le îiîas efl une plante qui croît aifemenî : il y
en a de deux efpeces , favoir ^ îe lilas commun
Sc h lilas de Perfe.
I, Du lilas commun*
te îilas commun croît en toutes fortes de ter-
res ; il fe multiplie de drageons , comme, de mar-
cottestona aifez parlé de la maniéré de ma'*cotter
les arbufles 9 fans qu’il foie befoinici d’en rien dire
davantage : on peut y voir. On plante des allées
de îilas , on en fait des cabinets ; autrefois on en
mettoit en builTons dans les plates-bandes de par-
îerres, qui y faifoknt un affez bel effet ; mais les
goûts ont changé là-deffus. On a dit encore Tufa-
ge qu’on en faifoit ailleurs àla page 256^ on peut
y voir, La fleur du Iiîas efi bleue ou blanche 5 &
forme une efpece.de longue grappe ; elle a l’o-
deur très -douce & fort agréable : fes feuilîes=9
qui tombent en Hiver > font longues & poin-
tues ; fon bois eil blanc.
Qu’on mette le îilas en palifTade ou en touffe^
îî faut qu’il foit bien garni depuis le pied jufqu’l
la tête..
1 1. Du lilas de P erfe*
C’efï na irbriffeau qui ne fe. multiplie que
^^6 Z s Jakbïnîee
snarcottes ; on en plante dans les plates - bandéf
de parterres ; on le taille en biiilïbn ou en globe
pol'é fur une tige , eievée environ d’un pied ou
un pied & demi. Le lilas de Perfe croît fort bas :
fa fleur relTemble à celle du lilas commun ; mais
elle efl plus mignonne , ainfi que fa feuille: on
î’éleve aufli en caifle»
CHAPITRE XXL
JDu buijjhn ardent*
^ E T arbriffeau efl agréable ; il croît natbref»
lement parmi les haies , c’efl pourquoi fa
culture ne nous porte pas à des confidérations
bien grandes : toutes fortes de terres lui convien-»
lient , ainfi que toutes fortes d’expofitions.
Son ufage , dans les jardins , confifle à en for-
mer des paliffades qui font très-belles , d’en faire
des haies d’appui , & d’en orner les cours , où
l’on veut que la vue foie frappée de tout autre
objet que de murs découverts ; c’efl pourquoi il
efl néceffaire qu’il foie bien garni depuis le pied
Jufqu’àla tête.
Cet arbriiFeaii efl très-propre pour les ouvra-
ges de cette nature : mais, pour y donner de l’a-
grément , ir faut l’y accommoder artiflement ,
c’efl-à-dire , que toutes les branches en tombent
I plomb , après les avoir attachées à un treillage
fait exprès®
te bois du buiffon ardent efl n§t & garai d®
ï
Fleuriste. 331
ipiqusnts : fa feuille reffemble à celle du poirier
Ij fauvage ; fes fleurs font compofées de plufieurs
|| feuilles difpofées en maniéré de rofe : elles font
|| de la couleur d’un jaune rougeâtre. Sa graine efi
jij dans fon fruit , qui efl prefque rond & tout rou-
îj ge : il fubfifte tout le long de THiver ; ce qui
l| fait paroître cet arbriffeau de fort loin , & com-
' I me plein de feu ; c’eft en partie ce qui en fait la
5i beauté.
I i
C H A P î T R E X X I I.
! De la coulevrée & de ta vigne - vierge^
II. D E L A C O ü L E V R É E.
ITTE plante fe multiplie de femence & de
racines éclatées : elle croit heureufement en
toutes fortes de terres.
ta coule vrée eft propre pour garnir en p^a
de temps des cabinets , & pour faire un efpalier ;
die convient aux petits jardins d’Artifans : on
; en met dans des cours y ppur y ftrvir de verdure
? & d’ornement.
' Quand une fois elle a été femée ou plantée , elle
refie long - temps en terre , fans qu’il foit befoin
> de lui en fubflituer d’autre.
La coulevrée eft fort rameufe , & poulTè des
; tiges fort grêles : c’eft pourquoi on les conduit
1 fur des cabinets conftruits d’un gros treillage^
il ou le long d’un mur ; fes feuilles forment un
alfez beau couvert ; il y a, beaucoup 4e cabarets
j
'i
332» Le Jardinte»
qui en ont leurs cours & leurs jardins^ garnis
C’efl une plante qui croît vite,
Elîe a îes feuîîîes femblables à celles de là vi
gne , hors qu’elles font plus petites , velues , ru
des au toucher , & blanchâtres , fes fleurs naif
fenten maniéré de cloches découpées en pluficuri
parties : fa femence efl: un peu ronde.
î î. De la vigne^vierge*
ta vigne -vierge eft aifez en ufa^e aujour-
d’hui ; on s’en fert pour couvrir la difformité
des grands murs , puifque , quelque hauts qu’ils
puiffent être , elle les furpalle toujours en peu de
temps..
Cette plante eft vivace , & fe multiplie de
plants enracinés ; l’afpeâ: qu’elle donne eft fort
agréable : les cours fondes endroits qui lui con-
viennent le mieux , encore ce ne font que les
cours des mailons des particuliers ; on ne l’efti-
me point allez pour être mife dans un jardin
d’ornements , quoiqu’on en voie néanmoins en
quelques endroits*
CHAPITRE XXII L
Du huis^
Ï L y a quatre fortes de buis ; le premier eft îe
grand huis , qui croît à la hauteur d’un ar-
bre ; le deuxieme eft le buis nain de la grande
êfpece ; !e troiCeme eft le buis Artois ; &.le
etmer
y I E ü H î s T E* 33}
îe huis panaché* lîs .donneüt de la
jraine , mais on aime mieux les faire venir de
>ouîure,
L Du grand buiSo
Le grand buis n’eft d’aucun ufage dans les jar-»
dins : fon bois eft employé à beaucoup d’ouvra-
ges , & fore recherché par les Ebéniftes : H eft
dur & de longue durée ; & rorfqu’iî pafTe par les
mains d’habiles Ouvriers ^ on peut dire que, fous
quelque figure qu’on le puiffè mettre , il eft tou-
jours fort poli & très-agréabîe. Le buis eft très-
propre pour la gravure , c’eft pourquoi les Gra- .
ki veurs !e recherchent.
I L Du buis nain de la grande efpece.
On dreffbit autrefois des paiiflades de ce buis |
on s’en fervoic pour les parterres, on en plan-
loit dans les plates-bandes , qu’on tailloit en
boiftbn ; mais comme tous ces ornements de jar-
dins font de trop longue haleine, on les a négli--
gés dans le jardinage. C’eft de ce buis aufliqu’orî
fait des boules qu’on plante en caiffe , & qui fer-
vent d’ornements de boutiques à la plupart des
vendeurs d’eau-de-vie. On voit néanmoins de
ces buis en boules faire un très-bel ornement tout
îe long du fer à cheval du jardin des Tuilleries»
III. Du huis Artois»
Quant au huis Artois , on s’en fert pour îes
parterres ; rien n’eft fi propre pour îa broderie ;
ce buis croît par touffes baflès , & pullule beau-
354 Jardïnikr
coup. Il fe multiplie de racines ; on en drefle des
pépinières entières.
Lorfque le buis eft planté dans les parterres ,
& à mefure qu’il croît , on a foin de le tondre
avec les cifeaux. Nous parlerons plus amplement
de la maniéré de planter le buis dans l’article des
parterres.
I V. Du buis panaché.
Le buis panaché n’elt de nul ufage dans les jar^
dins de propreté ; on ne s’en ibrt dans la Botani-
que que pour montrer les différentes efpeces de
buis ; car au refte , la variété des couleurs qui
régné fur fes feuilles n’a pas alTez de force pour
détacher de la terre la broderie qu’il pourroit for-
mer ; c’eft auffi pourquoi on croit qu’on n’en a
point voulu établir l’ufage.
CHAPITRE XXIV.
Des différentes fortes de tapis verds dont on fe
fert dans les jardins ; comment les femer^ avec
la maniéré de plaquer le ga\on 6* de V entretenir.
PRÈS avoir parlé de quelques ornements
.£^dont on enrichit les jardins, il eft bon de.
dire ici quelque chofe des tapis verds qui fe for-
ment avec du gazon ou autres herbes.
Il y a de cinq fortes de tapis verds; favoir, de
gazon femé ou plaqué, de treffe d’Efpagne, de
graine de foin ordinaire , de fein - foin & de
luzerne.
m
FlEÜRt.SfK»
Du gu^on»
Il n’y a rien de fi propre que le gazon , quand
îl eft employé comme iî faut : le gazon naît na<»»
tureüement ou par culture ; le premier eft très-»
propre pour les maffifs des parterres , pour en
former des parterres entiers ^ des boulingrins ,
rampes , talus & glacis : Tautre fe feme de la
maniéré qui fuit , & la femence ordinaire eft h
graine de bas pré, qui fe vend chez les Graine-
tiers : cette graine vient originairement d’Aa^
gîeüerre. Venons à la pratique.
Maniéré de femer le gd'^on^
' Ayez un tel morceau de terre que vous fouhai^
tez , plus ou moins grand ; labourez- le , enforte
que la terre en foit bien ameublie ; pafTez-Ia au
rateaii ; unilTez - en bien la fuperficie ; épierrez
cette terre , s’il en e(l befoin ; & , fi le fonds eü
mauvais , tâchez de fuppléer a ce défaut en y ré«
pendant un peu de bonne terre tranfportée.
Cela fait, vous y femez votre graine fort épaîffèp
afin que le gazon qulen naîtra le foir aufii ; vous
la couvrez de terre , ou bien vous paffez le rateau
pardefîus pour enfouir la graine, &, s’il fe peut^
pour en arrofer légèrement la fuperficie ; la mé-
thode en eft très - bonne ; cette eau plombe la
terre , & facilitera graine à lever plutôt : ayez îe
foin de femer beaucoup de graine fur les bords ,
afin que cela marque davantage & plus vite : il
feroit encore mieux de les faire plaquer»
t b Jardîniêr
il faut choillr un temps calme pour feiîier fe
gazon 5 parce que, îorfqu’il fait du vent, la graine,
qui eft fort légère , s’envole & tombe fur terre
par tas 5 au lieu qu’elle doit être femée également.
Pour s’épargner la peine d’arrofer le gazon , lorf»
qu’il eû femé , il feroit bon de faire cet ouvrage
quand l’air nous menace de pluie.
On peut femer du gazon en tout temps ; c’eft
une graine qui fe îeve afTez vite, & avec affez
de facilité. Il efl vrai que, lorfqu’on peut le fe-
mer en Automne , c’eft le meilleur ; on le voit
verdir tout^ d’un-coup au Printemps : mais û h
commodité ne le permet pas, on peut le femer
Printemps , il a encore affez le temps de bien
lever avant que les grandes chaleurs l’en empê-
chent»
Si la faifon eîi plus avancée ^ & qu’on foit dans
PEté , on ne îaiiïe pas pour cela de femer du ga-
2on , fauf à l’arrofèr , s’il en efl befoin , & que
la fécherelTe foit trop grande. I! efl vrai que c’efl
un peu de foin qu’il en coûte , & dont on efl
bien dédommagé par le pîaifir qu’on a de voir
de belles allées vertes , ou quelques autres pièces
femblables qui en font compofées. Voilà ce qu’on
peut dire fur la maniéré de femer le beau gazon ,
dont la femence efl de bas pré, ou graine de ga-
zon d’Angleterre.
L’on ne feme jamais les petites piecesde gazon,
comme bordures de baffin, maffifs , coquilles &
volutes de parterres , pièces découpées, &c. on
les
I
3
I
I
?
I
T
t
11
'C‘
F t 'E ti R î s f Sa 337
les pkque toujours , parce qu’elles en font plus
belles , mieux faites, & fe confervent mieux.
De q^aelques foins que demande le ga^on nouvelle-^
ment femét>^
Le ga^on nouvellement femé ne vient pas tou-
jours pur, c’eft- à-dire , qu’il eft toujours mêlé
dkutres graines étrangères , qui jettent des her-
bes qui en ôtent la beauté ; ainfi , lorfqu’on voit
ce mélange, qui arrive à la première levée que fait
le gazon , on prend foin d’arracher toutes ces mé-
chantes herbes, puis on arrofe le gazon. Ï1 feroit
à propos qu^on roulât deffus un cylindre , comme
on le prati<}ue en Angleterre : au défaut de cette
façon , il efl: bon de le battre avec une batte de
Jardinier , dont il fe fert quand il bat des allées
pour les unir & les affermir.
On fait encore d’autres tapis verds avec du
fâlnfoin : il croîttrès-bien dans les lieux pierreux ;
& ïorfqu’on s’en veut fervir dans les jardins ,
c’eft ordinairement dans ceux qui font de grande
étendue , & dans les parcs , où l’on en feme de
grandes pièces entières ou des allées ; on peut en-
core en mettre dans de grands bofque ts.
Quand on veut femer le fainfoio , il faut que
fa terre où on le veut mettre ait eu trois labours,
qu’elle foit bien ameublie ; puis on feme cette
herbe dans le mois de Mars , le plus à Tuni qu’il eO:
poffibîe.
JJ. Fartiez f
33<î Jardînîer
Le fainfoin donne un très^bel afpedl , fur-raut
îorfqu’i! eft en fleur : on !e fauche deux ou trois
fois Tannée; & ce qu’il y a de particulier , c’eft
que deux ou trois jours après qu’i! eft fauché, il
repréfente un tapis verd très-agréable à la vue#
De la, Iw^erne.
Cette herbe ne produit pas un fi beau tapisque
le fainfoin , parce qu’il n’eft pas toujours bien
uni , à moins qu’elle ne foit fauchée. On ne feme
la luzerne que dans les jardins fort fpacieux.
Il y a même des perfonnes qui en ont des allées
entières dans leurs jardins : c’eft un ménage fort
grand à la campagne , pour nourrir des chevaux
ou du bétail , & une propreté qui n^eft pas hors
de fâifon.
La luzerne fe feme au mois de Mars , dans une
bonne terre bien fumée & bien amendée.
De la graine de foin ordinaire»
Qui dit foin , dit un compofé de plufieurs ef-
peces de plantes venues dans les prairies, & dont
on ramaffe la graine dans les greniers où ce foia
a été entafle & mis en réferve.
C’eft de cette graine qu’on prend & qu’on feme
pour avoir des tapis de verdure : avant que de fe-
mer cette graine , il eft bon de la pafler au van ,
pour en ôter la pouffiere & les plus groffes ordu-
res qui s’y trouvent.
On feme toujours le foin dans des endroits la-
bourés à uni , afin de le pouvoir faucher plus com'*
1
F I I tj R î s T E.
)j fiodément, & toujours au mois de Mars : on ea
4 forma des allées entières dans les grands jardins^
Aux côtés des allées femées de foin oh prati-
t que toujours des contre-allées , larges de quatre
: & fix pieds, félon que les endroits plus Ou moins
' fpacieux le permettent ; on ratiffe ces contre-al-
lées pour plus de propreté ^ & on tond Therbe
ij des tapis de la faifon«,
Dans les jardins des grands Seigneurs j où I’oiî
I n’envifage pas tant l’intérêt que ce qui peut fiat-*
vli ter la vue, on n’attend point que le foin foit mûr
c pour le faucher : fi-tôt que la faux y peut mor-
dre on le metbas , pour rendre la fuperficie du ta-
ii| pis plus unie. Les bons ménagers laifîènt croître
: ce foin jufqu^àfa maturité parfaite , & le fau-
chent après.
I! y en a qui n’approuvent point la graine de
foin ordinaire pour les grands tapis verdsè î! eil
! vrai que, fi on la femoit indifféremment , Fufage
j en feroit condamnable, parce que toutes les her-
bes difFérentes qui fortent de ces graines n’étant
! point aflez propres pour cela , les tapis qui en
proviennent ont mauvaife grâce dans les jardins
i médiocres & remplis de beaux ornements ; mais
il de femer ce foin , comme on a dit j c’eft mal-à*
! propos en vouloir rejetter la méthode : il vient
mieux en terre forte & humide qu’à mi-côte 8c
I dans un terroir léger.
Du treflet
! On fe fert du trefie d’Efpagne pour faire de$
.Pi
34^5 Le Jardinier
pièces de gazon : on prétend qu’il eft beaucoup
liant , & que le gazon en eft bien touffu ; mais fon
de'faut eft qu’il rougit , ce qui n’eft point agréa-
ble parmi une verdure qu’on recherche toute
pure. Il y en a qui en fement des allées entiè-
res : on en fait même des maftîfs dans les parter-
res ; mais , comme on va le dire , Je gazon pla-
qué a meilleure grâce.
Plus la terre où l’on met ce trefîe eft meuble ,
mieux il y croît & y produit une verdure qui
fait plaifir dans le commencement. Cette heibe
fe feme au mois de Mars ; elle fe plaît dans les
terres fortes & humides ; elle ne produit chofe
qui vaille dans celles qui font pierreufes & d’un
fable trop léger.
Le trefle d’Efpagne eft une plante qui jette des
feuilles dont les unes font longues , d’autres oblon-
gues : fes fleurs font à papillon & de couleur
rouge; fa graine eft en maniéré de petit rein.
Comment plaquer îe ga[on*
Le gazon plaqué a beaucoup d’agrément dans
îe jardinage ; il entre ordinairement dans les
maffîfs & les découpés des parterres : on en borde
les allées , on en fait les rampes & autres pièces
de jardins d’ornements. Mais voyons comment
cela fe fait.
îl faut prendre une bêche , & ayant eboifi le
gazon , le couper par pièces quarrées de deux
pouces d’épaiffsur , & de la largeur d'un pied &
i P I È ü R î s T t. 341
li lemi , puis le lever en couchant la bêche 5 & k
;j coupant entre deux terres : les ouvriers qui y font
/i Yerfés ont bientôt fait cet ouvrage*
' Le gazon fe choifit le long des chemins & des
)| prairies , & fur-tout dans les endroits où les
i| beftiaux pailTent ; c’efl le meilleur , parce que
l’herbe y eft plus fine qu’aiüeurs, & broutée très»
j court : on fera attention qu’il n’y ait point de
I méchantes herbes mêlées parmi ^ ni du chiendents
j Si ce font des allées entières qu’on veuille
I gazonner , il faut , avant que d’en venir a la pra-
! tique , avoir la précaution de prendre toutes les
I dimenfionsnéceffaires; pour que les allées foienî
I plus belles, il faut aufii , avant que de plaquer le
gazon , creufer & ôter de la terre l’épaiffèur des
I quarrés , parce qu’étant placés à Tuni de la terre,
j iis ne fe déchaulTeront point. Cela obfervé , on
I plaque le gazon le long du cordeau : il faut que
! les pièces fe joignent bien ; au cas qu’elles na
foient pas coupées affez quarrément , & qu’iî
I paroiiïe quelque vuidev entre - deux , il faut ,
avec un couteau , couper des lambeaux de gazon ,
pour les ramollir & boucher les ouvertures. Lors-
qu’on a plaqué une rangée de gazon , on en drefîe
une autre , & ainfi fucceflivement , jufqu’à ce
que toute la piece foit achevée ; pour que les
bords foient bornoyés jufte ,on tend un cordeau,
!e long duquel on coupe le gazon avec la bêche»
S’il arrive qu’on plaque du gazon pour cou-
vrir le mur de douve d’un b^ffin , il faudra ré-
34^ Ï'E Jardin îEïi
pandre fur ce mur environ un doigt épais deterre^
afin que le gazon y prenne mieux racine, & qu’il
s’y lie plus fortement : aufii en dure-t^il plus
long-temps , lorfqu’on a eu cette précaution.
On en agit comme on a dit lorfqu’i! n’efl: quef»
tion que de plaquer du gazon dans des maffifs de
parterres ou autres compartiments : on plaque le
gazon avec un battoir, dont on le bat fi-tôt qu’il
efi pofé , afin qu’il joigne mieux à la terre , &
qu’il reprenne plutôt : lorfque le gazon efi plaqué
on l’arrofe, ce qui ne contribue pas peu à fa reprife»
Si c’efi quelque coqiiille qu’on veuille gazon-
ner , ou quelqu’enroulement dont le gazon périt ,
on enfonce des piquets aux extrémités , afin de
ne point perdre de vue l’ancienne trace : enfuite
on leve le mauvais gazon , puis on fouille un peu
avant en terre , pour en ôter le chiendent ; cela
obfervé , on fait une trace nouvelle , fur laquelle
©n plaque le gazon nouvellement arraché.
Les rampes ne font pas plus difficiles à gazon-»
ner ; il y a plus de travail a l’égard des talus &
des glacis , en ce qu’il faut plaquer le gazon de
maniéré qu’il ne lâche point , & qu’il conferve
la ligne de pente , fans former des coudes & des
jarrets.
Lorfque ces talus & glacis n’ont que cinq à fis.
pieds de haut , tels que font ceux dont les petites
terraffes Sc ies renfoncements des boulingrins fon£~
accompagnés , ce n’eft pas une difficulté d’y pla«»
quer le gazon 5 il n’y a qu’à fuivre ce qu’on a
Si ce taîus dt trop roide , il faut y cheviller
îe ga2on /ainü qué îorfqu’on le plaque fur les fa»
ces des degrés, autrement ce gazon ne tiendroit
pasi
Le taîus & les glacis ne fe fement gnere en ga-
son , principalement îorfqu’iîs font roides : on
voit néanmoins des glacis accommodés de cette
forte , & qui réuffiffenc très-bien f mais il faut
pour lors femer la graine bien drue , & îe plus
également qu’il eH poffible. L’on peut , fi Ton
veut, pour empêcher les terres de s’ébouler &
les foutenir , plaquer avec des quarrés de gazon
les bords d^en»bas & d’en-haut.
Lorfque les talus ont quinze à vingt pieds de
haut , on les confiruit par lits de terre & clayon-
nage avec gazon à pointe , qu’on plaque deffus :
on nomme ce gazon à pointe ou a queue / parce
qu’on le leve & on îe coupe en forme d’un coin
de bois , & non pas d’égale épailTeur comme ce-
lui que l’on plaqup dans les tapis ordinaires : mais
comme ces glacis ne regardent que les fortifica-
tions, & qu’ils ne fe pratiquent guère dans les
jardins , nous nVn dirons rien davantage.
Comment entretenir le gâ[ùu.
î! faut tomber d’accord que îe gazon donne un
grand relief à un jardin mais il faut pour ceîa
qu’il foit bien entretenu ; autrement rien n’efi
plus difgracieux à la vue , & tout cet entretien
©onfîfte à tondre fouvent cegazon , c’eft-à-dire une
P4
344 ^ ^ J A M 3î I N ï 1 R
fois le mois , depuis le mois de Mars jufqu’eii Od»**»
îobre. Plus le gazon eft fauché , plus i! devienC
épais ; lies uns le tondent avec la fauîx , d’autres
avec les cifeaiix de Jardinier; cette derniere façon
€Û la meilleure».
C eft d’une fuperficie unie, que dépend labeauté
d’un gazon : çe qu’on ne peut lui faire acquérir
lorfqu’on le néglige;, comme cela arrive en bien
des endroits , foit par la négligence des Jardiniers
auxquels pareil ouvrage ne- plaît guerç. , ou par
celle des Maîtres qui n’y font pas attention , &
qui ne réfiéchiffent point fur l’avantage qu’il y
â de donner cette façon au gazon»
Lorfqu’on fauche le gazon , il faut encore avoir
foin de couper de temps en temps celui qui excede
le pourtour des pièces de gazon ; cela fe fait avec
lahêche , & le long du çordeau qui eft tendu :
fans cette précaution les compartiments deviens
inent confus & hors de trace»,
Qucjques-^uns , pour bien entretenir le gazon?,
le tondent fouvent , & le battent quand i! croît:
trop épais : ils roulent dcflus de gros cylindres
de bois ou de pierre ; il n’y a riçn de meilleur
pour arrofer l’herbe de bien près.
S’il arrive dans la fuite que !è gazon vienne a
manquer dans des endroits , il faut y refemer de
la graine , la balfiner d’un, peu de terre en pouf-
fiere, puis l’arrofer ; l’expédient en eft très-bon.
FlEï/RtSTE
34$
I j . ^aasasBB^gmsiMiasagiKayKi^^
C H A PITRE XXV.
I J)esfaifons auxquelles font en fleur les arbres &
I arbri fléaux contenus ici.
‘I avon^ parlé dans ce Chapitre de p!u»
1 N fleurs arbres & arbriflèaux fervant à l’embeî-
I, liffement des jardins : nous en avons enfeigné îà
)j culture ; refte à favoir à préfent en quel temps ils
î ! font en fleur durant toute l’année. ; nous commen-^^
I
i ferons par le mois d’ Avril.
' V R I r.
'j
I
'Pendant ce mois fieurijfent
Le^ cheyte - fiuiiîes des Les lauriers d’Alexandrie,-
deux efpeces. Les lauriers-thy ms,.
Les liias».
M A r.
Pendant ce mois fteuriflentt
Les aîaîemes. Les romarins.
Les rofes de tous les mois, Les cy tifes.
Les rofes d’Hoîlande à Les faturidaea.
cent feuilles*. Les dievre-féuillesb ,
Les fyringas..
J ir I w.
Pendant ce mois fleuriflent^
laQs orangers dè toutes forr Les lilas de Perfe.
tes. Les rofes de tontes efpeces..
Les ci ronniers; Les troëüeSo.
J U I L L E T..
Pendant ce mois fleurijfenê:
Les grenadiers à fîéuLdou- Les îàurlêrs-rofes des dêUK.
y e„ & fimpiëi efpeces .
w %
L E J A R
Les rofes mufcater.
Le genêt dŒfpagne.
Les lauriers-francs.
ï H I E R SrC^..
Le jafmin commun.
L’arbre de. Judée...
A O U Te
Pendant ce mois fleurirent
Le îafmin d’Efpagne* Les rofes mufcates.
Les lauriers-rofes. Le jàfmin jaune odorifêf*
Les myrtes de toutes for- rant des Indes.
tes. Les orangers.
Les rofes de tous les mois. Les bagnaudiers.
S E ? T E M B R E.
Pendant ce mois fleur ijfent
Les îafmins d’Efpagne. Les lauriers rofes.„
Les myrtes de toutesfcrtes . Les orangers.
Les jafmins de Virginie. Les rofes mufcateSi,
Les buiffons ardents. L’althæa frutex.
Les citronniers. L’amomum..
Les lofes de tous les mois.
O C T O B R E.
Pendant ce mois flcurijfent
Les ïofés mufcates. Les jafmins d’Efpagnei
Les orangers.
Dans tes mois fuivanis , oti a en fleur dans &
ferre
Les orangers.. Les amomum.
Les jafmins d’Efpagne. Les îeonurus.
Les myrtes panachés. Les lauriers ihyms^
Les îentifques.
Fin de Inféconde Partie^
L E
JARDINIER
FLEimiSTEo
TROISIEME PARTIE.
un traité fur les jardins d^orne^
ments y avec de nouveaux de jfeins de parterres^
& autres pièces qu^ on emploie dans la décora^
mon de ces jardins^
€ H A P I T R E P R E M I E R.
D'u choix d' un terrein propre à fnire un jardin '
d- ornement s\
n^y apasdefîtuation pluslieureufe, îorfqu’on
faire le choix d’ün terreini propre pour conf-
traire un jardin d’ornements , que !a pîaîneou un
côteau donc la pente efl: douce & imperceptible®
Dans îa première , Fentretien coûte beaucoup
moins , parce que lès. terres n'^ëtant point fa jettes
a s’ébouler, il n’eft point neceflaire de maçonne»
ik poar ks contenir ; dé pîiî^ ^ on n’y craint pas
f ê-
^48 L E J A R ï> I N ï E R'
les ravages que peuvent caufer les torrents ; l’ak
y ert auffi plus-fain y Sc, fans compter uae pro-*
menade toujours.gracieufe , on y peut avoir des.
étangs ou des foflTés , qui procurent , quand on^
le fouhaite ^ le plaifir de la pêche.
Les côteaiix cil l’on peut fe promener, fanS"
fatiguer , & qu’on nomme demi-côte , ont aulS
îfiirs agréments ,^par un afpçâ: toujours rjânt,
des points de vue charmants.
L’air n’y efl point rude, ni les chalèurs trop
violentes , parce qu’on en eft garanti par le
fëmmet de la montagne: &: lès eaux de plliie ou
dé neige qui^peuvent en tomber , , au lieu de faire
aucuns dégâts dans un jardin , fervent , fi l’on
veut , en leur pratiquant dés endroits pour lés
raflTembler , à . faire dés caféadés , ou à former
quelques pièces, d’eau qui' ne, prpduifent qu’ua>
îrès-bel effet..
Après lès avantages qu’ôn trouve dàns l’une^
& dans l’autre de ces deux, fituations , je crois
qu’il n’y a perfonne qui s’avife de.choifir le haut
d’une montagne, où ils auroientà craindre le ren-
verfement des arbres par la violence dés vents ,
& à fouffrir les rigueurs dé l’Hiver, & lès chaleurs
exceffives de l’Eté. L’on doit auffi s’éloigner dès
lieux profonds,, qui font toujours marécageux ,
& 0Ù l’on ne refpire qu’un air mal fai n aquati-"
que.
Il ne fufflt pas d’avoir cKoifi la pîàîne ou fe
côteau à pente douce | U faut encore que la terre
F L E V K l S T £«■
<fc Texpofition foient favorables pour la culture
; des plantes.-
i Des quatre expofitions , la meilleure eft celle
I du midi : enfiite celle du levant à leur défaut
il celle du couchant ; mais pour celle du Nord , c’eft
I îa plus mauvaife, & même un jardin en doit être
! a Tabri ,.s^i!eft poflible».
A l’égard de la terre., il eft nécelTaire de remar^^
)| que r fi fes produfljons font belles : par exemple ^
il fi ce font de bonnes herbes qui y pouffent, corn-
I me pâturages & autres; &, fi les arbres qui fon^
î| aux environs font beaux. & bien faits, ce font de;
j bonnesmarques, & il n’y a pointX héfiter , fur^
I tout lorfqu’on voit que cette terre_ efl noirâtre
: fabloneufe graffe meuble ,, c’eft-à-dire , facile
I â labourer , qu’elle n’eft ni froide. 5^ ni légère , ni
I pierreufe,.
I II y a des terres fortes & franches qui font rou^
ge.âtres, qui fe manient aifement, qui font faciles
I à labourer, & qui ne font ni; froides ni chaudes
: ces fartes de terres font fort bonnes*
Mais pour les terres blanchâtres , & celles qui
font argilleufes 5. lourdes , humides & froides ^
: elles ne valent jamais rien ^ &. ne font point du
fout propres au jardinage*.
Il efl auffi à fouhaîter que la terre d’on jardlia
îi'’àitpoint de mauvaifeodèur ,oi de mauvais goût
quoique cela ne foit pas néceiTaire pour ceux
j 4fornements ; mais comme , pour rordinaire , ces
fortes de jardins ne vont jamais fans le fmitîer nî
Es jT A SI 0 î î n n
fans le potager, ces deux qualités font donc auHÎ
a defirer, parla raifon que, fi la terre avoit queî«-
ques mauvaifes qualités , les fruits & les légumes
participeroient de ces mêmes qualités.
Pour conooitre fi elle n’a pas de mauvais goût
m prend une poignée ou deux de cette terre ,,
qu’on met tremper dans de l’eau fept à huit heu-
res au moins ; & , après l’avoir pafTée dans un lin-
ge , l’on goûte de cette eau ; l’on fent bien fi elle
a quelque mauvaîfe qualité. On connoît aifémenîr
Il elle n’a pas de mauvaife odeur en la flairant.
Tout ce qu’on a dit jufqu’à préfent fiir lesqiia-
îités d’une bonne terre nefuffit point, fi elle n’a ^
à trois pieds de profondeur , la même bonté. Cette
condition eft effentielle, parce qu’en ayant moins,,
les arbres à fix ans ne feraient plus que languir..
Four favoir fi cette terre efl égale par-tout, &
fi elle a la hauteur requife , il faut fonder le ter-
rein à différents endroits , en y faifant faire cinq à
fix fooiîîes , qui doivent avoir fix pieds de large
fur quatre de profondeur ; lorfqu’ôn les aura vui-
iées 9 il fera aifé de mefurer îâ hauteur , & de
voir s’il s’y trouve les trois pieds de bonne terre».
Ce font^ih les principales conditions qu’on doit
rechercher dans un terrein propreà coofiruire unt
Jardin d’ornements..
F E B O R î S: T
CHAPITRE I I.
; De ta fcience d^utt A'rchiteSe en fait de jardins--
d’ornements.
î
UN jardin d^ornements eft fbuvent mal con^
duit , faute d"’avoir un Archiceâe qui Ten»
! ; tende ; H faut donc en choifir un qui foit honnête:
' homnae & habile , & qui foit quelque chofe de
i plus qu’un Jardinier. Ce n’eft pas la pratique d’un
’ jardin décoré qui fait abfolument î’Architeêle^
il c’eft l’invention , [a précifion , la jufteflè dé Fin-
j Tendon , le jugement ^aidé de la prudence, 8t
i confirmé par un bon goût ^ qui doit régner dans
1: ces fortes d^ouvrages..
I! Quoiqu'un Jardinier foit tous les jours verfé
il dans la pratique des jardins , il n’en eft pas pour*
i cela toujours plus habile dans rexécution d’un
\ plan. L’expérience , en fait de jardin y peut bien
i infiruîre du choix & de l’emploi des matières ;
{ mais elle n’éclaire pas toujours rentendèment juf*
) qu’à élever aux grandes idées ; & à moins que It
i nature nenousait difpofés à cet art , il eft douteux
ij que la pratique des jardins rende un Jardinier uit
! bon Archi teâe. On a , fur ceci , tous îés jours dt
i nouveaux exemples ; mais, fans nous arrêter da-
vantage à cette difcuffîoiî , voici ce que doit faire
un véritable ArchiteSe pour les jardins d’orne-
t ments , lorfqu’îl en entreprend la conduireà.
H doit d’abord avoir pour objet la diipofîtioit
® J A R n T N I s n
du lieu , & !a diftribution qu^il en doit faire:
n^eft pas peu que de bien favoir diftribuer un jar-
din , & de connoître les défauts du terrein , pour
îes corriger & en tirer avantage.
La diftribution. en eft toujours belle, lorfque
la variété & la diverfité des pièces qui compo-
fent un jardin ^ y paroiflentfans confufîon'& de
bon goût. Les colifichets en doivent être ban-
nis ; c’efl le défaut néanmoins dans lequel tom-
bent bien des gens qui fe mêlent de conduire ces
jardins ^ ou d’en donner des defleins ; & c’eft ce
que doit éviter avec foin un Architeéle ou un
DeflTinateur , quand il fe forme l’idée d’un plan
de cette nature.
U eft vrai auiïi qu’un Architeéïe fe trouve quel-
quefois bien embarrafTéavec tout (on favoir faire ,
lorfqu’il faut fou mettre tout fon bon goût au ca-
price dépravé d’un particulier qui n’en veut point
démordre : en faut-il davantage pour gâter l’em-
placement le plus favorable du monde, pour faire
quelque chofe de beau? Ce n’eft pourtant pas fur
ce particulier que la faute en tombe ; l’Architec-
te a bon dos, c’eft lui qui en porte tout le blâme
& la critique qu’on en fait,.
L’Archite£le de fon-côté , pour n’avoir rien â
îe reprocher dans fon entreprife , doit examines
d’aborder le plan généra! dont ihveut faire le def-
fein ; & tâcher de furmonter les difficultés qui
s’y rencontrent foit pan rirrégularité du lieu
fu’il: a poun objet , foit par biais confidérat
|| Fleuriste* 3^3
feîes, h chûte & l’inégalité du terrein qui !e tien-
nent affujetti dans une place neuve.
I S’il arrive que ce foie un jardin en défordre
^u’i! ait à rétablir , il doit lever le plan exafle-
ment ; & , dans l’idée qu’il s’en formera , s’afîü»
fertir à ce qui doit abfolument y relier 5 tels que
font les bâtiments, les baffins , s’il y en a de faits ^
I à moins que pour la beauté du delTein il ne faille
il les porter ailleurs. Il faudra conferver les bois &
j les palilTades qui font déjà venus, d’autant que
ees ornements font très -long- temps à parvenir à
1 une hauteur qui fatisfalTs : ce font des antiquités
1^' refpedables , & auxquelles on ne doit toucher que
pour les reftaurer, fans les détruire , & ne pas
fuivre en cela bien des Architeâes , qui ne vou-
lant rien devoir à uUe antiquité qui a du grand,
renverfent tout , pour n’y fubffituer fouvent q.ue
»li des ornements d’un très - mauvais goût.
Ce n’eft pas un petit ouvrage que de bien con-
l duire un jardin , & le dillribuer avec art ; î’in^
vention en eft difficile , il faut un génie tout par-
ti ticuîier pour y réuffir ; c’eiî pourquoi on ne doit:
i point s’étonner li la plupart de ceux qui fe me-
3 lent de donner des deffeins de jardin , en produi-
Jj fent qui font d’un goût fi dépravé.
Ce n’eft pas que ce.s plans ne foient bien deffi^
Tl nés 8c bien la.vés , qu’ils ne flattent les yeux de
ceux qui les regardent ; & c’eft juflement par là
|! que les particuliers qui ne s’y connoiflènt pas y
il fant trompés : ces plans , pQur rendre la variété
354 I*® Jai^bînisr
des pièces qui les compofent plus agréable , éS.
font quelquefois tellement charges , que les ar«»
bres qu’on y plante , n’onî quelquefois pas une
toife de diflance entr’eux : défaut très-confidéra-
bîe dans le jardinage , & qui fait que ces arbres
ne croiOent qu’imparfai rement ; outre que ces
pièces , par la petite étendue qu’on leur donne
dans le dedans, font quelquefois fi refferrées, qu’on
ne peut en jouir pour ce qu’elles ont été deftinées»
Ce n’efi pas le tout que de bien deffiner , il faut
bien penfer en fait de deffein ; & un Architeéle
qui deffinera médiocrement, & qui penfera bien ,
fera plus eüimé qu’un autre qui deffinera parfai-
tement & qui penfera mal. A quoi bon charget
tîn térrein de plus de pièces d’ornements qii’it
îi’en peut fouffrlr , puifque c’eft expofer à arra-
cher !e plan un an ou deux après, pour le replan-
ter de nouveau & dans une autre idée.
N’aîlez point , comme Nilud , ce gros fils de
Maçon, qui , fatigué de porter l’oifeau , & après
avoir appris à deffiner , s’èft élevé impunément
jufqu’au rang d’Architeéle pour les bâtiments : iî
efi vrai que fon effronterie , qui fait toutfon mé-
rite ( fi c’en en avoir que d’être effronté) a fix
jufques ici en impofer , & mettre à profit fon mau-
vais talent : n’aîîez point, dis- je, à fon imitation,
vous mêler de jardins , pour vous faire fiffîer ; &
comment voudroic-on qu’iî pût s’en former une
belle idée , lui qui , dans Temploi qu’il exerce le
plus ordinairement 9 commet des fautes très-con-
; F I E 17 R î s T Se
I fid^rabîes contre la précifion , la juftefle &k bon
! goût ?
! En peut -on une plus grofTiere que celle où il
|j eft tombé , au fujet de la maifon de Sirap ^ qui
j s’eft laiffé éblouir à la vue d'un plan bien delTiné
)j & lavé proprement qu’il lui a préfenté : c’eft une
3| façade à la Romaine , qui frappe ponnpeufement
il les yeux , & plantée dans un emplacement qui
j n’y répond nullement. Quelle proportion ^ bon
l: Dieu ! pour une maifon de campagne accompa-
jj gnée d’un petit jardin ! Si rArchiteéïe avoir eu
! du goût , n’auroit-il pas fu qu’un magnifique bâ«
i j timent , fuppofé que le fi en ne démente rien de
i! cette idée , n’eft point convenable à un jardin
- d’une petite étendue , & fi mal imaginé ? Palîbns
|| a d’autres cbofes plus eCTentielIes à notre Ouvrage»
J G H A P I r R E~n L
S; De la difpofition & de V arrangement des diffe^
I rentes parties qui compofent un jardin
I nements.
f Y ^ intelligence particulière pour com«
5 -^pofer un beau deifein de jardin ; cette con-
i noiflance doit venir de loin : c’eâ la nature qui
‘i donne ces talents,, & l’art qui les perfeftionneo
La belle difpofition d’un jardin confifte a le faire
toujours d’un tiers au moins plus long que large^
' à l’égayer , fans trop le découvrir ^ & à en éten-
dre les vues.
Un jardin ne doit point fe faire Yoir tout
3î6 Le Jarï?iniî5R
d’un coup d’œil , c’eft un défaut ; l’agrémem
veut qu’on y aille chercher une partie des orne-
ments qu’un couvert nous cache , après néan-
moins que les yeux d’abord y ont trouvé de quoi
fe fatisfaire.
Le bâtiment ne doit pas être de niveau au jar-
din , mais toujours élevé de quelques marches,
afin que les appartements du raiz - de - chaufTée
foient plus fains , & que l’œil puiffe de -là s’é-
tendre davantage.
En fortant du bâtiment , c’eft îe parterre & fes
accompagnements qui doivent d’abord frapper ,
puis enfuite une paliffàde en demi-cercle, s’il y a
lieu d’en mettre , derrière laquelle fera un bois
percé en patte-d’oie ; mais , avant que d’en ve-
nir là , on aura égard aux vues , qu’il ne faut
point boucher , principalement quand elles font
riches : shl y en a à conferver en face du bâti-
ment , on peut faire de fuite différents parterrer;
les premiers en broderie , & enfuite les autres ,
qui feront tous coupés par des allées de travers^
Le parterre, à l’Angloife eft propre pour cela , &
remplit très-bien de grandes étendues. Si les vues
font à ménager fur le côté , on y place des bou-
lingrins & autres pièces plates ; fi au contraire ,
il n’y en a point , on ne craindra pas d’accompa-
gner ce parterre de bofquets , de paUlfades , ou
de quelques autres pièces qui le relevent.
Les pièces dont un jardin d’ornements efi
compofé font les foîît^iaes ^ ks çafeades , & au-
FtEirîirsTE. 3Î7
très pièces femblables , quand l’eau le permet ;
les bofqüets , îes quinconces, galeries, cabinets,
falles , faîons , cloîtres & autres beaux morceaux
de cette forte , dont on parlera.
La principale allée d’un jardin doit toujours
être pratiquée en fiice du bâtiment , & accompa-
gnée d’autres d’une belle largeur ; enfuite , &
au-delà du parterre, on y drefîe , fi le lieu le de-
mande , & fi le bon goût le veut , des boulin-
grins de plufieurs maniérés , & on y ménage pîu-
fieurs autres defleins differents.
La variété plaît dans les jardins d’ornements;
deux bofqüets vis-à-vis l’un de l’autre, quoiqu’ils
foient d’un forme extérieure & d’une grandeur
égale, doivent être variés dans les dedans , ainfi
que les autres pièces couvertes.
Mais celles qui font découvertes & parallèles
doivent être femblables , parce que fe préfentant
en même “temps à la vue , on les compare aifé-
ment enfemble.
Quand un bafîin eft rond, l’allée qui l’entoure
doit être Odogone , & ainfi d'un boulingrin &
des pièces de gazon que l’on place dans le milieu
des bofqüets.
On a déjà dit qu’il falloir éviter les colifichets,
les petites pièces de rien, qu’un crayon fait voir
fur le papier les plus Jolies du monde , aux yeux
de ceux qui ne fe connoiffent point en jardins*.
Un Architeâe de jardin bien entendu , donne tou-
jours dans le grand & dans le beau ; il eft ennemi
3$f Le Jardin îia
des petits cabinets pratiqués dans des bofquetS
qui ont déjà une très -petite étendue ; il évite de
faire de petites allées ^ quand il y a du terrein,
& des bafTinets : il prend bien garde aufîi de tom-*
ber dans le défaut oppofé , c'eft-à-dire, de faire
des bafîinsmonftrueux dans de petits jardins , 8c
de maniéré que les bords fortent de Palignement
des allées. Peut -on rien penfer de plus difforme
en fait de jardin ?
îl y a encore plufieurs autres réglés qui regar-
dent les jardins de propreté , & dont on parlera
dans la fuite de cet ouvrage. V enons aux parterres*
C H A P i T R E IV.
Des différentes fortes de parterres^ & de cequ*ily
aàohfervcr pour les conduire à leur perfeâiout
ÎL n’y a rien , au fentiment de bien des gens,
de mieux imaginé dans un jardin que ces ma-
niérés différentes de tracer fur la terre diverfes
figures 5 fur - tout lorfque le deffein en eft bien
penfé , & que Texécution eft faite par d’habiles
mains.
Les parterres font ordinairement compofés de
becs-de-corbin Amples, becs-de-corbin doubles,
feuilles de refend , panaches , palmettes , fleurons ,
rainceaux, volutes, traits , nilles doubles & nil-
les Amples , agraflTes, naiffances, nœuds, graines,
chapelets , cartouches , culots , maflifs , compar-
timents , attaches, guilîochis ou entrelacs, dent^*
j FtiïiRîSTg; 35^
3e-îoop , trefles , enroulements, coquilles de ga-«
2on , rentiers , plates-bandes & autres traits. On
y joint quelquefois des fleurs d’invention , corn-*
I me tulipes , roîèetes , & quelques autres.
Les parterres , pour être beaux , ne doivent
! être chargés que d’une broderie légère. On fe don®
I liera de garde aufîi de tomber dans le parti op«»
i: pofé , c’eft»à-dire que , pour vouloir rendre un
ij parterre trop léger, on l’amaigriflè de maniera
j que le tableau qui le contient paroît tout dégarni
! de broderie , ce qui opéré un mauvais effet à la
i vue. I! faut éviter auffî de rendre ce parterre trop
I confus , étant obligé trois ou quatre ans après de
îj le faire arracher , à caufe des traits de buis qui
il fe confondent l’un dans l’autre.
i On compte dans le jardinage de quatre fortes
II de parterres ; favoir , parterre de broderie , c’eft
i celui qui frappe plus agréablement la vue : on le
(I nomme ainfi parce qu’il repréfente une efpece de
broderie fur la terre ; parterre â VAngloife g
il ainfl appeüé , parce que îa mode en vient d’An«*
jj gleterre -, parterre de compartiments & parterre
i de pièces coupées . reprenons tous ces parterres
\ pour en donner une idée plus complété.
I Des parterres de broderie*
Les parterres de broderie ne font eflimés qu’aux
I tant que îe bon goût régné dans le deffein qui le
l| repréfente : l’invention n’en doit point mettre à
. la gêne Telprit de celui qui veut en avoir l’hon-
' Le Jardinier
beaute ; c’eft pourquoi on ne laifTe monter ces ifs
qu’à trois ou quatre pieds de haut.
Des parterres à VAngloife,
Les parterres à l’Angîoife ont leur agrément
particulier; quoiqu’ils paient pour les plus fim-
pies & les moindres de tous , cependant il n«
îaifîë pas que d’y avoir un peu d’invention dans
les différents compartiments dont ils fontcompo*
fës.On fait de ces parterres fans buis ; mais , pour
îors, il faut obferver de femer épais les bords de
chaque piece , afin qu’elles fe détachent fans con-
fiifion les unes des autres . par le fable qui eft
entre deux : d’autres tracent ces compartiments
avec du buis , & les rempliffent de gazon ,
ayant foin de les détacher du buis par un petit
fenrier d’un pied ou d’un pied & demi , garni
de fable , de quelque couleur que l’on veut.
On fait auffi des parterres à l’Angloife, qui ne
font qu’un tapis de gazon tout uni , & qui n’efl:
féparé de la plate-bande qui l’entoure que par un
fencier couvert de fable ou de brique battue. Dans
cette plate-bande on y éleve des fleurs , fi on le
veut, ou bien on y met du gazon féparé de deux
bordures de buis par un double fentier fablé ; & ,
dediflance en diflance, on place des caiffes & des
pots remplis de fleurs.
Des parterres en découpés.
A l’égard des parterres en découpés, îa mode
en eft prefque paffée ; cependant , on en voie
FlIÜRîStE, 353
ineofe quelques-uns , principalement chez les
particuliers qui font curieux en fleurs , & qui ai-
itient mieux en avoir telles pièces bien garnies ,
félon les faifons, que la plus belle broderie qu’il y
ait. On ne difpute point des goûts ; ces parterres
ont leur mérite , ainfi on auroit tort de les fup-
primer dans nos jardins. Ils ne font compofés ni
de broderie ni de gazon , mais feulement de pe-
tites enceintes entourées de buis ; les uns ronds,
d’autresquarrés, ceux-ci ovales , ceux-là échan-
crés , qui, tous en^mble, forment un tout jufte
& bien compafTé. On les fépare par des fentiers
fablés & d’une même largeur , afin d’avoir la li-
berté d’y cultiver les fleurs.
Des parterres de cdmpartimenîs^
Les parterres de compartiments font ceux dont
ie delTein fe répété par fymmétrie , tant en haut
qu’en bas , & fur les côtés : c’efi la différence qu’il
y a d’eux à ceux de broderie: on charge ces par-
terres d’une broderie légère , de maflîfs, piecesde
gazon , enroulements , & de plates-bandes de
fleurs. On en doit labourer le fond , fabler le de-
dans des feuilles, & mettre du ciment dans le
petit fentier qui fépare les compartiments. Ces
parterres ont alfez d’agrément quand ils font bien
entendus & bien entretenus.
Des plates-bandes.
Les plates-bandes des parterres font de fan-
taifie y les unes font toutes unies & places , ornées
Qa
3^4 Le Jahbîstîhr
fîmplement dans le milieu d’un maffif de gazon f
détaché du buis par deux petits fentiers à côté ,
garni de fable rouge, niaclie-fer ou fable à l’or-
dinaire. Quelquefois , pour y donner du relief ^
on y mec des ifs , des vafes ou des pots de fleurs
d’efpace en efpace , pofés fur des dés de pierre au
milieu du maffif.
Il y a d’autres plates-bandes dont la terre du
milieu eil en dos d’âne , pour y mettre des fleurs
& des ifs ; ce font les plates-bandes les plus Am-
ples, mais qui, dans leur fimplicité,font un fpec-
tacle fort agréable dans un jardin , lorfqu’elles font
bien entretenues de fleurs dans cîf^que faifon.
On accompagne encore les parterres d’autres
plates-bandes coupées en compartiments , & fépa-
rées par des fentiers : ces pièces font ordinaire-
ment deûinées pour des fleurs ; c’efl: pourquoi
on les laboure.
il faut obferver que le fond des parterres doit
toujours être Tablé : quelquefois , comme on l’a
déjà dit, on veut les ornements de plufieurs cou-
leurs; pour lors , on fe fert de ciment pour le rou-
ge, ou d’un fable naturellement rouge , comme il
y en a à Vaucreffon & en d’autres endroits aux
environs de Paris ; maiscommeen n’a point par-
tout cette commodité , on fe pafle de ciment.
On emploie pour le noir de la terre noire , du
terreau , du mache-fer , ou du charbon battu &
pilé ; pour le fable , on s’en fert comme on Je
trouve dan les lieux où l’on efl, foit fable de ri-
vière , ou Tablons jaune^ ou blancs.
JPlanche- VU.
J*Of-terre^ J .
On emploie pour le noir de la terre noire , du
terreau , du mache-fer , ou du cliarbon battu &
pilé ; pour le fable , on s’en fert comme on le
trouve dan les lieux où l’on efl, foit fable de ri-
wiere , ou fabîons jaune^ ou blancs.
Fleuriste. 565
Comment di fi in gitcr les couleurs dans les parterres
gravés^
Mais 9 pour diftrnguer dans les parterres gravés
les couleurs qui en font la varié'é , on fe fou-
viendra que les points femés clairs marquent le
fable rouge ; on connoit le noir ou la limaille de
fer par les lignes croife'es en biais l’une fur raii-
îre. le gazon fe voit par des lignes croifées droi-
tes ; & on diftingue Fémail 5 formé par les mar-
guerites & la fîatice , par quantité de petites
feuilles les unes contre les autres.
Quoique chaque parterre ait fon échelle , ce
rfefl: pas à dire pour cela qu’on ne puifTè s’en
fervir que pour refpace que contient le terrein ;
il eft ioifible d’en changer les proportions , d’éfar-
gir , raccourcir ou d’en allonger les pièces , de
îes diminuer ou de les augmenter : tout cds: le
doit faire avec beaucoup de précifion & de jugé»
ment , & prendre garde que cette augmentation
ou diminution ne foit pas bien confidérable ; aiï-
îrementce feroit un delTein eftrppié , & qui ne ref-
fembleroic plus à lui-même. C’eft aiïèz parler de
parterres , & de tout ce qu’il faut obferver pour
îes donner de bon goût , paflbns aux figures qui
doivent les repréfenter.
Planche VII.
Parterre J.
Le premier parterre efi en un feuî tableau, en-
tkhï d’une broderie affez particulière : elle efi ac-
Q 3
J66 Le Jardinier
compagnie de maffifs de gazon , interrompus pîuw
fleurs fois par la broderie, & formant deux car-
touches , ornés chacun d’un beau fleuron dans le
milieu : la plate-bande en eft unie. Pour varier
ce parterre , on peut , fi l’on veut , cmailkr Is
premier maflîf avec du fable rouge à côté , pour
détacher flémail ; & l’autre y plaquer du gazon
dans le milieu , accompagné de mache-fer des
deux côtés : les plates-bandes feront ornées de
fleurs , ou bien émaillées dans le milieu , ou gar-
nies de gazon, avec des fables diiFérents à côté.
Mais, pour revenir aux marques qui font dif-
tinguer les traits diffcTents qui compofent la bro-
derie d’un parterre, & connoître les couleurs qui
en rehauflènt l’éclat, & les divers maffifs qui en
font l’ornement, voici, pour démontrer toutes ces
parties , ce qu^on a jugé propos de mettre ici,
Démonftration des traits qui entrent dans la
broderie^
1, Pâte- bande : c’eil du 6. PJnceaux.
gazon détaché du buis 7. Volutes.
avec du fable rouge. 8. Nilles doubles.
2. Becs-de-corbinfimples. 9. Naiffances: c’eft Ten-
2. Becs-de corbindoubles. droit d’où partun fleuron.
4. Feuilles de refend. 10. Agraffe : c’eft ce qui
5, Fleurons :c’eft un orne- tient attachés plufieurs
ment conipofé d’une ou traits joints enfemble.
deux fleurs , avec des ii. Dents-de-loup,
becs-de-corbinmêiésou la. Cartouche.
autres traits. 13* Trefîes.
Démonjîration des couleurs & majjifs qui fervent
de décoration aux parterres.
A. Sable rouge* D. Maffif en émail. ^
B. Sable noir. £• Maflif de gazon.
C. Gazon,
J>la7tcAe VIII.
K
jPar'Aîf'/'e 3 .
Pa^e -56rf .
1
3^7
Fîêüriste.
PlANCHE VIII.
Parterre I J.
Cette planche repre'fente un parterre de bro-
derie en deux pièces de différents deffeins : on
pourra choifir des deux celle qui plaira le plus |
il aura qu’à les répéter , & laiffer une allée
dans le milieu.
Ce parterre eft fort agréable ; le deffein , &
fa broderie ^ qui eft variée par les fleurons qui
y font 5 le rendent d’un goût nouveau ; le maffif
du milieu , d’oîi partent ces fleurons , fera émaillé j
fî on veut, c’eft-à-dire , orné dans le milieu de
marguerites & de ftatices , avec du fable rouge
à côté. On partage ordinairement cet efpace en
trois parties égales ; celle du milieu eft pour l’é-
mail, & les deux côtés pour le fable : quant à la
plate-bande , on y mettra des fleurs avec des ifo
de diftance en diftance.
Parterre III. ^
Ce parterre n’eft pas moins particulier dans
fon goût , & l’on peut dire même que l’idée en
eft toute nouvelle. Il a cinq toifes de large ^ ainfi
que le précédent , & fe peuvent tous les deux
mettre fur fix toifes : celui-ci eft renfermé dans
des plates-bandes échancrées dans les angles ;
fon maflif , dans le bas , eft formé par des vo-
lutes orné d’une broderie qui le perce, & qui
vient communiquer en defcendant au culot , qui
femble porter le fleuron* Le haut du maflif re-
Q4
36B Le J a r d î n. î k
préfente un cartouche environné de trefles eo
dedans , & d’une fleur particulière , & furmonté
d’une broderie qui tombe deflus en jouant afTez
agréablement* Les mafîifs doivent être émaillés ;
& , pour les varier , l’émail du bas fera accom-
pagné de mache-fer ou de charbon pilé , & l’au-
îre de fable rouge. Quant aux plates-bandes on
y mettra du gazon , avec du fable rouge à côté ;
ou des fleurs , fi on le fouhaite. Faifons voir en-
core ici quelques traits de broderie dont on n’a
point parlé dans la démonftration précédente.
Démon fl ration .
î. Paîmettes. 3, Nilles fîmpîes*
s. Graines oh grains de 4. Attaches,
chapelet. 5. Enroulements.
Planche I X,
Parterre I V.
On voit fur cette planche un petit parterre
propre pour un jardin de Ville ; il eft d’une
broderie fort agréable. On voit du culot s’élever
^n fleuron d’un aflèz bon goût : il contient un
cartouche orné dans le milieu d’un autre fleurcn
qui communique au premier : ce cartçuche eft
formé par Un mafîif, dans le* milieu duquel on
peut plaquer du gazon ^ fi l’on veut ^ ou plan-
ter des marguerites , avec du fable rouge à côté,
ou du ciment, cela fait le même effet. Ce car-
touche jette encore un autre fleuron qui tombe ,
pour faire contrafte à celui d’en bas ; les plates»
bandes font deftinées pour mettre des fleiirs. Ce
JPlanchfjyi .
4- ■
i
i
f
#
i
1
-2
5
-5#
bandes font deftinées pour rnettre des flesirs» Ce
-~T / ICi pidLCO —
bandes font deftinées pour roettre des fîeiirs. O
JPaqe 30^
xr
Fleuriste. 369
parterre contient trois toifes de large ; il peut
s^exécuter fur quatre , fix & fept toifes de long^
DémonJîraûiGn^
î. Cuîot. 3. Chapelets,
a, Trehes.
Planche X«
Parterre V.
Ceft on parterre à l’Angloife en trois pièces 9
^%QC un baiïin dans le haut ; il n’y a que les pla-
tes-bandes qui font bordées de buis , avec un
gazon plaqué dans le milieu , & du fable rouge
ou du ciment à côté , ou du mache-fer ou du
dîarbon pilé , qui produit le même effet. On
peut , fl l’on fouhaice , au lieu de gazon , orner
les plates-bandes de fleurs ^ la variété n’en fera
pas moins agréable. Ces parterres de gazon ne-
font ordinairement compofés que de découpés
différents; ainfi , fans autre démonftration j on
pourra par ceux-là juger de ce' que c’efl: que ces
pièces.
P I A N C H E XL.
Parterre V'E
On trouve dans cette planche un grand par^
terre de broderie en un feul tableau : on peut'
dire qu’il eft tout nouveau en fdn efpece , & "
d’un goût finguîier. On y voit un grand fleu-
ron porté par un culot en maniéré dé vafe ^ &
enfermé dpns un cartouche environné de petits-
fTeurons. fort agréàbîés : le maflîf de ce cartou-
olie peut être émaillé, fi on veut , ou orné de
37^ Le Jardiniir
gazon feulement, avec du fable rouge , pour
le détacher du buis. Du bas de ce cartouche fort
un grand fleuron partagé dans le haut , & qui ,
venant fe joindre par une agrafé qui en lie les
rinceaux , tient un autre fleuron qui tombe , Sc
un autre au-deffus qui eft aflez particulier , &
enfermé dans une maniéré de cartouche dont la
broderie joue & frappe l’œil fort agréabîemento
La plate-bande de ce parterre eft échancrée dans
le haut , & foutient un petit boulingrin enfoncé,,
avec une grande rofette & des lances , le tout
varié par un émail de marguerites & de flatices
accompagné de fables differents , qui les déta^
chent des traits de buis qui régnent tout autouro.
Le tableau de ce parterre eft fur douze toifes de
large & dix-neuf de long^
P X, A N G H E XII.
Parterre V I J.
C’eft un parterre , partie de broderie & par*»
tie en gazon , enfermé dans des traits de buis ,,
avec un fable rouge ou du mâche- fer qui l’en
détache. Ce parterre a neuf toifes de large , &
peut s^exécuter fur dix , & quatorze ou quinze
de longueur : il eft aufïi d’un deîTein fort nou-
veau. Le gazon doit être détaché par du fable
rouge , ciment ou mâché- fer , félon les lieux où
ces matières font les plus communes. Au lieu
de mache-fer , on emploie du charbon pilé ,
c’eft un avertiflèment qui fervira d’inftruélion où
il en fera befoin dans les deffeins de cet Ouvrage,^
JPlancJiir^XlI.
.fe
■ ■■■.
!..
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■rff:
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: : ^ ^ '■
il en fera befoin dans les deileins de' cer Ouvragei»
F E E U R î 37î
tes parterres ordinairement fe plantent de
buis , au plantoir ou à la bêche ; on fe fert
du plantoir pour la broderie , & il faut pren-
dre garde qu’un planteur falTe bien filer les naif-
fances , qu’il ne plante point fon buis hors des
traces, & qu’il n’aille point brifer fes traits ,
lorfqu’il ne doit que les faire couler doucement.
On emploie la bêche pour planter les plates-
bandes & les rinceaux de broderie qui font
étexudus : cela s’appelle planter le buis en rigole»
Tous les Ouvriers qui courent les atteliers ne
favent pas planter le buis au plantoir , princi-
palement lorfqu’il efl: queftion de tourner un
rinceau rondement, de tirer une naiffance , de
planter un bec»de-corbin , feuille de refend ,
& autres ornements qui entrent dans la bro-
derie : c’eft à quoi il faut faire attention quand
©n fait planter un parterre , & de choifir tou-
jours les Ouvriers qui l’entendent le mieux , 6c
fuivre la trace qu’on a faite fur le tableau.
CHAPITRE V.
I^esbofquets & des bois drejfes pour P ornement
des jardins , f ailes , falons ^ cabinets de. verp -
dures & cloîtres»
B O s Q U E T S»
y ES bofquets font de petits bois qui font uiî
J-^des principaux ornements d’un jardin : c’eft
m qui en rek^ les pièces plates , tels que font
L % J A R. 0 I N I-, E R
les parterres & les boulingrins. On fait des boP
guets de diiFérents daffèins : on peut dire quo
ceux dont on va voir quelques figures font tout
particuliers ; iî y en a auffi dont, Texécution efl
fort facile.
îlfaut 5. dans la diftribution qu’oa fait d,’ua
jardin 5 que les bofquets y foient placés de ma-
niéré qu’ils ne bouchent point les vues d’une,
maifon. Nous avons déjà dit qu’il falloit que les
dedans de chaque bofquet fufTent variés , afin de
ne point toujours trouver le même objet lorfqu’on
paflè de î’un h l’autre ; il n’y a qu’à voir pou2?
exemple Verfailles , Marly & d’autres maifons.
de conféquence, où. cette réglé eft fi exadement
obfervée : en faut-il davantage pour convaincre
les ignorants de leurs fautes ? Voilà ce qui con-
cerne les hofquets couverts , parce qu’il y en a
d’autres qu’on appelle hofquets découverts. Difons
encore quelque chofe des premiers j avant que de
parler de ceux-ci.
Il efl: conflant que ces bofquets ,, dans leur
conftrudion , fourniffent beaucoup de quoi oc-
cuper Fefprit d’un Architecte, lorfqu’il a de l’in-
vention : rien ne doit le rebuter à l’égard de
l’emplacement , foit que le terrein en foit uni
ou non. S’il s’y trouve quelque profondeur , iî
peut y faire quelque renfoncement bien taillé^
avec rampe & efcalier de gazon ; s’il y a quel-
ques buttes de terre,, il y pratique des gradins tout
autour 9 ou autres ehofes qui lui viendront en la
I E ü R î s T ITa. 373:
peüfëe &L le tout pour empêcher lès tranfports
de. terres , qui coûtent beaucoup , & qui font
peu d’honneur à leurs maîtres. Ajoutez que toutes,
ces figures extraordinaires 5 bien dreffées ^ font
plus belles que celles qu’on donne à un bofquet
fitué dans un terrein uni, îl efl vrai que des bof-
quets conftruits de cette. forte, ne font pas Fou-
vrage d’un fimple Jardinier , ni de beaucoup de
Deflinateurs de jardins , qui s’imaginent être les.
plus habiles qui foient en cet art , lorfqu’ils ont
donné, un delTein de.parcerre tel que tel y & bien
îavé,.
On plante ordinairement le pourtour des bof--
quets avec la charmille, ou l’érable entre-mêlés
d’orm.es, de. tilleuls d’Hollande ou de maron-
niers d’Inde , d’efpace en efpace, & à deux toifes.
ou un peu plus ou moins éloignés l’un de l’autre^
On peut n’y m.ettre, fi on veut , que. d’une feule
efpece de ces arbres , ou. bien mêler les ormes oa
Us maronniers d’Inde avec les tilleuls d’Hoüan^
de , & faire enforte que ceux-ci garniffent tou^^
jours les dedans» . Au refte , cela dépend de la
fantaifie, on ne prétend point, établir de réglés
certaines là-defius»
Outre les bofquets dont. on . vient de parler 5^
il y a ies bofquets découverts ^ à compartiments ;
ils different des premiers , en ce qu’iî n’y appoint
d’arbres plantés dans le. milieu pour faire des
touffus : la paliffade qui les environne ne doit
êxte qu’àhauteur d’appui, .Quant aux arbres qiü
374 I' ^ T A ït D r N- r E R
en font rornement , ce font les marronnier;^
d’înde&Ies tilleuls d’Hollande. Ces bofquets ont
îeur mérite dans ün jardin ; & , lorfqu’on s’y
promene , on a le plaifir de jouir de la vue de tout
ce qui eft dans un jardin ,fans que rien en empêche.
Ces bofquets font ordinairement dans le milieu
décorés de pièces de gazon , avec des fentiers
tout autour , & accompagnés d’ifs , d’arbrif-
féaux , placés avec .goût & fymmétrie. On peut j,
fi la grandeur du terrein le permet , pratiquer
des cabinets ou des falons datis les encoignures ,
avec des enfilades quife communiquent l’iine dans
Fautre.
Ces bofquets conviennent très-bien dans les
jardins de grande étendue , ou il y a bien des
vues à ménager , parce que de la maniéré que
îes arbres y font plantés ils ne les offufquenr point..
Les bofquets qu’on nomme quinconces^ font
plufieurs rangées d’arbres , que l’on plante en
lignes retournées d’équerre ^ qui forment un
échiquier ou traits quarrés. Il faut que ces rangs
d’arbres foient bien alignés , & qu’ils s’enfilent
Fun dans l’autre ; pour cela on fe fert du cordeau
• & de l’équerre. On ferae quelquefois , fous ces
arbres , àts pièces de gazon , & on y conferve
des allées ratifiées ; mais il ne faut ni paüfiàdes ni'
broufiailles.
Planche XII T.
Voici la figure d’un grand bofquet , dont fe
deflein frappera très-agréablement k vue 5 iJ
âeifein frappera trèi-agréablement kvue 5 il ackî“
; W L E V K l s T le, 37”$
quâîite & me toifes de longueur , fur quarante de
largeur ; il eft de forme quarrée dans Textérieur s
! îe dedans eft partagé en deux parties, dont Tune
repreTente un terrein élevé de quatre pieds en
, forme de fer-à-cheva! dans le devant , & foutenu
I par un’petit mur revêtu d’un périr treillage : dans
! îe milieu, 8t fur un petit mur de face ^ paroiflTene
j deux ftatues couchées & appuyées chacune fur la
' tête d’un dauphin ^ & au bas fe voit une fontaine
' à deux jets*.
Plus avant , fur le même terrein , on voit des
? paliflades , avec des renfoncements dans la char«
; mille , & des bancs pour s’y repofer» Entre les
I paliflades & le touffu qui y eft renfermé on s
I repréfenté un portique partie de pierres de taille^,
I & partie de rocailles ; dans le milieu eft un petit
baflin , foutenu par des confoles , & porté fur
! des dauphins , qui font des animaux convenables
aux eaux : il y a un jet qui part de ce baflîn , 8c
dont l’eau forme une nappe , qui tombe dans uît
i autre baflîn qui eft au-deflbus. On voit encore
i deux autres figures & des ifs qui fervent dé dé-
coration à cette partie de bpfquet.
E’autre partie eft aiiflî élevée à même hauteur
I on y monte par des degrés de gazon : il a pour
ornement dès paliflades , des caifles d’orangers &
des pots dé faïance remplis d^arbriffeaux;Dansîe
milieu eft un grand vafe foutenu par un pîédeftaî^
au milieu d’une piece dé gazon , & aux deux
lés une palillàde avec des reflauts^
37^ I- J A R D I N I Jî K
D^s hois.
Les bois ne de'corent pas moins un jardin de
campagne que les bofquets; il eft vrai qu’il faut
qu’il foitde grande étendue ; on leur donne or-*
dinairemenc pour forme la croix de S. André „
Fétoile J la patte-d’oie ; &dans fon milieu , on
doit y pratiquer une belle picce , & donner aux
allées dans ces fortes d’endroits plus de largeur
que dans le relie du bois.. On peut dans ces bois
îorfqu’ils font fpacieux , y pratiquer d’autres
pièces de jardin, comme cabinets , falons, cloî-
tres , quinconces , boulingrins , & le refte;mais
il faut garder en cela beaucoup de précaution &.
de jugement , & ne pas ,à tort & à travers, y four-
rer ces ornements. On y pratique encore fi l’on
veut , des ba(fins,cafcades & autres pièces d’eau
fi le lieu le permet , & il ne faut jamais y faire
d’allées doubles tout autour , afin qu’on piiilTe.
découvrir l’eau facilement, & rendre ces endroits,
moins aquatiques.,
Les Princes ,Jes grands Seigneurs , & les Par-
tifans , qui veulent fe comparer à eux , & quî
ont de grands bois de futaie , prochë de leurs
maifons de campagne , y font pratiquer propre*
ment de grandes routes , qui y fervent comme de
belles avenues. On a foin d’entretenir ces routes
de maniéré qu’elles ne contribuent pas peu à l’or-
nement d’un bâtiment.il y a de ces bois où l’on
voitde grandes étoiles, avec un grand rond dans
le milieu j où tendent toutes les routes. Si on ne
Fleuristï, 377
voit dans ces bois que des objets champêtres, ce
qu’on y pratique d’ornements les relèvent beau-
coup d’ailleurs.
Des faites & fallnns.
Il n’y a pas beaucoup de chofes à dire fur ces
ornements de Jardins ; on les forme avec des char-
milles , qui en font le pourtour ; le dedans eft
planté d’arbres ifolés , Sc le milieu orné de ga-
2on ; les arbres les plus ordinaires dont on fe fert
font les marronniers d’Inde. On peut , fi l’on
veut , fe fervir de tilleuls d’HoIlandc , ou d’or-
mes bien choifis.
On fait auffi des falles découvertes, c’eft-à-dire
fans palliffades ; elles font à plufieurs rangées d’ar-
bres plantés fur des tapis de gazon : on met dans
le milieu un baffin , fi l’eau le permet , &c qu’on
veuille en faire la dépenfe , ou une piece de ga-
zon feulement.
Des cloùres & cabinets de verdure.
On appelle cloître , en fait de jardinage , une
piece de terre plus ou moins grande, environnée
de palilTades élevées ; & dans le dedans , à deux
ou trois toiTes de diftance , efl une haie d’appui
de charmille , avec des tilleuls d’HoIIande enga-
gés de difîance en diflance. On peut pratiquer
des cabinets dans les encoignures.
Quelques-uns, au lieu de haie d’appui , ornent
le dedans d’un treillage en arcade, avec un appui
d’un même travail ; d’autres y pratiquent des pa-
lifTides pçrcées en arcades, qui y donnent un graiïd
37^ tÊ Jardinîe»
relief : le milieu de ces cloîtres eft décoré dVîi
jet d’eau , ou d’une belle piece de gazon , avec
des allées de pourtour , qu’on a foin de ratiffer
fouvent pour plus grande propreté.
Quant aux cabinets , ce font de petites pièces
de verdures qu’on pratique dans des bois ou dans
de grands bofquets : ils font compofés ordinaire-
ment de charmille & d’arbres qui font engagés
dedans. Ces cabinets doivent être d’une grandeur
raifonnable, & non pas faire comme certains Ar-
chitefles , qui , ayant à faire un bofquet fur une
étendue médiocre de terrein y ont la fureur d’y
vouloir ménager des cabinets , ce qui étrangle le
bofquet & les cabinets , de maniéré qu’à peine
ceuX'Ci peuvent-ils contenir des perfonnes , lorf»
que la charmille s’eft un peu épailTie : c’eft la folie
pourtant de bien des gens qui deffinent pour les
jardins , & de la plupart des particuliers qui font
travailler ; & le tout par un goût dépravé , &
qui ne favent pas , pour belle maxime , qu’une
feule piece de Jardin bien entendue vaut mieux
que trois qui font mefquines & très -mal placées.
CHAPITRE VI.
Il contient tout ce qu* il faut ohferver àVégard
des boulingrins y palijjades y allées y contre^
allées ; comment les fahler & les entretenir^
^ PRfes avoir parlé de beaucoup de pièces d’or-
«4^ nements qui entrent dans les jardins ,, il eR
PtHURISTE. 379
Encore bon de dire ici quelque chofe des boulin-
grins , de donner une belle idée des palifTades ,
& de ce qu’on doit obfervér lorfqu’on veut cou-
per un jardin par des allées & des contre - allées,.
Commençons par les boulingrins.
Des boulingrins.
Le boulingrin eft un compartiment de jardin
qui nous vient d’Angleterre quoiqu’il fe prati-
que différemment en France ; les premiers fe for-
ment fur un terrein uni, au lieu que les nôtres
ne font que dans certains renfoncements, avec
glacis de gazon , & de grandes pièces de gazon
dans toute l’étendue du fond.
Comme l’on fait de grands & de petits bou-
lingrins , on donne pour le renfoncement des pe-
tits environ un pied & demi de profondeur , &
pour les grands deux pieds. Le glacis de gazon
qui borde le renfoncement des petits doit avoir
environ fept pieds de long , & celui des grands
neuf. On ratiffe entièrement le fond des petits ,
n’y ayant pas afièz d’efpace pour une piece de
gazon : mais dans les grands on y en place de
belles , & on lâifTe pour détacher la piece de ga-
zon du glacis , trois ou quatre pieds de ratiffage.
On fait des boulingrins dans les bofquets , &
quelquefois même dans les parterres à l’Angloifei,
lorfqu’ils font grands.
On fait de deux fortes de boulingrins dans les
jardins d’ornements , le fimple & le compofé ; le
Le Jardïniêr
premier efl de tout gazon ^ fans rien avoir d’aîî'^
leurs qui l’accompagne , au lieu que l’autre eS
coupé en compartiments , & orné d’ifs & d’ar-
brifîèaux. On voit de grands boulingrins accom-
pagnés tout autour de marronniers d’Inde ou de
tilleuls d’Hollande.
Les boulingrins découverts , c’efl-g-dire ceux
qui ne font point dérobés à la vue, qu’on décou-
vre du premier coup d’œil dans un jardin , font
ornés quelquefois , outre les ifs , d’arbrilfeaux à
fleurs , dans des caiffes ou de grands pots de
faïance , & coupés par des fentiers fables de dif-
férentes couleurs. On peut, dans les renfonce- 1
ments des boulingrins , y confîruire un baffin |
avec on jet ou une piece d’eau plate. j
Comme îa faotaifie décide de la figure qu’on
veut donner à on boulingrin , on ne prefcrit point
ici de réglés là-deflas ; on efl: bien aife d'avertir
feulement que pour le gazon , fi on le feme , c’eit
toujours de graine de bas pré dont il faut le fe- |
mer , ou de gazon plaqué. j
Les boulingrins ne conviennent qu’aux jardins
de grande étendue ; c’efir une des pièces les plus
nobles d’un jardin , quand on fait l’y bien pla-
cer : il repréfente un objet fort agréable aux
yeux. Ces pièces de jardin font d’un grand fe- |
cours pour remplir un grand efpace qu’on veut !
gui foit entièrement découvert.
On faitles boulingrins aufii riches d’ornements
qu’onde. fouhaite ^ principalement ceux qui fore
F t E ü R I s T E. 3S1:
Sans des bofquets ou autres pièces femblables : on
peut y pratiquer des buffets d’eau , ou des chûtes
en napes.
Des palijfades.
On appelle paliflades , dans les jardins , cer-*
taine hauteur & longueur toute unie, en maniéré
de mur , formées par de la charmille ou par de
l’érable : la beauté principale d’une palilTade con-
fifte à être bien garnie par le bas. Les palifTades
les plus épaiffes ne font pas les plus belles ; il faut
en cela une jufi.e proportion , & dont un Jardi-
nier d’un bon goût décide aifément, quand il fait
fon métier. On les tond ordinairement des deux
cotés à plomb : la hauteurdes paliiTades doit être
de deux tiers de la largeur de l’allée ; lorfqu’elles
font plus hautes elles rendent les allées triftes &
étroites.
On fait des palifTades fansy enclaver des arbres
d’efpace en efpace , & d’autres où il y en a j on
fe fert pour lors d’ormes , parce qu’ils s’élèvent
fort haut : mais en ce cas , il faut que les pa«
ïifTades foient tondues à plomb , & garniflent le
pied des arbres , qui doivent laifTer un bouquet
au-defTus. S’il arrive que ces palifTades fe dégar-
nÜTent par le pied , on peut y remédier en gar-
nifTant le bas avec des ifs, foutenu d’un petit
treillage de cinq à fix pieds de haut : cette variété
n’eft point défagréable aux yeux.
II y a les palifTades à banquettes qui u’exce-»
dent jamais trois pieds & demi 5 ce font auffi des
f
38*2, Î,E jARSrR'IRs.
paîiflàdes a hauteur d’appui : on s’en (ert pout
border des allées , loriiju’on veut confèrver tou»
tes les vues dont un jardin eft fufceptible : on y
enclave des arbres d’efpace en efpace , qui ne con-
tribuent pas peu a la beauté d’un jardin»
Quelques-uns donnent pour ornement à ces
banquettes des ormes à têtes rondes , pour mé-
nager de tous côtés les vues qui intérelîènt : cet
ornement eft aflez particulier & de bon goût ,
quand il eft bien conduit.
Il faut convenir que les paliflades , par leur
verdure, font d’un grand fecours dans les jardins
de propreté ; on s’en fert pour couvrir les murs
de clôtures , pour boucher en des endroits des
vues defagréables Sc en fixer d’autres ; c’eft auflî
par le moyen des palilTades qu’on corrige &
qu’on rachette les biais , qui fouvent fe trouvent
dans un terrein , & les coudes que forment
certains murs.
Ces grandsornements de jardin fervent encore
de clôture aux bofquets , cloîtres & aux autres
compartiments qui doivent être féparés ; & c’eft
dans ces grandes pièces que , par Je fecours des
paliflades, on pratique d’efpace en efpace des ren*
foi céments dans les touffus & le long des allées :
on y met ordinairement des bancs , & ces petits
endroits fervent de retraites pour fè repofer & y
prendre le frais.
Il y en a qui y forment des niches , qu’ils dé-
corent de jets d’eau, de figures ou de vafes;
Peeiïrîste. 3S3
tous cesraorceaux pratiqués en certains endroits
île fervent pas d’un petit ornement à une palilfade,
C’eft avec les paliiïades qu’on dreîTe des porti-
ques , qu’on forme des galeries & des arcades :
tous ces morceaux font de très -bon goût , lors-
qu’ils font bien conduits & bien entretenus ; ils
font riches , & n’ont rien de difficile dans Texé-
cution ; il ne s’agit que d’une certaine adreffie à les
former comme il faut, & que des foins qu’ils exi-
gent , & qui ne doivent point dégoûter les per-
fonnes curieufes , qui ont fuffifamment de quoi
fournir à cet entretien. Paffions aux allées & con-
tre-alléesqui partagent pour l’ordinaire les jardins.
Des allées & contre - allées*
Il y a plufieurs fortes d’allées dans les jardins ;
elles different entr’elles par leurs largeurs, & en
ce que les unes font (impies , & les autres font
doubles , & qu’on en voit de couvertes & de dé-
couvertes , de ratiffées & de gazon. Entrons à
préfent dans un plus grand détail fur chacune en
particulier.
On appelle allées fimples celles qui ne font
compofées que d’une rangée d’arbres ou paliffade
de chaq ;e côté , & qui ne font accompagnées
d’aucune autre : on donne du large à ces allées ^
félon que l’espace du terrein le permet.
Les allées doubles ont quatre rangs d’arbres^
& qui bornent trois allées parallèles , dont celle
du milieu eft la maîrreffe allée, & la plus large !
les deux autres qui raccompagnent font plus étroi»
3§4 ÎAI^bîï^îÉ!^
tes ; on les apelle contre’- allées. Les deux fangl
^ d’arbres du milieu doivent toujours être ifolës ^
au lieu que les deux autres font prefqüe toujours
engagés dans la charmille.
On voit néanmoins des allées doubles dont les
contre-allées ne font bordées que d’une paliflade;
cela dépendre la fantaifie : ces allées^ci n’en ont
pas moins d’agrément.
Quant aux allées couvertes , Ce font celles qui
bordent de grandes palifTades entre-mêlées d’ar-
bres fort élevés , & dont le feuillage donne un
ombrage fort épajs , de maniéré que les rayons
du folei! n’y peuvent pénétrer. On ne peut pas
tout - à - fait déterminer la largeur de ces allées ;
îl eft vrai que , fi l’on veut les voir bientôt cou-
vertes , i! ne faut pas les faire fi larges que les au-
tres : c’eft pourquoi , ces allées ne fe trouvent
fouvent qu’en contre - allées , ou dans des allées
qu’on pratique dans des bofquetsoudans des bois*
C’efl dans ces allées, durant les plus grandes cha-
leurs , qu’on peut goûter le frais en plein midi.
On entend par allées découyertes , celles qui
n’ont ni arbres ni charmille qui les couvrent ^
îeïïes que font celles qui partagent les parterres,
les boulingrins & autres pièces découvertes ; ces
allées , qui , quoiqu’elles foient bordées de grands
arbres , ne laifTent pas , dans le haut , de faire
voir le ciel à découvert : on a fain , pour les bien
entretenir , de les élaguer & de couper les bran-
ches qui fe jettent trop dans les allées#
les
FtEüRISÎHi 385
allées ratijjées font celles où il n’y a point
d’herbes: on les appelle autrement allées fahlées.
li y a les allées de gardon , qui confervent une
éternelle verdure , ce qui en fait la beauté. On a
dit-là deiïùs ce qu’il étoit néceffaire d’en dire.
Il faut toujours que les principales allées foient
découvertes, & qu’elles aient plus de largeur que
les autres.Cesallées , pour l’ordinaire, font en face
des bâtiments, & ne doivent par conféquent rien
avoir qui ofFufque & qui empêche les belles vues.
Quelques-uns condamnent les ifs plantés entre
les arbres ifolés des allées , pour des raifons très-
foibles , & qui ne difent rien pour pouvoir abolir
l’ancienne coutume qu’on a de le faire , puifque
tant s’en faut même qu’on doive ne les pas ap-
prouver, qu’au contraire on peut dire qu’ils y
ont très-bonne grâce.
On ne peche jamais en donnant trop de lon-
gueur aux allées ; c’eft à la largeur où l’on man-
que le pîusfouvent, & à quoi il faut faire le
plus d’attention : lorfqu’il eft queftion de faire
des allées doubles , celle du milieu doit toujours
être une fois plus large que les contre-allées i
c’eft une réglé générale qu’on doit garder.
Les allées des bofquets qui font éloignées ,
ainfi que celles du pourtour , qui n’ont point
d’enfilade ni d’alignement principal, peuvent ne
pas tant avoir de largeur, parce que ces allées ,
pour l’ordinaire , u’intcrelfent pas tant la vue
que les autres.
///, Partice
R
3SÔ Le Jardswîeh
II faut , outre tout ce qui vient d’être dit g
dîftinguer de deux fortes d’ailées , par rapport I
leur fituation ; favoir , les allées de niveau & les
allées de pente : les premières font plus rares que
les autres ; il n’y a que les allées qui environnent
les parterres ou les baffins où l’on trouve ce ni-
veau : hors cela , il n’y a guere d’allées qui foienC
d’un parfait niveau ; il y a toujours une pente
imperceptible pour fervir d’écoulement aux eaux.
Comme il y a des terreins bien plus en pente
les uns que les autres, il faut y drelTer les allées
de maniéré qu’elles ne laflent point trop ceux
qui s’y promènent : fi elles font roides , il faut
en adoucir la pente , qui ne doit jamais pafTer
trois pouces par toife ; c’efl: le fecret qu’elles ne
foient point ruinées par les ravines.
Si néanmoins le terrein ne permettoit pas de
fuivre cette réglé , par la pente trop confidéra-
ble qu’il y auroit , on y remédieroit par des ar-
rêts & des marches de gazon plaqué , pratiqués
en zigzag , & mis de travers fur toute la lar-
geur de l’allée , d’efpace en efpace égaux. Quel-
ques-uns fe fervent de planches de bateau , qui
n’excedent pas l’allée de plus de deux pouces ;
ces arrêts retiennent rimpétuofité de l’eau qui
ravageroit toute l’allée , & la rejettent des deux
côtés : c’eft ce qu’on remarque bien fouvent dans
les allées qui accompagnent les cafeades , ou qui
font pratiquées fur quelque éminence dont la
pente efl: fort roide.
Fleuriste. 387
Le milieu des allées doit toujours être plus
élevé que les côrés ; c’eft ce qui y facilite l’écou-
lement des eaux , qui va fe perdre le long des
paliffades , des plates-bandes , ou des arbres qui
régnent à côté , & auxquels elles font du bien.
Pour garder une jufte proportion dans la lar-
geur qu’on doit donner aux allées , par rapport
à leur longueur , il eft confiant qu’il faut à une
allée de cent toifes de long , cinq toifes de lar-
ge ; pour une de deux cents toiles, fept à huit
de largeur ; celles de trois cents toifes en auront
neuf à dix , & celles de quatre cents , dix à douze ;
telle eft à-peu-près la jufte proportion qui leur
convient , & fur laquelle on peut fe régler^
Nous avons dit qu’il falloit donner aux allées
le plus d’étendue qu’on pouvoit , que c’étoit ce
qui en faifoit la beauté : cela eft vrai ; mais ce-
pendant l’Architefle qui auroit à pratiquer un
terrein de .trente toifes ou environ de largeur,
fur près de quarante de longueur , & fur lequel
il voudroit ménager des allées doubles qui ne
pourroient avoir que deux toifes de large , &
fe terminer à un afped: tout des plus vilains ,
a un cafle-nez ; cet Architede , dis- je , pour la
beauté de fon deflein, pourroit s’écarter de îa
réglé générale en coupant fon enfilade de quel-
qu’objet qui flattât plus agréablement la vue.
Ajoutez que par-îà ircorrigero4c le défaut de
ces allées qui ne paroiffent qu’un boyau , & fe-
roit que l’œil ne s’iroit point brifer vilainement.
R a
388 Lk Jardinier
De la maniéré de fabler les allées ^ ù de les
entretenir proprement.
On fable les allées différemment ; la maniéré
la plus ordinaire , & qui fe pratique dans les
jardins de campagne , qui font de grande éten-
due , eft de répandre du fable fur toute la fur-
face le plus agréablement qu’il eff poffible : mais
avant que d’en venir-Ià , il eff bon de battre
ces allées , pour empêcher que les herbes n’y
croifîènt , & que les taupes n’y faflent du dé-
gât, La meilleure maniéré de battre les allées
eff de les labourer , puis de les mettre de niveau,
enfuite de les mouiller un peu , dy laifler après
imbiber l’eau , puis de les battre.
Il eff vrai que les allées battues en recoupes fe
Tablent bien mieux que les autres , & que les her-
bes ni les taupes n’y font point à craindre ; mais
comme cette maniéré de battre & de fabler les
allées va à une trop grande dépenfe dans les jar-
dins fpacieux , on ne s’en fert ordinairement que
dans les jardins de Ville : voici comment.
On fuppofe qu’on ait des recoupes de quel-
ques bâtiments qu’on a abattus & qu’elles foient
à notre portée & à notre difpofition ; on les fait
charrier , puis on les paffe à la claie.
Cela fait on creufe les allées de fept à huit
pouces, on en jette la terre de deffus dans le mi-
lieu du jardirwoù font les parterres , puis on
prend les plus greffes recoupes, dont on garnit
le fond des aliter , à la hauteur de cinq à fix
Fleuris t F.
jpouces , on les arrange , & on les bat grofliére-
îTient.
Après cela on y fait tranfporter les menues
recoupes palTées à la claie , on les répand deflTus ,
à la hauteur d’environ deux pouces , puis on bat
le tout à trois volées , après l’avoir arrofé à cha-
que volée : cela fait , on répand le fable , qu’on
bat encore.
Voici encore une autre maniéré de fabler les
allées ; elle fe fait avec le falpêtre : elle ne s’ob-
ferve que dans les jardins de Ville de médiocre
grandeur , dans un mail , ou dans un jeu de boule.
On creufe les allées de trois pouces , & à la place
de la terre qu’on ôte , on y met autant de fal-
pêtre mouillé ; puis , lorfqu’il eft un peu elTuyé ,
on le bat à trois ou quatre volées, enfuite on le
couvre de fable. A l’égard des jeux de boule &
du mail , le fable eft inutile.
Au défaut des recoupes de pierre de taille , on
fe fert de gravois ou de pierrailles , qu’on arran-
ge dans le fond , avec un lit de terre par-defllis ,
qu’on bat , puis on y répand le fable.
Les fables dont on fe fert pour fabler les allées
font différents ; il y a le fable de riviere & le fa-
ble de terre ; celui-ci eft le plus eftimé, & pro-
duit un plus bel effet dans les allées d’un jardin. îî
faut le choifir un peu graveleux , qu’il ne foit
ni trop fin , ni trop pierreux. Si on remarque
que ce fable foie trop caillouteux on le fera paffee
à la claie.
39^ Ce J a ît B T K I B B
Quant an fable de terre qu’on tire des tefrel
fâblonneufes , il ne lâifTe pas que de produire U0
effet fort joli dans les allées ; on le cboifira un
peu graveleux : il ne faut point qu’il foit terreux ^
parce qu’il n’empécheroit point les méchantes
herbes de croître. Il y a des fables de plufieurs
couleurs , de jaunes & de blancs ; mais à la cou-
leur près , i! n’importe , pourvu qu’il foit bon»
L’on prendra garde feulement à n’en pas trop
répandre ; deux pouces fuffifent g & davantage
ne ferviroit qu’à fatiguer ceux qui fe promenente
Lorfque les allées font ainfî fabîées j il n’eft
plus quafiion que de les entretenir , & cet en-^
îretien confifte à y paffer le rateaii de temps en-
temps ; mais comme les allées de grande éten-
due ne font point toutes fabîées , & qu’elles font
fujettes à produire de méchantes herbes , les Jar-
diniers fe fervent de ratiffoires pour les petites
allées , & d’une charrue à jardin pour les gran-
des. Quand ces allées font ainfi ratiffées on les
repaffe au rateau ; quelques-uns même , pour
plus grande propreté, y font paffer le balai,
principalement lorfqu’il y a des feuilles : on doit
fe fervir plutôt d’un balai de jonc que de tout
autre , parce qu’étant moins rude il ne fait point
de marques fur la terre.
Il vaut mieux ratiffer les allées , plutôt par
un temps trop fec , qu’humide ; les herbes fe dé-
truifent plutôt, & ne reviennent point.
Il y en a ^ pour éviter le grand entretien des.
FlEtrRTSTK. 391
allées qu’il faut ratifler , qui font pratiquer dans
!e milieu des tapis verds , qu’on a foin de tondre
de temps en temps , comme on l’a déjà marqué.
CHAPITRE VII.
InJIru^ion fur les eaux jaillijfantes , avec la ma-
niéré de les f avoir diflribiier dans les jardins /
& un détail des pièces d^ean différentes qu^on
peut faire pour leur décoration,
TL efl: confiant que les eaux jailliiïantes font un
•^des plus grands ornements des jardins ; il n’efi
queftion , après cela , que de les y lavoir bien con-
duire & diflribiier : c’efl à quoi un Architeéle de
jardin doit principalement s’étudier. Il y a un goût
particulier en cela , & que tous ceux qui fe mê-
lent des jardins n’entendent pas ; mais , fans pouf-
fer là-defTus la matière plus loin , venons au fait.
De ce qidil fait premièrement ohferver quand on
veut avoir des eaux jailliffantes dans un jardin.
On commence d'abord à confidérer le lieu ou
l’on eft , c’éfl-à-dire, examiner s’il peut y avoir
des fources : c’eft ordinairement dans les pays à
mi-côte où l’on en peut le plus fûrement trouver,
ou fur le penchant de quelque montagne ; mais ,
fans s’arrêter ici à quantité de chimères , que nos
anciens ont débitées là-deflTus , comme des preu-
ves aiïurées qui nous marquoient pofîtivement
qu’en tel ou tel endroit on troiiveroit de l’eau ,
qu’il n’y avoitqu’à y creufer, on dira qu’il eft vrai
R 4
39^ Lê Jardii^ier
que lorfqu’on a quelque mi-côte à fa bienféancè
on peut y creufer en fureté , les fources y abon-
dent toujours, d’autant qu’étant commandées par
beaucoup de hauteurs voifines , c’eft là que s’é-
gouttent toutes les eaux fouterreines formées par
les pluies ou les neiges fondues qui y tombent.
1! ef! bon , quand on creufe pour chercher des
fources , de faire attention à la nature des terres :
fl elles font blanchâtres ou verdâtres , c’efl un
bon figne ; telle eft la glaife dont on fe fert
pour les baffins , & fur laquelle l’eau fe fait une
route , & coule jufqu’à ce qu’elle ait trouvé un
obftacîe qui l’arrête , où elle fe divife après en
pîufieors rameaux.
Suppofé donc qu’on ait trouvé de l’eau en pîü-
fieurs endroits fur une montagne , il faut que ce
foit dans les plus élevés , afin de prendre la fource
dans fon origine , & que les eaux venant de haut
donnent de très-beaux jets.
Pour y réufîîr , on fait creufer pîufieurs pm-
fards de diftance en diflance, fe donnant bien de
garde, lorfqu’on eft parvenu jufqu’à l’eau , de
percer le lit de glaife ; ce feroit le moyen de rendre
fon projet inutile , d’autant que l’eau fe perdroit.
Ces puifards dont on parle doivent fe communi-
quer Tun à l’autre par des rigoles ou pierrées bâ«
ties de pierres feches , afin de donner la liberté
aux eaux de tranfpirer, & de s’y ramalîèr par le
fecours des pluies de la terre qui viennent des
hauteurs.
Fleuristeî 393
Après avoir ainfi décou^cert l’eau on fonge à
la conduire dans quelque terrein plat , où l’on
fait un reTervoir , obfervant que cette piece d’eau
îaifFe alTez de pente pour faire des jets qui s’éle-
vant aflez haut ; & ,pour enconnoître véritable-
ment la hauteur , on jettera le niveau depuis le
fond de ce réfervoir jufques aux baiïins où les
eaux doivent être conduites. Ce nivellement fe
pratique différemment : il n’eft guere d’Archi-
le&es qui ne fâchent le prendre ; c’eft pourquoi
nous n’en dirons rien ici.
On conduit les eaux de plufieurs maniérés
c’eft- à'dire des réfervoirs dont on vient de par-
ler , & d’où prennent diredement les conduites
des tuyaux , jufques dans les baffins. Ces réfer-
voirs font ordinairement compofés de glaife^,
parce qu’üs font conflruits fur terre ; il ell bon
de leur donner beaucoup de profondeur , afia
qu’ils contiennent plus d’eau ce qui rendant
dans les tuyaux la colonne d’eau bien plus pe-
fante , fait faire un très -bel effet aux. jets d’eau *>
On aura foin de donner un conroi. bien pétri aux
réfervoirs , & de l’y bien faire appliquer : dix-
huit à vingt pouces d’épaiflèur fuffifent , tant
dans le fond que dans le. pourtour.^
II y a auffi d’autres réfervoirs qu’on confîruit
en l’Sr ; ce font ceux-là dont on fe fert , lorf-
qu’on eft dans un pays plat & fec ; pour lors on ^
recours aux machines hidrauîiques , fôit qu’ont
veuille. prendre l’eau dans une riviere, un étangs
31
194 I- E J A R n I îf î E n
un puits y un ruifîèau ou une citerne.
Les machines pour élever les eaux font aujour«^
d’hui fort à là mode , quoiqu’elles coûtent beau**
coup, parce que , ne pouvant pas avoir des eaur
naturelles 5 on a recours à l’artifice , qui nous,
fournit ce que nous demandons.
Comment conduire ù âiftribuer les eaux dans les
jardins»
Entre les machines dont on fe fert pour élever
les eaux , J1 y a les pompes à bras & à cheval j,
& les moulins , foit à vent ou a eau , félon les
endroits d’où l’on veut en tirer. Les pompes à
bras fournifient le moins d’eau ; celles qui fon£(
mouvéès par un cheval en donnentbeaucoup plus ;
mais les moulins en font monter en plus grande
abondance que les deux autres machines. On trou-
ve des Ouvriers qûi excellent dans ces fortes
d’ouvrages..
Ces eaux font élevées par îè moyen de ces ma^*
chines dans des réfervoirs. Nous en avons déjà
touché quelque chofe : quant à la maniéré de les
conftruire nous n’en parlerons point ici^Ja ma-
tière nous meneroit trop loin ; il fuffira de dire
qu’il y a des réfervoirs de glaife , & d’autres faits
avec du ciment : nous dirons quelque chofe de
plus , touchant cette confiruélion , à l’àrtide des
bafiînSa- Comme il n’y a point de différence d^un ré-
fervoir à unbaffîn j qu’ils ne changent que de nom
îes inftruâions qu’on donnera pour ceux-ci pour-
ront fervir pour îes autres 5 fi bien qu’il n’eft plu^
Fleuriste. 39^
ici queflion que de conduire les eaux de ces ré-
fervoirs dans les bafïïns qui leur font deftinés,.
pour y former des jets Amples ou compofés.
La conduite de fes eaux fe fait ordinairement
avec des tuyaux , foit de grès , de fer , de plomb
ou de bois : les premiers font les plus communs ^
il faut les choifir bien cuits : ils s’emboîtent bout
à bout, & fe lient avec du maftic compofé ex-
près , dont on fait des nœuds ; chaque nœud ,
pour être bon , doit être de trois livres pefant
dé cette matière, qu’on prellè bien entre les mains,
tandis qu’il eft chaud , afin que dans le bouillon-
nement il ne s’y produife , par le mouvement de
l’air , aucune petite ouverture par où l’eau pour-
roit tranfpirer.
Les tuyaux de fer font afîez d’ufage aujourd’hui,
il eft vrai qu’ils coûtent bien davantage; auflî ne
s’emploient-ils guere que par des gens qui font
puiflants , & qui ont de quoi en faire la dépenfe,
îl s’ên fabrique depuis deux jufqu’à dix -huit
pouces de diamettre : chaque tuyau a pour l’or-
dinaire trois pieds & demi de longueur , & eft
muni à chaque bout d’une bride , qu’on joint &
ferre enfemblè avec dés vis & des écrous, entre
îefquels on met dès rondelles de cuir & du maf-
tic à froid. S’il fe trouve dans ces conduites des
endroits difficiles , on emploie pour lors des ron-
delles & des croiffants de plomb i on en agit de
même dans les coudes,.
Quant aux tuyaux hou ^ qui fé font ordi-
R. ê-
396 Le Jardinier
Dairement d’aunes , d’ormes ou de chênes , on leE
affûte par un des bouts , & par l’autre on y ap-
plique des cercles de fer , pour les pouvoir emboî-
ter l’un dans l’autre , puis on couvre les jointu-
res avec de la poix. On n’emploie ces tuyaux que
dans des lieux marécageux ; car ilss’oudriffent en
peu de temps dans les terreins fecs : ce n’eft pas
qu’on fe ferve à preTent beaucoup de ces tuyaux y
fi ce n’eft dans dès conduites confidérables , afin
d’épargner fa bourfe ; encore faut-il , comme on
a dit, que ce foit dans des terres humides*
£es tuyaux de plomb s’emploient affcz ordinai-
rement 5 mais ils coûtent bien plur que tous les
autres , ce qui fait qu’il n’y a que les riches qui
puiffent en faire la dépenfe : ils font d’ufage , à la
vérité, dans toutes les conduites , pour fourcher
& pour raccorder avec d’autres ; ils k foudent ,
& la foudure en doit être bonne & bien fournie.
Il ne fuffit pas de favoir les tuyaux différents
qui peuvent entrer dans les conduites, il eft en-
core abfolument néceffaire d’être inftruit de la
proportion & groffeur que doivent avoir ces con^-
diiites, à proportion des jets qu’on veut qui jouent :
c’efi: de ce point que dépend le fecret d’y bien réuf-
fin Si elles font trop étroites, ou qu’on les altéré
trop , en leur faifant donner de l’eau à trop de
bafiins , les jets n’en font que foibles & mal nour-
ris , & ne font par conféquent qu’un très -mau-
vais effet. Au contraire , C elles font trop larges,
^ que l’eau n’y puiffe pas affez fournir , les jets
fiEüïiisTE* 597
qui en proviennent diminuent confidérablement
de leur force ^ parce que l’eau , qui n’eft point
afièz preffée dans les tuyaux , ne forme pas une
colonne d’eau afièz pefante pour opérer tout l’ef-
fet qu’elle devroit produire^
Si bien donc que , pour îa plus jufte propor-
tion qu’on puiiFe donner aux conduites , à pro-
portion des jets qu’on veut avoir , elles doivent
avoir leur diamètre quatre fois auffi grand que
celui des ajuftages* Voilà pour réglé générale
ce qu’il faut obferver : il y a des ajuflages de
pîufieurs façons , & de diamètres différents : ces
petites machines fe vendent chez les Fondeurs
on n’a qu’à choifir.
Au refte , c’eft une chofe conftante que plus
les conduites font grolfes , & qu’elles ont affez
d^eau pour les fournir, plus beaux en font les jets,
principalement quand la conduite ^ fans difconti-
nuation , s’étend depuis le réfervoir jufqu’au jet»
S’il arrivoit cependant qu’une conduite eût
trois à quatre cents toifes de longueur, il efl à
propos , pour lors , d’employer des tuyaux de
trois fortes de groffeurs , afin que dans cette lon=*
gue route toute l’eau , en fe ramaffant, à mefure
qu’eîle approche du jet , reprenne fa force pous:
donner à ce jet la hauteur require*
&ppofé qu’on ait pîufieurs jets à faire jouer
dans un jardin , ce n’^eft pas une chofe néceflaira
de ks tirer tous direélement^ du réfervoir ; oa
peut fe contenter de deux ou trois conduites , fé-
lon la quantité des jetSj, plus ou moins g,rande ^
398' Ig T A K n t it T E a*
qu on veut avoir , & fourcher après des tuyau!®
de plomb fur ces conduites : Ja dèpenfe en eft,
moins grande. On obfervera qu’il doit moins paf-
fér d’eau dans les fourches que dans Fa conduite
feule, afin qu’èlle force les petits tuyaux.
iorfque toute une conduite eft parvenue aU'
baffin qu’ôn lui defiine , on conftruit un regard,,
pour y mettre un robinet de cuivre de même dia-
mettre que celui de la conduite ; & , pour faire
paflèr cette conduite dans le conroi , pour ga-
gner le jet , on foude une rondelle ou collet de
plomb un peu large à l’endroit où il doit paflèr ;
cela fait que l’eau , qui eft arrête'e par cette pla-
que , ne fe pert pas inutilement le long du tuyau ,
qui doit toujours paflèr à découvert fur le plat-
fond d’un baflin.
Cela fait , & lorfque ce tuyau efî arrivé jufqu’à
fendroit où l’on veut faire le jet, on foude def-
fus un tuyau montant, appelle' fauche , & à l’ex-
trémité d’en -haut un écrou de cuivre , pour y,
^nir 1 ajuftage par le moyen d’une vis. Il faut ,
a deux pieds au - delà de la fouche , couper le
tuyau , & le boucher avec un tampon de bois ,
qui tient à force dans ce tuyau par le moyen d’une
rondelle de fer mife à force dans le bout de ce
tuyau ,. pour empêcher le plomb dè prêter , I:
mefure que le tampon entre : c’efi par cet endroi^
qu on dégorge une conduite, lorfqu’elle éfl en-
gorgée ; il n’y a pour cela qu’l ôter le tampon.
^ tes conduites font fujettes à bien des ineonv^
aients , auxquels on remédiade cette forte..
F E E ü R î S T R*.
Premièrement , Içrfqu’èllés.ront un peu îongue.ç^,
& que la colonne d’eau a trop de poids, il eft bon?
de mettre d’efpace en efpace des ventoufes pour
donner paflTage à l’air , qui les feroit crever fans
cela; & , lorfqu’après une pente qui a beaucoup^
de chûîe , les conduites fe remettent de niveau
on doit fouder un robinet pour arrêter l’eau : c’efl
îè fecret de conferver long*temps des tuyaux*
Secondement , on obfervera toujours dans Ies>
conduites d’éviter les coudes , les angles , droits
ou équerres, parce qu’ils diminuent de beaucoup>
îa force de l’eau ; G néanmoins on ne peut fe dif-
penfer de faire des coudes , on les prendra d’un
peu loin , afin de les adoucir.
En troifieme lieu ,.on faura pour maxime qu’iî
faut toujours enfoncer les tuyaux d’une conduite-
un peu avant en terre, c’eft- à-dire deux ou trois
pieds , crainte que des gens mal intentionnés na
îés dérobent ou ne les gâtent , ou que la gelée ^
îorfqu’elle eft forte, ne les endommage.
Des pièces eau différentes dont on peut orner lês
jardins' avec quelques in firudions fur les laffîns^
Après avoir ordonné les conduites comme on a
dît , il ne s’agit plus que de faire des baffins pour
en recevoir les eaux,. & les favoir difiribuer.
Il eft certain que le plus bel effet qu’on en puiffi
attendre eft lorfque lès fontaines font placées de
maniéré qu’on puiffe les voir toutes enfemble , &
qu’il y ait une enfilade de jets ; rien ne frappe plus
sgréabîement îa vue que cette difpofîîîon..Oîî con--
^knt quecettemaximene peut pas toujours exac-
4^^ I' E J A R D I N I Ê K
tement s’obferver , fur-tout lorfqu’i! j a dans TO
jardin des endroits détournés qui obligent de for-
tir de fa réglé, & où néanmoins on peut fort bien
placer quelque jet d’eaui qui faffe plaifir à trouver
en fe promenant.
On diüingue les eaux en eaux jaîIliflTantes , &
en eauxj)lates les premières font celles qui font
conduites dans desbaffins où elles forment des jets
de differentes figures. A l’égard des eaux plates^
ce font des canaux naturels ou artificiels, des mi-
roirs d’eau , des étangs & autres grandes pièces
de cette forte.
Mais pour venir aux eaux jailüflantes , ce font
elles , fans contredit , qui font !e plus bel effet dans
îfes jardins :: c’eft pourquoi il feroic à fouhaiter
qu’on pût avoir affez d’eau pour fournir à tous
îés baffins qu’on voudroit faire pour la beauté des
jardins ; mais c’efi: ce qu’on ne fauroit exécuter,
àcaufe de la dépenfe exceffive où cet ouvrage
conduiroit , & que l’eau n’y pourroit pas fuffire r
on fe contente donc de faire des baifins autant
qu’on le juge à propos , & de les placer le plus
avantageufement qu’il eft poffibie. Voici les lieux
eù ils font le plus bel effet.
On les place pour l’ordinaire dans le milieu ou
a la tête d’un parterre , félon que l’occafion le
demande , & toujours en face d’un bâtiment : on
^ mer auffi dans des bofquets & autres pièces de
jardin qu’on fait pour l’ornement.
Les formes qu’on donne aux baffins font différent
tasg^îes uns faarronds ou odogonesp^les autres ova-
Fieühistb. 4ÔX
fe5 oü quarrés , cela dépend du bon goût de celui
qui conduit un jardin d’ornements. Les grands
baflins font toujours les plus beaux : il faut éviter
de !es faire trop petits, parce que fous cette forme
ils font défagréables àla vue. îl y a cependant deux
extrémités qu’il faut éviter en cette occafion ; la
première , de ne point faire de petits baffins dans
de grands lieux ; & la fécondé , de n’en point conf^
truire de trop grands dans un petit efpace de ter-
rein : ce font deux défauts qui choquent la vue.
La profondeur d’un baffin , lorfqu’il eft ache-
vé , doit être depuis quinze pouces jufqu’à deux
pieds ; c’eft affez contenir d’eau : à la différence
des réfervoirs, qu’on fait plus profonds, afin d’y
avoir un amas d’eau fuffifant pour la conduire aux
jets qu’ils doivent fournir : cependant trois ou
quatre pieds fufFifent.
Quant à la conftruélion des baffins , voici ce
qu’on doit y obferver pour les faire comme il faut.
II s’agit fur-tout que l’eau y refte fans fe per-
dre , & pour cela on ne peut y faire trop d’atten-
tion , lorfqu’on entreprend cet ouvrage. Comme il
y a pîufieurs fortes de baffins , favoir les bajfins en
glaife^lts bajjzns decimen!: Sccewx de plomb , nous
commencerons par la conftruétion des premiers-»
Et , pour y réuffir, il faut d’abord prendre Tes me-
fures fur le diamètre qu’on fouhaite donner à foa
baffin , puis le tracer fur îe terrein , au lieu qui lai
aura été deftiné ; mais avant que d’en faire la fouille,
on doit en agrandir la trace de quatre pieds dans le
pourtour 5 au-delà de la grandeur qu’on veut qu-il
ifOi t E J A H © ï N î B îl'
ait lorfqu’il fera conftruit ; cette augmentation
étant employée par les murs & le conroi qui re^
gnent autour des murs flottants & de la berge.
Il efl à propos de creufer un baffin dans le fond^
deux pieds plus bas que la profondeur d’eau qu’on
lui voudra donner; cet efpaee doit être rempli par
le conroi de glaife , qui doit avoir dix-huit pou-
ces d’épaiflèur : à l’égard des autres fix pouces de
furplus^ ils feront occupés par le fable & le pavé
gu’onmetfur le pîat-fond, après qu’il efl achevé.:
On obfervera de faire fouiller ces terres à pied
droit : quand la foflTe efl faite, que les terres font
tranfportées oii l’on veut & que le baflin efl net,
quelques-uns font bâtir autour des berges un pe-
tit mur d'un pied dVpailTeur, afin ^ difent-i!s, que
par ce moyen les eaux ne délaient point la glaife ,
& que les racines des arbres voiflns ne la puiffènt
aifément pénétrer :mais on peut fe pafTer de faire
cette dépende ^ îorfqoe le terrain efl ferme; l’ex-
périerce nous le confirme tous les jours. Ainfl
lorfqu’un baffin efl net , on y met la glaife , qui
doit être bien pétrie : c’efl d'abord celle-là qui
tfl employée pour f^ire le pîar^fond.
Ce plat-fond étant élevé à dix -huit pouces de
hauteur , ou ^ fept ou huit pieds de large dans le
pourtour , on bâtit defflis un autre petit mur à
dix -huit pouces éloigné de la berge ; on appelle
ce mur , mur de douve ou mur flottant : cet in-
tervalle qu’on laifTe entre la berge & ce mur efl
deftiné pour être rempli d’un bon conroi
éÎQve à niveau du terrein..
F E È Ü R I s E» 405
Le mur de douve , n’a pour fondement ordi«
Jiaire , qae la glaife du plat - fond , fur lequel on
met des racineaux de planches de bateau : voici
comment on doit fe comporter en bâtiffant ce mur.
i
On prend du chevron de trois pouces d’épaif-
feur , ou des planches de bateau , comme on a dit,
epailTes de deux bons pouces, & de fix de large r
on les enfonce à fleur de glaife , de trois pieds en
trois pieds , de maniéré qu’elles excédent d’un
pouce le parement du mur en dedans le baffin.
Cela fait , on pofe deflus des planches de bateau :
il en faut deux jointes enfemble pour occuper la
largeur du mur : on cloue ces planches fur ces ra-
cineaux; après on bâtit defTus le mur de dix-huit
pouces d’épaifleur , ou de deux pieds , fi les piè-
ces d’eau font confidérabîes. Il y en a, en élevant
ce mur , qui s’arrêtent lorfqu’il efi à moitié fait,
afin de mieux pétrir le conroi qui doit occuper
[’efpace compris entre le mur & la berge ou bord
de terre du baffin ; après cela on achevé le mur ^
puis le refie du conroi , qu’on éleve à fleur de terre 5
après quoi on finit le plat-fond à fort-fait.
Le mur de douve doit être fait de bons moiJons
piqués, il en efl: plus propre, ou drcaiîloux , ou
de pierres de montagne, qui font un ouvrage
de longue durée. Mais avant que de pafTer outre,,
il efl bon de dire quelque chofe de la glaife , &
comment on doit la choifir.
La marque d’une bonne glaife , efl lorfqu’en
maniant , eüe paroît graffe ; il y en a dé pîufieurs
fortes : la. violette eftJa meilleure ; la grife peut
1/ B J A R B I N I t K
pafTer , lorfqu’elîe n’eft point fouettée de jaune ^
qui n’eft ordinairement qu’un fabîequi ne la rend
pas affez liabîe. On en trouve encore de jaune ,
dont on peut fe fervir faute d’autres, ainfi que !«
terre à potier ; mais on eft heureux quand on
peut découvrir la première dont on a parlé.
Quand fe badin eft achevé , & que la gfaife y a
été bien piétinée , on pofe defîlis , à fec , du pavé
du petit échantillon , puis on le garnit pardeftlis
de fable de rivicre , à répaiffeur environ de deux
pouces : enfuite on plaque du gazon , tant fur le
mur de douve , que fur le conroi de gfaife , jiif-
ques fur la berge , ce qui fe doit travailler le plus
proprement qu’il eft poffiblco Paffons aux baffins
de ciment.
II faut en agrandir le diamètre un peu moins
que celui des baffins degîaife, puifque c’eft affez
d’un pied neuf pouces d’ouvrage dans le pour-
tour, & autant dans le plat-fond.
On commence par élever le mur du pourtour
d’un pied d’épaiffèur ; on doit l’affeoir fur le fond
du baffin , avec de bon moilon & dii mortier fait
I chaux & à fable ; cela fait , on commence le
maffif du fond de même épaiffeur , enfui re on
adoffe ce mur d’une chemife de ciment, épaiffe de
neuf pouces , y compris l’enduit le parement:
cette chemife ou maffif, doit être faite de cail-
loutage , mis lit par lit , de mortier , de chaux &
de ciment. On remarquera que ces cailloux ne
doivent point fe toucher l’un l’autre, pour la per-
feâion de l’ouvrage.
FtEÜRISTH» 40$
Lorfque îe maflîf a huit pouces de large , on
enduit !e refte avec du ciment plus fin & bien
trempé; on le pafTe ordinairement au fas: cet ou-
vrage demande beaucoup de circonfpedion pour
être parfait , & par conféquent des gens qui s’y
entendent : il n’y faut fouffrir ni paille , ni autre
ordure de cette forte , & lorfqu’on détrempe ce
ciment , la dofe ordinaire doit être de deux tiers
de ciment & un tiers de chaux.
On ne conftruit les baffins de ciment que par
un temps chaud & ferein , la pluie y eft contrai-
re ; & quand ils font achevés on frotte l’enduit
avec de l’huile ou du fang de bœuf pendant qua-
tre ou cinq jours , pour l’empêcher de gerfer ;
^puis on y met l’eau îe plutôt qu’il eft poffible ,
pour faire que îe hâle n’ait prife deflus.
Les baffins de plomb fe font autrement ; on bâ-
tit les murs de moilon avec du mortier de plâtre
pur , parce que la chaux eft fujette à miner le
plâtre : c’eft fur ces murs qu’on affied les tables
de plomb , qu’on joint l’une à l’autre avec de
bonne foudure.
Il y a plüfieurs chofes à remarquer quand on
conftruit des baffins. Premièrement, fi c’eft dans
des terres mouvantes ou rapportées , il en faut
foiitenir les terres avec des murs ou des éperons ,
fi la charge a beaucoup de poids , autrement les
terres s’affaiiTeroient : fi le fonds n’étoit pas foîi-
de J il faudroit le griller avec de la charpente fur
du pilotis.
Secondement , on oblervera , dans le fond d’un
4ô'6 Xi jAUDïNiia
baiïîn , de laiffer toujours une petite pente poüt
faire écouler l’eau , lorfqu’il eit queftion de vui^
der entièrement le baffin pour le nettoyer ; ce
qui fe fait par le moyen d’une foupape foudée à
une décharge de plomb.
En troifieme lieu , on aura foin devenir la fu«
perficie du baffin dans un niveau parfait, de ma*-
niere que l’eau batte également les murs, & qu’il
foie toujours plein.
Les décharges des baffins doivent toujours être
plus greffes que petites, c’eff le fecret qu’elles ne
s’engorgent point , joint aux crapaudines encla-
Yées dans le haut , qui en empêchent ; ces déchar^
ges font conduites ordinairement dans des pier-
ries ou puifards , ou dans d’autres pièces d’eau
plates qui font au-deffous.
_ Entre les différentes pièces d’eau dont on orne
îes jardins , il y a donc les baffms de diverfes ma-
niérés , c’eft ce qu’on y voit le plus communé-
ment : on y pratique des cafeades , fuppofé qu’il
y ait affez d’eau & de pente pour cela ; des gou-
ïettes, qui font de petites conduites artificielles
& à découvert , par où l’eau coule en murmu-
rant ; des buffets d’eau : ce font pour l’ordinaire
îes baffins d’en - haut qui fourniffent tous les jets
d’en -bas par des décharges de fond ou de fuper-
ficié.
Chacune de ces pièces d’eau a fes ornements
différents , & qui lui conviennent ; car , par exem-
ple, les cafeades font ornées de nappes, des man-
ques qui vomiffenc ou bavent de l’eau : on y voit
407
t|iiêiqiîefoîs des bouillons ou des champignons
d’eau, des gerbes, des moutons, des chandeliers,
des grilles , & autres.
Et pour plus de magnificence , on les accom-
pagne de rocailles , de congellations , pétrifica-
tions , coquillages & feuillesd’eau ; on les décore
de figures convenables aux eaux , comme de Naya-
des , de Fleuves , de Tritons, de Nymphes des
eaux , Dragons , Dauphins , Chevaux marins ,
auxquels on fait fouvenc vomir de l’eau. Voilà
bien de la magnificence en fait d’eau; mais, pour
en donner une idée qui frappe davantage , voici
une figure d’un grand buffet d’eau, qui feroit un
aflèz bel effet dans un jardin , s’il y étoit pratiqué.
Planche XIV.
Ce buffet eft renfermé dans le milieu d’une ni-
che de treillage ; il repréfente un Dieu marin affîs,
& portant un baffin , d’où fort un jet d’eau : au
bas de ce Dieu , fe voit un mafque qui vomit dans
un baffin , compofé de deux jets. On a pratiqué
dans les côtés une autre niche , bordée de char-
mille , avec un tableau dans le dedans , bordé de
deux pilaftres de rocailles, orné dans le milieu de
coquillages & d’un baffin , fourenus chacun par
deux Dauphins. On a placé ce buffet fur une eftra-
de , d’où l’on defcend par trois marches qui con-
duifent fur un palier, accompagné de deux petits
baffins quarrés à deux jets chacun. On peut dire
que le tout fait un fpedade des plus agréables ,
4oS ' £e Jarôînîés
foint à la falle de maronniers d’Inde qui fert d’ea«
trée à cette magnifique piece d’eau* ^
Des grottes d^eau^
îl y a encore beaucoup d’autres ornements ^
dont les eaux font le principal fujet , comme des
grottes enrichies dé rocailles & de coquillages ,
avec des jets placés en plufieurs endroits, qui en
font la beauté : ces riches pièces fe placent ordi->
nairement dans des endroits détournés des jar-
dins , & font fort eftimées , lorRju’elles font conf*
truites d’un bon goût, & que l’art n’a rien épar-
gné de ce qui peut contribuer à leur embelliflTe-
ment. On peut les enrichir de figures de marbre
ou de pierre , bien travaillées,, & qui aient rap-
port à la fable ou à quelque hiftoire , cela dépend
de la fanîaifie ; ou bien y mettre des animaux qui
conviennent aux eaux. On fait encore des pyra-
mides d’eau , comme on en voit à Verfailles ;
mais comme elîesconduifentà une grande dépen-
fe , à caufe des autres ornements dont elles doi-
vent être accompagnées , il eft rare d’en voir ail-
leurs ; cependant fi quelque grand Seigneur en
prend envie, il pourra fe fatisfaire , & choifir
pour l’exécution de cet ouvrage un homme qui s’y
entende*
FIN.
TABLE
TABLE
TABLE
DES MATIERES
Contenues en ce Livre.
A
AC A C r A J comment le gouverner, p2ge 327
d'Egypte , Agedrac.
Ache royale , maniéré de la cultiver , 1^4
Alatcrne , fa culture , 299
Ailées d’arbres , voifîns dangereux pour les fleurs ^ 29
Arbres dont on fe fert pour les former, yiy& fuivo
Où doit être la principale , 357. Allées de jardin
de toutes grandeurs, ce qu’on y doitobferver, 383
391
321
Î4S
324
Ï32
70
îufqu’à
Althcea frutex , fa culture ,
Amaranthe , avec îa maniéré de la cultiver ,
Amomurn , maniéré de le cultiver ,
Ancolie , comment la gouverner ,
Année du jardinier , 61 jufqu’à
Anémones , comment les cultiver , 70 jufqu’à 78 ; figure
d’ime patte d’anémone ,75 f comment connoître une
belle anémone , j6
Animaux nuifibles aux plantes , moyen de les détruire ,
52jiifqu’à 58
Annuelles , voyez plantes.
Anthirinum , voyez mufle de vedii,
Août^ ce qu’il y a à faire en ce mois , 67 j les plantes
qui y fleuriffenr , 206 & 346.
Arbres &■ arbriiïeaiix, emplois de quelques-uns , 317
& fuiv. Lieux où Ton plante les aquatiques, 318
mois &• faifons qu’ils font en fleur , 202 & fuiv.
Arbre de Judée ou de Juda , maniéré de l’élever , 323
Arbre àe Sainte-Lucie, comment gouverné , 325
Architecie de jardin, ce qu’il doit favoir, 351 jufqu’à355
Argemone , comment l’éîever , 100
Arrofement , de la néceflité des arrofements , 46 &faiv,
Arrojoir , ce que c’efî: , à quoi propre , lo
Afcariâes , moyen de le? détruire , 58
Afpàodeles , maniéré de les gouverner , X39
Afiher , fa culture , 289
Attrape-mouche , voyez muîcipulUé
Avril , ce qü^il y a à faire dans ce mois , 64. Culture
particulire des fleurs ea ce mois , 1Q9 •; les niantes
'I IL Partie, ^ ''S
41© TABLÉ
qui y lîeuri^feü^, 204 &c ^4^
Avenues , arbres propres è les former 5 317 ù fuiv, "
A%eàarac , comment cultivé , 327
M
BAGUENAüDîER,râcu!tnre, 315
Baifamine , comment cultivée , 151
Barbe de Jupiter , maniéré de Téîever , 28$
Bajilîc , maniéré de le multiplier , 169
BaJJins d’eau , inftméHonfür la maniéré d’en ccnfiruire
de plufieurs façons , 399 & 403
Bajjinets, comment les cultiver , 140
Batiment , ne doit être de niveau au jardin , 35^
Batte 5 ce que c’eft , ion utilité , ii
Bec d'oïfeau , Yojezpïedd' alouette.
Biche 5 ce que c’eft , & à quoi néceiTaire » S
Belle-de^nuh , fa culture , * 178
Belvedere , comment gouvernée , 173
Biois y ce que c’efî, 260 & 211
Mluets 5 voyez cyanus.
Bois i voifms dangereux pour les fleurs , 29. Arbres
propres à enformer^ 321 .Bois eu ornements, & corn-
ment les rendre de bon goût, 376
Boifeufes , voyez plantes.
Bof quels , arbres qui peuvent y convenir ,319; doivent
être variés dans le dedans , 366 ; ce que c’eft en jar-
dinage , & comment y en dreifer , 372 ù Juiv.
Boulingrin , ce que c’eft , &■ ce qu’il y faut ofeferver ,
379 ; comment y plaquer le gazon , 342
Boutons d'cr , voyez immortelles.
Boutures , ce que c’eft , & comment on fait venir les
plantes de boutures, 105 , iio ,117 & 249
Brouette , ce que c’eft , Ton utilité , 14
Buffet d’eau , ce que c’eft , 407
5 pins convenable pour les bordures que les autres
plantes, 199 j autres utilités, 321 ; buis de trois efpe-
ces, comment employés dans les jardins , 321 &fuïv.
ardent, maniéré de le gouverner, ^fonufage
dans les jardins , 33<j
Bulbeufes , \oyti plantes.
G
CABINET de verdure , maniéré d’en dreiïèrde
pîufteurs fortes , . 377
Camomille , comment la cuîîÎTer , ^92
Campanulle , maniéré de la cultiver , 103
Cantharides , moyen de les détruire , % j
Capucine , fà culture , lôy
Cayeux , c’eft un périt oignon , voye\ oignon de fleurs.
Charbon-xoXdim , voyez panicaut.
Charme & charmille , comment cultives , ^ de leur
DES MATIERES. 411
tifage dans le j ardinage , i€9 ; autres ufages, 3 1 b&fuiv.
Châtaigniers , ufage qu’on en fait, 319 & fulv.
Chats , 52
Chenilles , moyen de les détruire , 56
comment gouverné^296. Son utilité, 320
52
15
242
14
16
187
15
Chiens ,
Chryfantennm , voyez pâquerette ( grande. )
Cifeaux de Jardinier , leur utilité ,
Citronnier , fa culture ,
Civiere , ce que c’efî , à quoi utile,
Claies , de quoi compofées , leur utilité ,
Clématite , fa culture ,
C loches , de quoi faites , & à quoi propres ,
Cloître de verdure , ce que c’eft , & ce qu’on y doit
obferver , 377
Colchique , maniéré de le multiplier, 131
Colonnade de verdure, maniéré de la dreffer , 310 juf-
qu’à 315 . Arbres qui lui font convenables , 321
Confonde royale , comment cultivée , 153
que c’ed, conduite qu’iîy faut tenir, 384
Coquelicots^ comment les élever , 136
Coquelourdcs , leur culture , 193
Corbeilles , à quoi propres , ii
Coteau propre aux jardins , 347 ù fuiu^
Cou~dC“Châmcau , fa culture , 144
Couches , leur luiiité, comment on les fait , 24 8r fuiv,
Coulevrée , fon ufage dans les jardins , t< comment cul-
tivée , 331
Couleurs , diflinguer les différentes couleurs dans la
broderie des parterres gravés , 36^
Couronne impériale , fa culture , 78
Creffon d’înde , voyez capucine.
Crible ^ ce que c’ed, fon utilité, 12
Crocus J voyez fafran,
Croijjânt , ce que c’eft , h quoi utile , 15
Croix de S. André > forme qu’on donne aux bois , 376 ,
quelquefois aux parterres , 361
Croix de Chevalier de Malthe ou écarlate , voyeti Croix
de Jerufalem.
Croix de Jerufalem , maniéré de la cultiver , 1^5
Cyanus de toutes fortes , comment gouvernés , 135
Cyclamens , maniéré de les élever , 106 jufqu’à îoS
Cylindres nécefiaires pour le gazon , 344
Cyprès , comment le gouverner ,
Cytife , maniéré de i’éîever ,
D
28S
322
DA R D S , ce que c’efl , 163
Décembre^ ce qu’on doit faire en ce mois , 69. Cul-
ture pardeuliere des üeurs en ce mois, 147. Plantes'
qui y Iteirifiêiu J.. .208 ù 346
S 2
4ïa TABLE
ï)emî~côtes ^ voyez coteau ,
Déplantoir , ce que c’eft , à quoi propre , f
Diâame , fa culture, 166
Digitale , maniéré de la cultiver , 134
E
Eaux jailliiïàntes , inftruâion îà*defTus, 39Ï. Com-
ment diilribuer les eaux dans les jardins 5 394^ T»
propres aux arrofements , 48
E car latte, voyez croi:c de Jerufaîem,
Echelles de plufieurs fortes , leurs emplois ^ 1$
Eckenilloir , fon utilité , comment on s’en fert , 14
Ellébore , comment cultiver cette plante , 192,
Emerus. , comment cultivé , 324
Epines blanches , à. quoi propres ^ 32.0
Epouvantail, ce que c’eft , fon utilité , 5$
Erable propre à former des palifïàdes dr bofquets ,319
Etoih , ornement de jardin , ce que c’eft , &■ comment
conduit , 291. Arbres propres à les former, 319 , Ex-
poliîion d’une ferre , 220; d’un jardin, 349
F
F É V R I E R , ce qu’il y a à faire dans ce mois , 62
Culture particulière des ieurs en ce mois ; 148
Plantes qui y fleurirent, 208 & 346
Fibreiifes , voyez plantes.
Fleurs , maniéré de les femer,& inconvénients à éviter,
21 & Jkiv, Des endroits où on les éîeve , Sz comment les
y gouverner , 24 & fuiv. Maximes pour les planter , ^3
& fuîv. L’expolition qui leur eft propre, 34. Choix
qu’on en doit faire , idem. Comment on les divife ,
idem. Fleurs de la grande, moyenne êz baiTeefpece ,
lieux ou Fon les met , "^6 & fuiv. Soins qu’on do.t en
prendre , 43. Les doubles ne donnent point de grai-
nes , 42 . Commeî^t les préferver du grand froid & d es
fortes chaleurs , 45 . Ne pas les toucher avec la main ,
51. Moyen d’en acquérir de nouvelles, 52. Le mot
ileur fÿnonyme de plante, f^em.Comment les confer-
ver dans le tranfport qu’on en fait , $9. Culture de
chacune en particulier dans chaque mois , 70 & fufv»
Mois êr faifons qu’eües Heiirifîènt , 202 &fuzv.
Fleur de laPaffion , greaadiiîe.
Fleur de faint Jacques , jacobée.
Fleur du ParnalTe , fa culture , 198
Fleur de fafran , fafran.
Fleur d’amour ou de jaioufie , voye\ amaranthe.
Fleur de la Trinité, v6ye\ penfées.
Foin ordinaire , fon ufage dans le jardinage , 338
Fo«f//esnécefraires pour cennoître la profondeur d’iyie
terre , 340
Fourche , à quoi nécefTaire , ce que c’eB , 1 6
moyen de Içs détruire J,
DES MATIERES.- 413
FraxineUe , comment cultivée 89
Fretiilaire , fa culture y 127
G
GA L E R I E s de verdure en arcades , comment con-
duites , 293. Arbres qui leur font convenables , 321
Galcrh de verdure , portique.
Ga\orL y maniéré de le femer , 335. Soins qu-exige Je
gazon, 337. Comment le plaquer , 340. Comment
r entretenir. 343
Glacis ou talus^ , comment y appliquer le gazon , 342
Genêt d'Efpagne, mainiere de le multiplier y 262
Girq/Zée jaune , fa culture, 109
Girojiée d'Angleterre , voye\ julienne,
Girojiées ordinaires , maniéré de les élever, 174 jui^
qu'à 177
Graiiits de fleurs , preuves de.leur bonté , 21^. Ce qa’ü
faut faire quand elles font dures , 22. Le temps de
les femer. La maniéré de fémer, idem. Ce quil
faut faire: après être feinées, 23. Obfervarionsfur les
graines étrangères , 24. Des endroits où on les feme ,
idem& fuiv. Maniéré de les recueillir , 42*. Comment
les conferver , 42. Les doubles n’en donnent point,
excepté quelques-unes , idem
Graines d'arbres , choix qu'on-en doit faire , 21
Greffe en approche , en écuffon , à œil dormant & à œil
pouffant, 250 jufqifà 2^2 î en fente , 255
Grenadier , comment i’élever , 243. Terres propres aux
grenadiers , idem. Leur taille, 245 jufqu'à 248. Com-
ment. les élever de marcottes Sz.dt boutures , ibid.
Comment les grefrer 2^
GrenadiLle , Comment gouvernée-, 19X
Grottes, d’eau , ce que c’eft , & ce qu’on y doit obfer-
ver, 49.S
Gu^mau^>c xoyzlQ. yVoyei(^ aîthæa.
Héliotrope, voyeT^ foîeUs..
Hémérocale , fa culture , I40
Hépatique ^ comxnQm cultivée 3. 131
Hêtre , à quoi propre 320
Hotte & hoiteraux, , ce que c'eR , leur utilité ji
Houlette , ce que c’eft , à quoi .néceffaîre , 22
Houx , maniéré de l’élever , 3 ré
Hyfope y commenî; la; cultiver , 202
JA G É E des pïé% y.facée tïicQloï y Jscée des
Indes.
Jacée des Indes , fa culture ,
Jacintes- y,xntmïQr& de les élever de bulbes , îiS jufqu’à
*126. Comment [es muUiplier de graine ,
Jncinte de Coriftantmoüle. vovp7 rpîlletfi Pnëf&ç.
4T4^ T Â F L F
lacinte des ToëteSy voyez œillets de Fû’étes^
Jacinte des ïndes , voyez tubéreujës.
Jacobée , fa culture ,
Janvier , ce qu^on doit faire dans ce mois., éî. Plantes
qui y fieurilfent , 208 & 346
JizrJi/ïfcr Fleurifte. 5. fes quaiités 5, jufqu’à 7
Jardins de fleurs , temps de les labourer j, 33:
Jardins ^ terreins qui leur font propres , 347
Jardins , difpofitions & arrangements qu^on doit leur
donner 5 35-5. Ne doit point fe faire voir d'un coup
d’œil 5 idem ,.
Jafmïn de plufîeurs fortes, comment élevés, leur utilité, .
252 & 320.^
/q/>7îi/2Comîîiun,.facuIture5,252jarmind’Efpagne, 25 5.,
Jafmin de Gatalpgne, 2^8, Jafmin d’ Arabie,
Jafmin d’Amérique , aC^o. J afmin des Indes oit du Ca-
nada ,, 261.1 afmin jaune on J afmin jonquille , 262
Ifi , comment élevés ,.leur utilité , z86 & 32a
Jmmortelles ,‘leur culture 102.
Jonquilles ^mmïete ée les. cultiv ex y 142.
Iris de toutes fortes , avec la maniéré de les élever , ni.
jufqu’à 115. Figure d^un iris bulbeux , ibid.
Juillet , c€ qu’oB fera dans ce mois 5,67.. Plantes qui y
deuriffent , , 205 & 34^
Julienne , fa culture iiè
Juin 5 ce qu’on doit faire en ce mois , 66. Plantes qui y
üeurilTenr , 205 ^ 0,46
La V A, N D E , fà culture 2or
Lauriers dé tourés fortes, leur culture, 265. Laurierr
franc , 266. Laqrier-rofe , 267. Laurier-cerife , 269..
Laurier-thym, 270. Laurier d’Alexandrie., 271. Leur,
utilité , C16&
Lëmifque , fa culture,, 323.
Leonurus ^ fa culture , 324
Ligamenteufes , voyez, plantes,
Ligueufes , voyez plantes,
JJlas ordinaire. , à quoi propre, , 329. MaDiere de féîe*-
ver 5 33Q. Lilas de.Perfe, , 332,
Lima f ans , comment les détruire
Limonier , cultme. y. 241?
Lis, , leur culture , 137
Lis champêtres ,. voyez martagonsi.
Lis de vallée y Voy,e\ muguet.
Lis de Saint-Bruno, fa culture ,, 179
Zis-fiammes ^ maniéré de les cultiver ^ xSq
Liferon ^ C grand) voyez volubilis,.
Lifct , voyez volubilis,
Ltccnàs , voyez œillets d*Adhmagtie^
DES M A T I E P. E S., 413
M
Ma I L L E T , ce que c^eft , fon utilité 14
ikf^^rco^^es 5 comment marcotter certaines plantes 3
158 & 248
Marguerites , voyez pâquerettes.
Marjolaine , comment cultivée , 2gi
Marronnier d’Inde , maniéré de îe multiplier , 326..
Ufage qu’on en peut faire*
Mars , ce qu’on doit faire dans ce mois 5 63 , Culture
particulière des deurs en ce mois, 156 /z/zv. Plantes
qui y fieuriffent , 203 34^
Martagons , comment les gouverner , 138
Mairie aire , fa culture , 17 r
Mai , ce qu’il y a à faire dans ce mois , 63 . Culture par-
ticulière des fleurs en ce mois , 199. Plantes qui y
fieiîriiïent , 204 &• 34^
Mayenne maniéré de l’élever , 152
Matant'{ene , voyez Mayenne, ^
Merveille du Pérou , voye%^ belîe-de-truît.
Mois auxquels chaque plante paroît en fleur durant
l’année , 202 jufqu’à 21 1
Moll , fa culture , 117
Montagne , fituation défavantageufe aux jardins , 348
Moulins pour élever les eaux , 394
Mufte-de-veau ou de lion , comment élevé , loi
Muguet ou lis de vallées , fa culture & fon utilité , 146
& 3 20
Mufcîpula ou attrape-mouche , fa culture , 136
Myrtes , maniéré de les élever , 263
Narcisses , comment les cultiver, 92 jufqu’à 95
JNarctJfe dü Japon , fa culture , 18 î
üielle ou nigelle I comment la cultiver , 95
Âloifeîier , à quoi propre , 320
Novembre , ce qu’on doit faire dans ce mois , 68, Cul-
ture particulière des fleurs en ce mois , 145. Plantes
qui y fleurüTent, 207
O
O c T O B RE , ce qu’il y a à faire dans ce mois , 68.
Culture particulière des fleurs en ce mois , 137
& faiv. Plantes qui y fleuriflent , 207 & 34^
Qcnlus Chrifiî , voyez ajler,.
(EU de kœuf j fa culrure. , 193
Œilletons ^œWletontiQx^YoyQz le chapitre des œillets, 157
Œillets, des Poètes , comment cultivés , 104
ordinaires, leur culture , 147. De la maniéré &
du temps de les marcotter , 15 S. De la maniéré de les
œiîietonner , i6o. De la terre qui leur convient .161
Marques d’un bel œillet, 165 .Maladie des œillets, i66
d’ïnde. comment îe»; ciilrivet' -inn
43^5 T A B: I E
(Èiltets d* Allemagne , leur culture , 17g
Oignons de fleurs : temps de les planter ,
Comment on les met en pot, 30. Ce qu’il faut faire
ayant de les planter , 27. Comment les recueillir & les
conferver , 42
Oîfeaux , comment les chalîer ^ S $
Oranger^ fa culture , 225. Choix qu’on en doit favoir
faire, ibid. Des terres qui lui font propres, aiy.Temps
de planter, 228.Comment rencâilîer les orangers. 22J.
Des demi-reneailTements , 233. Soins qu’exigent les
orangers lorfqu’ils font en cailTe ^ idem'. Taille des
orangers , 23$ .Maniéré deles ébburgeonner, 237. Au-
tres foins , ibid. & fuiv*
Orange^ de la Chine , fa culture 242
, leur culture 129.
Oreilles d'ours , comment les cultiver, 96 jufqu’à loo,.
Beauté d’une oreille d’ours idem.
Orme^ïa. culture &• fon emploi dans !e jardinage , 300.
Formes dîftë rentes qu’on lui, donne, 301. Ormes en bou-^-
les 5 idem. Autres ufages. j 319 & Juiy. nuilibles aux
jardins à fleurs , aux fruitiers & potagers 318.
Ornitâogalon y comment cultivé ^ xxS
Outils , ngceffaires à un jardinier , 8 jufqa’à 18
P
PAILLIlSSONS 5 leur utilité , com.ment on les fait , 1.5
Pain de pour ce uu ,, voyez cyclanxen.^
Falïffades , mauvais voifms des fleurs , 29. Arbres pro-
pres à les former, 320. &fuiv.Ce, que c’eft comment
on doit les conduire , 38 r jufqu’4 38^3
P ciîûcuut , fa culture , 133
Pâquerette y grande pâquerette,commenî la gouvernes^,
172. Pâquerettes , comment cultivées y iSé
Paralyjife , voyez primevexes.
Parterres y doiv^entfrapperen forçant d’un bâtiment.^
360. On en peut mettre plufieurs de fuite , pour
ne point boucher fes vues ^ 361, Parterres de dide-
rentes fortes. 35 8. Parterres en broderie , 3^9. Parter-
res à l’Anglaife , 362. Parterres en découpés, ibid.
Parterres de compartiments , 3%. Sables.qu’on
ploie aux Parterres ,, 364. Ceux qui font gravés ,
eommeat en diflinguer les çouîeurs , AAUtre Par-
terre , 367 jufqu’à 371,
Pajfevelours , voyez amarante..
patte-d'ée , ornement de iardin , ce que c’eB, 292. Ar-
bres propres à la former ,, 319
Pavot y maniéré d’en élever , 96
Pavot épineux , voyez t^rgemont.
Pelle , ce que c’efi , à quoi utile , 8
Pc?2/éf s , leur culture , 194
Pensée , ( aune ) voyez iadt des Indes»
DES MATIERES. 4î7
Wèpmiere de toutes fortes de fleurs , arbres, arbrîfleaux
&• arbuftes , comment on doit s’y comporter , 210
Terce-neiges , comment cultivées , 186
Teupliers , à quoi propres , 3^^
T haféols incarnats J maniéré de les cultiver , ^ 170
Thilaria , comment l’éiever , 298. Propre à faire des
paîiflades,
Ticea , fa culture &■ fon utilité , 288 320
Pièces d'eau de différentes façons , ^ 39^
Pied d'alouette ^ comment gouverné , 9^
Pilaflres de verdure , ^oj^ &fuiy^
Pioche & piochon , ce que c’efl , de quelle utilité , 1$
Pivoi/2e5 , comment les élever , ^ 14$
P/^îi/ze favorable pour conftruire un jardin , 347 &fuîv»
Planche , ce que c’efl:, fon utilité, 27
Planter en rigole , ce que c’efc , 200
Planus en général , comment on les divife , 18. Plan-
tes boifeufes ou ligneufes , fibreufe»! ou iigamenteu-
fes 5 buibeufes , annuelles Sr vivaces , ce qu’elles
font , ihid. Comment guérir celles qui font mala-
des ,49. Comment çonferver celles qui font en pots ,
‘^'i&fuiv.Un catalogue de quelques-unes, 19 &fuiv.
Plantés propres à faire des bordures à un jardin à
fleurs , 199^
Plantes aromatiques qui entrent dans les jardins , 201
Plantoir de plufieurs fortes, ce que c’efl , à quoi pro-
pre , 10
P/æ/j/5 enracinés Commentfaire venir certaines fleurs
de plant enraciné , né
Plate-bande , ce que c’efl , fon utilité , comment la
terre en doit être dreflee , 28. Ce qui lui efl préjudi-
ciable , ibid. Figure d’une plate - bande tracée pour
y mettre des fleurs , 38
Plate-bande de parterre de diverfes maniérés , 3d3
P ois- chiche s ^ v oy qx phaféols incarnats ,
Pomme d'amour ou pomme dorée , commentciiltivée. ,
Pomme épineufe , fa calture , i<)6
Pompes pour elever les eaux , 394
portiques VQïàmQ ^ cornmentconduîts, 303 }ufqu'à
310. Arbres qui leur font propres , 318
Pots , leur utilité , 13 8c 29. Maniéré d’y cultiver les
fleurs , 29 ^ fuiy.
Prime-veres , maniéré de les gouverner ,, 1^6
Pucerons^ moyen de les détruire , 58
Punaifes vertes comment les détruire ,, 57
Quinconces , arbres propres aies former , 3Q2
& 319. Font partie d’un jardin d’omements’^
382 ^ CS qus c’sft qu'un qurneoaee , 37^,,
4ît
T A B I E
R
^ ABOT s , ce que c’eft y à quoi miles , . m
S%^Kacmes deüeuis, comment les planter en pots,
30. Le temps de les mettre en terre , 3^. Comment
les lever de terre, ^3
Racines éclatées , comment faire venir certaines pîan-
tes de racines éclatées, 108
Râteaux de deux fortes , ce que c’efi: , leur utilité , q
Raîîfoîre , ce que c’eft, à quoi néceiïaire , 9
} comment les détruire , 54
Rejetions , comment faire venir certaines plantes de
rejettoiis, ^ 10.
pour guérir les plantes qui ont les racines
bleilees ,
Renoncules , comtrient les cultiver , 86 jufqu’à 89.
•Figure d'une griffe de renoncule , ïbïd. Beauté d^une
renoncule ,
Rofe d’Inde , maniéré de Télever , 178
Rojiers de toutes fortes , comment les cultiver , irjx
_îufqu’a 2^2
Romarm , manière de l’élever , 283
Rue fauvage , voyez moly ,
Rue des jardins , comment la cultiver 282
SS
A B L E s , ^ comment fàbler les allées, 366
Safran. Fleur defafran, comment la gouverner, 126
àaijons 5 voyez mof^oûles plantes donnent leurs Heurs,
S apons auxquelles Heuriiïènt certains arbres , arbrif-
féaux êr arbultes , 345 jufqu’à ^a6
S ain^-fom , comment le femer , 3 37
Salles & ialfoîis de verdure, arbres propres aies for-=
mer , 377. Comment conduits,
Sallon de verdure, voye?^ faüe.
Sarcler , manière de faire cet ouvrage ,
S atyrïon , voyez orchis. .
S auge y fs culture ,
Saules 5 à quoi utiles ,
Scabieufe , comment la cultiver ,
Adilc5 , leur culture , la-
Septembre , ce qu’on doit faire dans ce mois , 67. CuF
ture particulière des fleurs en ce mois , 70 é* fuiy.
Plantes qui y fleuriflent , 206 & 3^6
Serpette , ce que c’efl , fon utilité, ïo
Serre , fa defcription , fon milité, Be comment y pié-=
ferver les plantes du froid , 219 pifqu’à 22$
Soleils ou îournefols , comment les cultiver , 171
Souci double , fa culture ,
Souci ( autre ) fi culture ,
Speronnelle , ^voy ex confonde royale
StramQmum.^ voyez pomme épintujç.^
379
44
20î
31S
QO
185
180.
IM
4îf
Î94
210
3H
^3
D E S M A T I E R. É S.
Stâtke 5 comment ia multiplier ,
Sumac des Indes , voyez jardins.
Syringua ^ (a culture &■ foû utilité , 28 1 &
Syturidaca . voyez emerm,
T
Taille des orangers ^ v£)ye^ orangers.
Talus voyez glacis.
Taupes , moyen de les détruire ,
Tapis verds, ce que c’eft dans les jardins , & com-
ment les taire , 334
Terreau y ce que c’efl , très-utile dans les jardins , 4
Ter rein propre à ccnftririre un jardin , 347
Terres y maniéré de les rendre propres à la culture des
âeurs , I. Marque de leur bonté , 2. Leurs couleurs
quand elles font bonnes , idem. Quelles font celles
qu’on liommelégeres, 3. Comment connoîr-on celles
qui font humides , fortes , idem. Comment les met-
tre dans les plates-bandes, cl&i.j. Quand doit-on
les changer , 5 . Comment connokee un bon fonds de
terre, 349. Pourquoi les terres ne doivent pointavoir
de mauvaife odeur ni de mauvais goût , 350. Nécef-
fité qu’elles foieiit bonnes à trois pieds de profon-
deur , ibid.
Thym , maniéré de le gouverner , 201
Thlajpls , maniéré de l’élever , 8$
Tilleul , fon ufage dans le jardinage , 314. Autres
ufages, ^ly&fuiv.
T'refJe , maniéré d’en multiplier l’efpece , 339
Tremble , à quoi propre , 318
Trifolium , voyez citife.
Troene , comment le cultiver , 322
Truelle y à quoi elle fert , ce que c’efl , iG
Tubéreufes , leur culture , ^ 183
Tulipes y maniete de les élever, 79 jufqu’à 85. Beauté
d’une belle tulipe , idem*
Tuyaux de différentes matières & grandeurs , avec
ia maniéré de les pofer,
V
V A L E R I É N N E , maniéré de l’élever ^
Vers y comment les détruire ,
Vignes-vierge , fa culture ,
Violettes de Mars , comment multipliées ,
Vivaces , voyez plantes.
Volubilis y maniéré de îe cultiver ,
Volubilis des Indes ,
39$
196
332
188
167
idem.
PREAUX, ufage qu’on en fait ,
3^7
Fin de la Table des Matières,
Permission simple.
JE AN-JACQUES DE VIDAUD,
Marqüïsdë Vè z zî:rùNj Comte de la
Baùe & Mognenins , Seigneur de Far gués , Cai-
ranne ^ Bivier , la Maifon-forte de Montbives &
autres F lace s , Confeïilcr d'Etat & àu Co/ifeil
privé , Diredeur général de la Librairie,
VU î*artîcle VII de T Arrêt du Confeiî du 30 Août
1777 , portant réglement pour ia durée des Pri-
vilèges en Librairie , en vertu des pouvoirs à Nous
donnés par ledit Arrêt : Nous permettons à Ja
Dame Veuve Pierre Dujmesnîl , Libraire-Impri-
meur à Rouen , de faire- une édition de POuvrage
qui a pour titre : le fardinier Fleurifie , pour la
culture umverfclle des Fleurs , par M, Liger ,
laquelle édition fera tirée à fept cents cinquante exem-
plaires , en un volume , format in- 12 ^ êrfera finie
dans le délai de trois mois j à la charge par ladite dame
Veuve Dumesnil de repréfenter à i’Infpedeur de
îâ Chambre Syndicale de Rouen la quittance exigée
par les articles VIII & IX du même Arrêt ; d’avertir
ledit Infpedeur du four où l’on commencera i’impref^
iîon dudit Ouvrage , au defir de l’article XXI de
FArrêt du Confeii du 30 Août 1777 , portant fup«
prelüon & création de différentes Chambres Syndi-
cales ; de faire ladite édition abfolumeot conforme
à celle de Rouen 1782 , d’en remettre , conformé-
ment à l’Arrêt du Confeii du 16 Avril 1785 , neuf
exeipplaires aux mains des Oliiciers de la Chambre
Syndicale de Rouen ; d’imprimer la prélente Per-
miilion à la fin du Livre , & de la faire enregiffrer
dans deux mois pour tout délai , fur les regiflres
de ladite Chambre Syndicale de Rouen | îs tout à
peine de nullité.
Donné à Paris le îô Décembre 178$.
.V î D A IJ D.
Far Monfeigneur ,
D U M IRA IX.
Regifiré fur leRegifre de la Xhambre Syndicale
des Libraires-Imprimeurs de Rouen ^ fol, 3I ,No, 196,
conformément aux Réglements de la Librairie* A
Rouen le Février L. OURSEL , Syndic.